Bon, je vais donc terminer sur les intérieurs du Petit Trianon sous le règne de Louis XV... Je peux, comme je l'ai déjà proposé, vous faire le même travail sur Fontainebleau ou sur le château de Versailles (notamment les appartements du Dauphin et de la Dauphine) donc si cela vous interesse faites le moi savoir...
Le château est entièrement meublé de neuf. La sculpture des meubles sera d’esprit floral. Capin se chargera de garnir les sièges, Foliot et Bardou finissent les meublent d’ébénisterie livrés par Joubert.
Les pièces qui composent l’appartement de réception du rez-de-chaussée sont : l’antichambre ouvrant par deux fenêtres sur la cour et par une sur le jardin potager, la grande salle à manger qui ouvre par trois fenêtres sur le jardin potager, la petite salle à manger que l’on appelle aussi le cabinet sur le jardin fleuriste, le salon de compagnie ou salon sur le jardin fleuriste. On a, à ce même niveau, un ensemble de petites pièces ouvrant sur le jardin botanique et à un usage strictement privé, il s’agit d’une pièce pour le café du roi ouvrant sur un escalier, un cabinet intérieur et une bibliothèque. L’appartement du roi est situé à l’attique au-dessus de son appartement privé du rez-de-chaussée alors que les six autres appartements pour les seigneurs s’articulent autour d’une calotte centrale.
L’antichambre est entièrement recouverte de boiseries. Il y a deux portes vitrées et un trumeau de glace. Les boiseries s’organisent suivant la répartition introduite au château de Versailles dans les années 1750, à savoir une partie inférieure, un panneau de frise sculpté et une partie supérieure.
Le surintendant aux Bâtiments du Roi, le marquis de Marigny, demande à Charles-Nicolas Cochin de réaliser un vaste programme décoratif pour l’ensemble du petit château, ainsi, il soumet son projet au frère de madame de Pompadour le 22 mars 1768. Ce projet, qui est accepté, a une très forte influence de la mythologie avec un esprit floral très développé. En plus du programme, Cochin décide du nombre de tableau dans chaque pièce et il décide également des peintres qui les réaliseront. Il guidait également le choix iconographique.
Ainsi cette pièce avait reçu deux tableaux de Philippe Caresme représentant l’un Minthe changée en herbe et l’autre Myrrhe changée en myrte. Ces tableaux mesuraient quatre pieds dix pouces sur cinq pieds. Ils ont été exposés au Salon de 1775, et aujourd’hui on ne peu plus admirer que la métamorphose de Myrrhe.
Il n’y a jamais eu de cheminée dans cette pièce, mais il y avait deux poêles qui encadraient la porte centrale. Ils assuraient à la fois le chauffage de l’antichambre et également celui de la grande salle à manger. Les quincailleries de la pièce sont de très grande qualité.
Dans l’antichambre on trouve deux banquettes et six tabourets livrés en avril 1769 dont les bois sont peints en en blanc et sculptés de fleurs et de fleurs de lys, le tout recouvert de moquette cramoisie gaufrée. Il y a également des rideaux en toile de coton.
La grande salle à manger ouvre par trois fenêtres sur le jardin potager. Antre les fenêtres, on a des trumeaux de glace et sur le mur opposé, on a des lambris, ainsi que la cheminée avec son trumeau. Les deux autres murs sont occupés par une grande arcade avec une porte et des grands tableaux de part et d’autre.
La cheminée a été livrée par le marbrier Dropsy et est en marbre bleu turquin. C’est Honoré Guibert qui l’a sculpté dans un esprit parfaitement néo-classique. Les ornements employés sont le masque de bouc avec des grappes de raisins sur les piédroits, des fleurs et des fruits sur le linteau. Le travail est de très grande qualité. La tablette est nettement moins cintrée qu’auparavant et aux angles on trouve des fleurons végétaux.
Les trumeaux de glace ont été reconstitués par les dessins préparatoires que l’on a retrouvé sur les murs lors d’une restauration et aussi grâce à quelques fragments conservés dans les réserves. La clef est un masque de Bacchus encadré de pampres et d’instruments de musique. De ce masque s’échappent des festons de pampres de vigne. On a le même principe pour les trumeaux d’entre-fenêtres et pour les dessus-de-porte.
Les deux panneaux de boiseries ont été sculptés par Honoré Guibert. Il y a un grand ornement en partie inférieure qui est un immense trophées avec des nœuds et des festons. Le chambranle est de forme rectangulaire avec un réseau d’ornements comme des feuilles d’eau. il y a également des piédestaux avec des coupes de fruits représentés au naturel. Il s’agit de trophée d’amour. au niveau de la cimaise, on trouve une frise de rinceaux qui s’échappe d’une feuille d’acanthe et ces rinceaux sont rehaussés d’épis de blés. Au niveau des poêles, on trouve des bas-lambris grillagés. Au plafond, il y a une superbe rosace centrale avec des cornes de fruits et des cornes d’abondance.
La peinture est présente dans les dessus-de-porte et au niveau des grands tableaux. Les deux dessus-de-porte cintrés ont été réalisés par Monnet en 1768 et ils représentent Borée et Orythie et Zéphyr et Flore. Les deux autres dessus sont de Clément Belle et ils représentent Vénus et Adonis et Vertumne et Pomone.
Les quatre grands tableaux ont été peints quatre peintres différents et ils ont été mis en place en 1772. Le premier a été peint par Lagrenée et représente Cérès enseignant l’agriculture au roi Triptolème sont elle nourrissait le fils de son propre lait (la moisson), le second a été peint par le peintre Vien et il a représente Diane offrant ses attributs de chasse à ses suivantes (la chasse), le troisième par Doyen représente Neptune et Amphitrite (la pêche) et enfin le dernier est de Noël Hallé et il s’agit du Triomphe de Bacchus (le vin).
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Dans la grande salle à manger, on trouve un meuble en damas de Gênes cramoisi composé de deux chaises pour le roi, de quarante deux autres chaises (vingt quatre pour cette pièce et dix huit pour la petite salle à manger), un écran et un paravent. Il y a également une portière et des rideaux de fenêtre en gros de Tours cramoisi. Une partie des sièges sert pour la petite salle à manger, c’est pourquoi l’inventaire précise qu’il y a deux chaises pour le roi.
La petite salle à manger est ornée de panneaux sculptés sur le thème des saisons. Il y a deux fenêtres et deux trumeaux dont un au-dessus de la cheminée. Les boiseries sont réparties comme dans l’antichambre mais seule la partie supérieure est sculptée.
La cheminée en marbre griotte est un remploi.
Il y a des panneaux de frise qui représentent des paniers avec des ornements végétaux. Les grands cadres abritent des trophées de saisons retenus par des patères, des rubans et des festons de pampres.
Les peintures sont d’Antoine Renou.
Les trumeaux ont été sculptés d’après des modèles anciens. On retrouve la même esthétique néo-classique.
Le salon de compagnie ouvre par deux fenêtres sur le jardin fleuriste.
Les ornements sont très équilibrés et on trouve au centre de chaque mur un trumeau cintré avec des sculptures de fleurs. La clef des trumeaux représente un masque de Flore duquel s’échappe des festons de fleurs.
La cheminée est en marbre brèche violette. Il y a deux piédroits en console avec des ornements peu utilisés comme des tournesols. Il y a un jeu de moulures pour la transition de la tablette.
Les lambris sont très richement sculptés avec des frises d’entrelacs floraux. Le haut-lambris est composé de deux parties. La partie supérieure est composée de moulures avec des ornements sculptés sur moulures et la partie inférieure est constituée de médaillons contenant le chiffre du roi en fleur encadré de feuilles de laurier. L’agrafe est une couronne de fleurs. Au château de Trianon l’ornement floral est omniprésent. Les parties supérieures sont une succession de trophées avec surtout des trophées de musique.
La corniche est d’une rare richesse avec des frises de rinceaux fleuronnés avec au centre une cassolette et aux angles des médaillons ailés avec des putti tenant des fleurs. La rosace centrale est une grande couronne de fleurs tenues par un jeu de ruban.
Cochin a encore une fois choisi le thème des métamorphoses florales pour la peinture. Il s’agit de Clythie changée en tournesol et de Hyacinthe changé en la fleur du même nom par le peintre Jollain et d’Adonis changée en anémone et de Narcisse métamorphosé en fleur du même nom par Lépicié. Ils ont sans doute été posés sous le règne de Louis XV.
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Dans le salon de compagnie, il y a un meuble en damas de Gênes cramoisi, vert et blanc composé d’un canapé, de six fauteuils à carreaux, d’une chaises pour le roi,, de dix huit autres chaises dont six à carreaux, d’un écran et d’un paravent. Il y a aussi une portière et des rideaux de fenêtres en gros de Tours blanc. En mai 1768, Joubert livre huit tables à jeux pliantes en bois de merisier couvert de velours vert, il y en a quatre de quadrille, deux de trille et deux de brelan. Il livre également une commode à la régence (à deux rangs de tiroirs) en bois des Indes à placage en mosaïque. Il y a aussi une console d’entrefenêtre.
Le café du roi a été transformé en boudoir des glaces mouvantes pour la reine Marie-Antoinette.
La pièce du café reçoit un canapé en gros de Tours vert. Riesner livre une table encastrée en 1771.
Le cabinet intérieur du roi a été transformé rapidement en chambre pour madame du Barry puis elle est devenue en chambre pour la reine.
A l’origine, il y avait quatre trumeaux de glace mais lors de la transformation en chambre on en a supprimé deux.
La cheminée est en marbre brocatelle d’Espagne sculpté par Honoré Guibert pour la château de Saint-Hubert. Il y a encore quelques mouvements rocaille.
Les boiseries sont séparées par des pilastres sculptés de fleurs au naturel. Les grands panneaux sont sculptés de coquilles, de paniers et de festons.
Le cabinet de retraite a reçu un meuble de cabinet en gros de Tours fond blanc broché de gros de Tours à fond vert composé d’un canapé, deux fauteuils à carreaux et six chaises. Les rideaux sont en taffetas blanc. Joubert livre une commode de laque de la Chine à fleur du type à la régence. Guibert livre deux petites consoles.
L’appartement du roi à l’étage est composé d’une antichambre dotée d’une cheminée en marbre Sarrancolin qui est un remploi. Les boiseries sont simplement moulurées.
Dans la chambre, il y a une alcôve tendue de tissus. Il y a trois trumeaux rectangulaires avec une couronne et des festons de fleurs. Il y a un panneau légèrement sculpté.
Le cabinet ouvre par une fenêtre sur le jardin fleuriste et est décoré de boiseries simplement moulurées. Seule la quincaillerie est encore rocaille.
Il y a plusieurs garde-robe dans lesquelles il y a une chaise et deux tables de nuit.
Dès la fin des travaux, Louis XV y habite. Il n’y manque qu’une chapelle. En 1767, Gabriel présente le premier projet. Les travaux commencent en 1772 et ils sont finis en 1775. Elle est parfaitement intégrée aux communs. La seule originalité vient du clocher bulbeux. On conserve encore les boiseries du chœur sculptées par Rousseau sauf la grande Gloire céleste qui est de Prevost. Le tableau d’autel a été peint par Jean-Marie Vien et il représente Saint Louis et Marguerite de Provence recevant de saint Thibaut de Marly une branche de onze fleurs de lys représentant leur future descendance. Il a été posé en 1775.
Gabriel va également recevoir la demande du roi de réaménager le jardin botanique. Il demande à Falconet de réaliser une sculpture représentant l’Hiver.