Vous avez tous entendu parler de la catastrophe arrivée à Cologne il y a deux semaines...
Sait-on si des documents ont pu être récupérés ?
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Toute la mémoire de Heinrich Böll en cendres
Le spectacle a rappelé à certains le souvenir des autodafés d’avant-guerre, à d’autres celui des bombardements de la fin de la guerre. Dans les deux cas, stupeur et désolation. C’était il y a quelques jours à Cologne : le bâtiment des archives historiques, haut de six étages, s’effondrait. Deux personnes sont portés disparues. Quant aux archives détruites sous le choc, brûlées pendant l’incendie ou endommagées à jamais par différents produits, elles concernent aussi bien des lettres de Marx que de Hegel, des manuscrits de Jacques Offenbach ou de Napoléon… Et, surtout oserait-on dire, car c’est ce qui a frappé le plus les Allemands eu égard à sa popularité durant la deuxième moitié du XXème siècle, les archives privées de l’écrivain Heinrich Böll, (1917-1985), l’auteur de Les Deux sacrements, Portrait de groupe avec dame, L’Honneur perdu de Katharine Blum… : des centaines de boîtes contenant notamment des manuscrits inédits et 80 000 lettres (dont 2400 à sa femme Annemarie). Toute une vie d’écrivain. Ces papiers avaient été acquis pour 800 000 euros par les Archives, et fièrement présentées il y a trois semaines à peine. Elles n’avaient donc pas encore été digitalisées ni microfilmées. Seule consolation : l’édition de ses Oeuvres complètes en 27 volumes, prévue pour l’année prochaine, s’était faite sur ces sources à jamais disparues. En contemplant ce à quoi elles sont désormais réduites, il est difficile de ne pas songer, ironie de l’histoire, qu’une grande partie de l’immense oeuvre de Böll, transfiguration catholique du malheur allemand ordinaire issu des décombres de la guerre, passa longtemps comme la plus typique incarnation de ce qu’on a appelé la Trümmerliteratur, autrement dit la “littérature des ruines”…
extrait du Blog de Pierre Assouline