Je vous propose un voyage dans le temps dans le Versailles de Louis XIV, au travers de modèles réduits réalisés par mes soins et tentant de reproduire le plus fidèlement possible les « cabinets du Roi » ou « derrières » comme disait M. de Saint Simon. Faites moi part de vos commentaires!
Quant à moi je dirais que Louis XIV était un magnifique collectionneur et qu'il a su créer un cadre mettant en valeur ces oeuvres sans les écraser par le décor.
Commençons par le commencement !
Nous arrivons dans les cabinets du roi par un escalier construit en 1692 dans un bâtiment qui double le château de Louis XIII depuis cette date.
Au débouché de cet escalier, un salon nommé sans grande originalité « le Salon sur le petit escalier », ou Antichambre de l’escalier.
De plan carré, il comporte quatre portes. Celle du fond à gauche donne accès à l’escalier (elle correspond à la porte sur le mur face au fenêtre du Cabinet de la pendule), celle de droite est un placard, tandis que celles des murs latéraux sont sur l’enfilade qui longe la Cour de Marbre. Ces portes sont surmontées de quatre tableaux de Poussin : Moïse et la Couronne de Pharaon, Moïse changeant sa verge en serpent, sur le mur du fond ; les Bergers d’Arcadie et la Sainte Famille sur l’enfilade.
Les murs sont tendus de damas cramoisi, sur un haut lambris de panneaux dorés, et sur lequel sont exposés des tableaux des collections royales : au centre des deux murs deux œuvres de Poussin, à gauche Aaron et les Israélites, à droite la Peste, bordés dans le fond par Vénus et Vulcain de Mignard, Saint Bruno dans le désert, Herminie gardant les troupeaux et Herminie pansant les blessures de Tancrède aprés le combat d'Argante de Pier Francesco Mola. Entre les deux portes du fond, Le ravissement de Saint Paul de Poussin et entre les fenêtres, une Nativité de Bassano.
La pièce est simplement meublée de trois tabourets en bois doré recouvert de brocart à franges et d’une table de marqueterie.
En poursuivant vers la Chambre du roi, c’est à dire à droite en venant de l’escalier, on entre dans le cabinet du Billard.
Le billard du roi occupe une position stratégique : il sert d'antichambre au Cabinet du Conseil pour qui passe par les derrières et de lieu de délassement au Roi près de son appartement.
Le volume du cabinet date d'au plus tot 1662 tandis que l'affectation et le décor datent semblent-ils de 1684, au moment où le roi s'installe côté cour de Marbre.
C'est l'un des premiers cabinets intérieurs du roi, orné de boiseries blanc et or.
Sur les petits côtés, le mur est divisé en trois parties : aux deux extrémités, les portes surmontés de dessus de portes représentants deux aigles soutenant un médaillon et tenant des guirlandes, les médaillons renfermant des tableaux ; au centre, le mur est divisé en neuf panneaux séparés par des moulures, la partie central comprenant la cheminée ou un panneau lui faisant face, une glace devant laquelle pendent deux guirlandes retenues par une crossette.
sur les murs latéraux, chacun percés de deux fenêtres donnant au Nord sur la cour du Roi (actuelle cour des Cerfs) et au sud sur la cour de Marbre, règnent deux tableaux richement encadrés au dessus d'un bas lambris de grande hauteur.
L'ensemble des boiseries est doré, la dorure est refaite en 1701 pour s'harmoniser avec les pièces refaites cette année la (Oeil de Boeuf, Chambre et Cabinet du Conseil).
Le décor pictural est comme à l'accoutumée constitué de tableaux de maître :
au dessus des portes : La Samaritaine, de Guido Reni ; Le mariage mystique de Sainte Catherine du Parmesan ; les paysans métamorphosés en grenouilles et Adam et Eve chassés du paradis de l'Albane.
Au dessus de la cheminée, Jésus sur la Croix de Lebrun et en face un tableau de son rival Mignard, Jésus portant sa croix.
Sur les murs latéraux, côté Cour du Roi (représenté) Eliezer et Rebecca de Poussin et les filles de Jehtro défendues par Moïse de LeBrun, et côté cour de Marbre, Moïse sauvé des eaux de Poussin et le mariage de Moïse de Lebrun.
Un billard est placé dès 1684 dans ce salon. On sait que Louis XIV excelle à ce jeu. L'ameublement note quatre portières de brocart d'or et d'argent, quatre rideaux de denêtres de taffetas rouge cramoisi galonné d'or, un cordon et deux houppes d'or pour le lustre, douze tabourets de bois sculpté et doré recouvert du brocart identique aux portières et deux niches en bois d'ébène blanchi et doré à deux chiens comprenant sur le dessus comme c'est le cas aux XVIIè et XVIII un coussin pour les chiens du Roi
. La présence de ces niches explique l'autre nom donné à la pièce, "Pièce où sont les chiens du roi" dans cet inventaire.
En 1701 le roi demande "l'engraissement" du mur de la cheminée pour y faire passer les conduits de cheminées du rez de chaussée : il mord sur près de 40 cm sur le salon du Billard : deux nouveaux tableaux sont commandés pour remplacer les deux Poussin devenus trop grands, mais sur un sujet identique : "Moïse sur les eaux par Lafosse et La Rebecca au puits par Coypel"
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Le Salon devient en 1738 la Chambre à coucher du Roi. Les tableaux sont retirés et une partie des boiseries est réutilisée pour décorer l'antichambre des Chiens, ou Pierre de Nolhac les a identifiées : ensemble des portes avec dessus de portes, panneaux d'entre fenêtre et un panneau correspondant au pan de mur entre les fenêtres et le mur de la cheminée.
Au delà du Cabinet de la Pendule, on entre dans le Cabinet du Conseil. Il nous faut donc revenir en arrière et pénétrer réellement dans le musée privé du Roi