J'ai toujours été très intéressé par l'évolution de la chambre à coucher, au cours de l'Histoire, alors je vous propose un petit lexique du lit.
Vous savez qu'au XVIIIème siècle, on distingue 2 sortes de lit :
les lits
de bout que l'on disposait perpendiculairement au mur et qui étaient en vogue au XVIIème siècle.
les lits
de travers dont l'usage se répandit au XVIIIème siècle et qui étaient, quant à eux, disposés parallèlement au mur.
Petit lexique du lit :
Ciel de lit : couronnement ou haut d'un lit.
Dais : couronnement d'un trône, d'un autel ou d'un lit de dignitaire.
Baldaquin : ciel de lit d'où pendent des rideaux.
Pavillon ou impériale : termes réservés plutôt à l'ouvrage de menuiserie qui constitue le châssis ou l'armature du ciel de lit.
Pentes : bandes de tapisserie qui pendent du ciel de lit autour du lit.
Cantonnière : partie d'étoffe qui couvre les colonnes supportant le ciel de lit. S'il n'y a pas de cantonnière, les rideaux (ou courtines) passent à l'extérieur des colonnes.
Châlit : bois de lit qui forme la base du lit. Il est composé des quatre pieds, des deux pans ou battants qui relient les pieds dans le sens de la longueur et les deux traverses qui relient les pieds dans le sens de la largeur.
Courtepointe : synonyme de dessus de lit ou tapis de lit.
Lit à la française : Lit de bout, à un seul chevet qui se place contre le mur. Le bâti est entièrement recouvert de tissu; quatre colonnes soutiennent un baldaquin de mêmes dimensions que la couche qui s'entoure de rideaux.
Lit de Louis XIV à Versailles
Ces lits "à la française" qu'on définissait alors comme
"tous carrés pars dehors jusques au haut" et
"en haut ils ne sont pas plus large qu'au bas", apparurent en France au milieu du XVIème siècle.
Ils connurent leurs heures de gloire au milieu du XVIIème siècle.
Détrônés par les lits "à la polonaise" au XVIIIème siècle, ils perdurèrent néanmoins jusqu'à la fin du règne de Louis XVI puisqu'ils illustraient encore
L'Encyclopédie (1771) ou
L'art du menuisier (1772) par André-Jacob Roubo.
Lit à la duchesse : Lit de bout à un seul chevet. Le baldaquin, de mêmes dimensions que la couche, ne repose plus sur des colonnes, comme pour le lit à la française, mais est fixé au mur.
Apparu à la fin du XVIIème siècle, il resta de circonstance durant tout le XVIIIème siècle comme lit de parade.
Lit du Salon de Mercure à Versailles.
Lit à la turque : Lit de travers à deux chevets retournés en crosse ( d'où son nom de "à la turque" ), parfois réunis comme ici par un dossier central.
Le baldaquin à 3 faces est fixé contre le mur comme pour les lits à la duchesse. Les roulettes permettaient de déplacer le lit pour le faire, et le dossier central était souvent amovible pour cette même raison.
Lit caractéristique de la fin du règne de Louis XV et de celui de Louis XVI.
Lit à la polonaise : Lit de travers à deux chevets. Sur la traverse supérieure des chevets quatre petites colonnes sont prolongées par des tiges de fer cintrées en S qui soutiennent un petit baldaquin sculpté sur ses quatre faces. L'ensemble est entouré de rideaux qui sont drapés le jour autour des colonnes. Sculpté sur toutes ses faces, ce lit était souvent dégagé du mur. Caractéristique du XVIIIème siècle, il détrôna le lit à la française.
Lit à la polonaise, vers 1775-80 (Paul Getty Museum).
Lit à la polonaise, appartement de Louis XVI au Petit Trianon.
Lit à la romaine : Lit de travers à deux chevets. Il n'est qu'une des nombreuses variantes du lit à la polonaise et s'en distingue principalement par un baldaquin plus petit et moins ouvragé soutenu par des tiges de fer en arc et non plus en S.
Lit à chaire à prêcher : Lit de travers à deux chevets. Variante du lit à la polonaise, il s'en distingue par un baldaquin plus petit qui n'est soutenu que par deux colonnes-tiges de fer (celles du côté du mur). Il peut être aussi appelé lit à l'italienne.
Lit à chaire à prêcher (ou à l'italienne) de la collection de Karl Lagerfeld. Vendu 470000 francs en avril 2000 chez Christie's à Monaco
Lit à l'italienne: Lit de travers à 2 chevets. Appelé aussi parfois lit à chaire à prêcher, il se distingue du précédent par un baldaquin fixé au mur qui n'est donc plus soutenu par des colonnes-tiges de fer.
La composition générale rappelle celle des lits à la turque.
Lit à la chinoise: Lit de bout à un chevet. Les combinaisons peuvent être multiples : mélange d'un lit à la duchesse et d'un lit à l'italienne. Ces combinaisons sont alors affublées d'appellations qui varient selon l'humeur des ornemanistes.
Lit à trois dossiers: Lit de travers à deux chevets qui se distingue des lits à la turque ou à l'italienne par l'absence de baldaquin.
Lit à double tombeau: Lit de travers à deux chevets. Variante du lit à la polonaise dans lequel sont incluses quelques caractéristiques du lit à la française.
Ce type de lit était avant tout réservé aux chambres de domestiques et aux demeures modestes.
Sources : Les Dossiers de l'Art, n°22 ("La chambre dans l'Histoire de France", février-mars 1995), Editions Faton.