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Message Publié : 18 Sep 2015 21:25 
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Grégoire de Tours
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Voici comme promis les vues en coupe (état Second Empire, 1860)

La salle à manger (à gauche) et le vestibule de l'habitation (à droite)
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Vue sur la longueur du salon de musique (la partie avec une voussure à droite se répétait à gauche sous le Premier Empire. La pièce était tendus de la soie actuellement en place dans la chambre de l'empereur au Grand Trianon.
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Vue en coupe sur la largeur du salon de musique
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Par ailleurs, un élément qui semble confirmer la peinture bronzée des portes de l'enfilade de la partie sud, sous Louis Philippe :
le tableau Louis-Philippe assistant dans un salon des Tuileries à la danse d'Indiens hovas. 21 avril 1845. par Karl GIRARDET représente la Galerie de la Paix (alors appelée Galerie Louis Philippe)aménagée en 1832.
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(c) RMN

Le tableau est intéressant car il montre d'une part la conservation des éléments de l'escalier du conseil d'Etat (notamment les deux statues de d'Aguesseau et de l'Hospital) et d'autre part un décor peint en blanc (or les paiements des travaux n'indiquent pas de dorure). Des éléments mobiliers sont montrés (chaises blanches tendues de rouge et lustres, qui sont d'un modèle identique à celui présent sous le Second Empire dans la chapelle).
Un détail a attiré mon attention, c'est la masse sombre correspondant à l'encadrement de la porte, qui est en blanc rechampi (or?) sur les photographies. Elle est ici dans un vert sombre, qui fait écho "aux portes peintes en vert bronze" mentionné par Viollet Le Duc pour la salle des gardes et l'escalier d'honneur voisins
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La dorure de la pièce est peut être intervenue en 1852, et l'article de l'ouvrage sur Visconti mentionné plus haut pourrait nous l'indiquer... mais je ne l'ai pas.

Enfin le détail du lustre dans la porte de la salle des gardes correspond à un dessin montrant le projet de ce lustre qui donc été réalisé :
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A gauche, détail du tableau de Girarder
A droite , Projet de lustre, antichambre des travées aux Tuileries
aquarelle sur esquisse au crayon
H. cm : 35,5 - l. cm : 24
Musée des Arts décoratifs, Paris
http://opac.lesartsdecoratifs.fr/fiche/ ... -tuileries

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Message Publié : 19 Sep 2015 16:18 
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Une proposition d'évocation de la Galerie Louis Philippe, sur la base du tableau de Girardet.

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Dans le fond, les deux statues réutilisées de l'escalier du conseil d'Etat et sur la cheminée, le bas relief en trompe l'oeil par Marry Joseph Blondel, représentant Louis Philippe à cheval se rendant à l'hôtel de ville avec le drapeau tricolore et jurant de respecter la charte, maintenant conservé à Versailles (comme les statues d'ailleurs).

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Message Publié : 20 Sep 2015 13:59 
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Plusieurs descriptions de guides de l'époque de Louis Philippe décrivent la galerie comme étant éclairée d'un côté par les fenêtres, et en face par "d'immenses glaces". Je me demande si les portes sculptées visibles sur les photographies du second Empire n'ont pas été ajoutées lors des travaux de 1852, sur le modèle de celles de la salle des Maréchaux...
Cet aménagement aurait donc fait de la Galerie Louis Philippe la Galerie des Glaces des Tuileries.

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Message Publié : 21 Sep 2015 7:08 
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Cher Hardouin
Merci pour les vues en coupe (état Second Empire, 1860) mais en fait, j'aurais aimé que vous publiiez ces mêmes vues mais dans leur intégralité (l'ensemble des Tuileries et non seulement la vue de la salle à manger).
Merci d'avance.


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Message Publié : 21 Sep 2015 15:57 
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De fait en relisant votre message je viens de comprendre que c'est l'ensemble de la coupe que vous souhaitiez. Je vais voir comment je peux les poster car les photographies ne sont pas toujours très nettes.

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Message Publié : 11 Oct 2015 10:46 
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Bonjour à tous, après lecture des messages sur la salle des Maréchaux qu'Hardouin a parfaitement réalisé, je souhaitais avoir de plus amples renseignements et indications sur cette même salle dans son état avant les travaux édifiés durant le Premier Empire. Quelle était précisément l'utilité de cette salle et quel en était son décor également ? Avait-elle un usage de représentation comme il en était le cas sous le Second Empire ?
D'avance, merci. Bonne journée à tous.


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Message Publié : 20 Oct 2015 21:26 
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Cher Felipe
Je n'ai pas parfaitement réalisé la salle des Maréchaux ;-) J'ai reçu il y a peu un article sur les portraits de la salle des Maréchaux, de Charles Otto Zieseniss et il va me falloir faire quelques corrections et surtout ajouter le mobilier : 8 portières, 24 banquettes et 17 tabourets (en bas), 18 autres banquettes (sur la galerie) et quatre lustres (un exemplaire aujourd'hui au palais de France à IStanbul).
Pour son usage, je n'ai que peu d'informations. A priori pas de grandes réceptions occupant tous les salons, le salon des Maréchaux servant de seconde salle du trône. Une des mentions que j'ai trouvé de son usage est qu'elle a servi à réunir les membres de la garde nationale avant le départ de l'empereur pour la campagne de 1813, la garde prêtant serment de protéger l'impératrice et le roi de Rome.

A la suite de la communication d'un autre article de Charles Otto Zieseniss, "les tableaux de la Galerie de Diane aux Tuileries", j'ai pu rectifier la maquette de la galerie de Diane, véritable Galerie des Batailles de l'Empereur. Cet article permet en effet d'identifier deux commandes successives de tableaux représentant des épisodes des campagnes d'Italie, d'Egypte et d'Allemagne, une première en 1806, tableaux livrés en décembre 1808, et une seconde commande dès 1809, avec l'apparition de la campagne en Espagne, l'empereur n'étant pas satisfait du résultat) présentés semble-t-il sur du papier peint vert (ici un modèle du château de Syam en Franche Comté). La plupart de ces tableaux (surtout ceux de la première commande) ont été conservés car retirés au retour de Bourbons, ils ont été remisés puis transférés par Louis Philippe à Versailles où ils se trouvent toujours, parfois avec des ajouts (ou des pertes) pour les adapter aux murs sur lesquels ils prennent place.

Voici donc une restitution la plus proche possible de l'originale.

La reconstitution évoque l'état 1810-1811 avec quelques tableaux de la commande de 1806 déjà remplacés. En effet pour ménager sa nouvelle épouse qui doit traverser la galerie de Diane pour se rendre des Tuileries au Louvre où le mariage doit avoir lieu, Napoléon fait retirer en avril 1810 « Les clés de Vienne remises à l’Empereur » de Girodet et « L’Empereur haranguant le 2e corps de la Grande Armée au Pont du Lech à Augsbourg » de Gautherot qui rappelle les défaites passées de l’Autriche. Ils sont remplacés par les deux tableaux de la commande de 1809 qui viennent juste d’être achevés : « Les révoltés du Caire » de Girodet et « La Prise de Madrid » par Gros. Ce choix de date permet de placer le globe de Mentelle et Poirson et être en cohérence avec le mobilier du Grand Cabinet de l'Empereur (restitué dans son aspect 1810-1814).

Vue d'ensemble de la galerie depuis le Grand Cabinet
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Vue vers le sud depuis le centre de la galerie
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Vue depuis le sud, par les fenêtres la cour du Carrousel. C'est la vue qu'avait l'Empereur quand il sortait de l'antichambre de son appartement pour se rendre dans les Grands Appartements.
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Il ne me pas été possible de déterminer l'emplacement exact des tableaux, en dehors d'un des dessus de porte (Occupation de l'abbaye de Melck par l'armée française, de Roehn) et peut être son pendant (Bivouac de l'armée française à Osterode par Lecomte) représentés sur une gravure de Fontaine représentant la Galerie côté Grand Cabinet de l'empereur. Pour ces deux tableaux, j'ai dû par ailleurs "compléter" les angles, ces tableaux ayant été insérés dans les décors peints des salles de l'aile du Midi et coupés à cette occasion.
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Roehn, L'occupation de l'abbaye de Melck
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Lecomte, le bivouac devant Osterode
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Sur le mur ouest, face aux fenêtres, j'ai placé de droite à gauche : le bivouac à la veille d'Austerlitz par Bacler d'Albe ;
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Le PremierConsul tenant les Comices de la République cisalpine à Lyon par Monsiau ;
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La reddition de Madrid par Gros ;
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l'entrée de l'Empereur à Munich par Taunay ;
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Sur cette vue de la partie sud, les deux dessus de portes représentent de gauche à droite : Les préparatifs de la traversée du Grand Saint Bernard par Thévenin et L'armée française descend le Mont Saint Bernard par Taunay
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Sur le mur côté cour, droite à gauche : L'Empereur visitant les fontaines de Moïse, par Berthélémy,
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L'Empereur blessé devant Ratisbonne, de Gautherot ;
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Les révoltés du Caire, de Girodet
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et le bivouac de l'Empereur à la veille d'Austerlitz, par Lejeune ; on voit la Grande Galerie du Louvre par les fenêtres
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Au centre de la galerie, j'ai installé le globe livré par Poirson et Mentelle pour l'éducation du roi de Rome en 1810, et qui figure dans cette pièce de 1810 à 1863. Napoléon III le fait ensuite transporter à Fontainebleau où il se trouve toujours dans la Galerie ... de Diane! :salut:
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Message Publié : 21 Oct 2015 8:20 
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Bonjour Hardouin, merci de votre réponse. Mais si réellement vos travaux sont d'une grande précision et nous apportent beaucoup sur ce qu'était la grandeur du siège du pouvoir ;) Merci pour vos précisions, donc si nous vous suivons bien c'est uniquement avec les réaménagements architecturaux de Louis-Philippe I que le salon des Maréchaux a prit un rôle central dans l'organisation du palais.


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Message Publié : 22 Oct 2015 21:05 
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Bonsoir Felipe
Peut-être faut-il également y voir un effet de l'abandon de l'étiquette : en effet sous Napoléon 1er, Louis XVIII et Charles X, la succession des pièces respecte la hiérarchie de la Cour et c'est le Grand Cabinet de l'Empereur qui est la pièce la plus importante. Sous Louis Philippe et Napoléon III les pièces ont des fonctions plus indistinctes et en tout cas leur accès n'est plus hiérarchisé de manière aussi stricte.

J'ai eu enfin la possibilité de me rendre aux archives nationales et ainsi avoir les inventaires de 1810 et 1855 pour compléter la restitution!
Voici un premier aperçu de la première réalisation : la salle des Gardes de l'empereur en 1810, avec son ameublement : quatorze banquettes en hêtre couvertes de velours vert uni et clous dorés, 4 râteliers pour 20 fusils, une grande et deux petites lanternes à 3 becs quinquets.

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Message Publié : 26 Oct 2015 18:54 
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L'inventaire de 1810, révisé en décembre 1812 permet d'avoir une idée très précise de l'aspect des pièces à la fin de l'Empire et donc d'envisager une évocation virtuelle de cet aspect.
Je propose donc de reprendre la visite du palais par le vestibule, le palais ayant été maintenant reemeublé par le Garde Meuble de Sa Majesté B)

Le vestibule d'honneur ouvre sur la cour du Carrousel.
Il date donc du règne de Louis XIV et donne accès au sud jusqu'en 1810 à l'appartement du Grand Maréchal du Palais qui devient après 1810 celui du roi de Rome.
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Ce vestibule est simplement "meublé" par quatre manchons en fer blanc, qui abritent derrière une vitre bombée un quinquet à un bec (lampe à huile à ressort). Je les ai placés entre les colonnes double au centre du vestibule pour assurer un éclairage diffus.

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La partie basse de l'escalier est fermée par de grandes portes battantes.
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Elle est désignée dans l'inventaire comme "vestibule intérieur" du palais. L'espace est occupé principalement par le grand emarchement, j'ai donc placé le mobilier dans l'espace plat disponible. Le vestibule intérieur est le lieu par lequel l'on entre dans le palais. C'est donc là qu'est assuré jour et nuit le contrôle des entrées. C'est ce que symbolisent le fauteuil de veille et la table de bois noirci à deux tiroirs.
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Ces deux meubles sont accompagnés de neuf tabourets et deux banquettes, tous les sièges sont peints en vert antique et garnis d'un velours gaufré vert.

L'éclairage est assuré par deux petites lanternes à quinquets à trois becs et par trois manchons du même modèle que le vestibule d'honneur.
La vue imprenable depuis le fauteuil de veille. Le poids écrasant de la puissance!
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Ayant été reconnus par l'officier de service, nous commençons la lente ascension de l'escalier, qui date de Louis XIV, avec dans le fond la perspective jusqu'aux armoiries impériales de la Salle du Conseil d'Etat... Belle symbolique!
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En dehors de 4 bustes d'empereurs romains sur colonne antique et d'une statue (une statue de Jupiter est signalée à cet emplacement en 1827, mais était-ce celle-ci en 1810?)sur le palier, le seul élément mobilier indiqué est une grande lanterne dorée à quatre vitres, de près de 2 m de haut et de 1 m de diamètre, avec 3 becs. Sa taille est adaptée aux dimensions considérables de la cage d'escalier.
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Nous nous apprêtons à entrer dans la salle des gardes de l'Empereur.

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Message Publié : 08 Nov 2015 8:16 
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Je reprends le cours de ce post avec la salle des gardes de l'empereur.
Vue depuis l'escalier d'honneur, avec une petite correction : il y avait des quinquets contre les murs de l'escalier (2 à gauche, 3 à droite) et 6 dans la lanterne.
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L'étiquette du palais impérial de 1806 (disponible sur Gallica) indique que c'est un détachement de la garde impériale qui assure la police dans le palais. C'est dans cette pièce que se tient ce détachement ce qui permet la surveillance des déplacements aussi bien vers la partie nord que la partie sud du palais, le palier intermédiaire de l'escalier d'honneur sur lequel elle s'ouvre donnant accès aux deux.
Les gardes disposent d'un poste de garde auxquelles les deux portes sous le péristyle donnent accès.
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L'escalier d'honneur depuis la salle des gardes ; détail sur les portes, décorées du chiffre de l'empereur
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Les plans et vues en coupe permettent donc cette restitution d'une pièce très sobre, décorée essentiellement par le monogramme impérial en partie basse et par le portique en partie haute.
Vue d'ensemble depuis le portique
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Le mobilier tel que permet de le connaître l'inventaire montre la hiérarchie entre les pièces du palais. Après le bois peint du vestibule, le bois naturel (du hêtre) et des pieds très simples (dits en gaine) et une garniture en velours vert. Dix banquettes meublent la pièce, que j'ai disposées contre les murs en alternance avec 4 râteliers pour 20 fusils qui indiquent la fonction de la pièce. Donc l'effectif de la garde qui assure la police et rend les honneurs (c'est là que bat le tambour quand l'empereur arrive dans la salle du conseil d'Etat) était théoriquement de 80 soldats.
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Quatre statues déjà évoquées ornent ce que l'on appelle 'l'escalier du conseil d'Etat" qui aéaté intégré à la salle des gardes : deux statues antiques (le silence) et deux statues de la fin du XVIII (Les chanceliers Michel de l'Hospital et D'Aguesseau).
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Deux bustes d'empereurs romains sur colonne complètent le décor "à l'antique".
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Cet escalier permet d'accéder à la partie nord du palais où se trouvent la salle du conseil d'Etat, la chapelle impériale et la salle de spectacle.
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Quatre banquettes du même modèle se trouvent sur le palier de l'escalier
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L'éclairage est asuré par 3 lanternes en bronze doré à quinquets, une grande que j'ai placé au centre de la pièce, et deux indiqués par l'inventaire sur l'escalier.

Après avoir franchi la porte centrale et admiré l'enfilade, nous sommes arrêtés par un huissier.
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Les huissiers de l'empereur sont les personnages auxquels l'étiquette attribue la fonction de contrôler l'accès aux pièces du palais et à l'interdire aux personnes non autorisées. Ils disposent pour cela dans les pièces affectées à leur service d'une table et d'une chaise, la table étant dans l'inventaire systématiquement du même modèle "Une table de bois noirci devanture à deux tiroirs, le dessus en bazanne noire, Hauteur 72 cm, longueur 1,15m, largeur 56cm" accompagnée ici d'"unechaise en merisier foncée en paille".
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Le mobilier de l'antichambre, comme dans toute antichambre, est composé de 10 banquettes, ici de 2 longueurs différentes, et de 6 tabourets couverts en velours cramoisi et dont les bois sont peints couleur bronze.
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Un lustre à 8 lumières en cuivre argenté éclaire la pièce, notamment le bas-relief qui orne le mur face à la fenêtre et le plafond à caissons.
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La fenêtre est habillée d'un simple rideau en coton blanc et de deux rideaux de vitrage en mousseline.
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Rien à voir avec le luxe de la salle du conseil d'Etat!

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Message Publié : 09 Nov 2015 20:36 
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Comme d'habitude, c'est parfaitement réalisé Hardouin. Que d'impatience de découvrir la suite de la visite !


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Message Publié : 11 Nov 2015 13:45 
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La voici donc, cher Felipe

Voici donc une promenade détaillée dans la salle du Conseil d'Etat, avec quelques éléments déjà évoqués plus haut en guise de rappel.

Son décor mural, conçu par Percier et Fontaine, est achevé en 1806 mais il faudra attendre 1811 pour que soit installée la toile de la bataille d'Austerlitz.

Le décor mural est bien connu grâce aux vues en coupe de Percier et de Lefuel, qui montrent qu'il n'a pas changé jusqu'à la disparition du palais. Plusieurs descriptions, notamment le "Journal des Monuments de Paris" de Fontaine, permettent de savoir qu'il est structuré par des pilastres jaune de Sienne à base et chapiteaux doré, reposant sur un soubassement de marbre griotte et se détachant sur un mur de stuc blanc.
Une corniche ceinture la pièce. Les voussures peintes en camaïeu d'or sur fond bleu sont en rapport avec la fonction administrative de la pièce et le plafond est donc décoré d'une peinture.

Cette pièce a deux fonctions : elle est à la fois le siège d'une des plus hautes institutions administratives de l'Empire, le Conseil d'Etat, et chaque dimanche elle devient une tribune pour la chapelle. Les mémoires que j'ai consulté parlent de "galerie de la chapelle" pour cette pièce. La suite de l'empereur s'y arrête pour l'office, et c'est dans cette pièce, à la sortie de la messe, que l'empereur donne ses audiences publiques, parfois de manière assez surprenante (cf F. Masson, p 267).

L'accès ordinaire à la salle du conseil d'Etat se fait par la grande porte côté sud, sous le portique créé par Percier et Fontaine et donnant sur les escaliers, après avoir traversé l'antichambre que nous venons de quitter.
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Elle est surmontée des armoiries impériales (d'après une vue en coupe). Le portique reprend le motif de la baie serlienne que Fontaine répétera en 1832-1833 pour l'escalier de Louis-Philippe, deux colonnes en stuc jaune avec une base sans doute en marbre blanc soutiennent l'arc central.
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Les deux portes à droite et à gauche sont fausses. Elle sont surmontées de deux boitiers en bronze doré d'époque Louis XVI, une pendule et un baromètre signés Lepaute. Indiqués dans l'inventaire de 1810, hauts de 95cm et large de 50, ces deux objets sont toujours présents sur les photographies du Second Empire et ils correspondent à une paire conservée au Louvre (OA5191 et OA5192 ) entrée en 1901 en même temps que d'autres objets provenant des Tuileries versés par le Mobilier National au musée.
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Sur le mur nord, le dispositif est le même, mais les portes latérales sont réelles. Ce sont celles empruntées par les conseillers d'Etat qui arrivent par l'escalier qui débouche sur l'antichambre nord que l'on voit ici par la porte centrale.
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La pièce s'éclaire sur quatre fenêtres côté cour du Carrousel.Par elles, on aperçoit les façades du quartier construit entre le Louvre et les Tuileries qui disparaît en 1852-1857 avec les travaux de Napoléon III. Entre les fenêtres sont placées à partir de 1808 trois statues représentant les pères du Code civil : Tronchet, Portalis et Cambacérès (aujourd'hui à Versailles).
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Face aux fenêtres, sept travées (à l'origine du nom sous lequel cette salle est connue sous le Second Empire) s'ouvrent par des portes sur le premier étage de la chapelle impériale. Elles sont habituellement fermées et ne sont ouvertes que le dimanche ainsi que le rapporte Las Casas.
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L'ameublement fait dominer le vert, couleur favorite de l'empereur. Les rideaux sont nombreux dans cette pièce, pourtant chauffée par des bouches de chaleur comme toute cette partie du palais. L'inventaire de 1810 mentionne des portières de velours de soie bordés d'un crête de 5 cm de large encadrant les deux grandes portes centrales.
Faisant écho à ces portières, 11 paires de rideaux en deux largeurs (8 paires en 2 lés et demi de large, 3 en 2 lés), correspondant à des largeurs différentes de fenêtres, notamment du côté du portique. Ces rideaux sont surmontés de "pentes" en velours vert de 75 cm de haut, ornées en bas de "rosaces, palmettes, glands". J'ai pris pour équivalence un modèle proche du Premier Empire conservé dans les collections nationales et brodé sur un fond de velours vert.
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Côté fenêtre, les rideaux retenus par des embrasses en soie verte câblé or fin sont doublés par des rideaux de croisée en 15/16 blanc avec embrasse en soie verte et or fin. Des rideaux de vitrage en mousseline brodée de 1,90m de haut viennent habiller les fenêtres.
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Le mobilier comprend une série de sièges nombreux, que j'ai alignés contre le mur, comme le montrent les photos du Second Empire : un fauteuil, six chaises, quatre banquettes et vingt-quatre tabourets en bois sculpté et doré couverts de velours de soie vert semblable aux portières, le tout disposant de housses en 15/16 vert.
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Le fauteuil est destiné à l'Empereur. J'ai choisi pour l'évoquer le modèle à crosses affrontées courant dans les palais impériaux. Peut être l'un des inventaires postérieurs ou le registre des entrées, que je compte consulter bientôt, permettra de préciser l'aspect de ce fauteuil.
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On remarquera le saut de richesse dans l'ameublement par rapport aux pièces précédentes : bois doré au lieu de bois peint (antichambre et vestibule) ou naturel (salle des gardes)

L'éclairage est également beaucoup plus important que dans les pièces précédentes : il comprend 6 lustres à 12 lumières de 1,92 m de haut avec ornements de bronze doré et de cristal de Bohême, retenus par 6 cordons de soie verte à deux glands, et huit torchères dont 4 sont maintenant à Versailles et 2 à Matignon : elles sont en bois sculpté et doré, pieds en triangle, griffes de lion, la lettre N sur les côtés, guirlandes de lauriers surmonté de trois aigles, la tige avec feuilles d'ornements de 2,20 m de haut, avec quatre girandoles à 9 lumières, 2 gradations et guirlandes en cristal de Bohême de 1m de haut.
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J'ai choisi de placer les lustres sur deux rangs pour laisser la vue sur le plafond. Quant aux torchères, je les ai installées aux angles pour assurer l'éclairage des extrémités de manière à peu près symétrique (les pilastres des longs côtés ne se répondent pas réellement) et, on le verra, parce que cette disposition solennise le fauteuil de l'Empereur en configuration réunion du conseil d'Etat.
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Tout ceci contribue au faste de cette pièce et à symboliser son importance dans la conduite des affaires de l'Empire. Ces affaires sont représentées au plafond on l'a dit : la paix et la guerre...
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Ce plafond comprend donc une voussure encadrée par des guirlandes de lauriers, représentant des figures allégoriques de grisaille rehaussée d'or sur fond bleu en rapport avec la fonction de la pièce : on sait par Clarac que "les sujets qui ornent les voussures ont tous rapport aux différentes branches de l'administration. Voici, en commençant par la gauche, du côté de la chapelle, la suite de ces compositions : l'Agriculture, les Sciences et les Arts, qui font partie du ministère de l'intérieur; — la Navigation, — les Finances, —la Guerre;— les Colonies, que l'on reconnaît à leurs plantes et à leurs habitations;— la Marine, — le Commerce, — une Victoire, — la Force enchaînant l'hydre, — la Justice sur son tribunal et tenant ses balances, — l'Histoire écrivant sur ses tablettes et entourée de trophées, — la Paix qui voit éIever des monumens, — le Commerce de terre et de mer, — les Arts et les Sciences qui ont pour objet l'agriculture. » Je les ai évoqués en reprenant les éléments sur le même thème réalisés pour la salle du conseil d'Etat au Louvre créée au début de la Restauration.
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Le plafond a été installé en 1811 : c'est la bataille d'Austerlitz, commandée au baron Gérard, et aujourd'hui dans la Galerie des Batailles de Versailles, encadré par des allégories semblant dérouler une tapisserie sur laquelle figure la bataille (la Victoire et la Renommée ; la Poésie et l'Histoire, aujourd'hui au Louvre).

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Le tableau de Gérard a été retiré sous la Restauration, remplacé par une Entrée d'Henri IV dans Paris (Versailles) puis en 1828 par la bataille de Fontenoy (Versailles) et enfin sous la Monarchie de Juillet (1836) par un plafond à caissons qui subsiste jusqu'en 1871.

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Localisation : hirson, aisne, picardie
La chapelle impériale est liée au rôle que joue l'empereur en tant "restaurateur de la vraie religion", comme l'appelle le Journal de l'Empire en janvier 1806. C'est bien entendu le Concordat de 1801, qui restaure le rôle de l'Eglise catholique, qui lui vaut ce titre. Il créée donc une chapelle pour entendre la messedans son palais. Mais une fois par semaine, et non tous les jours comme le faisait le roi sous l'Ancien Régime!
C'est une chapelle palatine qui rappelle celle de Versailles et celle de Saint Cloud construite par Mique en 1786-1788 : la nef est réservée aux fidèles, l'empereur est sur une tribune de plain-pied avec ses appartements au premier étage.
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Comme à Versailles, la tribune impériale occupant l'espace habituellement dévolu à l'orgue ou aux musiciens, face à lautel, la tribune des musiciens a été placée au dessus de l'autel. A droite de la vue ci-dessous, les volets ouverts sur la salle du conseil d'Etat.
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Le journal de Percier et Fontaine, les guides du XIXe s et le Journal de l'Empire permettent de savoir que la chapelle est construite en pierre calcaire jusqu'à la balustrade du premier étage, et au dessus en stuc blanc avec des parties et des ornements rehaussés d'or.

La nef de la chapelle est la partie la plus fréquemment utilisée de la chapelle. En effet, l'étiquette du palais impérial précise (p 101) "qu'un sacristain célèbre chaque jour, à 8 heures, la Sainte messe pour les gens du Service" et une seconde messe est donnée à midi pour le service de la Cour. L'empereur n'assiste à la messe que le dimanche à une heure fixée par lui-même. Comble de la précision de l'étiquette, Napoléon 1er indique que le dimanche, la seconde messe pour la Cour est célébrée deux heures avant celle de l'empereur, "heure indiquée par une affiche sur la porte de la Chapelle".

La porte de la chapelle dont il est question est celle qui donne sur le portique nord, ici vue depuis le maître autel.
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En effet, le pavillon central du palais côté jardin est encadré par deux terrasses au premier étage, soutenues par une galerie à arcades au rez de chaussée (dont un élément a été installé récemment au Louvre, cour Marly). Ces arcades ont été ornées de dix-huit statues de sénateurs romains en marbre blanc au début du règne de Napoléon 1er.
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On accède à ces portiques par le vestibule du pavillon central. Percier et Fontaine ont ainsi transformé le portique nord en galerie couverte d'accès à la nef de la chapelle impériale, destinée au peuple de Paris et au service de la Cour.

Au premier plan, à gauche, le pavillon de la chapelle. dans le prolongement, le portique d'accès.
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L'entrée sur jardin du palais ; l'arcade centrale avec son soleil apollinien, réalisée par Levau entre 1666 et 1670, est aujourd'hui au Manoir des Gandines (Les Essarts Le Roi). Guérites et gardes ne sont pas assurés sous le Premier Empire, mais permettent de donner l'échelle de la façade.
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A l'intérieur, les deux parties du vestibule d'honneur. La partie basse donne accès au portique
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L'emmarchement créé par Percier et Fontaine pour établir une communication vers la chapelle depuis l'extérieur est situé à l'extrémité nord du portique.
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La vue que pouvait avoir un fidèle (de Dieu? de l'Empereur?) depuis la porte d'entrée de la chapelle. La nef est entièrement construite en pierre de liais.
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Et en s'avançant un peu...
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Elle est entourée sur trois côtés par des galeries latérales qui servent de bas-côtés, délimitées par deux colonnades d'ordre toscan.
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Dans ce qui constitue le vestibule d'entrée, soutenu par des pilastres, on trouve deux bénitiers.
Réalisés en granit de Remiremont,ils avaient été exécutés en 1777 par Soufflot pour Notre Dame de Paris et déplacés ici sous le Premier Empire.
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La nef est séparée en deux parties par une marche et une balustrade. Celle-ci, d'après JP SAmoyault, avait été réalisée pour la salle du trône du Palais de Laeken à Bruxelles, alors palais impérial, mais non utilisée avait été finalement été installée dans la chapelle des Tuileries. Elle sépare la partie destinée aux fidèles "ordinaires" à la partie plus particulièrement destinée à l'empereur quand il descend dans la nef.
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La nef est dominée par une chaire à prêcher, représentée sur deux tableaux de l'époque de Louis Philippe et de nombreuses photos et gravures du Second Empire, ce qui a permis son évocation.
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Sur le mur ouest, les trois fenêtres ouvertes sur le jardin, qui ont conservé leur châssis à petits bois du temps de Louis XIV.
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Le maître autel est ainsi décrit par Percier et Fontaine : "L'autel, placé sur une mur parsemé d’abeilles en or, est orné de colonnes en marbre fleur de pêcher avec chapiteaux, corniche, fronton, gradins et appui en blanc veiné, serancolin, griotte d’Italie, enrichis de bronzes doré." (Journal des monuments de Paris). Il reste en place jusqu'à l'incendie et subsiste ruiné sur les photographies prises après. Le mur d'abeilles est en revanche supprimé sous la Restauration.
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Le maître autel de cette chapelle dédiée à la Vierge est orné, on l'a vu plus haut, d'un tableau de Jean Charles Nicaise Perrin (1754-1831) "La France, appuyée par la Religion, consacre à Notre-Dame de Gloire les drapeaux prix sur l'ennemi" est celui commandé en 1806 pour la chapelle ; il est aujourd'hui au Val de Grâce. La France est représentée à genoux, coiffée de la couronne impériale et son manteau bleu semé d'abeilles, tenant notamment des drapeaux autrichiens... Marie Louise a dû apprécier... La garniture de l'autel a été réalisée à partir du crucifix de Bertrand Paraud, conservé au Louvre, comme d'autres éléments provenant de la chapelle (bénitier, ciboire, calice, vase aux saintes huiles).
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L'ameublement de cette partie de la chapelle renvoie à l'assistance nombreuse qui se rendait à la messe, seul moment public pour voir l'empereur dans son palais : il comprend en effet des banquettes en hêtre garnies en foin et recouvertes de moquette cramoisie, trente de 1,90 m de long et douze de 1 m de long, soit près de 200 places assises.
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Sans doute placées au plus près de l'autel, huit chaises en bois sculpté et doré et deux "voyeuses" ou prie-Dieu complètent les sièges.
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Deux grandes torchères en bois sculpté et doré à griffes et têtes de bélier (quatre exemplaires à Versailles) posées sur des socles en bois peint façon porphyre sont indiquées et je les ai placées selon l'usage de part et d'autre du maître autel.
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Les desservants de la chapelle constituent l'un des six grands offices de la Cour impériale, la Grande Aumônerie, créée en janvier 1805 sur le modèle de la chapelle royale de l'Ancien Régime et ses effectifs augmentent régulièrement. Elle représente 29 personnes avec le personnel subalterne en 1809.
(Napoléon et les cultes: Les religions en Europe à l'aube du XIXe siècle Par Jacques-Olivier Boudon)
Le titulaire de l'office est le Grand Aumonier qui a pour fonction d'"accompagner les membres de la famille impériale dans tous les grands actes de leur vie religieuse" (Boudon) . Le cardinal Fesch, oncle de l'empereur, qui occupe la fonction, dirige le vicaire général, le Premier aumônier (l'évêque de Versailles, Mgr Charrier de la Roche qui bénit la chapelle en 1806, puis l'abbé de Pradt) deux aumôniers ordinaires, deux chapelains, un maître des cérémonies, deux clercs,et un sacristain qui a sous son autorité un sommier, un bedeau et un valet de pied. Les prédicateurs de la Cour sont désignés par le Grand Aumônier pour les offices auxquels l'Empereur assiste.

La sacristie qui leur est dévolue est située derrière le maître autel, dans un espace demi-circulaire qui reprend celui de la tribune des musiciens au premier.
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Les plans et vues en coupe du Second Empire permettent de comprendre que des châssis vitrés isolaient la sacristie des galeries latérales tout en assurant son éclairage, et une porte donnant sur le vestibule de la chapelle, que nous verrons plus tard, permettait d'accéder à cet espace. Faute de documents complémentaires, je me suis limité à son volume, mais sans doute était-elle boisée.
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L'inventaire permet de savoir qu'elle était meublée d'un fauteuil, trois banquettes, deux prie-Dieu, et plus prosaiquement un crochet de poële, une pelle à braise (ce qui permet de savoir que cette sacristie était chauffée par un poële) un balai de crin et un pot à eau et sa jatte en faïence de Sceaux... auquels s'ajoutaient sans doute les vêtements liturgiques et tout ce qui est nécessaire au culte.

Des roulements de tambours annoncent l'arrivée de l'Empereur. En tant que membres de la Cour impériale, nous allons gagner le premier étage, d'où nous sommes autorisés à assister à la messe

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Message Publié : 25 Nov 2015 8:41 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Localisation : hirson, aisne, picardie
Avant de monter à l’étage, un regard au plafond.
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Les différentes sources indiquent que le plafond de la chapelle est à caissons, à moulures et ornements feints ou réels rehaussés d’or. Ce plafond est visible sur plusieurs gravures du Second Empire, mais Percier et Fontaine en ont publié le dessin détaillé dans le Journal des Monuments de Paris, ce qui permet cette évocation précise.
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Les caissons sont ceinturés par une frise portant l’aigle impériale et leur décor comporte une grande rosace, sauf pour l’un d’entre eux, proche de l’autel, où cette rosace est remplacée par le chiffre de Napoléon, couronné et palmé.

Vue vers la tribune impériale
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Au dessus de l’autel, l’intérieur des caissons comprend une grande croix pattée, et au dessus de la partie de la tribune des musiciens réservée aux chanteurs, un ciel d’étoiles rappelant le manteau de la Vierge à qui est dédiée la chapelle.
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Le dimanche la salle du conseil d’Etat sert donc de tribune pour la Cour à l'occasion de la messe impériale. Les portes des travées sont alors ouvertes. Côté chapelle, elles donnent sur des ouvertures rectangulaires en stuc rythmées par des demi-colonnes toscanes à chapiteaux et bases dorées. Elles reposent sur un appui en pierre sculpté à intervalles réguliers du chiffre de l’empereur couronné et encadré d’une couronne de chêne et de lauriers.
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Nous remontons à l’étage par un petit escalier en vis placé dans le couloir qui longe la sacristie.

Le cérémonial de la messe impériale décrit par l’étiquette est extrêmement rigoureux. Elle a lieu ordinairement vers midi, l'Empereur ayant passé sa matinée à travailler, comme de coutume. Les deux cortèges impériaux se forment dans la salle du trône puis remontent les Grands Appartements vers la chapelle. L’Impératrice arrive la première, précédée et suivie de différents membres de sa Maison : « Sa Majesté est précédée par ses Pages, les Ecuyers et chambellans des Princesses, ses Ecuyers et ses Chambellans, et suivie par les Princesses, les Dames d’atour et du Palais, et les Dames du Palais. Le Premier Ecuyer et le premier Aumônier de Sa Majesté marchent à sa droite un peu en arrière, la dame d’honneur à sa gauche ». L’Empereur suit quelques minutes après, précédé et suivi d’une maison encore plus nombreuse. Les Ministres et Grands officiers qui ne sont pas de service peuvent suivre le cortège pêle-mêle ou attendre dans la salle du conseil d’Etat.
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Un roulement de tambours annonce l’entrée de Leurs Majestés dans la chapelle. Le cortège accède à la tribune impériale par la porte située sous le portique.
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La tribune domine la nef, car placée en avant corps, soutenue par deux colonnes toscanes.
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Son appui est orné, d’après le Journal de l’Empire, des armes de l’Empereur, posées, d’après le dessin de Percier et Fontaine, sur une guirlande de laurier et encadrées de deux aigles à l’une des ailes déployées et de différents rinceaux. L’inventaire signale une pièce de velours à franges et un coussin qui couvre l’appui de la tribune. Sur le mur du fond, la grande porte qui ouvre sur la terrasse nord donnant sur le jardin n’est sans doute jamais ouverte.
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Ce mur est tendu d’ »une tenture de velours de soie cramoisi drapée à l’antique en 2 parties de quatorze lés de chaque, les montants et le bas encadrés d’un galon à lamé or faux de 5 c de large bordée de frange unie également or faux de 10 cm de haut doublée en toile cingale cramoisie Hauteur 4.90m; Pour cette tenture :Une draperie dans le haut, même étoffe, relevée par douze patères encadrée de galon comme la tenture bordée d’une frange à torsade de 13 c de haut Une partie de rideau même étoffe et agrémentée de 9 lez de large. » Un rideau cramoisi la complète, devant la porte.

Le sol de la chapelle avait été réalisé par Belloni, mosaïste qui reçoit de nombreuses commandes sous l’Empire, dont deux réalisations sont conservées au Louvre. Elle comportait une marqueterie de marbre avec au centre les armes de l’Empereur (Journal des monuments de Paris).
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Je l’ai évoquée en utilisant le plateau de table réalisé par Belloni (Louvre) que j'ai modifié avec les armes de l'Empire et le chiffre de l'Empereur remplaçant le buste et le chiffre de Charles X.

L’étiquette indique à chacun sa place sur la tribune : l’empereur et l’impératrice sont au centre, entourés des Princes et Princesses de la famille impériale.
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Pour leur usage sont placés douze pliants à bois blanc rechampis d’or. J’ai utilisé un modèle « standard » pour les bois (Grand salon de l'impératrice à Compiègne), mais la garniture des pliants, en damas cramoisi à dessin de raisin et de feuilles de vigne est du bon modèle, qui a été conservé par Prelle qui m'en a donné communication. Elle avait été réalisée pour l’appartement du pape dans le pavillon de Flore et a été ensuite réutilisée à Fontainebleau. Devant les pliants se trouve un tapis de pied de 4m de long sur 55cm de large, à étoiles aurores sur fond noir.
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Toujours sur la tribune impériale, des banquettes intégralement recouvertes de velours cramoisi avec galons et franges, pour les membres des maisons de l’Empereur et l’Impératrice, les ministres, les Grands officiers de l’Empire.
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Depuis la tribune impériale, et ici depuis la place de l'empereur qui assiste debout à la messe, la vue embrasse l’ensemble de la nef où sont réunis les célébrants et les Parisiens qui ont pu entrer dans la chapelle.
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Ils sont encadrés par deux grenadiers en faction. Frédéric Masson (Napoléon chez lui) rapporte que « L’Empereur n’a jamais voulu permettre qu’on donnât des billets d’entrée pour sa chapelle. Les places sont pour les premiers occupants. « Tout dans le culte doit être gratuit, et pour le peuple a-t-il dit. (…) on doit pas priver les pauvres parce qu’ils sont pauvres, de ce qui les console de leur pauvreté ». La seule condition d’accès est d’avoir « un extérieur décent ».

Les dames du Palais et les dames présentées à la cour prennent place dans la galerie donnant sur le jardin.
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Dix banquettes de deux modèles différents s’y trouvent : en hêtre, cinq d’entre elles ont les pieds moulurés et sont garnies de cuir jaune, les cinq autres sont d’un modèle plus simple, à pieds en balustre et garniture de velours cramoisi. Les premières travées ont une vue directe sur la tribune impériale.
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Face à la tribune impériale se trouve la tribune des musiciens.
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La messe impériale se fait en musique, et le programme doit être approuvé par le Maître de cérémonie et le maître de chapelle.
Un petit aperçu de la musique religieuse de la cour impériale : le Domine salvum fac Imperatorem de Pasaiello, pour la cérémonie du sacre de l’Empereur en 1804
https://www.youtube.com/v/nj7ev52fa-8

Et la messe de la même grandiose cérémonie :
https://www.youtube.com/v/eHJIXtr_7-o

Yves Bruley, dans un article consacré à la musique religieuse sous Napoléon, indique que « dès le Consulat, Bonaparte a la volonté de constituer à la cour consulaire une institution musicale de très haut niveau. De ce point de vue, l’objectif est atteint car la chapelle des Tuileries devient en effet le centre de la vie musicale en France, dans le domaine de la musique religieuse. ». La musique de la chapelle est d’abord dirigée de 1802 à 1804, par Paisiello, compositeur italien, qui a sous ses ordres pas moins de trente-neuf chanteurs et quarante-cinq instrumentistes. A son départ pour l’Italie en 1804, il est remplacé par Jean François Lesueur. Leurs œuvres sont jouées à la chapelle, mais aussi des œuvres de compositeurs français des XVIIe et XVIIIe s.
http://www.cairn.info/revue-napoleonica ... age-53.htm

La chapelle des Tuileries n’a pas d’orgue avant 1827. Sébastien Erard s'en voit confier alors la réalisation, mais il sera endommagé par les émeutiers de 1830 avant son achèvement. Cet orgue ne sera repris qu'en 1855 pour disparaître dans l'incendie du palais.
La tribune des musiciens est un espace demi circulaire séparé en deux par deux colonnes. Dans le fond, dix banquettes pour les musiciens dont cinq cintrées épousent la forme du mur.
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Vers la nef, vingt-quatre tabourets de même modèle, à pieds en gaine et garniture de damas cramoisi accompagnés de leurs pupitres sont destinés aux instrumentistes. Un dernier pupitre est sans doute destinée au « chef d’orchestre », en l’occurrence Lesueur, maître de la chapelle de la Cour.
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On accède à cette tribune par la salle du conseil d’Etat.
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Vue de la nef depuis la tribune des musiciens
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Autour de l’autel, la messe se termine…
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(Percier et Fontaine, Journal des Monuments de Paris)

La messe est dite en une vingtaine de minutes. Un roulement de tambours annonce le départ de l’Empereur et de l’Impératrice, qui regagnent la salle du conseil d’Etat.
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Pour rappel, avant la Révolution, il y avait ceci à la place de la chapelle et de la salle du conseil d'Etat...

Vue de l'amphithéâtre de la salle des Machines construite entre 1660 et 1662 pour Louis XIV depuis la scène ; la chapelle impériale occupe la partie droite, la salle du conseil d'Etat et ses bureaux la partie gauche.
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Vue depuis l'entrée de la salle, vers l'emplacement de la chapelle. C'est le côté du roi, ou côté jardin (à l'opposé est le côté de la reine ou côté cour).
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