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Message Publié : 01 Fév 2016 22:03 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 03 Déc 2015 13:11
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Localisation : Istanbul
...

Que dire ! Renversant ! Vertigineux... la théâtralité de ces escaliers, on en regretterait presque leur destruction par la suite... si tout le reste n'avait point disparu. L'hôte de marque devait être impressionné de voir apparaître cette salle immense... il fallait de bonnes jambes pour monter jusque là haut, mais quelle récompense une fois arrivé !

Petite question concernant la vidéo de la Chapelle... on aperçoit les statues des sénateurs romains ornant les arcades avant d'entrer... que sont devenues ces statues ?


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Message Publié : 02 Fév 2016 3:31 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
Eh oui on regrette toujours les œuvres d'art détruites ! Félicitons encore Hardouin pour son œuvre de mémoire !


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Message Publié : 03 Fév 2016 16:32 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 29 Août 2004 9:45
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Merci à vous Jérôme, même si c'est tout autant un travail d'histoire que de mémoire.
Pour répondre à votre question, cher Vergennes, pour les statues : de mémoire, l'un des guides de la fin de la Restauration indique que ces statues de sénateurs et de matrones romaines, installées au début de l'Empire, sont fortement dégradées au point pour certaines d'être méconnaissables.
Il est fort probable qu'elles aient disparu, après avoir été retirées au moment de la création de l'escalier "Louis-Philippe" en 1832-1833.

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Message Publié : 06 Fév 2016 21:24 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 29 Août 2004 9:45
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Localisation : hirson, aisne, picardie
Il est fait mention dans les inventaires de l'Empire et de la Restauration d"un "local des ambassadeurs" composé de plusieurs pièces, et qui, d'après l'étiquette du palais et les journaux de cette période, servaient à l'accueil des ambassadeurs par l'introducteur des ambassadeurs avant leur audience auprès du souverain.

Il semblerait que ces pièces étaient au rez de chaussée, mais je ne parviens pas à les localiser et elles ne figurent pas sur les plans de G. Fonkenell

L'un(e) de nos membres saurait-il/elle où se trouvaient ces pièces?

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Message Publié : 12 Fév 2016 11:32 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 20 Jan 2015 16:23
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Puisque le local des Ambassadeurs est, selon vous, situé au rez-de-chaussée et se compose de plusieurs pièces, je pense pouvoir déterminer son emplacement.
En effet, sous l’Empire, une fois qu’on a éliminé les espaces « réservés » (appartements du Roi de Rome, de l’Impératrice, du Pape Pie VII) d’un côté, la chapelle et la salle de spectacles de l’autre, ainsi que l’escalier et les galeries basses, il ne reste plus beaucoup de possibilités.

Quand on entrait dans le vestibule (du côté de la Cour du Carrousel), ce devait être le bloc de plusieurs petites pièces pièces qui se trouvait tout de suite sur la gauche (donc entre le vestibule et l'appartement du Roi de Rome).

De plus, cela paraît logique que ce local soit proche de l’entrée afin d’accueillir les Ambassadeurs dès leur arrivée, en attendant qu’ils soient reçus.

D’ailleurs sous le Second Empire, cet espace, même s’il avait été compartimenté différemment, avait une fonction plus ou moins similaire puisqu’il se composait d’un Salon d’Attente et d’un Salon pour les Officiers d’Ordonnance.
Dans le livre « Le Second Empire – La Maison de l’Empereur », il est écrit que c’était dans ce Salon d’Attente (aussi appelé Vestibule de l’Impératrice) qu’étaient introduites tout d’abord les personnes ayant obtenu une audience de Sa Majesté, et que c’était aussi là que les Officiers de service recevaient les personnes ayant à leur parler.

Je ne peux néanmoins pas me permettre d’affirmer quoi que ce soit mais cette hypothèse me semble la plus évidente.


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Message Publié : 19 Fév 2016 13:54 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 29 Août 2004 9:45
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Localisation : hirson, aisne, picardie
Cher Vincent
Merci de vos réflexions. De fait, comme vous l'écrivez, il semble logique que ces pièces soient situées près de l'escalier d'honneur et à part les pièces à gauche de l'entrée, il n'y a pas réellement d'autre endroit.
Les inventaires citent d'ailleurs ces pièces à la suite de l'appartement du grand maréchal qui est occupé à partir de 1810 par le roi de Rome. C'est donc sans doute de ces pièces dont il s'agit!

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Message Publié : 21 Fév 2016 19:35 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 29 Août 2004 9:45
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Localisation : hirson, aisne, picardie
Après quelques jours passés aux AN et une moisson extra-ordinaire, j'ai commencé la réalisation des appartements impériaux sur le jardin.

Ils sont desservis par un escalier dit de l'empereur précédé d'un vestibule à l'angle du pavillon de Flore. Un petit plan (connu) pour replace cela! L'escalier est ici en 1, désigné comme "escalier de l'appartement d'habitation". Le vestibule est dans le prolongement, vers la cour (en haut du plan), sous l'extrémité droite de la Galerie de Diane
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Extrait de Lenôtre, Les Tuileries

Cet escalier date des aménagements réalisés sous Louis XIV, et constitue alors l'escalier de la Reine. Les plans successifs publiés par G. Fonkenell semblent attester de sa permanence pendant le XVIIIe et le XIXe.

L'élévation du vestibule de l'escalier a été réalisée à partir d'un relevé de 1847, une coupe de Lefuel en 1860 et le dessin de François Joseph Heim, "le départ de Louis XVIII en mars 1815", très fidèle aux plans, élévations et éléments de mobiliers connus.

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Le départ de Louis XVIII, Heim François Joseph (1787-1865), Bayonne, musée Bonnat-Helleu

Tout en pierre, il s'ouvre par deux croisées sur la cour du Carrousel, séparées par une niche (qui abrite sous Louis Philippe une statue d'empereur romain). Comme l'atteste notamment la gravure (mais aussi d'autres témoignages), le vestibule est accessible aux voitures, d'où son pavage. C'est notamment d'ici que Joséphine quitte discrètement le palais en 1810.
Le côté nord est percé en son centre d'une porte et d'un escalier qui donnent sur la salle à manger. Les fenêtres sont attestées par le plan de 1847 et éclairent en second jour des pièces accolées à la salle à manger.
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Le vestibule est couvert par une voûte en berceau qui se poursuit dans les pièces suivantes (salle à manger et salle des concerts) et qui de ce fait, je pense, fait partie de la structure d'origine de ce bâtiment construit sous Henri IV. A cette voûte pend une lanterne à 6 lumières.
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Face à l'entrée, trois arcades, celle de gauche feinte, celle de droite occupée par une croisée qui éclaire un des "corridors noirs" qui longe l'appartement de l'impératrice. Celle du centre ouvre sur l'escalier. L'arcade de la croisée est plus basse que l'arcade du vestibule afin de ne pas"buter" sur l'une des volées de l'escalier (hauteur attestée par les plans).
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L'escalier est composé d'une succession de volées portées par des voûtes en demi-berceau (tel que permet de le comprendre la vue en coupe de Lefuel en tout cas). Le dessin de Heim montre un garde corps en fer forgé avec les armes de France ; j'ai placé les armes impériales pour marquer l'état 1809 et correspondre à l'usage napoléonien "d'Empirisation" des symboles royaux. Un mémoire de restauration de 1810 atteste que les murs sont (ou ont l'apparence) de la pierre.

Le niveau du sol de la cour du Carrousel est environ 1.30 plus bas que celui des pièces du premier niveau côté jardin. Une première courte volée rattrape cette différence. C'est là que se concentre le mobilier : 4 banquettes et 6 tabourets.
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Le premier palier est éclairé par une grande arcade et donne au sud (à gauche de la vue) sur les pièces du pavillon de Flore et au nord (à droite) sur l'antichambre de l'appartement de l'impératrice. Afin sans doute d'isoler cette pièce du froid de l'escalier, l'inventaire de 1809 mentionne "Une porte battante à 2 vanteaux et chambranle, garnie en foin, couverte en drap vert avec clouds dorés sur galons or faux" restituée ici, avec une seconde en face.
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(Cette vue et la suivante sont prises du même point de vue).
Deux volées complétées par une petite intermédiaire permettent d'accéder au premier étage, 6 m plus haut.
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Le palier de l'escalier donne sur une porte qui ouvre sur l'ancienne salle des gardes de la Reine, devenue celle de l'Empereur. Cette partie de l'escalier est éclairée par une grande fenêtre rectangulaire.
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Il conduit par une dernière volée à une porte qui ouvre sur l'escalier du pavillon de Flore et par là à ses différents appartements. On aperçoit en haut une partie de la voûte à quatre voussures et l'entablement à consoles, seul élément décoratif attesté par la coupe de Lefuel. L'escalier a sans doute été laissé inachevé, comme l'escalier d'honneur.
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Les deux paliers sont éclairés par une lanterne à 4 lumières.

Vue de l'ensemble de l'escalier depuis le palier de l'appartement de l'Empereur
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L’escalier de la Reine, devenu escalier de l’Empereur, ouvre donc sur une série de pièces, donnant sur le jardin, qui constituent au XVIIe s les appartements (Grand et Petit) de la Reine Marie Thérèse, puis l’habitation des souverains du retour de Louis XVI au début du règne de Louis-Philippe. La décoration de ces pièces date donc pour l’essentiel des années 1666-1672.

La porte battante de l’escalier est maintenant ouverte sur l’antichambre de l’empereur ou salle des gardes.
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Elle avait cette fonction du temps de Marie Thérèse, ce qui explique le caractère militaire de sa décoration. Elle conserve cette fonction avec le retour de la famille royale en octobre 1789, bien que la Reine loge au rez de chaussée, dans le futur appartement de l’impératrice.

Après la chute de la royauté en septembre 1792, ces appartements sont occupés par la Convention. La salle des gardes est d’abord convertie en une antichambre aux bureaux du Comité de Salut Public (1793-1795) puis devient la bibliothèque du Conseil des Anciens (1795-1799). Son état en 1800 est pitoyable. Leconte, dans son rapport de travaux du 12 ventôse an 9 (3 mars 1801), rapporte qu’ »elle avait subi tant de dégradations qu’on ne pouvait appercevoir (sic) ce qui l’avait originellement décoré ; une grande partie des lambris des ornements était détruite, et ce fut avec du temps et de grandes précautions qu’on est parvenu à retrouver et à faire revivre les superbes trophées qui décorent cette salle ; on rétablit ceux des lambris qui n’existaient plus ; on refit les trophées semblables ; on construit un poêle, on rétablit les parquets, les portes, les cloisons, etc… ».
Après le coup d’Etat du 18 Brumaire, et l’installation de Napoléon Bonaparte aux Tuileries, cette pièce est intégrée à l’appartement d’habitation du Premier Consul puis de l’Empereur, qui loge donc chez la Reine.

Dans la première moitié du règne, sans doute dès 1801, la pièce est séparée en deux parties par une cloison « mobile », qui isole le salon des pages, près de l’escalier, du premier salon qui occupe l’autre partie de la pièce, vers le nord. Cette cloison est supprimée lors de très importants travaux de réaménagement réalisés en 1808-1809 sous la supervision de Fontaine « Premier Architecte de Sa Majesté Impériale et Royale ».

La pièce telle qu’elle est reconstituée évoque donc l’état 1809-1814. Je me suis appuyé sur les coupes de Lefuel, les mémoires de restauration de Charles Moench, du doreur Chaise et du marbrier Hersent pour cette reconstitution.
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La salle des Gardes est le lieu où se tiennent les pages de l’appartement et l’un des huissiers, d’où le nom de Salon des Pages qu’elle a aussi. La pièce s’anime surtout le matin, lors de la cérémonie du Lever de l’Empereur. Rien de versaillais dans cette cérémonie, décrite par Frédéric Masson. Pas de lever et d’habillage en public. Ce moment de la vie de l’empereur a lieu à partir de 9h. C’est un peu avant cette heure que la salle des gardes a été traversée par le « Service », c'est-à-dire les Grands Officiers qui viennent prendre leurs ordres de la bouche de l’empereur dans le Premier Salon (ou salon du Service) qui suit : le Grand Chambellan et le second chambellan de jour, le Grand Ecuyer et l’écuyer, le Grand maître et le maître des Cérémonies, le Grand Veneur et le lieutenant de vénerie, le préfet du Palais, le Grand Aumônier, l’Intendant général et le Trésorier de la Couronne, enfin, le Colonel général de service.
Le Lever terminé et le « Service » ayant quitté le Premier Salon pour retourner dans la salle des Gardes, il croise les « Grandes Entrées » qui ont accédé à la pièce par l’escalier de l’Empereur. A leur passage, les pages se sont levés de leurs banquettes. Ce terme de « Grandes Entrées », reprise de l’étiquette versaillaise, désigne en effet les Princes de la famille impériale, les cardinaux, les grands officiers de l’Empire, les officiers des maisons de l’impératrice, les présidents des grands corps de l’Etat et les premières autorités de Paris. Ils ont le privilège d’être reçus dans le Second ou Grand Salon par l’Empereur, après avoir attendu dans le Premier Salon. Ces trois pièces, Salle des Gardes, Premier et Second Salon, forment ce que Napoléon appelle dans l’étiquette du Palais Impérial ( 1806) « l’appartement d’honneur », accessible à la Cour, qui se distingue de « l’ appartement intérieur » (Cabinet de travail, Cabinet topographique, chambre, cabinet des bains) où seuls l’empereur et quelques familiers pénètrent. L’ensemble forme « l’appartement ordinaire » ou « appartement d’habitation » de l’empereur.

La salle des gardes est la plus grande pièce de cet appartement, sur un plan presque carré de 10m de côté environ. C’est aussi la plus lumineuse des trois salons « publics », car éclairée par deux fenêtres sur le jardin.
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Le devis des travaux de Fontaine permet de savoir que la pièce est revêtue d’un parquet, qui remplace un dallage retiré à l’occasion des travaux de 1808 (qui semble-t-il ne couvrait que le salon des pages).

La décoration des murs est en deux parties, comme à Fontainebleau ou à Vaux le Vicomte : un lambris en partie basse et un revêtement en partie haute.
Le lambris est constitué de 14 panneaux verticaux (chiffre donné par Moench) en deux parties, sur un fond de marbre brèche blanc. Les trophées feints sont en faux bronze doré (ici évoqués par ceux de Hampton Court), et reposent sur une plinthe en brèche violette. Au dessus court une tenture en brocart vert à palmes avec une bordure en soie or et ponceau, livré par Pernon pour le cabinet du Premier consul à Saint Cloud et réutilisé ici en 1809.

Les murs sont percés de trois portes, chacune ayant son pendant feint : côté fenêtres, l’une donne sur l’escalier, l’autre sur le Premier Salon et, dans le fond, la troisième ouvre sur la Galerie de Diane. C’est la seule communication « officielle » entre les deux enfilades côté cour et jardin du palais.
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Le mémoire de Moench indique que ces portes sont décorées de trophées similaires à ceux des panneaux.
On remarquera, par rapport à la vue en coupe et à la photo postées plus haut (Lefuel, 1860), que je n’ai pas évoqué les dessus de porte. En effet, alors que Moench les restaure dans les autres pièces, il ne fait pas mention de ces dessus de porte dans son mémoire ; par ailleurs, la longueur de la tenture en deux parties indiquée par l’inventaire (38.50 m) correspond au périmètre de la pièce moins les deux fenêtres, ce qui me conduit à pense que ces dessus de porte sont une création postérieure, sans doute du Second Empire (qui a transformé une partie de la décoration de cet appartement).
Le mémoire de Hersent, marbrier, permet de savoir que la cheminée est nouvelle en 1809. Elle est en marbre Sarrancolin et sa forme est précisée par la photographie. Elle est surmontée d’un « grand trophée » dont Moench indique qu’il représente un aigle posé sur un foudre et des trophées d’armes. Une composition de la chambre de Fouquet à Vaux évoque ce trophée.
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Face à la cheminée, un poêle en faïence, installé en 1800 et remis en état en 1809, et qui semble-t-il permet de chauffer la galerie de Diane attenante. Ses dimensions sont celles indiquées par le mémoire du poêlier, et c’est un modèle de Compiègne (grand vestibule du palais) qui permet de l’évoquer.
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La pièce est ceinturée par un entablement composé de consoles en marbre brèche blanche, soutenant une corniche de même et or. Les métopes sont en albâtre oriental, sur lesquels se détachent 92 patères à tête de lion en bronze rehaussé d’or réalisés en trompe l’œil par Moench.
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Le plafond est l’apport principal du Premier Empire à cet appartement et à cette pièce. Il est connu par un dessin aquarellé de Percier et Fontaine.
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Le Journal des Monuments de Paris, de Percier et Fontaine, indique p 14, que se trouvait là un plafond datant de Louis XIV et « qui tombait en ruine ». Dédié comme dans les autres pièces à Minerve, allégorie de Marie Thérèse, il « représentait Minerve foudroyant les Vices ; elle paraissait sur un fond de ciel à travers l’ouverture de la voûte d’un temple, dont les colonnes peintes en perspective sur un corps incliné et les corniches tendantes vers un seul point de vue » leur paraît « produire un effet faux et incorrect ».
Ils choisissent donc de remplacer ce plafond ruiné par « des compartiments subdivisés selon la forme de la voussure du plafond, dont le sujet principal représente Mars vainqueur, la lance en main, parcourant sur un char le Zodiaque (dont les signes figurent dans la bordure du cadre), et signalant chaque mois de l’année par une victoire (de Napoléon : Rivoli pour les Poissons, Iena pour le Cancer…)
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Des attributs militaires et différentes figures, sous l’emblème de vertus guerrières, enrichissent cette composition et remplissent les voussures du pourtour sur les quatre faces ».
Viollet Le Duc, en 1849, précise que « Les voussures ont été peintes par MM. Vauthier, Lesueur et Pernotin, et les ornements, les trophées figurés en bronze par M. Pécheux. Mars, dans un char à deux chevaux, et les signes du Zodiaque, qui forment l’encadrement du plafond, sont de M. Lesueur ».
Le mémoire de Moench permet de savoir que les chairs de Mars, les chevaux et figures de la voussure étaient traités en blanc, le reste des ornements et les armes de Mars rehaussé d’or. La scène centrale se détachait sur un fond lapis, et les ornements « sculptés » de la base en marbre Sarrancolin.

Le mobilier de la pièce est très « banal » et constitue l’habituel ameublement d’une antichambre : 6 banquettes, 12 tabourets et 2 chaises peintes en bois bronze et or recouverts de velours vert. Seul le fauteuil en acajou dénote un peu. Deux consoles dorées, semble-t-il déplacées dans le salon Louis XIV sous le Second Empire sont mentionnées et placées ici au milieu des longs murs.
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Deux tables du modèle habituel en bois noirci et bazanne pour les huissiers sont mentionnées, que j’ai placé près des portes.
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Un guéridon du modèle courant dans les palais impériaux complète les tables. Deux paravents en savonnerie doublés de soie rouge dissimulent sans doute des lits de veille.

L’éclairage est assuré par deux lanternes à quatre quinquets chacune, deux quinquets à pied (sur les tables) et deux flambeaux « de page » de 32 cm de haut en cuivre doré avec un autre plus petit sur le guéridon.
Un feu à quatre bornes garnit la cheminée.

Prochaine étape (dans quelques semaines!) : le Premier Salon de l'Empereur.

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Message Publié : 22 Fév 2016 23:16 
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Thucydide
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Inscription : 03 Déc 2015 13:11
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Localisation : Istanbul
Le pauvre Louis XVIII a dû bien souffrir en cette nuit de Mars 1815... j'ai bien peur que le dessin de Heim ait comme souvent ajouté davantage de solennité à ce moment que la réalité n'en ait laissé. Lui qui ne pouvait se déplacer qu'avec GRANDE difficulté, lorsqu'on voit cet escalier interminable, a dû arriver en piteux état à son carrosse !

De cette fuite je connaissais la peinture que nous avait laissé le Baron Gros ! La scène dépeinte en 1816 (et conservée au musée du château de Versailles) par le célèbre et talentueux Baron semble prendre place sur le palier donnant sur les appartements du Roi... donc de l'Empereur ? Gros dépeint les portes d'une certaine façon, peut être ceci vous aidera Hardouin ! Je n'imagine pas Gros, peintre de l'Empereur et par la suite du Roi, donc habitué du Palais des Tuileries, représenter ces lieux sans avoir pris la peine de les voir de ses propres yeux auparavant !

Sinon, en ce qui concerne la réalisation, Hardouin, vous êtes un orfèvre... cette salle des gardes était magnifique, et le plafond devait valoir qu'on se torde le cou à le contempler !


http://40.media.tumblr.com/tumblr_m246o ... 1_1280.jpg


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Message Publié : 25 Fév 2016 19:30 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 29 Août 2004 9:45
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Localisation : hirson, aisne, picardie
Merci cher Vergennes d'avoir posté ce tableau. Il est effectivement à rapprocher du dessin de Heim, des deux transpire la même désolation de voir le roi partir... Quelle place laisser à la flagornerie de l'artiste?

En tout cas le tableau apporte des éléments intéressants pour la connaissance de l'aspect de ces portes décrites par l'inventaire. Vous soulignez le fait qu'il y avait sans doute une bonne connaissance des lieux de la part de Gros et une reproduction exacte de leur aspect, connaissance qui devait être d'autant plus nécessaire ici car le tableau de Gros était exposé... dans la galerie de Diane voisine soit à peinte 10 m du lieu dépeint, le palier supérieur de l'appartement du roi. Il s'agit bien, puisque vous semblez hésiter, de l'appartement de Napoléon devenu celui de Louis XVIII qui change peu de choses au décor et au mobilier, comme en témoignent les inventaires. Les lys remplacent les aigles et les L les N sur les tapis mais Napoléon n'a pas dû avoir de difficultés à reconnaître son appartement quand il est revenu le lendemain du départ de Louis XVIII.
Un autre dessin de Heim montre d'ailleurs l'arrivée de l'Empereur le lendemain par le même escalier.

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Message Publié : 07 Mars 2016 20:42 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 29 Août 2004 9:45
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Localisation : hirson, aisne, picardie
Quelques vues des progrès dans la réalisation du Premier Salon de l'Empereur qui suit cette antichambre.
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Je précise qu'un des tableaux de Versailles, commandé par Louis Philippe pour le musée, représente de manière très exacte le Premier Salon en 1842. On y voit encore des éléments mobiliers mentionnés par l'inventaire de 1809 (la pendule à l'étude et les appliques du salon des jeux de la Reine à Compiègne). Il s'agit du tableau représentant le 3è ministère Soult, par Claude Jacquand, 1844. Le Premier salon servait alors de salon du conseil, après avoir servi de salle à manger sous la Restauration (et rempli la même fonction officieusement sous l'Empire).
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Voici une première version du Premier salon achevé pour le décor des murs.
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Le décor a été reconstitué à l'aide des mémoires du peintre Moench et du doreur Chaise, datant des travaux de rénovation menés par Fontaine entre mars et décembre 1808 chez l'empereur et l'impératrice. Ces mémoires ndiquent :
-une plinthe peinte en marbre bleu turquin (en harmonie avec la cheminée bleue turquin montrée par le tableau de Jacquand et qui est par ailleurs mentionnée par le marbrier Hersent en 1809)
-un bas lambris composé de 20 grands et 23 petits panneaux d'arabesques sur fond blanc encadré par une moulure dorée ; la coupe de Lefuel en donne les proportions.

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-6 panneaux de damas cramoisi avec bordure à palmettes et culots (les deux ici du bon modèle, conservé par le Mobilier National) dans des bordures dorées.

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-au centre du mur nord, la cheminée avec son double cadre de "parquet de glace" : le cadre en bois doré, sculpté de perles, feuilles d'olivier et feuilles d'eau est entouré par un second cadre, composé de baguettes en bois doré encadrant un panneau peint représentant en haut deux guirlandes de fleurs au naturel tenues par trois clous dorés, et partant de ces clous, 2 chutes de fleurs. Les mémoires, fournissant toutes les dimensions et les éléments décoratifs, ont permis cette reconstitution.
-l'entablement est conforme à la vue en coupe de Lefuel. Moench et Chaise indiquent les parties dorées et celles peintes en marbre blanc, notamment la frise composée d'une alternance de culots et de feuilles d'acanthe réunis par des enroulements. Moench peint 142 rosaces dorées de 10 cm de diamètre sur le larmier de la corniche, sur un fond de marbre blanc.

-Les dessus de porte sont parfaitement connus par une description du XVIIe. Ils représentaient des femmes assises constituant des allégories de la paix (au sud) et de l'architecture (au nord), réalisés par Jean Nocret. J'ai pris pour équivalence deux muses par Simon Vouet, dont la description et la posture sont les plus proches des tableaux d'origine.
-Un certain nombre d'éléments du mobilier d'origine ont été modélisés, notamment pour la cheminée (chenêts, pendule l'étude dite aussi "aux maréchaux", appliques), ainsi que la console ; les sièges sont proches du modèle et j'attends un envoi de visuels du Mobilier National pour les achever. Les torchères sont d'un modèle identique (d'une série de 8) conservé à Fontainebleau. Je préciserai tout cela lors du post définitif.

Reste encore le plafond, les panneaux des portes et les tables qui meublaient la pièce et les lustres (c'est le modèle dupliqué de la chambre de l'empereur qui les évoque pour le moment).
J'espère pouvoir consulter bientôt un document aux AN pour savoir quels étaient les tableaux, sur la suggestion de M. Sainte Fare Garnot. En attendant, j'ai placé des portraits de la famille impériale.

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Message Publié : 16 Mars 2016 22:29 
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Grégoire de Tours
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En me basant sur la description très précise des éléments du plafond par Moench et en la comparant avec les décors de Vaux le Vicomte notamment pour avoir une idée du type de composition de ces plafonds à l'italienne dans les années 1660, je suis parvenu à cette hypothèse d'évocation. Le mobilier a également été complété : les lustres sont du bon modèle, le tapis et les tables (à quadrille, à tric-trac et un bureau) ont été réalisés en suivant la description de l'inventaire.

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Le décor d'architecture feinte est en marbre blanc avec des éléments dorés (chiffe impérial, chapiteau ionique, frises, moulures avec éléments décoratifs divers (rais de coeur, feuilles de chêne, canaux...), cadres des tableaux) relevé par les couleurs des guirlandes, le tableau central représentant la Sagesse (ici une équivalence, le triomphe de Minerve par Charles de la Fosse) et quatre tableaux de paysages par Jacques Fouquières au centre des voussures (ici un tableau du même).
C'est donc dans ce cadre très solennel dominé par la déesse de l'intelligence réfléchie que Napoléon rabrouait copieusement ses Grands Officiers, si l'on en croit Frédéric Masson, et que Talleyrand subissait avec dignité l'indifférence de l'Empereur...

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Message Publié : 18 Mars 2016 0:07 
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C'est donc dans ce salon que Napoléon dit à Talleyrand qu'il était de la "m**** dans un bas de soie" ? Ou serait de plutôt dans son bureau ?

Splendide travail en tous cas, le cadrage de la dernière photographie... on se croirait dans le vrai salon !


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Message Publié : 20 Mars 2016 8:14 
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Cher Vergennes,
Cette apostrophe célèbre (à laquelle Talleyrand a répondu par le non moins célèbre "il est dommage qu'un aussi grand homme ait été aussi mal élevé") se passe semble-t-il (d'après ce que j'ai lu sur Historia.fr ) au cours du conseil du 29 janvier 1809. Même s'ils étaient rares (Napoléon 1er aimait travailler seul à seul avec chacun de ses ministres), ces conseils avaient lieu dans le Grand Cabinet de l'Empereur côté cour, lequel n'avait d'ailleurs pas encore l'aspect que j'ai restitué : les murs étaient tendus de quatre tapisseries (une sur chaque mur) de la série de Médée et Jason, Fontaine et Percier n'ayant réalisé la cheminée avec son manteau en marbre blanc et bronze doré qu'en 1810. Les sièges et les portières étaient garnis de damas tabac d'Espagne avec des bordures bleues. Le mobilier était assez hétéroclite (une commode en laque Louis XV notamment qui détonnait avec le reste du mobilier). Une prochaine évocation peut-être?

J'ai achevé le Premier Salon dont voici quelques vues, avec notamment 12 chaises en bois doré tendues de tapisserie de Beauvais livrées en 1810 pour compléter les 12 chaises en damas cramoisi et qui devaient être les plus utilisées car plus résistantes. C'est pourquoi je les ai placées autour des tables à jeu.

Vue sur l'enfilade avec le salon des Pages et l'escalier de l'habitation. Une moquette fond vert à dessin de fougères était placée dans l'entre-deux-portes, mais je n'en ai pas trouvé de modèle. Si d'aventure l'un des lecteurs de ce forum en avait un modèle...
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Le mur du fond avec les sièges meublants. Le valet est placé près d'une porte sous tenture "historique" : ce salon servait en effet de salle à manger pour l'empereur, et c'esti ici qu'a eu lieu la fameuse scène de l'évanouissement de Joséphine à l'annonce de son divorce le 30 novembre 1809. Le préfet du palais, Bausset, qui se tenait dans le salon des pages, est appelé par l'empereur pour l'aider à descendre l'impératrice par l'escalier intérieur. En effet, à droite de la cheminée, dans l'angle du salon, se trouve une porte sous tenture qui ouvre sur un couloir (un des "corridors noirs" du palais) qui passe entre la galerie de Diane et les pièces sur jardin et dessert des escaliers et pièces de service Cet aménagement date de l'époque de Louis XIV et est maintenu jusqu'à la fin du Palais.
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La porte sous tenture et le couloir qui suit (le mur part en biais pour contourner la pièce suivante, ancienne chambre de la reine)
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Le salon depuis le passage
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Vue vers l'unique fenêtre s'éclairant sur le jardin, avec sur la cheminée une garniture de 6 vases de l'ancienne collection de Louis XIV maintenant au Louvre, dans deux vitrines. Ces vitrines séparent la pendule "l'Etude" (ou des Maréchaux) et deux vases en jaspe de Sicile de l'ancienne collection du duc d'Aumont.

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Message Publié : 20 Mars 2016 9:55 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Comte de Vergennes a écrit :
C'est donc dans ce salon que Napoléon dit à Talleyrand qu'il était de la "m**** dans un bas de soie" ? Ou serait de plutôt dans son bureau ?


Ce serait plutôt dans le Grand Cabinet. Mais il convient de noter que ce fameux mot est sujet à controverses.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 21 Mars 2016 10:27 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 20 Jan 2015 16:23
Message(s) : 16
Cher Hardouin
Encore une énième fois, bravo!
Néanmoins, il me semblait bien, et le plan que vous communiquez dans votre dernière publication le confirme, qu'il y avait aussi une seconde porte qui communiquait avec la Salle des Gardes (porte que vous avez d'ailleurs modélisée dans la Salle des Gardes), ainsi qu'une porte communiquant avec la galerie de Diane.
Je ne vous l'ai pas signalé avant car je pensais que votre réalisation était en cours et que vous rajouteriez ces deux portes ultérieurement. Mais cela ne paraît pas être le cas.
Maintenant, connaissant votre habituelle précision dans la reconstitution, je suis sûr que vous pourrez donner une explication à cela.
Qu'en est-il donc de ces deux portes?


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