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Message Publié : 05 Jan 2005 18:34 
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Plutarque
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Comme je l'avais proposé il y a quelques temps, je vais vous parler un peu du domaine de Trianon sous Louis XV... Je m'excuse d'avance pour les éventuelles fautes ou coquilles qu'il pourrait y avoir dans les textes.
Et si quelqu'un pouvait m'expliquer comment intégrer des images à mon propos ce serait vraiment très gentil.... :?

Je pense qu'il est nécessaire avant de commencer de faire un léger rappel sur les systèmes de mesure et de monnaie en cours à cette époque, ainsi que de dire deux mots sur l'organisation des administrations royales dont je suis amené à parler.

Le système de mesure.

La mesure la plus basse est la ligne.
- 1 ligne = 2mm
- 12 lignes = 1 pouce = 2,7cm
- 12 pouces = 1 pied = 32,5cm
- 6 pieds = 1 toise = 1m95

La mesure textile en vigueur à Paris.

- l’aulne = 3 pieds 7 pouces 8 lignes = 1m19
- ½ aulne = 59,5cm
- 1/3 d’aulne = 39,6cm
- ¼ d’aulne = 29,7cm
- La laie : c’est la largeur entre deux lisières de textile (varie en fonction de la largeur des métiers).

Le système monétaire.

La valeur la plus basse est le denier.
- 12 deniers = 1 sol
- 20 sols = 1 livre tournois

Les administrations royales.

La direction des bâtiments du roi

C’est elle qui a en charge les gros œuvres, les travaux de sculptures et les travaux de peintures.
A sa tête, on trouve un surintendant, il y en a deux pour la période qui nous intéresse : Le Normant de Tournehem (1746-1751) et Abel-François Poisson de Vandières, marquis de Marigny (1751-1773).

Le surintendant est un mondain, c’est un homme de la cour. Il a sous ses ordres le premier architecte du roi, qui pour cette période est Ange Jacques Gabriel (1742-1774). Ce premier architecte dirige les contrôleurs, il y en a un par résidence, ce sont eux qui jouent le rôle le plus important.

Le garde-meuble de la couronne

Comme son nom l’indique, c’est lui qui a en charge la gestion du mobilier dans les différentes résidences.
A sa tête, on trouve deux personnages durant cette période : Gaspard-Moïse de Fontagneux et son fils Charles-Elisabeth.

Sous l’intendant, on trouve une horde d’inspecteurs et de commis qui gèrent les registres d’entrée et de sortie du mobilier. Sous leurs ordres, il y a les concierges qui jouent un rôle très important puisque ce sont eux qui ont en charge la gestion physique des œuvres et qui, avec les inspecteurs, rédigent les inventaires.

Les Menus Plaisirs du Roi

A sa tête, on trouve un intendant qui est directement placé sous les ordres du premier gentilhomme de la chambre du roi. C’est ce premier gentilhomme qui s’occupe de régler tout ce qui est festif. Ils sont quatre, nommés par le roi et exercent leur pouvoir par quartier. Le plus important à cette époque sera Papillon de la Ferté.

...

_________________
"Je ne me dissimule point que la Monarchie ne pourrait reprendre son éclat que par un coup de vigueur; mon frère ne le fera pas, et sûrement, je ne me permettrais pas de le lui conseiller."
29 mai 1789


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Message Publié : 05 Jan 2005 19:44 
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Localisation : Massy (91) / Grenade (31)
Après la mort de Louis XIV, le palais de Trianon est abandonné, le roi y avait hérité de son arrière-grand-père d’un appartement créé en 1703 et ouvrant sur le jardin des Sources. Le décor de cet appartement est totalement archaïque pour Louis XV et c’est sous l’impulsion de madame de Pompadour qu’il prend la décision d’entreprendre une campagne de rénovation dans le palais, et cela à partir de 1749.

Voici ce que l’avocat Barbier dit dans son Journal :

« [Le Roi] fait aussi quelquefois des voyages et séjours de deux ou trois jours à Trianon, dans le parc de Versailles, où l’on a fait des petits appartements que l’on a meublés à la nouvelle mode. Trianon était abandonné auparavant, et n’était fait même que pour quelques fêtes et pour faire collation après la promenade de Mesdames. Mais à présent cela fait maison de campagne. On les multiplie autant qu’on peut afin de diversifier les objets et les voyages, attendu que le Roi a une grande disposition à s’ennuyer partout et c’est le grand art de madame de Pompadour de chercher à le dissiper. »

De même, le ministre d’Argenson dans ses mémoires se félicite de ce que le roi cherche à faire des économies :

« Le Roi prend goût à Trianon plus qu’à aucune autre maison qu’il ait encore habitée : il commence à se lasser de ses fréquents voyages et peut-être a-t-il quelque envie secrète de ménager les dépenses de la cour, de se jeter dans une noble économie en toutes choses ; si cela était, il deviendrait un grand roi. Il dit que son appartement de Trianon, comme on l’a accommodé est le seul qu’il ait trouvé à sa fantaisie. Il communique de plain-pied avec celui de la marquise qu’il voit par là à tous moments comme il le souhaite ; de Trianon, il va à Versailles aux jours et heures de représentations, les dimanches, au grand couvert, aux conseils s’il veut ; ses ministres viennent travailler avec lui, les affaires s’y suivent, il y aura une comédie et tout cela me paraît fort bien. »

Pour s’installer à Trianon, Louis XV va faire détruire l’ancienne Comédie. Il va faire aménager six pièces, trois privées et trois publiques dont il reste encore aujourd’hui quelques éléments décoratifs.
Ces pièces avaient été meublées avec le même esprit de conservation d’éléments datant du règne précédent. Une grande partie du mobilier a été livrée en 1749-1750. L’élément d’étude est un inventaire qui a été dressé à la fin du règne de Louis XV en 1774. Il décrit fidèlement l’ameublement mis en place par Louis XV.

Les pièces publiques

Il s'agit d'une antichambre (l'actuel salon rond), d'un salon des jeux et d'une salle à manger (chambre de la reine des Belges).

Le salon rond va être habillé par Gabriel à partir de 1749. Ce salon avait été créé par Mansart. Gabriel conserve le rythme d’origine mais cache les deux niches par des portes sculptées par Verberkt dans un esprit Louis XIV. L’une cache un autel, transformant ainsi le salon en chapelle, et l’autre cache un escalier desservant des entresols. C’est ce salon rond qui est l’axe de distribution des nouvelles pièces.
L’antichambre du nouvel appartement a un ameublement qui date intégralement du règne de Louis XIV.

La première des pièces de réception est le salon de compagnie, actuel salon des jeux. Il est constitué par une partie en hémicycle répondant à la forme circulaire de l’antichambre par laquelle on y accède. Il est éclairé sur deux de ses côtés, ce qui en fait une pièce très lumineuse. Les boiseries proviennent de l’atelier de Verberkt. La cheminée est en marbre brèche violette et a été livrée par Trouard. Sur le mur est, on trouve la cheminée avec son dessus de glaces, un pilastre, un panneau sculpté et une porte. La corniche a un dessin archaïque avec des putti, elle a été réalisée sous Louis XIV. Le mur ouest est constitué par l’hémicycle. Il y a une très grande porte à fronton circulaire qui est encadrée par un jeu de boiseries. Les hémicycles possèdent aussi des portes. La porte est elle un archaïsme volontaire ou alors date-t-elle vraiment du règne de Louis XIV et dans ce cas serait-elle la porte de l’ancienne comédie ? Chaque trumeau d’entre fenêtres est surmonté d’un dessus garni d’une peinture. Les dessus de porte sont à volutes. Ces deux derniers éléments datent aussi du règne de Louis XIV. La cheminée mesure 2m90 de long.

Le salon de compagnie ou salon des jeux, a été meublé de neuf. Il y avait quatre fauteuils, vingt-six chaises, un écran, un paravent à six feuilles, quatre portières. Tous ces éléments garnis d’un damas trois couleurs livré par Salior en 1751. Ce type de textile apparaît à partir de 1750. Les quatre rideaux étaient de taffetas cramoisi et quatre sous rideaux en satin. Il y a aussi neuf tables triangulaires, quatre tables rectangulaires de piquet et cinq tables carrées de quadrilles. Au plafond, un lustre à huit branches. Sur un des murs, posée sur une console, on trouvait une pendule en marqueterie Boulle.

La salle à manger de Louis XV est devenue sous Louis Philippe une chambre pour sa fille devenue reine des Belges. Sur le mur est, on trouve la cheminée surmontée d’un trumeau sculpté et encadrée de pilastres et de portes. La pièce était intégralement revêtue de boiseries. Les pilastres typiquement Louis XV sont sculptés en trois points.

La salle à manger a été meublée par Salior en novembre 1749 d’un meuble en velours cramoisi composé de dix-huit chaises (douze autres en 1751) à carreaux et une chaise plus haute pour le roi. On trouvait également deux paravents à six feuilles garnis de velours cramoisi dont un livré par Salior en novembre 1749 et deux autres couverts en tapis de la Savonnerie à six feuilles. Au plafond deux lustres de cristal à huit branches et des rideaux en toile coton. Au mur, il y avait une pendule datant de Louis XIV, le cadran est de bronze doré sur un fond de velours noir et la boite est de couleur olive le tout garni de bronze doré. Il y avait également deux chaises en bois tourné garni de damas cramoisi. Il y avait aussi deux tapis, le premier livré en 1750 « fond brun chargé d’un grand compartiment fond jaune au milieu duquel est une coquille entouré de six fleurs de lys et six petits cartouches, aux quatre faces sont les chiffres du roi sur un fond bleu et aux quatre coins sont quatre grandes fleurs de lys aussi sur fond bleu entourées de cornes d’abondance, le tapis ayant une bordure couleur de bronze… » et le second livré en 1760 pour une autre pièce.

Après, on trouve une petite pièce qui était la pièce des buffets. Elle a été détruite au cours du XIXème siècle. Sous Louis-Philippe, on a toutefois récupéré les deux grands rafraîchissoirs en marbre du Languedoc que l’on a installé dans la galerie.

Les pièces privées

Les pièces privées sont : le salon du conseil (l’actuelle salle de bain de Napoléon), la chambre à coucher (devenue salon du déjeun de l’empereur) et le cabinet de retraite (la chambre de Napoléon). Ces trois pièces ouvrent sur le jardin du roi.

La chambre du roi conserve quelques boiseries provenant des ateliers de Verberkt. Elle ouvre par deux fenêtres sur le jardin du roi. La face opposée aux fenêtres est couverte d’une tenture. Les deux autres faces sont intégralement boisées. Les moulures sont très simples. Il y a quatre portes dont une fausse.
La pièce suivante est donc la chambre à coucher du roi, elle a reçu un meuble qui date de Louis XIV et qui a tout de même été rafraîchi par le tapissier Salior en novembre 1749. Il était composé d’un damas cramoisi broché en or avec un décor de cornes d’abondance, et ce damas couvrait : un lit à colonnes et à impériale (couvert à l’intérieur d’un drap fond cramoisi à fleurs de lis), un fauteuil, dix pliants, un écran et l’ensemble des bois peints cramoisi et or. Sur le mur face aux fenêtres, sous l’alcôve, il y avait une tenture de damas cramoisi broché or avec un mollet d’or qui datait également de Louis XIV. Il y avait aussi un paravent de trois pieds deux pouces. Il y avait des portières en damas cramoisi et les deux fenêtres étaient garnies de rideaux en taffetas cramoisi. Au plafond pendait un lustre en cristal de roche à huit branches et dans la cheminée une grille avec ses feux ornés d’un cartouche de feuillage en bronze doré livré en 1751 par les marchands mercier Hecegere et Poirier pour le salon d’assemblée de madame de Pompadour à Trianon. Il y avait aussi un meuble nouveau livré par Salior en novembre 1749 pour l’usage du roi à Trianon, il s’agissait d’un fauteuil de toilette couvert de marocain rouge dont les bois étaient peints rouge et or. Face à la cheminée, il y avait « une belle commode de marqueterie cuivre et écailles noires, à deux tiroirs, ornée de moulures, feuillages, entrée de serrures et panneaux de bronze doré, aux coins sont quatre sphinx ailés aussi de bronze doré, terminée d’une patte de lion avec feuillage, le dessus de la commode de marbre griotte rougeâtre veiné de blanc, longueur quatre pieds, largeur vingt-quatre pouces, hauteur trente trois pouces. » Il s’agit d’une des deux commodes livrées par Boulle pour Louis XIV et aujourd’hui conservées à Versailles.

Le salon du conseil est l’actuelle chambre à coucher de Napoléon Ier. les boiseries y sont très intéressantes. Elle ouvre par deux fenêtres sur le même jardin que la pièce précédente. De même, face aux fenêtres, on trouve une vaste tenture. Sur les autres faces, on trouve la disposition suivante : tenture, boiseries, trumeau de glaces, boiseries et portes. Les boiseries sont constituées d’un bas lambris, d’un haut panneau, d’un panneau de frise et d’un autre haut panneau. On retrouve cette ordonnance particulière dans la salle à manger privée vers 1750. Le trumeau est classique, inscrit dans un cadre à oreille. Il est cintré et sommé d’une coquille. Il est encadré de palmes et de volutes. La sculpture s’est clairement assagie et elle s’est légèrement appauvrie. La cheminée est dans un marbre vert de mer. Les panneaux sont de simples cadres à oreilles et les panneaux de frises sont sculptés en trois points avec un très sage rose centrale.
Le salon du conseil est meublé d’un damas cramoisi broché or qui couvre une tenture en deux pièces, un fauteuil et deux portières datant du règne de Louis XIV et, deux fauteuils en bergères et huit chaises (bois sculptés et dorés) livré par Salior pour le cabinet de compagnie du roi au château de Versailles et où ils ne resteront que très peu de temps. Il y avait des rideaux de taffetas cramoisi et dans la cheminée une grille livrée par Minel en 1749 pour le cabinet de retraite du roi.

Ce cabinet a été transformé en salle de bain par Napoléon, et a, à cette occasion, perdu l’intégralité de son décor. Sur le mur nord, on trouve une jolie cheminée en marbre griotte et sur le mur sud un grand niche où il y avait un meuble très spécial. Elle ouvrait par une seule fenêtre. Derrière la cheminée, un passage permet d’accéder à la chaise et à un escalier conduisant aux entresols.
Le cabinet de retraite comprenait lui aussi un ameublement panaché entre les règnes de Louis XIV et de Louis XV, on trouvait un fauteuil de damas cramoisi broché or, un écran à coulisse (livré pour le cabinet de compagnie du roi) et trois chaises à dossiers à la reine les bois peints rouge et or livré par Salior en novembre 1749 pour le « cabinet du roi derrière la chambre » (donc avant la transformation du projet de Gabriel qui a donné la configuration actuelle). La fenêtre était garnie d’un rideau en gros de Tours cramoisi. En novembre 1749, l’ébéniste Joubert a livré deux meubles pour cette pièce, « un secrétaire de bois violet à placage fermant à clef, un panneau de bois d’amarante incrusté de feuillages de bois de rose et orné de bronze doré d’or moulu, le devant s’abat pour faire une table, en dedans sont six carreaux chantournés, quatre grands et deux petits, il y a par devant une coulisse aussi couverte de marocain bleu, encastré dans l’épaisseur de laquelle il y a un petit tiroir, longueur trois pieds trois pouces, profondeur dix sept pouces et hauteur trente trois pouces » et « une table à écrire de bois violet et bois rose à placage cintrée et chantournée à rebord par trois côtés, ayant un tiroir à un bout, par devant est une coulisse couverte de marocain bleu encastré. » La table à écrire devait être disposé le long d’un mur. Ces meubles ne figurent plus dans l’inventaire de 1762 mais en 1773 on rencontre trois meubles livrés par Lazare Duvaux le 20 mars 1755, il s’agit de « un secrétaire composé d’armoires à portes plaquées à fleurs et garnies de glaces ornées de bronze doré d’or moulu avec un tablette de marbre », « deux armoires en encoignure plaquées de bois de rose à fleurs de bois violet garnies de bronze doré d’or moulu, les marbres griotte d’Italie, et dedans doublé en satin blanc » (Journal du marchand mercier), ces deux meubles n’ont pas de numéros et proviennent sans doute du garde meuble privé du roi. La description figurant dans l’inventaire de 1774 est beaucoup plus précise « appartement du roi, cabinet de retraite, sans numéro, un secrétaire de bois de rose à fleurs et feuilles de bois de palissandre orné de bronze doré d’or moulu, le devant en trois parties celle du bas en bas d’armoire à deux battants fermant à clef garnie de satin blanc en dedans, le devant en marbre griotte d’Italie qui se tire et forme une table, la partie du milieu s’abat et est couverte de velours bleu, le dedans à trois cases et trois tiroirs celui de droite avec encrier et boite d’argent, la partie haute à deux battants fermants à clef à panneaux de glaces avec deux tablettes à crémaillères garnies de satin blanc et deux rideaux du même satin, le tout surmonté d’un vase rond de porcelaine couleur lapis… » Le meuble est estampillé BVRB. Il tient de plusieurs sortes de meubles. Il avait été placé dans la niche, ce meuble n’avait jamais bougé jusqu’en 1792. Il est aujourd’hui conservé au musée du Mans.

Les rédacteurs du Garde-Meuble qui dressent l'inventaire de 1774 pénètre alors dans la garde-robe du roi où l'on trouvait un rideau de porte, une chaise d’affaire livrée par Gaudreaux pour Marie Lesczynska quand elle venait à Trianon et une table de nuit livré par Gaudreaux pour les appartements de Louis XV à Compiègne. ils s'interessent ensuite aux autres appartements du palais.

Les tableaux du Grand Trianon

On sait qu'un certain nombre de tableaux ont été livré pour "l'appartement du roi à Trianon" mais il n'est pas précisé à quelle pièce ils étaient destinés.

Hyacinthe Colin de Vermont livre en 1750 quatre tableaux qui ont été identifiés et remontés dans la salle à manger des porcelaines au château de Versailles. « Mémoire de quatre tableaux dessus de portes fait pour le service de Sa Majesté sous les ordres de monsieur de Tournehem par le sieur Colin de Vermont, année 1750. Ces quatre tableaux destinés pour le château de Trianon sont de mêmes grandeurs, ils ont deux pieds et demi de haut sur trois pieds et demi de large, sujets tirés des Métamorphoses d’Ovide. Savoir : le rajeunissement d’Iola par Hébé, Jupiter chez Philémon et Baucis, Bacchus qui change en feuilles de vignes les ouvrages des Mynéïdes, et une danse des nymphes qui changent un berger insolent en olivier sauvage. »

Noël Hallé a peint deux tableaux : Apollon et la Sibylle de Cumes, et Jupiter et Callisto. Sébastien Leclerc en a également peint deux : des enfants dans une salle de concert et des enfants jouant au théâtre.

L’arrivée de Louis XV à Trianon marque un nouvel intérêt pour ce domaine qui est encore d’un grand archaïsme.

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29 mai 1789


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Message Publié : 05 Jan 2005 21:26 
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Avant de nous pencher sur la genèse du château de Trianon (ou comme on le nomme aujourd'hui le Petit Trianon), je vous propose un petit tour par les jardins de Sa Majesté, puisqu'ils permettent de comprendre la logique qui entraîne la construction de ce lieu de retraite.

Le 24 novembre 1749, Luynes écrit « Pendant le voyage de Fontainebleau on a fait beaucoup d’ouvrages à Trianon. La ménagerie nouvelle est presque finie et l’on a accommodé plusieurs logements. » Il fait allusion à des travaux d’agrandissement des jardins. L’extension se fait par le nord en plusieurs temps. En 1750, on crée une ménagerie, un jardin potager avec au milieu un pavillon que l’on appelle le Pavillon Français. Au nord, on crée une perspective au moyen d'un grand treillage.

La ménagerie était composé d’un pavillon central flanqué de deux autres bâtiments. Il y avait une laiterie, un logement pour une laitière, une vacherie et une bergerie.

Le pavillon français.

Le pavillon français est conçu comme un salon octogone avec quatre pièces hors d’œuvre, le tout inscrit dans un cercle.
Il est traité en pierre de refends. Au dessus de la corniche, on trouve un balustrade cantonnée de différends groupes ou pots à fleurs. Seul le pavillon central est pourvu d’une toiture. Il ne s’agit pas d’un pavillon à l’italienne mais d’un pavillon à la française. Chaque face principale est composée par un chambranle rectangulaire à l’intérieur duquel est inscrit une grande baie cintrée avec une agrafe constituée d’un masque d’où s’échappent des festons végétaux. Il y a manifestement la volonté d’un programme iconographique : il y a un masque entouré d’épis de blés et de fleurs, il s’agit d’une représentation de l’été ; un autre masque est entouré de grappes et de feuilles de vigne, il s’agit de celui de l’automne ; un troisième est un masque juvénile encadré de fleurs, il s’agit du printemps ; quant au quatrième, il est mystérieux, car il s’agit d’un masque entouré de fruits dans lequel il est difficile de reconnaître l’hiver.
Chaque cabinet ouvre par trois baies rectangulaires moulurées, il y a une porte-fenêtre et deux fenêtres. Chaque baie est surmontée d’une clef en console.
Sur la balustrade, il y a huit groupes de deux amours dans les angles rentrants. Il y en a quatre qui représentent les quatre saisons, un groupe représentant la chasse, un autre la pêche, et le dernier représente deux amours tenant des oiseaux. Il y a également des vases de fleurs. Les sculptures avaient été déposées à la Révolution, puis elles ont été remontées et parfois resculptées. L’ensemble a été réalisé par Antoine Rousseau.

A l’intérieur, on retrouve la même répartition décorative sur les murs. Il y a des baies circulaires inscrites dans des chambranles rectangulaires avec des masques à la clef. Elles sont encadrées par des colonnes engagées de style corinthien qui scandent la pièce. Sur trois des petits côtés, on trouve des portes et sur le quatrième une cheminée en marbre du Languedoc. La menuiserie est due à Guesnon, les vernis et la peinture au naturel à Medard Brancourt et la sculpture à Verberkt. Entre les colonnes et les portes, on trouve des pilastres sculptés en trois point. Chaque porte est encadrée d’éléments rocaille. Il y a des dessus de portes sculptés de putti assis sur de grandes volutes émergeant de coquilles. Entre chaque putti, il y a un ornement symbolique. Il y a un dessus avec des putti tenant des instruments de musiques et encadrant une cage avec des oiseaux, ils représentent l’air ; le second représentent deux amours avec des cannes à pêche ou des instruments de marines tels que des avirons ou des gouvernails, il encadrent une vasque d’où s’échappent des jets d’eau, ils représentent l’eau ; le troisième est sculpté de putti jardiniers encadrant un vase de vannerie avec des fleurs, il s’agit de la terre ; le dernier représente des amours portant un arc et une torche et entre eux est posée une cassolette fumante, il s’agit du feu.
La corniche reprend le système de métope sculptées et de consoles. Elles représentent les animaux que l’on devait trouvé dans la ménagerie de Louis XV à Trianon, il y a des canards, des oies, des poules, des coqs, des paons, des pigeons…
Il y avait cinq petits cabinets dans les quatre pièces. On trouvait une antichambre (devenue cabinet pour Marie-Antoinette), une pièce pour le café et des lieux à l’anglaise, un boudoir (devenu pour la reine cabinet de retraite) et enfin un réchauffoir. Cette dernière pièce dallée de pierre montre que ce pavillon servait pour des collations. L’antichambre avait reçu une cheminée en marbre vert Campan. Seul le boudoir et le cabinet de la chaise avaient reçu un décor de boiserie. Le reste des pièces était en pierre peinte. Seule les boiseries du boudoir ont été conservées. On trouve des panneaux typiquement rocaille avec deux coquilles et des festons de fleurs. La corniche est décorée de rinceaux et d’oves. Les trumeaux sont très classiques.

L’ameublement de ces pièces est totalement différend de ce que l’on a pu voir, les meubles n’ont pas été livrés par le Garde-Meuble de la Couronne mais sont des achats privés de Louis XV. Ils ont été inventoriés en 1776 sous le titre de « inventaire de l’ancien petit Trianon ».
L’antichambre était meublée de six chaises de velours jaune cloué d’argent, les bois sont légèrement sculptés et vernis. Il y a une lanterne à cinq pans en cuivre et une grille en fer poli.
Le salon rond a reçu dix-huit chaises couvertes d’une toile peinte avec un cartouche fond blanc encadrée d’une autre toile peinte fond vert avec une petite tresse d’or, les bois sont peints en jaune et les moulures sont dorées. Il y a quatre rideaux en toile de coton encadré de toile peinte en vert avec une tresse d’or, une lanterne à huit pans et huit bobèches en cuivre doré ornée de guirlandes de fleurs en porcelaine de Vincennes, quatre autres lanternes à cinq pans et cinq bobèches en cuivre doré avec des guirlandes de fleurs en porcelaine de Vincennes et une grille ornée d’un chenet en bronze doré avec un combat de coqs et un renard emportant un coq. En 1750, la Savonnerie exécute un tapis pour ce salon. Il a été réalisé d’après un dessin préparatoire à l’aquarelle par Chevillon (aujourd’hui aux Archives Nationales de France). Il propose trois solutions, soit un tapis circulaire, soit un tapis carré ou encore un tapis rond inscrit dans un carré. Il propose également plusieurs alternatives décoratives, à savoir un jeu de palmes, de trophée ou de fleurs de lys. On ne sait pas qu’elle option a été retenue. La manufacture royale de la Savonnerie livre en octobre 1751 un tapis circulaire, est-ce celui du pavillon français ? Un autre tapis complet est livré en décembre 1752. Le même modèle va être utilisé au château de Saint-Hubert.
Le cabinet ou boudoir a reçu une ottomane de neuf pieds et demi de long couverte d’un Pékin blanc peint de cartouches et d’une bordure également peinte, les bois sont moulurés et peints en jaune avec des bouquets de fleurs rechampis bleu. Il y avait également quatre chaises à carreaux et un écran à coulisse garnis du même tissu et les bois traités de la manière. Le roi avait à sa disposition une petite table en bois de palissandre à placage dont le dessus dorme un pupitre à crémaillère, sur le devant, on trouve une tablette à coulisse et sur le côté un tiroir contenant l’encrier, le poudrier et la boite à éponge. Il y avait aux fenêtres deux rideaux en quatre parties en gros de Tours quinze seize blanc et au plafond une lanterne à cinq pans en cuivre doré avec des ornements floraux en porcelaine. Dans la cheminée du boudoir, il y avait une grille à quatre branches ornées d’oiseaux qui se caressent en bronze doré d’or moulu.
Dans la garde-robe on trouvait simplement une chaise d’affaire en bois de palissandre.


En 1751, Louis XV exprime son désir de faire agrandir le domaine de Trianon. Il va faire construite un bâtiment et un jardin clos pour les officiers des gardes. Il va également faire bâtir une salle à manger d’été qui porte le nom de Salon Frais, un salon d’aisance et un poulailler.
Le roi va également faire édifier des serres. Les jardins sont aménagés par Jussieu qui va y faire pousser du café, des ananas et des figues.

Le poulailler

Le poulailler est composé d’un pavillon central couvert d’un toit à quatre pentes au centre duquel il y a un bassin pour se rafraîchir, et de deux pavillons latéraux qui abritent les cages pour les poules du roi. Le sol est sablé et dans les deux parties latérales, on trouve une cheminée couverte d’une grille dorée pour éviter que les poules ne tombent dans les cheminées.

Le salon frais

La salle à manger est conçue comme un petit pavillon carré avec une balustrade. Ce pavillon n’a aucune toiture. La balustrade est composée de vases de fleurs. Le bâtiment est surélevé par deux marches. Il est tapissé d’un treillage peint en vert est dû à Langelin. De part et d’autre, il y a des treillages à arcades qui supportent cinquante deux orangers. En 1756, Marigny et Cochin font placer deux statues pour encadrer le pavillon, il s’agit des figures de la Santé et de la Maladie par David Bourderelles (la Santé est encore conservée à Versailles dans les réserves du château). Il y a une porte centrale cintrée avec de part et d’autre deux fenêtres rectangulaires. Sur les côtés, il y a deux portes fenêtres. Le sol est dallé de marbre blanc et noir. Face à la porte il y a une cheminée en marbre du Languedoc. Du côté de l’entrée, on a un jeu d’ouvertures sous arcades séparées par des pilastres sculptés en trois points. Il y a sur les côtés deux fausses fenêtres qui sont couvertes de glaces ou de vitres. Le trumeau de la cheminée est tout à fait classique. Les panneaux étaient blanc rechampis de petit vert.

Le salon frais était meublé de deux canapés de sept pieds de long couvert de Perse fond blanc encadrée de Perse fond vert, les bois étaient peints en blanc avec les moulures dorées. Il y avait également deux fauteuils en encoignure et à carreaux, six chaises à carreaux et douze autres ordinaires traités de la même manière. Il y avait cinq rideaux en dix parties en gros de Tours quinze seize blanc. La pièce était éclairée par une lanterne à huit pans en bronze doré avec des guirlandes de fleurs en porcelaine et posée sur la cheminée, une paire de bras de lumière dont les bobèches en forme de fleurs de lys étaient en bronze doré d’or moulu. La grille représentait le loup et l’agneau, et le renard et le corbeau. Les rédacteurs du Grade Meuble n’inventorient pas le tapis dont le dessin de Chevillon de 1754 est connu. Ce dessin porte des annotations de Marigny et de Louis XV lui-même. Il est livré en 1760 par la Savonnerie pour Trianon. Le tapis était « fond blanc ayant au milieu les chiffres du roi et aux quatre faces des trophées d’armes entourés de feuilles d’acanthe et branches de laurier, aux coins est un cartouche orné d’une fleur de lys, la bordure chargée d’oves verts, sur une des quatre faces, une échancrure pour un buffet, longueur six aulnes sur quatre aulnes cinq sixième. » En 1776, on le retrouve dans la salle à manger du roi au Grand Trianon.
Cette petite salle à manger d'été a été détruite sous l'Empire en raison de son délabrement, en effet, sa toiture en partie recouverte de plomb avait été arrachée en 1793... C'est en 1985, que l'on reconstruit l'édifice...


Entre 1761, 1762 et 1764, Louis XV va créer un jardin botanique, une serre, un potager, une serre hollandaise et le château du Petit Trianon.

Bon je pense que c'est tout pour ce soir, je vais en garder un peu pour la suite, par contre j'aimerai vraiment illustrer tout cela d'images mais je n'y arrive pas :oops: :lol: :? :?:

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29 mai 1789


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Message Publié : 05 Jan 2005 23:59 
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Voilà donc quelques images pour le grand Trianon (Merci Louis-Auguste)...

Le plan des appartements officiels avec de gauche à droite: le salon rond, le salon des jeux (en hemicycle), la salle à manger et la pièce des buffets (on voit entre les fenêtres les rafraichissoirs qui sont aujourd'hui dans la galerie des Cotelle).

Image

Le salon rond

Image

La salle à manger, on remarque le pannautage qui est d'époque...

Image

Passons maintenant aux appartements privés.

La chambre

Image

avec sa commode

Image

Le salon du conseil

Image

Le plan des modifications du cabinet de retraite

Image

je mettrai la suite des images en ligne demain....

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Message Publié : 06 Jan 2005 22:14 
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Cette description est fort instructive. Bravo pour ce très rare et très intéressant exposé sur le grand trianon de Louis XV.
Pourriez-vous, cher Philippe Elisabeth, m'indiquer les sources que vous avez utilisées pour décrire le détail des meubles apportés dans ce palais pour Louis XV ?
Avez vous accès aux registres des inventaires du mobilier de la Couronne, conservés, il me semble, aux archives nationales ?
Merci pour votre réponse

Gentilhomme de la chambre


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Message Publié : 07 Jan 2005 9:38 
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Vous nous laissez sur notre faim, cher Philippe Elisabeth. Votre description s'arréte à la garde robe de Louis XV. Avez-vous quelque chose à dire sur le logement suivant, occupé à cette époque par la marquise de Pompadour ?
J'ai lu dans un ancien numéro de l'estampille que sa chambre était tendue d'une tenture de perse brodée, il me semble. Cet appartement était -il meublé à neuf pour le séjour de la marquise ?

GENTILHOMME DE LA CHAMBRE


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Message Publié : 07 Jan 2005 16:35 
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Images du jardin...

Le pavillon français.

Le plan:

http://img147.exs.cx/img147/8199/pavillonfranais4hy.jpg

L'intérieur:

http://img85.exs.cx/img85/978/intrieur6fb.jpg

Le tapis (on voit que le dessin propose en réalité quatre projets)

http://img31.exs.cx/img31/3007/tapis17pr.jpg

Le poulailler.

http://img31.exs.cx/img31/6797/poulailler7gj.jpg

Le salon frais.

Elévation:

http://img31.exs.cx/img31/8774/elvation9aj.jpg

Les boiseries.

http://img31.exs.cx/img31/2163/boiseries5ed.jpg

Et le tapis (si vous lisez la description en même temps, on se rend compte que c'est la partie droite qui a été retenue...)

http://img105.exs.cx/img105/3397/tapis23ge.jpg

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Message Publié : 07 Jan 2005 22:41 
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Mon cher gentilhomme, je suis navré de vous dire que pour l'instant je ne parlerai pas des appartements de Mme de Pompadour, je n'ai pas vraiment le temps de me plonger dedans pour l'instant (je suis en train de rédiger un mémoire pour mes études) mais il se peut que je le fasse prochainement.
Les sources que j'ai utilisées sont principalement des cours dispensés dans le cadre de ma formation. Je vous donnerai à la fin une bibliographie.
Pour les sources archivistiques, vous avez tout à fait reconnu les inventaires du Garde-Meuble de la Couronne conservés aux Archives Nationales sous la côte O1 (archives de la Maison du Roi), mais aussi le journal du marchand-mercier Lazare Duvaux (Archives Nationales), les mémoires pour les ouvrages de peintures sont eux aussi aux Archives Nationales. Enfin, les témoignages sont tirés des Mémoires du duc de Luynes, de ceux du marquis d'Argenson et ceux de Barbier.
oilà, la prochaine partie que j'espère mettre en ligne (du moins en partie ce soir) va porter sur le Petit Trianon, sa création, les projets, et son ameublement sous Louis XV.
Voilà, surtout n'hésitez pas à me faire part de critiques (qui ne peuvent que m'aider à m'améliorer)...

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Message Publié : 07 Jan 2005 23:54 
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Bien, c'est parti pour la dernière ligne droit: La naissance du Petit Trianon.

Après s’être installé au Grand Trianon, nous avons vu que Louis XV envahissait peu à peu les jardins. Dès les années 1760, le nombre des bâtiments est insuffisant et il veut la création d’un nouveau pavillon pour son usage personnel. C’est le début de ce que l’on appelle le Nouveau Pavillon de Trianon, le château de Trianon (par opposition au palais de Trianon) ou tout simplement le Petit Trianon. Le roi continue donc à s’étaler vers le nord.

Ce nouveau pavillon est le chef-d’œuvre de Gabriel à Versailles et il marque véritablement l’arrivée du néo-classicisme dans le milieu royal. Gabriel veut faire un bâtiment carré à toit plat et qui soit très sobre. Ce goût pour un art nouveau vient de l’influence du marquis de Marigny dont la sœur, madame de Pompadour, est encore la favorite du souverain.

Le premier projet.

Le premier projet est proposé au roi en 1761.
La façade sur le jardin botanique est celle d’un pavillon carré couvert en terrasse dont la façade comprend quatre travées de baies rectangulaires sans pilastre.
http://img136.exs.cx/img136/8702/p1botanique4da.jpg
Sur le jardin fleuriste, Gabriel propose une façade à trois travées avec une mise en valeur de la travée centrale par un ressaut et un jeu de doubles pilastres.
http://img142.exs.cx/img142/9529/p1potages5ku.jpg
La façade sur la cour présente le même projet que celle sur le jardin botanique
http://img142.exs.cx/img142/4382/p1cour2sz.jpg
Enfin celle sur le jardin potager est du même type que celle sur le jardin fleuriste avec un ressaut plus important avec cette fois-ci des doubles colonnes et non des pilastres.
http://img142.exs.cx/img142/2563/p1fleuriste6dw.jpg
Le roi juge le projet trop peu équilibré.

Le petit trianon

Les façades
C’est en 1762 que le premier architecte propose un second projet qui sera suivi d’exécution. L’ensemble des ornements a disparu.
La façade sur le jardin botanique n’a pas de pilastre et est à cinq travées (comme l’ensemble des façades).
Celle sur la cour est identique à la façade sur le jardin fleuriste avec les travées séparées par des pilastres et les trois travées centrales sont mises en valeur par un très léger ressaut. La partie inférieure est traitée en pierres de refends. Cela est donc beaucoup plus harmonieux et équilibré.
La façade sur le jardin français conserve les colonnes. Il y a également un jeu d’escaliers convergents et divergents.
Les façades sont relevées de sculpture par un proche de Marigny : Honoré Guibert. Il réalisera les gros festons végétaux retenus par des patères qui encadrent les oeils de bœufs. On a un langage tout à fait classique comme des oves, des dards et des modénatures. C’est un lieu très moderne par sa décoration.

Le plan

Le soubassement que l’on pourrait qualifié de sous-sol abrite un corps de garde, le vestibule et des cuisines. Tout le service du nouveau château est situé au sous-sol.
http://img54.exs.cx/img54/3999/p2rdc2xw.jpg
Le premier niveau, celui que l’on pourrait appelé rez-de-chaussée, est doté d’un appartement de réception et de petites pièces de retraites.
http://img54.exs.cx/img54/9382/p2niv16ck.jpg
L’appartement de vie du roi ainsi que les appartements de six seigneurs sont à l’attique du nouveau pavillon de Trianon.

L'escalier
L’escalier tournant à deux volées droites est construit en calcaire de Saint-Leu et a reçu un décor sculpté par Honoré Guibert. Les ferronneries de la rampe sont de François Brochois. Les deux artistes ont eu recourt à un langage parfaitement néo-classique. La sculpture ce concentre essentiellement au rez-de-chaussée. On trouve au centre de chaque mur une grande table en ressaut qui s’appuie sue une guirlande florale avec patère et ruban, l’ensemble surmonté d’un entablement classique avec frise d’acanthe et de laurier. Les tables sont encadrées de portes, certaines ouvrant dans le vide de l’escalier, d’autres réelles, surmontées d’un fronton triangulaire.
Face aux fenêtres, on trouve une grande baie cintrée encadrées par deux portes vitrées (dont l’une ouvre dans le vide) surmontées d’un entablement avec un œil-de-bœuf encadré d’un feston de feuilles de chêne.
Entre les fenêtres, on rencontre une magnifique tête de gorgone, véritable morceau de bravoure, inspirée d’un dessin antique.

Voilà pour ce soir, la suite avec l'étude des différentes pièces sera pour demain... :wink:

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Message Publié : 14 Jan 2005 15:30 
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Bon, je vais donc terminer sur les intérieurs du Petit Trianon sous le règne de Louis XV... Je peux, comme je l'ai déjà proposé, vous faire le même travail sur Fontainebleau ou sur le château de Versailles (notamment les appartements du Dauphin et de la Dauphine) donc si cela vous interesse faites le moi savoir... :wink:

Le château est entièrement meublé de neuf. La sculpture des meubles sera d’esprit floral. Capin se chargera de garnir les sièges, Foliot et Bardou finissent les meublent d’ébénisterie livrés par Joubert.

Les pièces qui composent l’appartement de réception du rez-de-chaussée sont : l’antichambre ouvrant par deux fenêtres sur la cour et par une sur le jardin potager, la grande salle à manger qui ouvre par trois fenêtres sur le jardin potager, la petite salle à manger que l’on appelle aussi le cabinet sur le jardin fleuriste, le salon de compagnie ou salon sur le jardin fleuriste. On a, à ce même niveau, un ensemble de petites pièces ouvrant sur le jardin botanique et à un usage strictement privé, il s’agit d’une pièce pour le café du roi ouvrant sur un escalier, un cabinet intérieur et une bibliothèque. L’appartement du roi est situé à l’attique au-dessus de son appartement privé du rez-de-chaussée alors que les six autres appartements pour les seigneurs s’articulent autour d’une calotte centrale.

L’antichambre est entièrement recouverte de boiseries. Il y a deux portes vitrées et un trumeau de glace. Les boiseries s’organisent suivant la répartition introduite au château de Versailles dans les années 1750, à savoir une partie inférieure, un panneau de frise sculpté et une partie supérieure.
Le surintendant aux Bâtiments du Roi, le marquis de Marigny, demande à Charles-Nicolas Cochin de réaliser un vaste programme décoratif pour l’ensemble du petit château, ainsi, il soumet son projet au frère de madame de Pompadour le 22 mars 1768. Ce projet, qui est accepté, a une très forte influence de la mythologie avec un esprit floral très développé. En plus du programme, Cochin décide du nombre de tableau dans chaque pièce et il décide également des peintres qui les réaliseront. Il guidait également le choix iconographique.
Ainsi cette pièce avait reçu deux tableaux de Philippe Caresme représentant l’un Minthe changée en herbe et l’autre Myrrhe changée en myrte. Ces tableaux mesuraient quatre pieds dix pouces sur cinq pieds. Ils ont été exposés au Salon de 1775, et aujourd’hui on ne peu plus admirer que la métamorphose de Myrrhe.
Il n’y a jamais eu de cheminée dans cette pièce, mais il y avait deux poêles qui encadraient la porte centrale. Ils assuraient à la fois le chauffage de l’antichambre et également celui de la grande salle à manger. Les quincailleries de la pièce sont de très grande qualité.
Dans l’antichambre on trouve deux banquettes et six tabourets livrés en avril 1769 dont les bois sont peints en en blanc et sculptés de fleurs et de fleurs de lys, le tout recouvert de moquette cramoisie gaufrée. Il y a également des rideaux en toile de coton.


La grande salle à manger ouvre par trois fenêtres sur le jardin potager. Antre les fenêtres, on a des trumeaux de glace et sur le mur opposé, on a des lambris, ainsi que la cheminée avec son trumeau. Les deux autres murs sont occupés par une grande arcade avec une porte et des grands tableaux de part et d’autre.
La cheminée a été livrée par le marbrier Dropsy et est en marbre bleu turquin. C’est Honoré Guibert qui l’a sculpté dans un esprit parfaitement néo-classique. Les ornements employés sont le masque de bouc avec des grappes de raisins sur les piédroits, des fleurs et des fruits sur le linteau. Le travail est de très grande qualité. La tablette est nettement moins cintrée qu’auparavant et aux angles on trouve des fleurons végétaux.
Les trumeaux de glace ont été reconstitués par les dessins préparatoires que l’on a retrouvé sur les murs lors d’une restauration et aussi grâce à quelques fragments conservés dans les réserves. La clef est un masque de Bacchus encadré de pampres et d’instruments de musique. De ce masque s’échappent des festons de pampres de vigne. On a le même principe pour les trumeaux d’entre-fenêtres et pour les dessus-de-porte.
Les deux panneaux de boiseries ont été sculptés par Honoré Guibert. Il y a un grand ornement en partie inférieure qui est un immense trophées avec des nœuds et des festons. Le chambranle est de forme rectangulaire avec un réseau d’ornements comme des feuilles d’eau. il y a également des piédestaux avec des coupes de fruits représentés au naturel. Il s’agit de trophée d’amour. au niveau de la cimaise, on trouve une frise de rinceaux qui s’échappe d’une feuille d’acanthe et ces rinceaux sont rehaussés d’épis de blés. Au niveau des poêles, on trouve des bas-lambris grillagés. Au plafond, il y a une superbe rosace centrale avec des cornes de fruits et des cornes d’abondance.
La peinture est présente dans les dessus-de-porte et au niveau des grands tableaux. Les deux dessus-de-porte cintrés ont été réalisés par Monnet en 1768 et ils représentent Borée et Orythie et Zéphyr et Flore. Les deux autres dessus sont de Clément Belle et ils représentent Vénus et Adonis et Vertumne et Pomone.
Les quatre grands tableaux ont été peints quatre peintres différents et ils ont été mis en place en 1772. Le premier a été peint par Lagrenée et représente Cérès enseignant l’agriculture au roi Triptolème sont elle nourrissait le fils de son propre lait (la moisson), le second a été peint par le peintre Vien et il a représente Diane offrant ses attributs de chasse à ses suivantes (la chasse), le troisième par Doyen représente Neptune et Amphitrite (la pêche) et enfin le dernier est de Noël Hallé et il s’agit du Triomphe de Bacchus (le vin).
http://img8.exs.cx/img8/6479/cres2ev.jpg
http://img126.exs.cx/img126/2853/diane3yr.jpg
http://img126.exs.cx/img126/2493/bacchus9xa.jpg
http://img126.exs.cx/img126/7571/neptune9nl.jpg
Dans la grande salle à manger, on trouve un meuble en damas de Gênes cramoisi composé de deux chaises pour le roi, de quarante deux autres chaises (vingt quatre pour cette pièce et dix huit pour la petite salle à manger), un écran et un paravent. Il y a également une portière et des rideaux de fenêtre en gros de Tours cramoisi. Une partie des sièges sert pour la petite salle à manger, c’est pourquoi l’inventaire précise qu’il y a deux chaises pour le roi.

La petite salle à manger est ornée de panneaux sculptés sur le thème des saisons. Il y a deux fenêtres et deux trumeaux dont un au-dessus de la cheminée. Les boiseries sont réparties comme dans l’antichambre mais seule la partie supérieure est sculptée.
La cheminée en marbre griotte est un remploi.
Il y a des panneaux de frise qui représentent des paniers avec des ornements végétaux. Les grands cadres abritent des trophées de saisons retenus par des patères, des rubans et des festons de pampres.
Les peintures sont d’Antoine Renou.
Les trumeaux ont été sculptés d’après des modèles anciens. On retrouve la même esthétique néo-classique.

Le salon de compagnie ouvre par deux fenêtres sur le jardin fleuriste.
Les ornements sont très équilibrés et on trouve au centre de chaque mur un trumeau cintré avec des sculptures de fleurs. La clef des trumeaux représente un masque de Flore duquel s’échappe des festons de fleurs.
La cheminée est en marbre brèche violette. Il y a deux piédroits en console avec des ornements peu utilisés comme des tournesols. Il y a un jeu de moulures pour la transition de la tablette.
Les lambris sont très richement sculptés avec des frises d’entrelacs floraux. Le haut-lambris est composé de deux parties. La partie supérieure est composée de moulures avec des ornements sculptés sur moulures et la partie inférieure est constituée de médaillons contenant le chiffre du roi en fleur encadré de feuilles de laurier. L’agrafe est une couronne de fleurs. Au château de Trianon l’ornement floral est omniprésent. Les parties supérieures sont une succession de trophées avec surtout des trophées de musique.
La corniche est d’une rare richesse avec des frises de rinceaux fleuronnés avec au centre une cassolette et aux angles des médaillons ailés avec des putti tenant des fleurs. La rosace centrale est une grande couronne de fleurs tenues par un jeu de ruban.
Cochin a encore une fois choisi le thème des métamorphoses florales pour la peinture. Il s’agit de Clythie changée en tournesol et de Hyacinthe changé en la fleur du même nom par le peintre Jollain et d’Adonis changée en anémone et de Narcisse métamorphosé en fleur du même nom par Lépicié. Ils ont sans doute été posés sous le règne de Louis XV.
http://img51.exs.cx/img51/8382/adonis16kh.jpg
http://img51.exs.cx/img51/627/adonis26mp.jpg
http://img51.exs.cx/img51/8924/hyacinthe8eg.jpg
http://img51.exs.cx/img51/355/clythie6ag.jpg
Dans le salon de compagnie, il y a un meuble en damas de Gênes cramoisi, vert et blanc composé d’un canapé, de six fauteuils à carreaux, d’une chaises pour le roi,, de dix huit autres chaises dont six à carreaux, d’un écran et d’un paravent. Il y a aussi une portière et des rideaux de fenêtres en gros de Tours blanc. En mai 1768, Joubert livre huit tables à jeux pliantes en bois de merisier couvert de velours vert, il y en a quatre de quadrille, deux de trille et deux de brelan. Il livre également une commode à la régence (à deux rangs de tiroirs) en bois des Indes à placage en mosaïque. Il y a aussi une console d’entrefenêtre.

Le café du roi a été transformé en boudoir des glaces mouvantes pour la reine Marie-Antoinette.
La pièce du café reçoit un canapé en gros de Tours vert. Riesner livre une table encastrée en 1771.

Le cabinet intérieur du roi a été transformé rapidement en chambre pour madame du Barry puis elle est devenue en chambre pour la reine.
A l’origine, il y avait quatre trumeaux de glace mais lors de la transformation en chambre on en a supprimé deux.
La cheminée est en marbre brocatelle d’Espagne sculpté par Honoré Guibert pour la château de Saint-Hubert. Il y a encore quelques mouvements rocaille.
Les boiseries sont séparées par des pilastres sculptés de fleurs au naturel. Les grands panneaux sont sculptés de coquilles, de paniers et de festons.
Le cabinet de retraite a reçu un meuble de cabinet en gros de Tours fond blanc broché de gros de Tours à fond vert composé d’un canapé, deux fauteuils à carreaux et six chaises. Les rideaux sont en taffetas blanc. Joubert livre une commode de laque de la Chine à fleur du type à la régence. Guibert livre deux petites consoles.

L’appartement du roi à l’étage est composé d’une antichambre dotée d’une cheminée en marbre Sarrancolin qui est un remploi. Les boiseries sont simplement moulurées.

Dans la chambre, il y a une alcôve tendue de tissus. Il y a trois trumeaux rectangulaires avec une couronne et des festons de fleurs. Il y a un panneau légèrement sculpté.

Le cabinet ouvre par une fenêtre sur le jardin fleuriste et est décoré de boiseries simplement moulurées. Seule la quincaillerie est encore rocaille.

Il y a plusieurs garde-robe dans lesquelles il y a une chaise et deux tables de nuit.


Dès la fin des travaux, Louis XV y habite. Il n’y manque qu’une chapelle. En 1767, Gabriel présente le premier projet. Les travaux commencent en 1772 et ils sont finis en 1775. Elle est parfaitement intégrée aux communs. La seule originalité vient du clocher bulbeux. On conserve encore les boiseries du chœur sculptées par Rousseau sauf la grande Gloire céleste qui est de Prevost. Le tableau d’autel a été peint par Jean-Marie Vien et il représente Saint Louis et Marguerite de Provence recevant de saint Thibaut de Marly une branche de onze fleurs de lys représentant leur future descendance. Il a été posé en 1775.

Gabriel va également recevoir la demande du roi de réaménager le jardin botanique. Il demande à Falconet de réaliser une sculpture représentant l’Hiver.

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29 mai 1789


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Message Publié : 16 Jan 2005 14:12 
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Je suis partant pour Fontainebleau et les appartements du dauphin et de la dauphine à Versailles. Vos descriptions sont tellement passionnantes... Trés beau travail, Philippe Elisabeth. Bravo :D

A propos de cet appartement : savez vous qu'il existe un cabinet orné de boiseries bleues et blanches au rez de chaussée sur la cour intérieure, juste en dessous de la méridienne de la reine. On ne visite que très rarement cette pièce, jugée probalement secondaire et délabrée par les conservateurs. On m'a précisé qu'il s'agissait autrefois de la salle de bains commune du couple delphinal puis d'une méridienne à l'usage de la comtesse de Provence, transformée sous la Restauration en salle de bains pour la duchesse d'Angouléme qui n'en fit aucun usage, puisqu'elle ne viendra jamais dans cet appartement préparé à son intention ( la niche de glace date semble-t-il de cette époque.) Je n'ai jamais eu malheureusement l'occasion de prendre une photo, l'espace étant très sombre et les visites très rares.
Pouvez-vous me donner plus de renseignements sur cette pièce intérieure au temps de Louis XV et de Louis XVI ?

Pour Fontainebleau, pouvez vous préciser votre itinéraire de visite : les grands appartements et les petits appartements de Louis XV sur le jardin de Diane ?

Merci d'avance.
Gentilhomme de la chambre


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Message Publié : 19 Jan 2005 11:54 
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Permettez moi de poursuivre votre visite, Philippe ELisabeth.

L'escalier menant à l'attique dessert également un entresol servant de logement au premier valet de chambre de quartier et à son service. Là, Marie Antoinette installera une chambre réservée à Mme de Chimay, sa dame d'honneur et surtout une simple bibliothèque pour ranger les livres de théâtre.
Dans l'attique, Gabriel avait aménagé six logements de seigneurs, dont celui du capitaine des gardes le plus proche de celui du roi et au centre, éclairés zénithalement, des pièces accessoires pour le valet et le garçon de garde-robe, le barbier du roi.
Le quatrième côté de cet étage donnant sur le jardin botanique, était réservé comme vous l'avez précisé pour Louis XV.
L'antichambre avait une fenêtre drapée de rideaux de toile fine de coton et quatres banquettes de bois sculpté peint en blanc et couvertes de moquette gauffrée cramoisie.

Les angles arrondis contiennent sur un côté des placards utilitaires.
Pour la chambre, l'étoffe choisie pour les rideaux, le lit et la tenture de l'alcôve était un somptueux lampas des Indes cramoisi à fleurs en guirlandes blanches et figures représentant "une musique chinoise".

Contrairement aux autres meubles de ce château, les bois étaient ici dorés. Le lit à la turque était à 4 colonnes et 2 chevets entièrement sculptés de guirlandes en festons et en couronnes liées par des rubans.
L'ébéniste Joubert avait fourni ici une commode de laque " à fond noir et fleurs en or trés ornée de bronzes surdorés d'or moulu". Son marbre était de griotte d'Italie assorti à la cheminée et au plateau de la console au pied sculpté en pendant. Pitoin avait fourni un feu de 4 500 livres.

Une porte dérobée sous tenture menait à une garde-robe de commodités qu'utilisait le roi.

Enfin dans le palier situé en angle, éclairé par une demie fenêtre, où le petit escalier aboutissait, il n'y avait rien. Au palier intermédaire, Louis XV fit aménager un minuscule cabinet à niche ou "café" doté d'une petite cheminée. La niche et ses parois étaient lambrissées de marbre d'Antin.
On y encastra une table à écritoire que Riesner livra en février 1771.

Le tout fut retiré en 1776 quand la reine réhabilita cet appartement et aménagera au premier le célébre cabinet "aux glaces mouvantes". Il semble bien qu'elle octroya cet appartement, selon les époques, d'abord à Mme de Lamballe, au roi qui ne devait jamais y coucher et surtout à sa belle soeur Mme Elisabeth.

Pourquoi pas une suite : Trianon et Mme du Barry puis Trianon et Marie-Antoinette... :P

Gentilhomme de la chambre.


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Message Publié : 19 Jan 2005 20:54 
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Trianon et Mme du Barry

La favorite occupa, dès 1768, semble-t-il, l'un des six logements de seigneurs dans l'attique. Probablement celui qui possédait la plus belle vue sur le jardin français. En 1769 ou 1770, afin de se rapprocher du roi, elle déménagea au premier étage dans le cabinet de retraite de Louis XV.
Ainsi les deux chambres des amants étaient superposées et l'accès en était facilité par ce petit escalier d'angle où était le "café du roi".

Le cabinet de retraite ou "cabinet sur le botaniste" deviendra la chambre à coucher, la bibliothèque botanique de Louis XV, une simple antichambre, la garde-robe du roi servit alors à la comtesse.

Les comptes de Trianon de 1770 nous apprennent que Fortin, garde meuble du chateau fabriqua, pour la comtesse, un lit de veille pour son antichambre, un marchepied de damas cramoisi pour son lit et deux rideaux de mousseline brodée pour sa garde-robe.
Un ordre du 13 novembre 1771 remédia au manque de meubles, et les menuisiers Foliot reçurent la commande d'un meuble pour la chambre à coucher de la comtesse.
La commande portait sur un lit sompteux, une bergère, deux fauteuils, deux chaises et un écran. L'ensemble fut peint en blanc et verni par la veuve Bardou, puis garni et couvert par Capin, le tapissier du garde meuble, d'un pékin à fond blanc peint de fleurs et de branchages de diverses couleurs, tout comme le marchepied et deux paires de rideaux hautes de 8 pieds. L'absence de tenture d'alcôve, comme dans la chambre du roi, confirme son installation dans la seule pièce possible entièrement lambrissée : le cabinet de retraite de Louis XV.
Le meuble fut livré le 21 juin 1771, la même année on y ajouta un fauteuil de toilette recouvert du même pékin.

Agé de 63 ans, séduit par le charme reposant de Trianon, paradoxalement, il fallut augmenter les services accessoires sans lesquels un roi ne pouvait vivre normalement. Par mesure d'économie, les communs avait été considérablement réduits lors de la construction du Petit Trianon. On se contenta d'installer cuisines, réchauffoir, garde-manger et corps de garde au rez-de-chaussée ainsi que quelques batiments annexes le long de l'avenue réunissant les deux Trianon.
Un autre batiment de communs, avec d'autres cuisines, fut entrepris en 1767 puis suspendu. En juillet 1770, on y retravailla de nouveau. En septembre de cette année là, le roi put enfin souper et coucher dans son chateau. En 1771, les cuisines sont encore agrandies au détriment de deux serres démolies. Plus tard, la reine les augmentera considérablement encore.

Il fallut songer encore à une chapelle. Le projet de 1767 fut repris et ordonné en novembre 1772. C'est un édifice de style simple et dépouillé, oeuvre de Gabriel. Le maître autel, sculpté par Jacques Prévot, fut orné plus tard, d'un Saint Thibaut offrant à St Louis et à Marguerite de Provence un lys de 11 branches, emblème de leur postérité peint par Vien. Une bordure très riche fut sculptée par Buteux en 1776 pour ce tableau.
Cette chapelle fut alors consacrée et meublée, pourvue d' ornements liturgiques somptueux dont une garniture d'autel en vermeil. En 1773, Foliot et Capin livraient enfin douze prie-Dieu.

C'est dans ce cadre raffiné et très intime, que Louis XV fut atteint des premiers symptomes du mal qui devait le tuer. Transporté d'urgence à Versailles, il y mourut le 10 mai 1774.

Gentilhomme de la chambre


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Message Publié : 04 Fév 2005 22:24 
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Salluste
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Philippe-Elisabeth a écrit :
Le château est entièrement meublé de neuf. La sculpture des meubles sera d’esprit floral. Capin se chargera de garnir les sièges, Foliot et Bardou finissent les meublent d’ébénisterie livrés par Joubert.


Excusez-moi Philippe-Elisabeth, mais quels types de finition Foliot (sculpteur) et Bardou (peintre-doreur) peuvent apporter à des meubles d'ébénisterie ? :?:

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Sébastien


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