L'enseignement privé, qui est surtout catholique, est sous contrat avec l'Etat, tout en conservant son caractère propre, c'est-à-dire une proposition d'enseignement religieux qui peut aller de savoirs sur les religions (culture religieuse, catholique en général, c'est compréhensible) à de la catéchèse sans qu'il y ait, en général, obligation de suivi. L'Etat recrute les enseignants, assure leur rémunération (mêmes concours, mêmes corps, mes grilles, mêmes procédures), vérifie leurs pratiques (les IPR et leurs délégués), depuis 2005 (loi Censi) les enseignants du privé ont le statut d'agents de l'Etat. Alain Savary, ministre de l'éducation nationale en 1984, n'a pas pu construire le grand service public d'enseignement promis par le candidat Mitterrand lors de la campagne électorale de 1981, mais depuis les accords Lang-Cloupet signés en 1993 (recrutement sur concours), la loi Censi susnommée, le processus de rapprochement voire d'intégration semble en marche. En fait c'est l'Etat qui permet à l'enseignement privé d'exister, car l'Eglise catholique (mais également les Eglises protestantes) n'aurait pas les moyens financiers d'assurer la rémunération des maîtres. Il faut, pour terminer, faire la distinction entre le privé-catholique des grandes villes, qui peut servir à des stratégies d'évitement, et le privé-catholique de masse de l'Ouest par exemple. Ce dernier est le témoin des fractures engendrées par la Révolution dans notre pays. Il est la marque d'une identité locale forgée par les guerres dites de Vendée (1793-1796, réactivées par Charette de la Contrie dans le cadre d'une guérilla), par les chouanneries en Bretagne (par exemple) : autant de régions/anciennes provinces (Moderniste, si vous me lisez
) marquées par des révoltes de résistance au processus révolutionnaire. Dénoncer l’existence de l'enseignement privé sous contrat (140 000 enseignants, 2 millions d'élèves) me semblerait une véritable remise en cause de notre devise républicaine, qui associe liberté et égalité. Nous ne sommes pas la dernière démocratie populaire ! L'Etat, j'espère, n'a pas vocation à enseigner une idéologie officielle (on ne va pas passer d'un monopole, celui de l'Eglise catholique, à un autre, celui de l'Etat). Enfin je rappelle que Pascal Balmand, le nouveau secrétaire général de l'enseignement catholique, est un ancien élève de la CPGE du lycée Henri IV, qu'il est passé par l'ENS de Saint-Cloud, qu'il est agrégé d'histoire, titulaire d'un DEA d'histoire contemporaine, qu'il a été professeur à l'IEP de Paris et en CPGE au Lycée saint Michel de Picpus.