Si les fanatiques religieux des siècles passé, qui n'ont effectivement pas manqué, avaient disposé des moyens de communication actuels, je pense qu'ils ne s'en seraient pas privés.
Ce qui distingue, il me semble, les destructions actuelles (Afghanistan, Sahara, Syrie, Irak) de celles antérieures c'est leur radicalisme total, il faut effacer toute trace d'une autre manifestation religieuse, y compris quand celles-ci n'a plus aucun adepte vivant dans le pays et cela depuis des siècles. Quand les prêtres thébains cherchent à détruire toute trace du monothéisme atonien, quand les premiers chrétiens remplacent systématiquement les lieux de culte païens par des églises dans le bassin méditerranéen, quand les Conquistadors arasent tous les temples mayas ou incas qu'ils trouvent, quand certains excités de la Révolution Française détruisent les symboles de l'ordre capétien et catholique millénaire, quand les missionnaires chrétiens brûlent les idoles africaines ou dans les îles du Pacifique, tout cela relève d'une même pratique, tout aussi condamnable, de vengeance, de renversement de l'ordre ancien pour assurer la conquête des esprits.
Avec l’islamisme salafiste, la différence c'est qu'il y a volonté de détruire toute trace d'une autre culture religieuse qu'elle quelle soit, alors qu'elle ne présente aucune menace pour le conquérant autre que celle de témoigner de l’existence "d'un avant" quelle que soit son antériorité, c'est à dire de toute antériorité religieuse à un islam radical qui applique dans toute sa bêtise crasse le slogan il n'y a pas d'autres dieux qu'Allah et Mahomet et son prophète. Il n'y avait plus de bouddhistes en Afghanistan (il n'y en a plus ni au Pakistan, ni en Inde non plus), et le culte mazdéen ultra-minoritaire en Irak ne vénérait pas les ruines de Ninive... Pour rester dans les limites chronologiques du forum, la Révolution islamique iranienne ne s'est pas accompagnée non plus d'une destruction des vestiges et collections archéologiques élamites, achéménides, parthes, sassanides. Elle n'a pas non plus entraînée la destruction des lieux de culte des minorités chrétiennes ou mazdéenne, ni la persécution de leurs adeptes. Et d'une manière plus générale, les sites de Pétra, Palmyre, Maidin Saleh, Persépolis, Baalbek, les fresques préhistoriques du Sahara...n'ont pas été détruit lors de l'expansion musulmane et nous sont parvenus en héritage en ayant autant souffert des outrages du temps que de ceux des hommes.
Nous sommes donc en présence d'un totalitarisme religieux qui se traduit par un monopole idéologique dont l'objectif n'est pas une réécriture mais une négation pure et simple de l'Histoire religieuse, la religion commence avec le Coran et elle finit avec lui
PS : comme je présume que l'on va m'opposer l'argument de la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie, je rappelle qu'elle avait fait l'objet de deux graves incendies involontaires avant même la conquête musulmane, époque où les riches collections antiques n'étaient déjà plus qu'un lointain souvenir.