Un historien s'exprime sur le sujet :
Sciences & Avenir : Patrimoine irakien : « Il n’y a rien de spontané dans ces destructions médiatisées »Citer :
Une interview de l’historien Pierre-Jean Luizard, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l’Islam, et auteur de « Le piège Daech ».
CRIMES DE GUERRE. Après les récentes annonces de destructions par Daech, [acronyme arabe de l’Etat Islamique, EI], des célèbres sites irakiens de Nimroud, Hatra, et Khorsabad, Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco a déclaré que "ces destructions marquaient un tournant dans l’effroyable stratégie de nettoyage culturel en cours en Irak" et le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki Moon a parlé de "crime de guerre". Un nouveau monument, un monastère chrétien chaldéen du 10e siècle, l’église de Markourkas, à Mossoul vient d’ailleurs d’être détruit. Il avait été restauré en 1846 et était classé au Patrimoine culturel national. Mais au-delà des mots qu’en est-il ? Pour mieux comprendre les véritables enjeux de ces destructions délibérées, l’historien Pierre-Jean Luizard, auteur du Piège Daech (éditions La Découverte) a répondu à nos questions.
Sciences et Avenir : Qui sont les hommes qui cassent et détruisent ? Agissent-ils de leur propre chef ?
Pierre-Jean Luizard : Il n’y a rien de spontané dans ces destructions médiatisées. Tout est fait pour révulser les opinions, les élites occidentales ou celles occidentalisées du monde arabe et susciter une intervention militaire. Mais il y a toujours eu, dans les discours musulmans extrémistes, une assez grande défiance envers les antiquités qui sont considérées comme un "cheval de Troie" des Occidentaux.
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