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Message Publié : 17 Jan 2005 18:39 
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Comme je l'avais proposé, je vais vous faire un petit exposé sur les appartements du fils de Louis XV et de ses épouses à Versailles.

L'appartement de 1745

En 1745, le dauphin Louis épouse Marie-Thérèse-Raphaëlle d’Espagne. On va aménager deux grands appartements au premier étage de l’aile du Midi.
http://img125.exs.cx/img125/6717/numriser00019oa.jpg
Cet appartement a été entièrement détruit sous Louis Philippe au XIX° siècle pour faire place à la Galerie des Batailles. On ne sait que peu de choses sur cet appartement.

Elévation de la chambre de la dauphine Marie-Thérèse-Raphaëlle.
http://img125.exs.cx/img125/693/chambre5ug.jpg
On a ici une élévation tout à fait classique. Les boiseries sont simplement moulurées et les murs sont tendus de tapisserie. L’accent décoratif est mis sur les pilastres.

Ce double appartement avait été entièrement meublé pour le jeune couple mais le 17 juillet 1746, la dauphine meurt. On va très vite remarier le dauphin qui semblait inconsolable. Il épouse en 1747 Marie-Josèphe de Saxe, fille de l’électeur de Saxe. Le roi pour épargner une douleur trop vive à son fils commande un nouvel appartement au rez-de-chaussée du corps central du château, à l’emplacement de l’appartement du Grand Dauphin.
En attendant l’achèvement des travaux, le couple va loger dans l’appartement du premier étage de l’aile du Midi. On conserve l’ancien mobilier en opérant quelques petites livraisons.

- un petit bureau à écrire pour le Dauphin réalisé par BVRB mais livré par le marchand mercier Henri Lebrun en 1745, il est conservé dans une collection privée.
- le grand bureau plat du Dauphin Lui aussi signé BVRB et livré par le marchand mercier Joachim Hébert tout comme le secrétaire en pente de la Dauphine d’Espagne, ils sont tous les deux conservés au château de Versailles.
On ne conservera pas l’ameublement de l’aile du Midi pour l’appartement du corps central.

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"Je ne me dissimule point que la Monarchie ne pourrait reprendre son éclat que par un coup de vigueur; mon frère ne le fera pas, et sûrement, je ne me permettrais pas de le lui conseiller."
29 mai 1789


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Message Publié : 18 Jan 2005 22:03 
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L'Appartement de 1747

L’appartement du rez-de-chaussée du corps central prend place à l’endroit où se trouvait déjà l’appartement du grand Dauphin fils de Louis XIV.
On connaît le détail de l’avancement des travaux par le célèbre journal que tenait le duc de Luynes.
Le 21 septembre 1746, il nous apprend que les travaux vont débuter lorsque la Cour quittera Versailles pour Fontainebleau et qu’ils dureront au moins un an. Il s’interroge sur la nécessité de créer encore un nouvel appartement pour le Dauphin alors que celui de l’Aile du Midi vient juste d’être achevé.
Les travaux vont être menés très rapidement puisque le couple s’installe dans son nouvel appartement le 09 octobre 1747. Le 22 novembre 1747 le duc de Luynes décrit le nouvel appartement.

L'appartement du Dauphin

L’appartement du Dauphin débute avec une salle des gardes qui ouvre sur la Cour de Marbre et sur la Cour de Monseigneur. Cette salle des gardes donne accès à la première antichambre qui permet d’accéder au logement du premier valet de chambre du Dauphin : Binet et qui permet également d’accéder à un escalier que l’on va créer et qui va ouvrir dans l’antichambre de l’œil de bœuf.
La deuxième antichambre et la chambre sont placées sous la Galerie des Glaces. Le grand cabinet est lui placé sous le Salon de la Paix. Le petit cabinet est verni en vert et il communique avec une petite pièce qui reçoit la même décoration mais qui appartient cette fois à l’appartement de la Dauphine, il s’agit de son petit cabinet.

La salle des gardes du Dauphin a été entièrement dévastée sous Louis-Philippe et elle a été reconstituée en 1985 comme la plupart des pièces de l’appartement. Elle ouvre par trois fenêtres au nord et par trois fenêtres au sud. Elle a été surbaissée pour être de plain-pied avec le reste de l’appartement.
La menuiserie était simplement moulurée et elle a été posée par la veuve Gautier. Il y avait une peinture d’impression réalisée par Paulvert. Le marbrier de la Couronne Trouard a livré une cheminée en marbre du Languedoc qui est sans aucun doute une réutilisation.
La Salle des Gardes du Dauphin est très peu meublée. On trouve quatre bancs en bois, un chandelier en bronze à quatre branches et une grille en fer poli.

La première antichambre du Dauphin ouvre par une grande arcade sur le jardin de la Cour de Monseigneur. Il y a plusieurs portes sous boiseries pour communiquer avec l’appartement de Binet (sur la droite) et pour accéder à l’escalier. Les boiseries sont simplement moulurées. La cheminée avait un trumeau de glace sculpté. La menuiserie est due à Bourgeois et la peinture d’impression à Paulvert. Le Dauphin demande au peintre Jean Fredou de créer une perspective sur le mur de la Cour de Monseigneur pour égayer et compléter le petit jardin. Cette perspective est achevée en 1748.

Dans la Première Antichambre, il y a deux armoires de chêne, une à deux ventaux et la seconde à trois ventaux. On trouve aussi un lustre en cristal de roche à huit branches. On trouve également un grand nombre de « formes » (banquettes) couvertes de tapis de la Savonnerie. Il y en a deux qui datent du règne de Louis XIV « à fond violet au milieu desquelles sont des ailes avec un carquois et des ronds avec des fleurs, et au bout du chiffre du roi sont des globes couronnés ». Les trois autres ont été livrées par Lequeustre en octobre 1757 lors de la livraison de trente-deux formes destinées aux « antichambres du Roi, du Dauphin, de la Dauphine et de Mesdames à Versailles ».
Elles se présentaient ainsi « au milieu une rose mauresque sur un fond bleu, par les côtés deux roses à la mosaïque et quatre paniers de fleurs aux coins avec quatre perroquets et trois écureuils, le tout enfermé dans un fond pourpre ». Il y avait également trois tabourets appartenant à la même livraison de 1757 qui en comprenait trente-cinq de la sorte « sur un fond bleu, une rose à la mosaïque et quatre paniers de fleurs aux coins avec deux écureuils et trois perroquets ».

La seconde antichambre est composée de boiseries moulurées dues au menuisier Léchaudé et il y a quelques parties sculptées qui ont été réalisées par Rousseau. La peinture d’impression est due à Paulvert et il y a une cheminée en marbre Campan livrée par Trouard. Le travail du sculpteur Rousseau dans cette pièce consiste en la grande frise de la corniche. Elle a été sculptée en 1736 et représente des animaux au milieu de fleurs et de guirlandes. Rousseau l’a donc complétée. Il y avait quatre dessus de portes commandés à Louis Aubert qui a été payé 240 livres. C’est un peintre paysagiste.
Dans la seconde antichambre, on trouve quatre tapisseries des Gobelins ayant pour sujet les Mois ou les Maisons Royales. Chaque mois est illustré par un des palais, ainsi le mois de juin l’est par Fontainebleau et le mois de septembre par Chambord. Il y avait également une grille en fer poli, un lustre en cristal de roche à huit branches et des rideaux de Gros de Tours cramoisi. On trouvait aussi quatre tabourets de la livraison de 1757 et deux tabourets à fleurs, une armoire en chêne à deux ventaux et une « grande commode de bois de palissandre à placage et à dessus de marbre rance, cintrée et chantournée ayant par devant quatre tiroirs, deux grands et deux petits, avec entrées de serrures, mains, cannelures et chaussons de cuivre doré, longue de quatre pieds et demi, large de vingt cinq pouces et haute de trente deux pouces », elle avait été livrée par Gaudreaux en 1745 pour le premier appartement du Dauphin. Comme un peu partout dans la château, on trouvait une table à jeu, ici il s’agit d’une table de quadrille tendue d’un drap vert. On trouvait aussi un paravent à six feuilles tendu d’un velours vert. Il y avait également une pendule livrée par Jean Gode en 1736 pour l’appartement du Dauphin à Versailles, c’est-à-dire qu’elle a été livrée pour ce même appartement mais avant les premières noces du Dauphin : cette pendule était une pendule en marqueterie Boulle, ornée « sur le devant d’un aigle déployé posé sur une coquille de bronze, aux coins quatre termes de femmes mauresques, le tout surmonté d’un chapiteau de marqueterie avec un enfant tenant un enfant de la main droite ». La pendule passera à Fontainebleau mais le pied de marqueterie est resté à Versailles.

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Message Publié : 19 Jan 2005 19:16 
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La chambre du Dauphin ouvre par deux fenêtres sur le parterre du Midi. Elle a gardé une grande partie de son décor. La menuiserie est due à Blaise Guesnon et la sculpture à Jacques Verberkt. La peinture et la dorure sont dues à Paulvert. La cheminée en marbre griotte enrichie de bronze doré par Jacques Caffieri a été livrée par Trouard.
Les bronzes des fenêtres sont dûs aux ciseleurs et doreurs Gaubert et Leblanc.
La pièce n’est pas entièrement recouverte de boiseries. Il y a de grands espaces pour les tentures.
Du côté nord et sud, on trouve, au centre, un trumeau encadré de chaque côté par de grands panneaux de lambris. Chaque panneau est suivi par une parclose, elle-même suivie par une double porte puis par une autre parclose.
Sur la face côté fenêtres, il y a un trumeau d’entre fenêtre. Les fenêtres et les panneaux sont très étroits. Les fenêtres sont inscrites dans un grand chambranle rectangulaire.
Le bas lambris est simplement mouluré.
La corniche est encore en place. Elle a été redorée dans les années 1980. Elle est assez importante. Elle est ornée d’animaux, d’enfants et d’oiseaux mêlés à des éléments en crosse qui sont typiquement rocaille. Aux angles, il y a un grand cartouche qui contient un trophée d’armes tenu par un ruban. Le cartouche est soutenu par un vol éployé constitué d’ailes d’aigles.
Au centre de la corniche, sur chaque face, il y a un grand cartouche soutenu par une agrafe en forme de coquille encadré par des ailes d’aigle. Au centre de chaque cartouche il y a un trophée d’armes.
Les dessus de portes ont été commandés à Jean-Baptiste Marie Pierre, il s’agit de deux tableaux de quatre pieds et demi de long sur trois pieds et demi de haut. Ils représentent des scènes mythologiques : Junon demandant sa ceinture à Vénus et Junon trompant Jupiter à l’aide de la ceinture de Vénus.
Pierre a été payé 1600 livres, ce qui est une faible somme en comparaison des tableaux du Grand Cabinet.

http://img17.exs.cx/img17/9636/junon17id.jpg
http://img17.exs.cx/img17/7954/junon20uf.jpg

La cheminée est en marbre rouge griotte livrée par Trouard. Elle est rehaussée de bronzes dorés ciselés par Caffieri. Elle est encore aujourd’hui en place. Elle est à la fois archaïque et moderne. Elle est moderne par le décor des bronzes et les ciselures très rocaille.
Elle est archaïque par son dessin qui a été établi entre 1712 et 1713 par Vasset. Elle a été créée par l’appartement de la duchesse du Berry qui était logée dans les futurs appartements du Dauphin. C’est une des rares cheminées qui ait conservé ses bronzes et son marbre de 1747. Au centre, on trouve un grand cartouche rocaille en forme de coquille encadré par des volutes d’où partent deux guirlandes de fleurs. Le long des montants, de chaque côté, il y a une figure en gaine émergeant des volutes avec des guirlandes, à savoir Zéphyr à droite et Flore à gauche. Ces figures supportent avec leurs épaules, la tablette de la cheminée. Le dessin de la cheminée date de 1712-1713 mais elle a été traitée en 1730-1740.
Le trumeau de la cheminée est une réminiscence des éléments plastiques de la période 1730-1740. L’amortissement du trumeau est donné par deux personnages, deux putti qui tiennent une guirlande de fleurs qui se rejoignent sur un mascaron féminin (ce qui constitue un parallèle avec ce qui a été fait pour le cabinet d’angle du roi à Versailles). Soit c’est un archaïsme, soit ce trumeau s’inscrit dans la continuité d’éléments mis en place quelques années auparavant. La partie inférieure du trumeau émerge d’une volute très refouillée.
Les montants sont constitués par des joncs enrubannés avec des guirlandes de fleurs tournantes. Au milieu des montants, il y des grandes agrafes sculptées en formes de dauphins, ce sont des éléments héraldiques. Au-dessus, il y a des éléments qui sont encore plus riches. Ils sont composés de palmes et de guirlandes de fleurs qui se terminent en joncs. Le jonc est en rapport avec l’eau, il est donc en rapport avec l’eau. Au-dessus, il y a deux amours qui tiennent une guirlande de fleurs qui se joignent sur un mascaron féminin. La partie supérieure des joncs se termine par des baguettes sculptées d’oves.
Les grands panneaux sont constitués de grands cadres à oreilles et à l’intérieur il y a des panneaux cintrés. La partie inférieure est sculptée de miroir dans des cartouches polylobés d’où émergent un petit trophée d’amour avec des flèches et au dessus du miroir, une succession d’élément rocaille. La partie supérieure est constituée d’un grand cartouche en coquille et au dessus, il y a deux trophées de musique. Le cartouche est polylobé avec un vol éployé. Cette partie est plus riche que la partie inférieure.
Les parcloses et les pilastres sont sculptés en trois points. Au centre, il y a un motif en rosace très sculpté. La partie inférieure et la partie supérieure sont sculptées en cartouche polylobé avec des éléments floraux. Il y a également des guirlandes de fleurs.
Un grand chambranle rectangulaire encadre les fenêtres. Au dessus, il y a un grand cartouche avec des guirlandes de fleurs et le chambranle lui même est surmonté par un cartouche à oreilles. Les volets sont sculptés dans leur partie inférieure par un cartouche en miroir avec des petits dauphins sculptés dedans. Le panneautage est simplement mouluré.
Piganiol de la Force signale deux grand tableaux de Parrocel : un camp avec les mousquetaires du roi et dans le fond on voit le commencement d’un siège et l’autre est un camp avec les gardes du roi. L’encadrement de ces tableaux est à oreilles.
Dans la Chambre du Dauphin comme dans toutes les pièces principales des appartements d’apparat, il existait deux meubles, c’est-à-dire un ensemble de mobilier garni d’un même tissu. Il n’y a pas de livraison avant 1753, ce qui signifie qu’on réutilise le meuble datant de l’époque de Louis XIV.
Le meuble d’hiver est livré en 1753 par le tapissier Salior, il s’agit d’un brocard de Lyon fond vert à fleur d’or d’après un dessin de Lallié, le meuble d’été a été livré en 1754 par Lequeustre et il s’agit d’un Gros de Tours blanc broché de nuées à ramages et mosaïques, les bordures sont en Gros de Tours vert à grandes fleurs. Les deux meubles sont composés de la même manière.
Les deux meubles se composent d’un lit, deux fauteuils, douze pliants, deux carreaux, un écran et un paravent à sic feuilles. Il y a également une tenture en trois parties pour les murs, deux portières en quatre parties et deux rideaux en quatre parties. Tous les bois sont sculptés et dorés.
On trouve également un lustre en cristal de Bohème à huit branches, une grille en bronze doré ornée de sphinx sur des piédestaux en forme de dauphins (il s’agit d’une réutilisation de l’époque de Louis XIV), une chaise en prie-Dieu avec une tablette couverte de velours cramoisi et une table en noyer avec deux tiroirs (pour poser la toilette d’argent du Dauphin). En 1745, Gaudreaux livre pour l’appartement du Dauphin dans l’aile du midi « une grande commode de bois à placage à dessus de marbre griotte d’Italie, bombée et chantournée ayant par devant deux tiroirs et de côté deux armoires, mesurant cinq pieds dix pouces sur deux pieds et trente quatre pouces de haut ». En 1745, il livre également une encoignure à dessus de marbre brèche violette. En 1744, le même ébéniste livre deux encoignures en gradins avec petites armoires à deux pentes. Au mur, il y a une pendule qui a été livrée en 1745 pour la première Dauphine et qui est aujourd’hui dans la chambre de Marie-Antoinette au premier étage du château. Le modèle est attribué à Cressent et elle est signée Bayon pour le mouvement.

http://img17.exs.cx/img17/5586/pdulechbre3bk.jpg

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Message Publié : 20 Jan 2005 18:32 
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Je me suis dit qu'un plan de l'appartement en 1746 serait peut-être le bienvenu...

http://img41.exs.cx/img41/2320/d17465hc.jpg

Légende :

Appartement du Dauphin
1: Salle des gardes,
2: Première antichambre,
3: Seconde antichambre,
4: Chambre,
5: Grand Cabinet,
6: Petit Cabinet,
7: Bibliothèque,
8: Pièce à l'usage des garçons du Dauphin,
9: Chaise,
10: Salle de bain,

Appartement de la Dauphine
11: Chaise,
12: Première antichambre,
13: Seconde antichambre,
14: Grand Cabinet ou Salon des Nobles,
15: Chambre,
16: Petit cabinet.

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Message Publié : 20 Jan 2005 21:54 
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Le Grand Cabinet du Dauphin est dans un angle du château. Il ouvre par trois fenêtres sur le parterre d’eau à l’ouest et par trois autres fenêtres sur le parterre du midi au sud. La cheminée est au centre du mur est. La menuiserie est due à Guesnon, la sculpture à Verberkt, la peinture et la dorure à Paulvert, la cheminée en marbre brèche violette a été livrée par Trouard et Caffieri a réalisé les bronzes sculptés de la cheminée.
Il ne reste en place que les portes, les dessus de portes et quelques panneaux.
Au centre du mur est, on trouve le trumeau de glace avec la cheminée qui sont encadrés de deux panneaux.
On a un décor pour les dessus de portes. On commande à François Boucher en 1746, quatre dessus de portes. Il n'en livrera que deux qui sont : Vénus demandant à Vulcain de forger des armes pour Enée (musée du Louvre) et l’Apothéose d’Enée qui aujourd’hui a disparu (on m’a récemment dit qu’il pourrait être à Marly). Le Dauphin les refuse, c’est donc le roi qui les prend pour sa chambre à Marly.
http://img127.exs.cx/img127/4092/boucher18un.jpg
En janvier 1750, on commande quatre nouvelles toiles représentant les sœurs du Dauphin d’après Nattier. C’est finalement Nattier qui va peindre ces quatre portraits grandeur nature avec les attributs des quatre éléments et il sera payé 4800 livres, toutes les toiles sont aujourd’hui à Sao Paolo : Madame Infante, duchesse de Parme sous les traits de la terre avec des fruits et une mappemonde ; Madame Henriette sous les traits du feu avec du feu et une cassolette ; Madame Adélaïde sous les traits de l’air avec un souffle de vent dans ses cheveux ; Madame Victoire sous les trais de l’eau avec un source à côté d’elle.
Le trumeau de glace est en forme d’arbalète avec des guirlandes de fleurs et des enfants assis. Le grand cintre est sommé d’un mascaron.
Les grands panneaux sculptés sont décorés d’un grand miroir avec un vase de fleurs ce qui constitue un décor novateur. Le panneau est constitué d’un grand cadre à oreilles. En haut, il y a un médaillon surmonté d’une coquille d’où part une guirlande de fleurs avec un trophée d’armes, de musique et un trophée d’amour. Le médaillon constitue une nouveauté.
Les parcloses sont dans leur partie inférieure décorées d’un jeu de coquilles. Il y a des jets d’eau qui partent des coquilles. Les joncs enrubannés se terminent en dauphin crachant de l’eau.
Sur le dessin préparatoire, il n’y avait pas d’éléments sculptés au centre, ici, il y a une grande rose polylobée traversée par un trophée d’amour et des roses.
Le chambranle de porte est composé d’une succession de miroirs et d’entrelacs. Le chambranle de la fenêtre est composé par des joncs enrubannés.
Le Grand Cabinet comme la Chambre reçoit deux meubles. Le meuble d’hiver est livré en novembre 1747 par Salior et est un velours à ramage fond blanc. Il est composé d’un grand canapé à trois compartiments dont deux sur les côtés de neuf pieds de long, deux fauteuils à dossiers cintrés et bras reculés, huit pliants, un paravent à six feuilles, un écran à coulissé et six rideaux en douze parties en Gros de Tours cramoisi. Il y a également quatre portières des Gobelins, deux sont issues de la tenture des Saisons dont le dessin a été donné par Claude Audran en 1699, une des Divinités de la Fable et une des Eléments.
En mai 1748, Salior livre un taffetas chiné qui compose le meuble d’été. Il comprend un canapé identique au meuble d’hiver, trois fauteuils de même, dix pliants, un paravent à six feuilles, un écran à coulisse et des rideaux en taffetas chiné.
En Octobre 1765, Capin, tapissier du roi, renouvelle le meuble d’hiver qui est désormais en velours vert garni d’or et est composé du même mobilier qu’en été. Il y a également quatre portières en huit parties du même velours et les rideaux sont en gros de Tours vert. Aucun meuble d’ébénisterie n’est livré mais on réutilise du mobilier existant. On trouve un secrétaire livré par Joubert en 1748, un table de quadrille livrée en 1745 pour la Dauphine d’Espagne, une table de piquet, « une grille à cartouche fleuronné ornée d’un chien et d’un loup » livrée pour l’ancienne chambre du Dauphin dans l’aile du midi et une pendule livrée par Hébert en 1749 et faite par Lenoir. La pendule est aujourd’hui dans le bureau de l’un des secrétaires du Sénat.

Le Cabinet Particulier du Dauphin ouvre par une fenêtre sur le parterre du midi. Les sculptures sont de Jean Baptiste Poulet, la dorure de Paulvert et le cheminée de marbre griotte a été livrée par Trouard et sculptée par Verberkt. On a rien conservé de cet état car cette pièce a été ensuite transformée en bibliothèque.
Face cheminée:
http://img127.exs.cx/img127/7969/19cn.jpg
Le mur ouest a reçu une cheminée en marbre griotte à veinage blanc. Elle est surmontée d’un trumeau cintré et surmonté d’un cartouche en miroir. La partie supérieure s’inscrit dans un cadre à oreilles mosaïquées. Au début du cintre du trumeau, il y a la corniche qui divise l’élévation en deux parties. A gauche de la cheminée, il y a la porte qui donne accès au Grand Cabinet. A droite, le lambrissage est composé de panneaux étroits.
Face fenêtre.
http://img127.exs.cx/img127/2301/25yh.jpg
La composition est parfaitement symétrique. La fenêtre est au centre d’un chambranle rectangulaire avec un miroir au centre. D’origine, il ne reste que la face de la cheminée. Le chambranle des miroirs est composé d’un cartouche en miroir et les ébrasements ont été sculptés par Poulet.
Face de la niche:
http://img127.exs.cx/img127/2047/33ff.jpg
Il ne reste que peu d’éléments de la campagne de 1747, seul la face côté fenêtre n’a pas été remaniée quand la pièce est devenue bibliothèque pour le Dauphin.
Il a reçu deux dessus de porte qui ont été commandé au peintre animalier Jean Baptiste Oudry. La comptabilité des Bâtiments du roi précise qu’Oudry avait reçu commande de six tableaux. Deux pour cette pièce et quatre pour le petit cabinet de la Dauphine. Le libellé des paiements ne permet pas de savoir lesquels étaient dans quelle pièce. Le sujet était les Fables de La Fontaine. Oudry précise cette livraison dans son mémoire au mois de novembre 1747 : « livrés six tableaux représentant les Fables de La Fontaine pour être posés dans les appartements de monsieur le Dauphin et de madame la Dauphine à Versailles dont les sujets sont détaillés ci-après… ». Tous les tableaux faisaient quatre pieds et demi de haut sur trois pieds et quatre pouces de large. Ces tableaux sont tous conservés à Versailles mais dans d’autres pièces comme le cabinet de Madame Victoire, ils sont : Le Cerf se mirant dans l’eau, Le Loup et l’Agneau, Les deux chèvres, Le Renard et la Cigogne, Lice et sa compagne. Le sixième était Les deux Chiens et l’Ane flottant.
http://img127.exs.cx/img127/7439/lecerf2ew.jpg
http://img127.exs.cx/img127/724/loupagneau3jd.jpg
http://img127.exs.cx/img127/1466/chvres3wr.jpg
http://img127.exs.cx/img127/2188/renard6rl.jpg
On remarque que le format de celui-ci a été modifié ultérieurement.
http://img127.exs.cx/img127/374/lice3mg.jpg
A l’époque où la Bibliothèque était encore un Cabinet de Retraite, elle était tendue d’un satin de Florence blanc brodé de chenilles vertes avec des fleurs dans un cartouche. Il y avait un canapé à joues, un fauteuil, quatre chaises et un écran. Les bois étaient sculptés et dorés. Il y avait un rideau en Gros de Tours vert uni. Ce meuble avait été livré en 1747 par le tapissier Salior.
En juillet 1750 le même livre un meuble d’été en Taffetas chiné et un mobilier identique au précédent mais les bois sont peints en vert d’eau. Le rideau est également en taffetas.
Le long des murs, au niveau des bas lambris, il y avait quatre encoignures et deux armoires livrées par Gaudreaux. Elles servaient à exposer les collections de porcelaines du Dauphin. En janvier 1748, Hébert livre une commode de bois de violette à placage à dessus de marbre d’Antin.
Les meubles sont entièrement renouvelés lorsque cette pièce devient une Bibliothèque.

Le couple princier avait également à sa disposition des arrières cabinets.
La pièce la plus importante mais dont on ne sait rien si ce n’est la couleur des boiseries était la Bibliothèque du Dauphin. La menuiserie était de Léchaudé, les sculptures de Rousseau et une cheminée de Trouard. Elle avait été peinte ne blanc et vernie en bleu.
On trouve ensuite la Garde-robe du Dauphin où il y avait une chaise. Alexis Peyrotte y avait réalisé un décor peint.
Il y a une Salle de Bains commune au couple. Les menuiseries étaient de Léchaudé et la sculpture de Rousseau. Elle avait reçu un décor peint par Alexis Peyrotte qui représentait « des personnages, fleurs et animaux ». On ne connaît qu’une seule élévation pour les bains du Dauphin qui a été réalisée par l’agence de Gabriel.
C’est intéressant car c’est une des premières mentions de sculpture par Rousseau. On est en 1747. On peut comparer l’élévation et le plan. Les portes étaient couvertes de glaces. Une glace blanche permettait d’éclairer le couloir.
Le Cabinet qui se trouve avant la Garde-robe ne reçoit pas de rideaux, c’est qu’il n’y a pas de fenêtres. On y trouve une commode en bois de noyer à dessus de marbre des Flandres qui a été livré par Joubert pour le château de Saint-Hubert pour le beau-frère du Dauphin quand il voyageait sous le titre de comte de Luzas. On y trouve également trois sièges totalement dépareillés, le premier est un fauteuil livré en 1737 pour la petite Galerie du roi, son bois est sculpté et doré et il est garni de damas cramoisi, le second est une chaise dorée couverte de damas cramoisi livrée par Salior pour le Petit Cabinet du Roi et le dernier est une chaise garnie de perse bleu et blanche. Il y a également une cheminée avec une petite grille à cartouche de fleurs et de roses.
La Garde-robe reçoit deux rideaux de vitrage. Il y a une table de nuit à dessus de marbre cervelas (livrée par Gaudreaux pour le Dauphin et qui a fourni la même à son épouse). Il y a également deux fauteuils en chaise d’affaire, un garni de toile blanche et le second à fond de canne et de marocain bleu. Les bois sont peints en bleu et blanc à filet. Il y a également une ottomane à banquette couverte d’indienne bleue et blanche à colonnes livrée par Lequeustre en 1756. On trouve aussi une échelle à six marches en chêne pour la Bibliothèque.
Le mobilier de la petite Bibliothèque n’a pas été inventorié.
Dans un petit passage derrière la Garde-robe, on trouve une cheminée. Il y a un escalier qui conduit aux entresols. Dans la pièce au-dessus de la Garde-robe, on trouve deux fauteuils et deux chaises à carreaux couverts de Gros de Tours blanc orné de nœuds et de nuées.

En conclusion, on voit les déplacements du mobilier par les textes. L’inventaire montre que l’on est loin de l’unité d’ameublement théorique. L’enrichissement du mobilier va de paire avec l’importance des pièces. Les pièces de retraites ont un décor moins riche mais il est beaucoup plus fragile.



La suite sera l'appartement de la Dauphine en 1746

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Message Publié : 21 Jan 2005 18:08 
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Un grand merci, cher Philippe Elisabeth, pour cet exposé passionnant.
J'ignorais l'existence de tous ces inventaires, je découvre beaucoup de choses.
Encore un grand merci aussi pour vos illustrations : tableaux, plans, élévations de boiseries. Intéressant de bout en bout. J'ai hâte de rentrer chez Mme la dauphine...

A ce travail, vous est-il possible, de faire un descriptif analogue pour ces mêmes appartements occupés par le comte et de la comtesse de Provence ?

Je me suis permis de compléter votre exposé sur Trianon, avez-vous des remarques à me faire ?

Gentilhomme de la chambre


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Message Publié : 21 Jan 2005 20:58 
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Non je n'ai pas de remarques à vous faire gentilhomme concernant les ajouts et la suite que vous avez apportée à mon propos sur le domaine de Trianon.
Concernant les appartements du comte et de la comtesse de Provence à Versailles, c'est un travail réalisable mais il demande un long moment dans les archives, et comme je vous l'ai dit à propos des appartements de madame de Pompadour au Grand Trianon, le temps me manque à l'heure actuelle et cela jusqu'au 22 mars, donc si j'effectue les recheches sur les appartements des Provence ce ne pourra pas être avant le mois d'Avril (j'ai un mémoire à rédiger...)
Voilà, je suis content que cela vous plaise, après les appartements de la Dauphine en 1746, j'évoquerai les modifications apportées à l'appartement delphinal en 1755 et enfin l'appartement qu'occupera brièvement Marie-Josèphe de Saxe au deuxième étage du château.
Après cela j'ouvrirai un nouveau sujet sur les appartements du même couple au château de Fontainebleau...
Voilà pour la suite de ces exposés qui, comme je vous l'ai déjà dit, sont issus des cours que j'ai suivis durant trois années sur les résidences royales sous le règne de Louis XV, et complétés de mes recherches personnelles.

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Message Publié : 21 Jan 2005 21:01 
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L'appartement de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe

L’appartement de la dauphine débute avec une première antichambre qui ouvre sur le parterre du midi. On trouve ensuite la deuxième antichambre, le grand cabinet, la chambre et enfin le petit cabinet qui communique avec l’appartement du dauphin. L’appartement de la dauphine a une distribution inversée par rapport à la distribution classique. En effet, on trouve le grand cabinet avant la chambre. Ce cabinet faisait office de salle d’assemblée. en effet la vie publique du couple a lieu dans l’appartement de la dauphine et si quelqu’un doit rencontrer le dauphin et la dauphine alors qu’il n’est pas habilité à rentrer dans la chambre de la dauphine, il faut qu’il puisse accéder à la salle d’assemblée. Il y a ouvrant sur la cour de marbre, trois petites pièces constituant des arrières cabinets et un petit appartement pour la première dame de chambre de la princesse. Entre le grand cabinet du dauphin et la chambre de la dauphine, il y a un petit corridor.

La première pièce de l’appartement de la Dauphine est la Première Antichambre qui n’est accessible que par le vestibule de l’escalier de la Reine. Elle ouvre par deux fenêtres sur le parterre du midi. Elle a perdu tout son décor sculpté.
Dans la première antichambre de la Dauphine, on trouve un mobilier assez simple : huit formes et trois tabourets de la livraison de 1757 ; deux formes et un tabouret de moquette à fleurs ; une table pliante pour les valets de pieds ; six feuilles de paravent de bois blanchi ; une grande porte battante couverte de drap vert de dix pieds sur dix pieds ; et un lustre en bronze doré à six branches.

La seconde pièce de cet appartement est la Seconde Antichambre. Elle ouvre par trois fenêtres sur le parterre du midi, et la fenêtre centrale est une porte fenêtre qui permet d’accéder au jardin par un petit escalier. Elle est également accessible par le vestibule de l’escalier de la reine. Son décor est un peu mieux connu par les textes mais il a entièrement disparu. Les boiseries étaient simplement moulurées et il y avait quelques petites sculptures d’Antoine Rousseau au niveau de la corniche. La cheminée avait été livrée par Trouard, elle était en marbre simple du Languedoc. On est aidé par le guide de Piganiol de la Force. Il décrit longuement cette pièce : « dans l’antichambre de madame la Dauphine, il y a plusieurs dessus de porte : le portrait de Son Altesse Royale madame d’Orléans est en pendant avec celui de Son Altesse Sérénissime monseigneur le comte de Toulouse peint en Bacchus. Deux autres dessus de porte représentent des fleurs par Fontenay, ces tableaux ont été rapportés de Marly et ont été agrandis pour les placer ici, il ont chacun trois pieds six pouces sur quatre pieds cinq pouces ainsi que tous les autres qui sont dedans cette antichambre ».
Dans la seconde antichambre, on trouve : quatre formes et dix tabourets de la livraison de 1757, un lustre en cristal de roche à huit branches, une grille en fer poli, une portière de la tenture de mars livrée par les Gobelins pour Louis XIV entre 1660 et 1670. Gaudreaux livre en janvier 1745 une commode « de bois de violet à dessus de marbre de brèche gris cintrée et chantournée, ayant quatre tiroirs dont deux grands et deux petits fermant à clef, avec entrées de serrures, manches, chaussons et ornements sur les côtés de bronze doré longue de quatre pieds et demi ». On trouve également deux tables pliantes en sapin, un miroir à bordure en noyer et vingt-trois feuilles de paravent garnies de satin blanc.

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Message Publié : 21 Jan 2005 23:20 
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Le Grand Cabinet de la Dauphine, qui est immense, ouvre par trois fenêtres sur le parterre du Midi. Cette pièce n’est connue que par les élévations de l’agence de Gabriel. Elle avait deux cheminées en marbre griotte livrées par Trouard et qui étaient toutes les deux rehaussées de bronzes dorés par Caffieri. Elles ont toutes les deux disparu.
Les menuiseries étaient de Guesnon et avait été sculptées par Verberkt. Il possédait cinq trumeaux de glaces, deux au-dessus des cheminées placées sur les petits côtés de la pièce, deux entre les fenêtres et une face à la fenêtre centrale.

Le mur face aux fenêtres et la moitié de chaque petit côté étaient tendus d’une tapisserie des Gobelins.
Les éléments les plus importants étaient les boiseries qui étaient très riches. On retrouve les éléments plastiques que l’on a vus chez le Dauphin avec des enfants tenant des guirlandes de fleurs, les mascarons féminins et les dauphins.

Il y avait deux dessus de portes qui avaient été peints par Jean Restout. Il faut comparer les trois sources consultables pour cette pièce car ni Restout, ni Piganiol de la Force et ni la comptabilité des Bâtiments du Roi ne parlent des mêmes tableaux.
Voici ce que dit Restout : « les sujets de ces deux tableaux ont été placés en 1748 dans le grand cabinet de madame la Dauphine et sont pris de l’histoire de Psyché, ils ont quatre pieds trois pouces de large sur trois pieds trois pouces de haut. Le premier de quatre figures représente Psyché fuyant la colère de Vénus. L’histoire fabuleuse rapporte qu’étant sur le bord d’un torrent, elle pensa être surprise par deux satellites de Vénus, à qui cette déesse avait donné ordre de la chercher, après s’être échappée de ce péril, elle aperçut un vieillard qui portait des filets de pêcheur, il l'aida à passer ce torrent, et la conduisit sur une montagne où était son habitation que la nature seule avait formée. Là deux filles de ce vieillard gardaient cinq ou six chèvres et s’occupaient à faire de petits ouvrages de jonc. Le peintre a représenté suivant la narration, Psyché tenant le vieillard par la robe et monte cette montagne rocailleuse et aperçoit les deux jeunes filles avec un air d’étonnement qui est égal de leur côté en voyant cette belle infortunée. Cet endroit est très agréablement raconté par monsieur de La Fontaine. Il aurait été à souhaiter que la grandeur du tableau eût permis de s’étendre d’avantage. Le second de sept figures représente Psyché demandant pardon à Vénus d’avoir été aimée de son fils. L’histoire dit que Psyché après avoir longtemps échappé aux recherches et à la colère de Vénus, prend enfin le parti de venir à Cythère se jeter à ses pieds que la déesse la fit transporter dans son char à Paphos accompagnée de la Colère, de la Jalousie et de l’Envie. Vénus y arriva aussitôt qu’elle, et les trois satellites qui l’avaient escortée la présentèrent à Vénus qui se faisait rajuster. Lorsque Psyché lui eut réitéré ses excuses, la jalouse déesse ordonna à ces trois furies de la fustiger jusqu’à ensanglanter la blancheur de son corps. Le peintre a pris le moment que Vénus donne cet ordre cruel, elle est à sa toilette, les Grâces raccommodent la coiffure, Psyché étant suppliante, derrière elle sont les furies qui s’exposent lui infliger le châtiment prononcé par la déesse. Le prix de chacun des tableaux est de sept cents livres. »
Piganiol de La Force parle de ces tableaux dans la Chambre de la Dauphine.

http://img41.exs.cx/img41/5116/restout8ky.jpg
http://img41.exs.cx/img41/3903/restout29gr.jpg

Il place dans cette pièce deux tableaux de Pierre qui étaient dans les appartements du Dauphin dans l’Aile du Midi à savoir : Psyché et l’Amour dans un char par Carle Van Loo, (château de Versailles) et son pendant par le même peintre, l’Amour quittant Psyché.
Il ne reste des boiseries que les ébrasements de fenêtres et les volets.
Dans le grand cabinet, l’ameublement est composé de deux meubles qui sont accordés à ceux de la chambre.

En hiver, on trouve une tapisserie de la tenture de l’Histoire d’Esther, peinte par de Troy en sept pièces à Rome. Le premier tissage de 1744 avait été exposé dans la chambre de parade des Tuileries et livré pour l’appartement de la Dauphine à Versailles. De sept pièces, elle passe à neuf pièces. Le duc de Luynes signale cette tenture en novembre 1745 :
« La tapisserie qui est dans le grand cabinet avant la chambre est faite ici depuis peu et représente l’histoire d’Esther. Elle a été tendue à Paris dans la pièce du trône la première fois. Elle est très belle. »

On trouve également une mention de cette tapisserie dans le journal du Garde-Meuble de la Couronne : « Monsieur de Fontagneux m’a dit que comme cette tapisserie était unique, il avait résolu d’en faire faire une copie, et qu’il l’avait faite faire sur les mesures du grand cabinet de madame la Dauphine parce que à celle ci la pièce était trop grande et qu’il a fallu la remplir considérablement. »

Le repas d’Esther (mobilier national), cette pièce avait été séparée en deux pour pouvoir encadrer le lit. Elle tapissait donc l’alcôve.
Le reste du meuble était tendu d’un « brocard de Lyon or et argent garni de franges et mollets d’or » et était composé de deux fauteuils, un écran, deux portières, trois paires de rideaux. Ce mobilier était aussi en suite avec celui de la chambre. Ce meuble avait été livré en 1745 par Salior pour l’appartement de la Dauphine.
Le mobilier était complété par douze pliants provenant du salon de la Paix et qui avaient été livrés en 1737. Ils étaient garnis d’un brocard de feu brodé d’or et d’argent. Il y avait également un paravent à six feuilles de quatre pieds de haut couvert du même brocard. Il provenait du salon des nobles de la reine.
Le meuble d’été avait été commenté par Luynes en juin 1747, il note « On a mis depuis environ un mois un meuble neuf dans la chambre et le grand cabinet de madame la Dauphine, il est de gros de Tours, monsieur le Dauphin prétendait qu’on lui avait dit qu’il avait coûté cinquante milles écus, monsieur de Fontagneux qui l’a fait faire a été très peiné de ce que monsieur le Dauphin à dit publiquement le prix et il assure qu’il ne coûte que cinquante milles livres. » C’est un des meubles les plus chers qui ait été fait pour Versailles. En voici la description : « Meuble livré par Salior en août 1746, en gros de Tours fond paille broché de tournesols, grenades et roseaux en camaïeux lilas et bleu encastré de gros de Tours fond agate en mosaïque brochée d’ornements verts atour duquel tourne des guirlandes de lilas et bleuets et ayant au milieu des cartouches à dauphins et aux coins d’autres cartouches d’ornements brochés. » Il était composé d’une tenture en quatre pièces de douze aulnes, deux portières, une bergère de cinq pieds de long, quatre fauteuils, douze pliants, un écran et un paravent à six feuilles. Tout le mobilier possédait une bordure à coquille découpée. Les rideaux étaient de gros de Tours agathe.
Il y avait aussi une grille « à grands feuillages en consoles avec un piédestal soutenant un enfant tenant une massue et un amour tenant une flèche… », deux lustres en cristal de Bohème à huit branches, un paravent de la Savonnerie à quatre feuilles du type des paravents des oiseaux.
Il y avait aussi une encoignure « en vernis de la Chine, fond noir à fleurs et oiseaux d’or à dessus de marbre d’Alep, bombée et chantournée, ayant deux tablettes, et par devant un guichet fermant à clef … » livrée par Hébert en 1745.
Les consoles ne relèvent pas du Garde Meubles mais des Bâtiments du roi.

La Chambre de la Dauphine a perdu entièrement ses boiseries, bronzes, corniches et cheminée. On ne la connaît que par les élévations de l’agence de Gabriel.
La menuiserie était de Guesnon et la sculpture de Verberkt. La cheminée était en marbre Sarrancolin, livrée par Trouard et sculptée par Verberkt, et enrichie de bronzes dorés par Caffieri.
Dans les projets, on retrouve des éléments identique à ceux que l’on a vu chez le Dauphin, tels que le vase de fleurs reposant sur un mascaron. Les parties supérieures sont composées de gros miroirs.
Les dessus de porte avait chacun reçu un tableau de Jacques Dumont dit « Dumont le Romain ». Il les cite dans son mémoires : « mémoire de deux tableaux pour la chambre à coucher de madame la Dauphine peint par Dumont le Romain sur les ordres de monsieur de Tournehem. Ces tableaux ont trois pieds six pouces de long sur quatre pieds six pouces de haut. Le premier représente le Sommeil entouré des Songes agréables, et le second représente l’Aurore accompagné du petit Zéphyr ».
Cette pièce possédait plusieurs portes sous tentures.
La chambre de la Dauphine reçoit les mêmes meubles que ceux du grand cabinet. Le meuble d’hiver est composé de sièges provenant de l’appartement de la reine Versailles mais aussi d’une livraison effectuée par Salior en février 1745 : « un ameublement de différents brocards or et argent, garnis de broderies à dauphins et coquilles ». On trouvait aussi un lit à la duchesse dont les vases étaient en forme de dauphins, deux fauteuils, deux carreaux, douze pliants, deux portières et quatre rideaux de gros de Tours cramoisi.
Le meuble d’été comprenait lui une tapisserie, un lit à la duchesse, deux fauteuils, deux carreaux, douze pliants, deux portières, un paravent à six feuilles, un écran à coulisse, une grille de rocailles, deux lustres en cristal de Bohème à huit branches. Il y avait aussi un canapé à châssis.
Il y avait également des meubles d’ébénisteries. En janvier 1745, le marchand mercier Hébert livre une commode qui va être réutilisée plus tard dans cette pièce : « une commode en bois laqué du Japon, fond noir à pagodes, oiseaux et animaux du pays, à dessus de marbre brocatelle, bombée et chantournée, ayant par devant deux grands tiroirs fermant à clef, et enrichi sur le devant et les côtés d’ornements en bronze doré d’or moulu formants des compartiments… » On trouvait également d’autres meubles d’ébénisterie comme « une petite table en forme de bureau, vernie du Japon, chantournée dans toutes ses parties, couverte de velours bleu, encastrée d’un quart de rond de bronze doré d’or moulu, la table ornée d’un dauphin de baguettes formant des compartiments, fleurs et feuillages aussi de bronze doré, sur le devant est une coulisse à bouton couverte de velours bleu et deux petits tiroirs fermant à clef, sur le derrière est un grand tiroir fermant aussi à clef… » et « une pendule avec un cadran en émail faite par Etienne Lenoir dont la boite est de vernis fond rouge dans un cartouche d’ornements de fleurs terminée d’un vol éployé, le tout de bronze doré d’or moulu » livrée en 1745 par Hébert pour la chambre de la première Dauphine.

Le Cabinet Intérieur de la Dauphine a été modifié après sa création en 1747. Elle est très proche de la pièce voisine de l’appartement du Dauphin. Les menuiseries étaient de Guesnon et les sculptures de Morisot. Sur le mur ouest, on a une cheminée en marbre vert Campan qui est encore en place, elle a été livrée par Trouard et sculptée par Verberkt. Le principe décoratif choisi est proche de la pièce du Dauphin. La seule qui diffère est que le trumeau central est inscrit dans une alcôve. Luynes décrit la pièce le 21 novembre 1747 : « celui-ci est peint très agréablement avec de petits cartouches et des dessins de Berrin, des fleurs, des oiseaux etc.. en miniature. On lui a fait une niche avec une grande glace dans le fond où il y a beaucoup de dorure. » Ce décor était peint par Alexis Peyrotte. Ce décor n’a pas été conservé et c’est Luynes qui explique pourquoi le 13 août 1749 : « la décoration de ce cabinet a été changé, la promptitude avec laquelle cet ouvrage avait été fait n’ayant pas permis de laisser sécher les toiles autant qu’il aurait été nécessaire, elles s’étaient grippées, ceci faisait un effet désagréable quoique le dessin fusse charmant, on a donc tout ôté et à la place on a mis de la menuiserie avec de la sculpture et de fort bon goût. Tous les fonds sont en blanc et la sculpture est peinte en vert avec un vernis par dessus, cette espèce de décoration est riche et agréable. »
Les dessus de porte répondent à une commande de quatre tableaux pour Oudry. En 1747, on y avait placé les Fables de La Fontaine. Et en 1749, on ne retient pas les tableaux et on lui en commande de nouveaux, les quatre saisons qui sont encore aujourd’hui conservées au château de Versailles.
http://img41.exs.cx/img41/8824/printemps8op.jpg
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http://img41.exs.cx/img41/9917/hiver1td.jpg
L’intérêt de cette pièce est la conservation du décor sculpté de Morisot. Les ornements sont très légers. On a surtout des éléments floraux. Les grands panneaux sont divisés en deux parties.
On a une très forte présence de la polychromie. On a fait appel au vernisseur Martin. C’est le Dauphin qui avait choisi le programme et les couleurs.
On arrive ensuite dans le cabinet de retraite qui est très peu meublé. On trouve dans la cheminée « une grille avec chenets et feux, ornée de deux vases de formes rocailles surmontés de deux enfants. » Il y avait également « une commode vernie de la Chine, à dessus de marbre d’Antin, ayant par devant deux tiroirs fermant à clef... », elle avait été livrée pour servir dans les maisons royales. De nouveaux rideaux de vitrages en satin vont être livrés pour les fenêtres et pour les portes.
Salior en 1747 avait livré un meuble pour cette pièce : « satin de Florence blanc brodé de chenilles et de fleurs de diverses couleurs. » Il y avait une ottomane, deux fauteuils, quatre chaises, deux petits tabourets et un écran.
En 1757, le mobilier est toujours en place mais pas en 1765. A cette date, il a du être meublé par le garde meuble privé de la Dauphine. En effet chaque membre de la famille royale avait son propre garde meuble. Leurs inventaires étaient brûlés à la mort de leurs propriétaires.

Tout comme son époux, la Dauphine a des arrières cabinets. La première de ses pièces est sa Garde-robe qui est symétrique à celle du Dauphin par rapport à la Salle de Bains. Son décor est très proche d’une pièce que l’on ne situe pas, il s’agit de l’oratoire.
Cette pièce de dévotion est achevée en 1748. On connaît une partie des tableaux qui ont été faits pour cette pièce grâce à une lettre de Gabriel à Lenormand de Tournehem. Elle est datée du 9 juin 1747 : « Monsieur, la décoration de l’oratoire de madame la Dauphine ne change que pour la niche du fond qui devait être de trois pieds et que monsieur le Dauphin demande de quatre pieds. Le reste est dans le même état, toujours décoré avec trois tableaux : l’un sur la cheminée, l’autre vis à vis et le troisième dans ladite niche. Il veut dans les deux premiers un saint ou une sainte du désert peints par monsieur Coypel et dans la niche du fond, un tableau de l’Adoration des Rois peint par monsieur Van Loo. Qu’ils lui fassent de petites esquisses et qu’elles lui soient présentées, le tout avant de travailler aux tableaux et le tout très promptement. Voilà les ordres de monsieur le Dauphin. »
C’est donc encore une fois le Dauphin qui choisit le programme iconographique et les peintres qui seront présents dans l’appartement de son épouse. Coypel va créer des tableaux qui sont dans la parfaite ligne de ceux qu’il avait livré pour la reine. : « Sainte Landrade instruisant des veuves et des jeunes personnes qui s’étaient mises sous sa conduite » et « Sainte Piame retirée avec sa mère dans un village d’Egypte ». Van Loo quant à lui est le futur premier peintre du roi mais son œuvre est encore inconnue.
http://img41.exs.cx/img41/8746/landrade0yz.jpg
http://img41.exs.cx/img41/9011/piame3lu.jpg
L’autre détail que l’on connaît de ce cabinet est la couleur des boiseries qui étaient peintes en brun, vernies et polies.
En 1749, Coypel livre un autre tableau qui représente la Mort de Saint François Xavier. Ce saint est très populaire dans la famille de Saxe à la suite d’un miracle qu’il a réalisé à l’occasion d’une peste. En 1750, le peintre Louis de Silvestre expose au Salon quatre tableaux dont le livret du Salon dit : « Ces quatre tableaux appartiennent à monsieur le Dauphin et madame la Dauphine ». Les comptes des Bâtiments du Roi précise la destination des tableaux « pour l’appartement de la Dauphine au château de Versailles ». Toutefois, ils ne précisent pas pour quelle pièce exactement. En 1750, la Dauphine fait créer une pièce où les tableaux de Silvestre auraient pu prendre place. Les quatre tableaux sont connus « un tableau de deux pieds et demi de haut sur deux de large représentant Saint Joseph qui tient sur ses genoux l’Enfant Jésus, à sa gauche la Vierge en prière s’incline du côté du sauveur, et au dessus une gloire avec quelques têtes de chérubins… ». Ce tableau a été récemment identifié par les conservateurs et replacés dans les appartements de la Dauphine.
« …Un autre tableau faisant pendant, Hagard dans le désert éloignée de son fils Ismaël qu’elle ne veut point voir expirer de soif, un ange paraît et lui indique une fontaine. Deux autres plus petits représentant une Visitation de la Vierge et une fuite en Egypte. ». Il n’en reste donc plus qu’un au château de Versailles.
L’oratoire a reçu un léger ameublement : une commode e, bois de chêne à placage de bois de violette, à dessus de marbre brèche violette livrée en 1752, une table à écrire en bois de noyer ou hêtre plaqué de bois au naturel avec un tiroir sur le côté, elle a été livrée en septembre 1755 par Joubert, il y a également deux tabourets et une banquette garnis de toile de perse fond blanc à fleurs, branchages et papillons de différentes couleurs. Ce meuble a été livré en mars 1748 par Salior.

Dans la partie entresolée de l’oratoire, on trouve un mobilier appartenant en propre à la Dauphine.

Le marchand mercier Lazare Duvaux va effectuer de nombreuses livraisons pour la Dauphine à Versailles. Il livre en juin 1749 « pour madame la Dauphine (…) une paire de bras à trois branches composées de branchages vernis imitant la nature, avec des fleurs de Vincennes [en porcelaine] assorties à chaque plantes, le haut de ces bras est une branche de lys, tulipes, jonquilles, narcisses et jacinthes bleues, les branches du milieu en roses, celles du dedans virant fruits rouges et violets, celles en dehors d’anémones et semi-doubles, la jonction des branches garnies de feuilles et de fleurs, le bas de boutons d’or et oreilles d’ours, les bassins de la même porcelaine avec les binais de bronze doré d’or moulu. » Il y avait une autre paire de lumière sur le trumeau en vis à vis : « dont le haut est formé de trois groseilliers doubles, de barbeaux, de branches de fleurs d’orangers, de tulipes et campanules, les branches du milieux d’anémones et de semi-doubles, celles en dehors de jacinthes de Hollande et d’entre cœurs… » Il livre également une paire de girandoles : « une paire de girandoles à trois branches garnies de fleurs de porcelaine de Vincennes sur des groupe de Saxe représentant les quatre saisons… » ; une bibliothèque : « une bibliothèque plaquée de bois en rose pour le cabinet particulier de madame la Dauphine » ; trois métiers à broder ; une armoire qu’il ;livre en juin 1754 ; deux commodes qu’il livre en février 1757 et une autre en septembre.

En consultant l’inventaire des magasins de la cour, on a pu retrouvé les tapis de la Dauphine qui n’était pas en place dans l’inventaire de 1765 car ils ne participaient qu’au meuble d’été.
Le premier est un tapis à fond noir d’après un dessin de Peyrotte avec au centre un compartiment circulaire avec des guirlandes de fleurs accompagnés de quatre chiffres : le L et des dauphins. Au bout, il y a deux vases de fleurs, fruits et à côté deux perroquets. Le reste est composé de rinceaux de fleurs et de fruits. Il mesure de huit aulnes de long sur six aulnes et demi de large. Il a été livré en 1745 et placé en 1747 dans l’appartement de la Dauphine.
Le second tapis est un tapis à fond chamois avec au milieu une rose mauresque entourée d’ornements fleurdelisés. Aux quatre angles, il y a une cartouche avec des trophées de musique soutenus par des aigles et des guirlandes de fleurs. Il mesure huit aulnes de long. C’est une des plus belles réussites de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Il est sans doute aujourd’hui conservé à la cour de Suède.
Il y avait un autre tapis livré en mars 1750 pour la chambre de la Dauphine. il est à fond noir avec de grands rinceaux roses et bleus, il y a aussi des grandes guirlandes de fleurs et une grande rose mauresque à fond pourpre qui enferme des compartiments. Il mesure cinq aulnes cinq sixième de long sur cinq aulnes un tiers de large.


A suivre, Les modifications des petits appartements du Dauphin et de la Dauphine en 1755.

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Message Publié : 23 Jan 2005 18:41 
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Les modifications dans l'appartement du Dauphin et de la Dauphine en 1755

Pour commencer mettons un plan.

http://img13.exs.cx/img13/4638/pad17551bw.jpg

1: Bibliothèque du Dauphin,
2: Petit cabinet de la Dauphine,
3: Chambre de la Dauphine,
4: Chaise du Dauphin,
5: Cabinet pour la Dauphine, au-dessus de cette pièce, dans les entresols se trouvent les bains communs au couple
6: Chaise de la Dauphine,
7: Oratoire de la Dauphine.


Etude des pièces.

En 1755, les appartements des princes vont connaître des transformations importantes. Chez le Dauphin, deux pièces inversent leur destination. La Cabinet Intérieur devient Bibliothèque et inversement. La Salle de Bains commune au couple est transformée en cabinet boisé pour la Dauphine.
L’ancienne Salle de Bains devient un Cabinet Boisé pour la Dauphine. La cheminée en marbre griotte est livrée par Trouard. Il y a un trumeau de glace et une niche dans le fond. Beaucoup de conservateurs identifient ces boiseries avec celles que Marie-Antoinette a fait remonter en 1770 dans son arrière-cabinet dans les appartements de la reine. On retrouve une ordonnance classique des boiseries. A l’origine elles étaient peintes en blanc mais elles sont aujourd’hui jaunies par le vieillissement de leur vernis. Le programme iconographique devait être cohérent avant le remontage. Ces boiseries sont vernies.
Le petit cabinet vernis n’a pas été inventorié, cela signifie qu’il a été meublé par le garde meuble de la Dauphine. Il n’a qu’une seule fenêtre.

En 1756, la Garde Robe du Dauphin est redécorée en vernis Martin bleu et blanc, et la Salle de Bain est installée en entresol au-dessus de son emplacement originel.
Les bains entresolés reçoivent un décor de stucs polychromes par Louis Manciaux dit Chevalier.
Dans la pièce des bains, on trouve un meuble livré par Salior en 1747 pour la première salle de bain. Il s’agit d’un meuble en basin de Hollande composé d’un pavillon de cuve, deux dessus de cuves, deux tours de cuves et deux portières. On y trouve deux chaises, trois tabourets et une banquette en canne avec des housses en basin de Hollande exempté sur la banquette. Pour recouvrir la cuve, il y a une grande planche ovale en sapin. On réutilisera ce mobilier dans la salle de bain de 1756.

La pièce la plus importante de l’appartement est donc la Bibliothèque du Dauphin.
On supprime intégralement le décor de boiseries pour y substituer des portes vitrées pour abriter les livres. On conserve la même ordonnance décorative. On ne sait pas de quand date le trumeau de cheminée car il peut être daté des deux campagnes successives. On ne sait pas non plus de quand datent les trophées sculptés. On va créer deux dessus de portes supplémentaires et on commande donc de nouveau tableaux. La couleur choisie par le Dauphin dans cette pièce est le bleu marié au blanc. Les menuiseries sont de Léchaudé et la sculpture de Rousseau.
Les dessus de portes ont été à l’origine commandés à Boucher et ce devaient être quatre paysages. La commande n’est pas honorée par le peintre et les tableaux ne sont donc pas posés. Sur les quatre tableaux il n’en livre que deux.
Entre 1761 et 1762, on va passer une nouvelle commande à Joseph Vernet pour cette pièce.
« Mémoire de quatre tableaux représentant les heures du jour pour le cabinet de la bibliothèque de monseigneur le Dauphin de quatre pieds deux pouces sur deux pieds six pouces de haut, représentant la Nuit ou le Clair de Lune, le Soir ou le Coucher du Soleil, le Midi ou une Tempête et le Matin ou le Lever du Soleil, payés quatre milles huit cents livres ».
http://img174.exs.cx/img174/5046/matin7hs.jpg
http://img174.exs.cx/img174/7178/midi7qv.jpg
http://img174.exs.cx/img174/7355/soir4xh.jpg
http://img174.exs.cx/img174/7656/nuit4xn.jpg
Le tableau représentant la Nuit a été encensé par Diderot à l’occasion de son commentaire sur le Salon de 1761.
En avril 1756, Lequeustre livre un meuble de damas bleu garni d’or composé de deux fauteuils en bergères, quatre fauteuils et un écran dont les bois sont sculptés et dorés. Il y a un rideau de Gros de Tours blanc. L’ébéniste Jean-François Oeben livre en juin 1756 une commode « en bois des Indes à placage et en mosaïque » et en juillet 1756 un bureau couvert de maroquin bleu. Tous les bronzes de ce bureau on disparu. On connaît un modèle identique dans les collections de lady Rosebery.
On trouve également un fauteuil garni de maroquin bleu pour le bureau.
http://img174.exs.cx/img174/1391/bureau9pq.jpg
http://img174.exs.cx/img174/8371/commode8sd.jpg

En 1762, la Garde-robe de la Dauphine est également décorée par Chevalier de stucs polychromes.


A suivre, la brève évocation de l'éphémère appartement de Marie-Josèphe de Saxe au deuxième étage du château...

_________________
"Je ne me dissimule point que la Monarchie ne pourrait reprendre son éclat que par un coup de vigueur; mon frère ne le fera pas, et sûrement, je ne me permettrais pas de le lui conseiller."
29 mai 1789


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Message Publié : 25 Jan 2005 15:16 
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Plutarque
Plutarque
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Inscription : 25 Avr 2004 19:05
Message(s) : 150
Le musée de Versailles vient d'acquérir une table à écrire estampillée BVRB, ayant apaprtenu à la première dauphine. Pouvez vous m'indiquer dans quelle pièçe pouvait étre placer cette table dans l'appartement de l'aile du midi
Merci

Extrait revue l'Oeil sept 2004
http://ao2a.macron.free.fr/table.jpg

Gentilhomme de la chambre


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