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Message Publié : 23 Juil 2006 2:19 
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Salluste
Salluste
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Inscription : 05 Juin 2006 21:55
Message(s) : 237
Le moine Guido de notre abbaye bénédictine de Pomposa, chargé de l’apprentissage des chants liturgiques aux novices, est un homme singulier. Passionné de sa mission, pédagogue averti, il cherche sans cesse à améliorer sa façon d’enseigner en trouvant de petits trucs mnémotechniques. Sa réputation ne cesse de grandir en Italie et les maîtres de chant viennent le consulter, de plus en plus nombreux.

L’affaire est certes d’importance puisqu’il faut pas loin de dix longues années à nos novices pour qu’ils apprennent l’intégralité de notre répertoire ! Et nos neumes, annotations placées en marge du texte chanté, les aident si peu que l’essentiel de l’apprentissage reste dans la répétition de bouche à oreille.

Mais voilà, chers frères, que Guido s’est mis en tête de coucher par écrit toute mélodie ! Il pense ainsi que chacun pourra la lire et la connaître sans l’avoir même entendu chantée ! Je vous demande un peu… :roll:

Il a d’abord ajouté une ligne à la portée existante, on l’appelera ensuite ‘main guidonienne’ car on peut suivre les notes sur ses doigts et phalanges. Ensuite il donne une clé pour la valeur d’intonation (qui donnera la gamme). Et pour finir, il prend dans les premières syllabes de l’hymne à Saint Jean-Baptiste, bien connu de tous, un nom pour les notes qui permettra aux chanteurs de mieux se répérer. En effet, cette chanson monte d’un degré de vers en vers :

« UT queant laxis
REsonare fibris,
MIra gestorum,
FAmili tuorum,
SOLve polluti,
LAbii reatum,
Sancte Iohannes
... »

Au lieu de nos bonne vieilles lettres qui dénommaient nos neumes A B C D E F G, la méthode de Hucbald de saint-Amand !

Au détour du cloître avant les vêpres, je me suis approché de lui pour lui demander raison de toutes ces innovations. Et voilà qu’il me répond fort benoîtement : « un morceau écrit en neumes sans lignes est un puits auquel il manque une corde pour parvenir à l'eau. »
Il appelle cela la ‘solmisation’ ! Pourquoi pas ‘solfège’ tant qu’on nage dans la déraison ! D’ailleurs notre supérieur y a mis bon ordre en refusant catégoriquement ces nouveautés. Mais entêté comme il l’est, Guido a choisi de partir de notre communauté.

Mais ne voilà t-il pas que Théodald, l'évêque de la cathédrale d'Arezzo, en Toscane, l’appelle à lui et le soutient ? Guido se rend même à Rome afin de démontrer devant notre bon pape Jean XIX le bien-fondé de sa méthode.

Aujourd’hui, force est de reconnaître que sa méthode s’étend dans toute l’Italie et la France (bien que l’Allemagne et l’Angleterre restent réfractaires). Il a environ soixante ans et il est prieur au monastère de Santa-Croce d'Avellano. Sa piété est exemplaire mais sa santé n’est pas bonne et le frère portier (qui est de ma connaissance) m’a confié qu’il craignait que Guido d’Arezzo ne passe notre sainte année 1050...


Un site magnifique où l’on pourra même (sur la 2e page) écouter un tube du XIIIe siècle !
http://www.collegeahuntsic.qc.ca/Pagesd ... eval4.html

Poussons les tables du réfectoire, mes frères, et dansons !

        Image


Petit texte ludique et sans prétentions écrit il y a longtemps... Si j'ai réussi à faire sourire la petite soeur Clarisse ici présente, j'ai gagné mon temps ! :D


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Message Publié : 24 Juil 2006 16:42 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges

Inscription : 09 Août 2005 17:34
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Une curiosité...
Dans les pays anglo-saxons où l'on continue de désigner les notes par des lettres (de même que tous les diapasons ordinaires portent la mention A = 440 ; c'est le LA officiel que fournit la tonalité du téléphone), on utilise cependant la séquence DO, RE, MI, FA, SOL, LA, SI ("TI" pour Si Bémol) pour solfier. Mais on considère que DO correspond toujours à la tonique! (Ce qui est très pratique pour transposer!).
Autre petite curiosité :
La clef d'UT représente un "C" sophistiqué (sauf en grégorien où elle conserve tout à fait la forme d'un "C").
La clef de SOL représente un "G" sophistiqué.
La clef de FA représente un "F" sophistiqué.


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Message Publié : 26 Juil 2006 14:21 
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Plutarque
Plutarque
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Inscription : 03 Juin 2004 23:06
Message(s) : 129
Localisation : Québec
DESHAYS Yves-Marie a écrit :
Une curiosité...
Dans les pays anglo-saxons où l'on continue de désigner les notes par des lettres (de même que tous les diapasons ordinaires portent la mention A = 440 ; c'est le LA officiel que fournit la tonalité du téléphone), on utilise cependant la séquence DO, RE, MI, FA, SOL, LA, SI ("TI" pour Si Bémol) pour solfier. Mais on considère que DO correspond toujours à la tonique!


Ma mère, musicienne de son métier a suivi dans les années 60 des cours de solfège dit "movable C" (Do mobile). C'est un système un peu désuet qui avait le mérite d'ajouter un sens "harmonique" et permettait au fil du temps de "sentir" les degrés et les directions de la mélodie. Par contre du moment ou vous commencez à solfier du Florent Schmit ou du G. Ligety, si le système du Do mobile est votre seul outil, vous êtes dans la m****.

Une autre curiosité à laquelle j'ai gouté lors de mes études fut le solfège "atonal" . Inspiré par cette manie de passer des semestres complets à faire analyser aux étudiant en musique de la musique de Schoenberg ( :evil: mon dieu aidez-moi) certains théoriciens ont décidé que l'on pouvait se débarasser des noms des notes (trop...personnels et contenant j'imagine une sorte d'échelle sociale) pour les remplacer par des chiffres. Ainsi donc la gamme chromatique est renommée et solfiée ainsi:

o, one, two, three, four, five, six, sev (seven est trop long), eight, nine, ten et el (même chose que pour sev).

Imaginer solfier une gamme de do dans ce système!

une autre tradition utilise le système de chiffes mais en partant du 1 au lieu du 0.

Finalement,

Il y a aussi des noms pour les notes altérées. Je n'ai jamais utilisé ce système mais voyez:

en montant(#)Do Di Re Ri Mi Fa Fi Sol Si La Li Ti Do
en descendant(b)Do Ti Te La Le Sol Se Fa Mi Me Re Ra Do

Conaissez-vous la messe en TI mineur de Bach?

_________________
Il n'est donc pas, hélas, un mortel qui soit libre! L'un est esclave de ses biens, l'autre du sort. (Euripide, Hécube)


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Message Publié : 26 Juil 2006 15:24 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges

Inscription : 09 Août 2005 17:34
Message(s) : 3661
Localisation : Marseille
Jean-Jacques Rousseau avait imaginé un système analogue de notes chiffrées (qu'il intitule "Nouveaux caractères de musique") ; on en trouve la description dans son Dictionnaire de Musique (dont je possède un exemplaire de 1768, l'édition originale étant de 1767... Longtemps introuvable, il a été récemment réédité, mais j'en ignore les références). Apparemment, le bon vieux solfège a encore de beaux jours devant lui!


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