L'on m'a communiqué le ""Texte explicatif joint aux numéros du Journal des monuments de Paris envoyés à l'empereur de Russie" rédigé par Fontaine entre 1808 et 1814.
C'est ainsi que j'ai appris que l'escalier du conseil d'Etat (escalier du Premier Empire à l'emplacement de la partie Nord de la Galerie de la Paix), que j'avais restitué en stuc et ornements dorés était en pierre. Fontaine écrit que "La construction de cette partie [le palier supérieur de l'escalier] est exécutée en pierre de Conflans. L'escalier est supporté en entier sur deux massifs de colonnes en pierre de Vergelay; elles reçoivent la retombée de la voûte sous les marches et laissent au dessous un espace libre qui sert de corps-de-garde pour la garde de l'empereur". Ceci explique également pourquoi le décor de la Galerie de la Paix et notamment les deux colonnes de sa partie nord, était resté "intact" après l'incendie : en effet Louis Philippe, par souci d'économie, avait réutilisé une partie du massif de l'escalier pour faire le décor de la galerie de la Paix.
En outre, une mention de la notice de Viollet le Duc sur le palais en 1836, indique que les portes de l'antichambre qui suit cet escalier sont peintes en couleur bronze (comme celles de l'escalier que Fontaine construit en 1832). L'aspect de ces portes et de celles de l'escalier du conseil d'Etat donnant sur celui de Levau copiant celui des portes de bronze de l'Antiquité (notamment celles du Panthéon de Rome), j'ai conclu que les portes de l'escalier étaient aussi en couleur bronze. Voici donc cinq vues de cet escalier avec ces nouvelles informations, ce qui change complètement la perception que l'on a de ces espaces :
Deux vues de l'ancienne version, pour mémoire :
A noter que dans l'esprit de Fontaine, cet espace est constitué de deux parties distinctes, une salle pour la garde de l'empereur (la partie avec les 4 premières fenêtres sur le haut soubassement avec le monogramme impérial) et une seconde partie qui est l'escalier lui-même, la seconde ayant été réunie à la première pour donner plus d'ampleur à l'escalier. Le lieu est d'ailleurs désigné sous la Restauration comme "salle des Cent-Suisses".
L'escalier en pierre :
L'entrée de l'escalier depuis le palier intermédiaire de celui de Levau (dont j'ai "éclairci" le calcaire, comme pour la chapelle)
En s'avançant un peu... La grandeur impériale!
La salle de la garde de l'Empereur depuis l'escalier, avec la grande porte au chiffre de l'Empereur. Pour rester dans la logique minérale, j'ai interprété les chiffres impériaux laurés que montre la vue en coupe publiée dans le Fonkenell comme étant en pierre eux aussi.
Depuis la salle de la garde, le point de vue vers l'escalier de Levau est encore plus écrasant, malgré la simplicité du décor.
Vue du massif avec les statues de Mnemosyne, maintenant à Compiègne sur la balustrade de la terrasse du parc. Les portes au pied du massif mènent à des salles de travail.
La montée des marches dans cet escalier étroit devait être impressionnante...
Le palier supérieur est occupé par les statues de d'Aguesseau et de Michel de l'Hospital (maintenant à Versailles) rappelant la fonction législative de cette partie du palais.
Ils encadrent l'enfilade qui mène jusqu'au foyer de la salle de spectacle
J'ai poursuivi la reprise de l'enfilade avec du vert bronzé sur les portes et cela change beaucoup l'impression que donnent les salles, qui ainsi correspondent parfaitement à l'inspiration antiquisante de Percier et Fontaine (salle de spectacle, arc de triomphe...).
L'escalier débouche dans l'antichambre du conseil d'Etat, dont les murs sont revêtus de stuc d'après Viollet le Duc, (j'ai choisi un stuc jaune de Sienne qui correspond à la couleur retenue pour les pilastres de la salle suivante) et avec 4 colonnes en marbre vert (C. Samoyault Verlet).
Le mur du fond de l'antichambre est occupé par un panneau (sans doute sculpté pour s'harmoniser avec le décor minéral) qui représente semble-t-il l'empereur (d'après une vue en coupe de Percier et Fontaine). Il a sans doute été démonté au moment de la Restauration. J'ai placé en équivalence un bas relief représentant la bataille de Marengo, réalisé par Giacomo Spalla en 1810 et conservé à la Malmaison, et qui reprend exactement la même composition
Vue sur l'enfilade depuis l'antichambre
Le portique : les colonnes à l'antique, les candélabres llivrés par Marcion pour la pièce en 1807 et conservés maintenant à Versailles, les statues de Tronchet, Cambacérès et Portalis présentes à la fin de l'Empire (à Versailles également), les portes ici bronzées, tout rappelle l'Antiquité
Vue d'ensemble de la salle : les voussures représentaient les différentes parties de l'administration (les esquisses par Gérard seraient encore au Louvre), en camaïeu d'or sur fond bleu d'après Viollet Le Duc. (J'ai repris ici pour plus de cohérence les voussures des salles du Conseil d'Etat au Louvre, réalisées quand le Conseil d'Etat a été transféré des Tuileries au Louvre sous la Restauration). Au plafond, la bataille d'Austerlitz, de Gérard (Versailles), encadrée de figures tenant un enroulement de tapisserie (réalisées également par Gérard, au Louvre).
Une vue de l'ensemble du plafond, réalisé par Gérard, avec la partie centrale à Versailles (la bataille d'Auterlitz) et les deux parties latérales représentant la Victoire, La Renommée, la Poésie et l'Histoire, conservés au Louvre.
Les esquisses des voussures réalisées par Gérard seraient encore au Louvre mais je n'y ai pas eu accès. En en cherchant à tout hasard une mention j'ai trouvé ceci :
THREE ALLEGORICAL STUDIES OF ABUNDANCE, AGRICULTURE AND SCIENCE, MOUNTED ON A DESIGN FOR THE CEILING OF THE SALLE DU CONSEIL D'ETAT, IN THE TUILERIES PALACE
By François Pascal Simon Gérard
Artwork Description
Dimensions: 470 by 1034 mm; 18 1/2 by 40 3/4 in
Medium: Black chalk, pen and black ink and gray wash and watercolor
source :
http://www.mutualart.com/Artist/Francoi ... 652C322C31Autre information très intéressante fournie par le texte explicatif de Fontaine concernant la salle des Maréchaux vers 1810 : il indique qu' " elle contient les portraits en pied des maréchaux de France, les bustes de plusieurs généraux morts à l’armée et les tableaux représentant les principales batailles de la guerre d’Italie et d’Egypte". Les deux premiers éléments décoratifs sont connus, mais les tableaux mentionnés sont une nouveauté (pour moi en tout cas!). Les murs du rez de chaussée de la pièce étant occupés par les tableaux des maréchaux, je pense que ces tableaux de bataille devaient occuper l'espace compris entre les arcades du premier étage (cad l'espace vide représenté par la gravure ci-dessous)
Une recherche dans les collections du musée historique de Versailles d'evrait s'avérer fructueuse, Louis Philippe s'étant largement servi des commandes impériales pour décorer les murs de son musée "A toutes les Gloires de la France".
Enfin, pour tenir compte des différentes mentions d'étoffes rouges dans le salon des Maréchaux, une version avec cette couleur. On peut imaginer deux états successifs, un vert puis un rouge (il semblerait qu'il y ait de nombreuses commandes autour de 1858-1860, au moment des travaux d'aménagement dans les appartements d'Eugénie, donc le passage du vert au rouge date peut être de ce moment-là).