Les Tuileries , il y a 134 ans ; comme aujourd'hui c'était une journée chaude pour la saison , ensoleillée , sans vents, Paris étouffait . par contre en 1870 c'était un dimanche ,le 7ème apres la declaration de guerre avec la Prusse.
Depuis les mauvaises nouvelles du 6 aout , l'Imperatrice-Régente a quitté la résidence d'été de St Cloud pour s'installer au Tuileries depuis le 8 aout dernier.
Seul le drapeau tricolore hissé chaque matin à 7 heures sur Dôme signale la présence de la souveraine , le palais a conservé sont aspect estival : volets clos, pas d'animation domestique, pas de circulation de voitures dans la Cour du Carrousel dont les grilles sont fermées, la Garde est restreinte , tout le palais semble endormi , exception du coté de la Salle de Spectacle transformée en ambulance militaire .
Coté jardin au rez de chaussée seul les volets de la salle du Conseil sont ouverts , idem pourle cabinet de l'Empereur mais là le store de toile est baissé. Au premier étage aux appartements de l'Imperatrice volets ouverts mais tous les stores de grosses toiles sont abaissés.
Dans ses appartements l'Imperatrice "campe" elle a ordonnée de laisser les tapis roulés et les housses de perse à gros bouquets d'iris mauves recouvrant meubles et sièges.
Hier 3 septembre , elle a reçu la tragique nouvelle de Sedan .certes le général Trochu , gouverneur de Paris lui a réaffirmé sa fidelité en lui faisant serment de "la défendre quitte à mourrir sur les marches du Trone "...
Cette nuit en seance restreinte les députés de l'Opposition présidés par Jules Favre ont demandés la déchéance des souverains.
Après une nuit sans sommeil l'Imperatrice-Régente a entendu la messe à sept heures et demie, puis elle a présidé le Conseil des Ministres à 9 heures. elle y a réiterer ses ordres déja donnés au Genéral Mellinet commandant militaire des Tuileries, de ne pas faire tirer sur des Francais . En effet vers 11 heures des manifestants et des gardes nationaux se reunissent sur la ^place de la Concorde au cris de "décheance" . A midi et demie un groupe de députés furent introduit par le Chambellan de Piennes dans le Salon Bleu la Régente les pria de prendre place ,comme il n'avait pas assez de sieges c'est l'Amiral Jurien de la Gravière qui en transporta lui même des salons d'à coté . L'Imperatrice vetue d'une simple robe de cachemire noire à col et poignets blancs s'assit près de la fenetre pour les écouter. le député Buffet lui demanda de remettre ses pouvoirs au Corps Legislatif afin de ne pas compromettre la dynastie imperiale . L'Imperatrice-Régente répondit courtoisement que cela lui était impossible que son devoir était de s'occuper de l'avenir de la France et que la pensée de conserver aux sien la Couronne la touchait très peu à cette heure .
Vers 2 heures de l'apres midi M.de Gardanes , chambellan et député fut introduit dans le salon Bleu , pour annoncer que des manisfestants envahissaient la rue de Rivoli depuis la place de la Concorde.L'Imperatrice demanda a se retirer un instant dans son cabinet voisin avec l'Amiral elle en ressortit quelques minutes plus tard en signifiant aux députés qu'elle acceptait de déposer ses pouvoirs au Corps Legislatif a condittion que le Conseil des Ministres et le Conseil de Régence ratifiassent. Alors que les députés soulagés s'apprétaient à regagner le Palais Bourbon on apprit que les manisfestants venaient d'envahir le Corps Législatif. et qu'on y criait "Vive la République" Le député Buffet et ses collègues renoncerent à leur mission . et prirent congé en baisant respectueusement la main de l'Imperatrice. Celle ci se retira dans son cabinet . Les ministres David, Busson-Billaut,Chevreau arriverent de la Chambre envahie pour supplier l'Imperatrice de quitter le Palais . Elle s'y refusa encore .
vers 16 heures le préfet de Police Pietri informa l'Imperatrice que la foule avait envahie le jardin par la grille de la Concorde et que d'autre part les manisfestants de la rue de Rivoli étaient arrivaient au guichet de Rohan pour penetrer sur la place du Carrousel . Mellinet proposa de repousser par la force les manifestants . Eugenie le lui interdit de nouveau . le commandant militaire des Tuileries transmettant l'ordre de ne pas tirer les soldats de faction mirent la crosse en l'air afin que la foule percoivent l'intention de ne pas tirer. Ce qui calma les manisfestants qui resterent derriere les grilles du Carrousel et coté jardin aux grilles du jardin privé.
En entendant le mot République resonnait depuis la foule aux grilles .L'Imperatrice pris la decision de quitter le palais , mais où aller?
Le fidèle secretaire Bignet courru au cabinet de l'Empereur chercher un indicateur des chemins de fer !!!! l'Amiral Jurien de la Gravière proposa de filer par la Seine en empruntant sa canonniere de la Flotille Fluviale amarrée au quai des Tuileries . L'Imperatrice esquiva un sourire :
"- Amiral voyons !!! à la première écluse on me cueuillera comme une violette".
les ambassadeurs Nigra et Metternich qui venaient d'arriver par la grille du Pavillon de Flore proposerent à l'Imperatrice de la placer sous leur sauvegarde diplomatique . L'Imperatrice acquiesca puis retourna dans le salon Bleu pour faire ses adieux aux personnes présentes. puis elle retourna dans son cabinet seule quelques instants, passa dans son boudoir adjacent où elle mangeat quelques bouchées de son plateau repas qui était resté là , passant dans son cabinet de toilette ou elle revetit un manteau leger noir comme sa robe un et un voile épais . Accompagnait de madame Lebreton elle descendit par l'escalier à vis au rez de chaussée tenant un sac à main de voyage . Elle empruntant le couloir obscur pour se rendre au vestibule du peristyle adjacent à l'escalier de l'habitation . Nigra et Metternich qui attendaient là l'aviserent qu'elle ne pouvait emprunter une voiture de l'en-cas frappée des armoiries imperiales . le Cent-garde de faction la salua puis ils remonterent au premier etage par l'escalier de l'habitation . elle rencontra quelques valets de pied auxquels elle conseilla de retirer leur livrée et de partir . Elle traversa la salle encore en travaux du pavillon de Flore puis emprunta les nouveaux batiments du Bord de l'Eau pour rejoindre la salle des Etats . pendant ce temps l'Amiral de la Gravière était parti dans la cour du Carrousel haranguant la foule aux grilles pour la calmer.
A la sortie de la salle des Etats la porte du Musée du Louvre qui permettait d'acceder à la Grande Galerie etait verouillée . le petit groupe et l'Imperatrice se trouvèrent coincés tout en entendant les cris de la foule juste en dessous d'eux sur la Place du Carrousel . Heureusement le tresorier de l'Empereur , Thelin qui avait appris par où l'Imperatrice était partie les rejoignit en courrant avec une serie de passe-partout . Il deverrouilla la porte . Par la Grande Galerie , le Salon Carré, la galerie d'Apollon le groupe parvint à la salle des Sept Cheminées .Là l'Imperatrice pris congé de Conti, du Tresorier Thelin et de son Officier d'Ordonnance à qui elle conseilla de quitter au plus tot son uniforme bleu chamarré à bandes et aiguillettes d'or . En traversant seule avec Mme Lebreton , Nigra et Metternich une petite salle dont un fenetre donnait sur la Cour Napoleon elle appercut le drapeau tricolore descendre du mat sur le Dome des Tuileries .la dernière souveraine ayant quitter le Palais . Il etait six heures du soir , à la vue du drapeau affaissé sur le toit du Pavillon central du Palais Imperial , la foule qui n'avait pas envahie le palais commencait à quitter le place du Carrousel .
Les Tuileries venaient de cesser d'être le coeur de la France .
Descendant l'escalier du Musée Charles X l'Imperatice parcourut le rez de chaussée avant de sortir par la voute de la Colonnade face à St Germain l'Auxerrois . La voiture diplomatique de Metternich étant trop loin celui ci s'avisa de chercher un fiacre . L'Imperatrice et Mme Lebreton attendèrent quelques minutes entre les parterres avec Nigra . un gamin passa en sautant regarda le groupe et dis " tiens !!!! l'Imperatrice !!!!" Nigra lui parla pour detourner son attention car Metternich revenait avec un fiacre à un cheval . Les deux femmes montèrent dans le fiacre et annoncerent au cocher une adresse Boulevard Haussmann , c'etait celle du Conseiller Besson . Le fiacre quitta la rue du Louvre tournant à gauche pris la rue de Rivoli longeant le palais . A partir des guichets de Rohan la rue etait envahie par les manifestants endimanchés qui quittaient la place du Carrousel , le fiacre circulait peniblement à travers la foule qui ne marqua aucune curiosité envers ses deux passageres .Neanmoins le cocher prefera quitter la rue de Rivoli en virant a droite par la rue du 29 juillet il rejoignit la rue saint Honoré , la rue Royale et le boulevard Malesherbes .Place Saint Augustin il vira a gauche pour emprunter le boulevard Haussman où il deposa les deux femmes devant l'immeuble où logeait le conseiller Besson .Le concierge était absent en ce dimanche les deux femmes gravirent les deux étages pour touver porte close . Le conseiller était absent . ne sachant que faire l'Imperatrice épuisée s'asseya sur la marche du palier en attendant sans savoir que faire .. Il devait etre 19h passée ce 4 septembre 1870 ,Eugenie Imperatrice des Francais , Régente de l'Empire encore l'apres midi même aux Tuileries , assise là sur une marche d'escalier dans un immeuble du Boulevard Haussmann .......
Sic transit gloria .........
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_________________ "Pour savoir où l'on est , et prévoir où l'on va ;il faut connaitre d'où l'on vient"
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