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Message Publié : 06 Mai 2007 11:14 
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Pourquoi, mais pourquoi les musulmans n'ont-ils jamais promulgué une loi pour clarifier le mode de succession des califes ? Les querelles successorales sont à l'origine de tant de guerres civiles, de schismes religieux, de renversement du pouvoir ! Eux (les Abbassides, les Omeyyades de Damas et de Cordoue) qui avaient une administration si efficace.
Je suppose que la raison principale est que Muhammad lui-même n'a laissé aucune consigne pour sa succession. Du coup, les musulmans n'ont pas pu inventer une loi qui n'émanerait pas du prophète. Mais il a pourtant bien fallu créer des lois, des postes administratifs dans les siècles qui ont suivi, pour construire un (des) Etat(s) fort(s). Et toutes ces créations ne venaient pas du Coran ou de la Sunna.
Quelqu'un a-t-il connaissance d'un ou plusieurs califes qui auraient essayé de valider par une loi soit le principe de succession héréditaire, soit le principe de succession électorale ?

Alice


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Message Publié : 06 Mai 2007 15:28 
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Salluste
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Bonjour/

Excellent topic.
Je crois que vous posez les questions aux quelles sont rééllement confrontés les musulmans.

Je vais d'abord essayer de rapporter des faits. Puis j'essayerai de vous donner mon point de vue personnel. Le sujet est très critique :wink:

Commençons par la première succession.

1- Mahomet est mort un lundi (ce que rapporte la tradition). Le jeudi d'avant, il a demandé à certains de ses compagnons les plus proches de ramener de quoi écrire. Il leur avait dit "voulez vous que je vous dicte un texte afin que vous ne vous s'égariez point après moi?"... La tradition rapporte qu'il avait coutume de toujours prendre l'avis de ses compagnons lorsqu'il n'aurait pas eu une révélation claire et sans ambiguité (texte coranique).

Un des plus illustres compagnons avait fait une refléxion qui, selon toute vraismblance, avait été entendue par Mahomet. Ce compagnon aurait dit "C'est la fièvre qui lui fait dire ça! Nous avons le Coran, je ne vois pas quel texte veux-t-il nous laisser!". Certains historiens pense que le compagnon en question était Omar. En effet, Omar avait une très forte personnalité et il avait, lui aussi, habitude de manifester sa désapprobation lorsqu'il n'était pas convaincu d'un avis, même si ce fut celui du prophete lui-même (Il avait manifesté sa désapprobation lors de l'armistice de Houdaybia entre les musulmans et Qoraych et est même allé dire au prophete "comment accepter ça"!).

Mahomet aurait entendu la réflexion de Omar et aurait préférer ne rien écrire ce jour là. Les chiites intérprète ça comme étant une volonté de Mahomet de laisser un testament à Ali son cousin et gendre. Les sunnites disent qu'il voulait fixer les règles de succession après lui.

Concernant mon point de vue je vous le donnerai plus tard.

2- Comment fut réglé la succession. Désignation ou choix de Aboubakr comme successeur.

Les historiens nous rapportent que lorsque le prophète était tombé malade, il avait désigné AbouBakr pour conduire les prières des croyant dans la mosquée. Le prophète est décédé un lundi, il aurait été enterré trois jours après sa mort. Ali étant un membre de sa famille s'est chargé du rituel nécessaire. La nouvelle de son décés, n'a pas été facilement accépté. Omar aurait même menacé de couper la tête à celui qui dirait qu'il était mort ... C'est Aboubakr qui s'est chargé de le calmer, d'ailleurs, en lui rappelant que même le prophète n'était qu'un mortel.

Durant les trois jours de deuil, certains mecquois dont Abou Sofiane - le leader des quoraychites nouvellement converti à l'islam - sont venus s'adresser à Aboubakr et Omar. Il leur auriat dit " vous êtes là à ne rien faire alors que les Ansar (médinois) se sont réunis dans l'impasse des Bani Sa-eda!!" ... Omar a tout de suite compris le message. Lui et aboubakr sont allé voir les médinois qui se sont réunis chez l'iun des leurs.

Lorsqu'ils sont arrivés, ils ont été confrontés àla volonté des médinois d'élire le successeur du prophète parmi l'un d'eux. Aboubakr et Omar leur ont rappelé un détail. Les arabes ne pourront se réunir autour d'un autre clan que Qoraych. Pour l'intérêt de la nouvelle nation, il fallait que le successeur soit de Qoraych, la tribu de Mahomet. C'est la seule tribu capable de réunir sous une même autorité tous les arabes qui sont encore profondémment marqués par l'appartenance tribale.

Omar a pris la main de Aboubakr et a dit "je lui prête allégence, c'est lui qu'a désigné le prophéte pour conduire la prière à sa place et il n'y a pas plus noble que la prière".

Certains des illustres compagnons n'étaient pas vraiment d'accord avec la manière dont s'est fait le choix. En général, ils n'avaient pas de réserves quant à la personne de Aboubakr, mais à la manière dont s'est fait le choix.

Passons aux autres successions :

1 Aboubakr a clairemant désigné Omar comme successeur, donc une désignation claire

2- Omar a remis le choix entre six grands compagnons, dont Ali et Othman et Abderrahmane Ibn Awf. Il s'agissait des six survivants des dix auxquels le prophète aurait annoncé le paradis, ils étaient les seuls à être acceptés de leur vivant. Le septième survivant, parce que faisant partie de la famille de Omar, ce dernier l'a écarté.

Abderrahmane Ibn Awf, l'un des six, s'est volontairement retiré de cette "course" afin de pouvoir arbitrer. Il a demandé aux autres de lui dire (chacun) celui sur lequel se serait porté leur choix s'ils n'était pas dans la course. Il s'est ainsi retrouvé avec deux candidats : Ali et Othman. Il s'est donc référer à l'opinion publique en faisant un sondage à médine, la capitale des musulmans, auprès des qoraychites et des Ansar (hommes, femmes et même les enfants).

Le choix final s'est porté sur Othman.

3- Othman a été tué à sa 12ème année de commandemant. Ce sont les derniers survivants des compagnons qui ont élu Ali comme successeur.

Puis vint la guerre civile entre Ali et Mouawiya, le premier des ommeyades et le fils de Abou Sofiane, le leader des qoraychites dans leur guerre contre Mahomet. Là s'ouvre un autre chapitre ...

Je crois qu'on a besoin de ces faits pour mieux comprendre.

Citer :
Du coup, les musulmans n'ont pas pu inventer une loi qui n'émanerait pas du prophète


Quelque part je pense que vous avez raison.
Mais il y a d'autres contraites :
1- L'esprit tribal encore en vigueur entre les arabes
2- La rivalité "éternelle" entre les deux grandes familles mécquoises : Les Banu Hachim (famille de Mahomet et de Ali) et les Banu Omeyya (famille de Abou Sofiane, de Moawiya mais aussi de Othman le 3ème caliphe)
3- L'expansion rapide de l'empire ... des peuples aussi différents les uns que les autres se sont retrouvés tous sous controle arabe ... La contestation dont a fait objet Othman s'est d'abord manifestée en Irak et en Egypte.

Citer :
Quelqu'un a-t-il connaissance d'un ou plusieurs califes qui auraient essayé de valider par une loi soit le principe de succession héréditaire


Oui Moawiya ibn Abi Sofiane s'est arrangé pour passer à une succession héréditaire en désignant, de son vivant, son fils Yazid. Yazid qui a ordonné le massacre du petit-fils de Mahomet (Husseyn) à Karbala.

Citer :
Quelqu'un a-t-il connaissance d'un ou plusieurs califes qui auraient essayé de valider par une loi soit le principe de succession héréditaire, soit le principe de succession électorale ?


Oui, paradoxalement, c'est Omar qui l'aurait instauré et Abderrahmane Ibn Awf (un illustre compagnon) l'a appliqué ...

On peut tirer beaucoup de conclusion en analysant les positions de Omar et Aboubakr. Je vous en dirais plus lorsque j'aurai votre feedback :wink:


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Message Publié : 08 Mai 2007 11:04 
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Mon feedback! Littéralement, si je me fie à mes quelques connaissances en Anglais, ça veut dire que je vous "nourris en retour". Il me semble parfois que le savoir, la connaissance, nourrissent effectivement. Je vous remercie de votre passionnante réponse.
Cela me paraît se tenir d'expliquer ce trou juridique par la religion, l'ntégration rapide de nouveaux peuples si différents, du caractère tribal de la société musulmane, de la rivalité entre Qurayshites et Hashimites.
Mais Moawiya ou Yazid, pourquoi n'ont-ils pas promulgué une loi ? Ou encore, après eux, le fameux Abd-al-Malik, qui semblait avoir une véritable conscience d'Etat ?
J'ai découvert toute l'histoire de la société islamique (depuis la naissance de Muhammad en 570 aux divisions des empires salgukides en orient et almoravide, puis almohade en occident) ce semestre, à raison de deux heures par semaine. Autant vous dire qu'on fait que survoler. La seule lecture dont j'ai enrichi mes cours pour l'instant, c'est [u]Les sectes secrètes de l'Islam, de l'ordre des Assassins aux Frères musulmans[/u] de Philippe Aziz. Mais là aussi, je n'ai fait que survoler (et oui, on vole peu à la fac, on n'a pas le droit de planer non plus. Mais survoler, ça oui, c'est recommandé !)
Ma professeure nous a parlé des ulemas, ces fameux savants en théologie qui ont créé nombres d'écoles et de courants religieux, et, j'imagine, écrit quantité de textes. Je me doute et j'espère que beaucoup nous sont parvenus. Peut-être, parmi ces érudits, y en a t-il qui ont étudié la question. Avez-vous eu l'occasion de vous pencher sur ces sources, ou des études de ces sources ?
Quant à tenter une comparaison avec la religion catholique, est-ce déplacé ? Le trône de Saint-Pierre ? Les cardinaux se sont à chaque élection corrompus, voire entretués, mais, la légitimité des papes a le plus souvent été incontestable (mais contestée ?), et n'a pas empêché des schismes dans la religion catholique. Alors quoi, un Etat théocratique est-il voué aux divisions ?
Euh, bon, je me suis peut-être un peu éparpillée dans mes idées et mes questions, et je ne suis pas très rigoureuse dans mes rares affirmations. Je tenais à poster une réponse rapidement avant que l'appartement se remplisse de gens.
Je passe à autre chose pour le moment !


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Message Publié : 08 Mai 2007 12:33 
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Salluste
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Citer :
Mon feedback! Littéralement, si je me fie à mes quelques connaissances en Anglais, ça veut dire que je vous "nourris en retour". Il me semble parfois que le savoir, la connaissance, nourrissent effectivement. Je vous remercie de votre passionnante réponse.


:) Non un feedback veut juste dire "commentaires", "critiques", c'est ce que vous donnez comme réponse :wink:

Citer :
du caractère tribal de la société musulmane


Je dirais le caractère tribal des arabes. La démarche de l'islam visait d'ailleurs à réduire et contenir ce sentiment d'appartenance. Et à défaut de pouvoir le réduire significativement, certains se sont contentés de le canaliser ou de l'utiliser.

Citer :
de la rivalité entre Qurayshites et Hashimites


Pour clarifier les choses :

Quraych, c'est la tribu de Mahomet. Elle est composée de plusieurs "familles", dont les deux plus prestigieuses : Les Omeyyades et les Hachémites.

La rivalité c'est donc entre deux familles; les Hachémites et les Omeyyades.

Citer :
Mais Moawiya ou Yazid, pourquoi n'ont-ils pas promulgué une loi ?


Moawiya a instauré une pratique qui ne pouvait être soutenue par la religion. L'islam étant fondamentalement contre le pouvoir héréditaire.

par conséquent, c'était la politique du fait accompli. Mais il ne pouvait la soutenir par une loi. C'est comme un coup-d'Etat. Il n'est jamais soutenu par une quelconque constitution, mais il est souvent justifié par ses auteurs (intérêt national ...etc.)

Citer :
Ou encore, après eux, le fameux Abd-al-Malik, qui semblait avoir une véritable conscience d'Etat ?


Excellent réflexion. je ne crois pas que vous n'ayez que survolé ce chapitre de l'Histoire des musulmans :wink:

Abdelmalik Ibn Marwan (Omeyyade) a juste dérogé un peu à la régle de succession établi par les premiers omeyyades. Il a désigné son neveu Omar Ibn Abdelaziz.

Citer :
Ma professeure nous a parlé des ulemas, ces fameux savants en théologie qui ont créé nombres d'écoles et de courants religieux, et, j'imagine, écrit quantité de textes. Je me doute et j'espère que beaucoup nous sont parvenus. Peut-être, parmi ces érudits, y en a t-il qui ont étudié la question. Avez-vous eu l'occasion de vous pencher sur ces sources, ou des études de ces sources ?


Le plus célébre de ces oulémas spécialisés dans la "Siyassa Al Chariya" (+/- équivalent à ce qu'on appelle de nos jours le droit constitutionnel), c'est AL-MAWARDI, dans son ouvrage "Al Ahkam Al Soultaniya" (approx. Les régles de la gouvernance - traduction personnelle)

Cet ouvrage est un recueil d'avis juridiques dont une grande partie est "faite sur mesure". Al Mawardi a été l'un de ces oulémas qui ont justifié "la prise du pouvoir par la force" (Imamat al ghalaba).

Pour lui, aucun musulman ne doit prendre les armes contre l'autorité, même si elle est injuste car les faits des révoltes sont plus grands que "l'intérêt" recherché. Par contre, si l'opposant se trouve plus fort que l'autorité en place, il peut la destituer et prendre sa place!!

Pour Al-Mawardi, la question de la "légitimité" ne se posait pas vraiment. Il est l'exemple typique des oulémas qui ont préféré "composer" avec les régimes monarchiques.

Je parle de Al-Mawardi, parce que c'est l'une des références des sunnites (pas tous) en la matière.

Du coté chiite, le souhait de voir Ali triompher sur Moawiya s'est transformé en une allégence systématique aux "AAL ALBayt", "les gens de la maison (du prophète)". En effet, Pour les chiites, ce sont les descendants du prophète Mahomet qui détiennent la légitimité.

Donc, nous avons plusieurs grandes écoles: Les sunnites (plusieurs avis) les chiites (plusieurs factions) mais Les Kharidjites aussi (dont les Ibadhites du sultanat d'Oman et les Mozabites en Algérie) qui ont une vision plus proche de certains sunnites modérés (j'expliquerai). En effet, les ibadhites considèrent que le pouvoir devrait revenir au mieux qualifié (Al Aslah) et qui devrait bénéficier de l'approbation des musulmans. Sauf que les kharidjites ont eu ce problème de parcours : Ils n'hésitent pas à employer la force et prendre les armes pour renverser un régime en place.

Citer :
Quant à tenter une comparaison avec la religion catholique, est-ce déplacé ? Le trône de Saint-Pierre ? Les cardinaux se sont à chaque élection corrompus, voire entretués, mais, la légitimité des papes a le plus souvent été incontestable (mais contestée ?), et n'a pas empêché des schismes dans la religion catholique.


Les société chiite est hiérarchisée. Dans le cas du chiisme, l'on peut effectivement parler de clergé.

Pour les sunnites, le cas est différent. Je dirai que les société sunnites sont des sociétés "plates", non hiérarchisées. Impossible de comparer le sunnisme au catholisisme. Il n'y a pas de clérgé, pas d'institution ... Théoriquement, un néophyte peut mobilser des millions de personnes s'il arrive à les convaincre du bien-fondé de son point de vue. Des cas se sont produits où des individus ne faisant nullement partie de l'élite officielle se sont retrouvés à la tête de mouvement de changement au sein des sociétés sunnites.

Prenons le cas de Hassan Al-banna, fondateur du mouvement des frères musulmans. C'était un simple instituteur égyptien. Il a profondémment marqué les sociétés sunnites (et même chiites) durant tout le 20ème siècle. Al-Banna est pratiquement le fondateur de ce qu'on appelle aujourd'hui "la mouvance islamique".

Citer :
La seule lecture dont j'ai enrichi mes cours pour l'instant, c'est Les sectes secrètes de l'Islam, de l'ordre des Assassins aux Frères musulmans de Philippe Aziz


je n'ai pas eu la chance de lire cet ouvrage, mais juste une précision: Les frères musulmans ne sont pas une secte secrète. C'est une mouvance dont les leaders sont connus de tous et dont les idées dominent la scène politique dans le monde musulman. L'opposition islamiste en Egypte, le Hamas palestinien, l'opposition dans certains pays du golfe, certains islamistes au maghreb, en syrie ... font tous partie des frères musulmans. Les islamistes pakistanais, sont eux aussi très proches - par les idées qu'ils véhiculent - des frères musulmans, Necmeddin Erbekan en turquie aussi ...

Citer :
Alors quoi, un Etat théocratique est-il voué aux divisions ?


Certainement


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Message Publié : 10 Mai 2007 11:53 
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Salluste
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Abdelmalik Ibn Marwan (Omeyyade) a juste dérogé un peu à la régle de succession établi par les premiers omeyyades. Il a désigné son neveu Omar Ibn Abdelaziz.


Je réctifie. C'est SULEIMANE IBN ABDELMALIK IBN MARWAN qui a désigné comme successeur, son neveu Omar Ibn Abdelaziz.


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Message Publié : 10 Mai 2007 14:47 
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Jules Michelet
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A ce sujet, j'ai lu dans l'excellent ouvrage d'Amin Maalouf "Les croisades vues par les arabes" que les arabes enviaient aux croisés le fait que chez eux la succession se faisait avec beaucoup moins de heurts que lors de la mort d'un calife...

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Message Publié : 13 Mai 2007 11:11 
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Salluste
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que les arabes enviaient aux croisés le fait que chez eux la succession se faisait avec beaucoup moins de heurts que lors de la mort d'un calife...


Oui, effectivement. Mais c'est aussi parce qu'à cette époque (les croisades), les arabes n'avaient plus ni le pouvoir sur un monde qui échappait complétement à leur controle.

C'étaient les turcs qui régnaient en maîtres sur la région.


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 Sujet du message : De la Theorie et de la Pratique
Message Publié : 18 Mai 2007 14:38 
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Grégoire de Tours
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Pourquoi, mais pourquoi les musulmans n'ont-ils jamais promulgué une loi pour clarifier le mode de succession des califes ? Les querelles successorales sont à l'origine de tant de guerres civiles, de schismes religieux, de renversement du pouvoir ! Eux (les Abbassides, les Omeyyades de Damas et de Cordoue) qui avaient une administration si efficace.


Bon, je ne sais pas si tu es musulman ou pas, mais il faut deja savoir qu'en matiere de legistlation c'est Dieu qui est sense etre la source premiere et non pas les hommes, d'ou le fait qu'aucune "loi" promulguee en la matiere n'a pu devenir absolument contraignante.

En effet, a sa mort, le prophete n'a pas voulu designer de successeur car la nature de l'Etat qu'il avais fonde ne devais etre une "theocratie" et encore moins une monarchie hereditaire. Cela crea certe des problemes mais il faut croire que cela permit aussi a la posterite de composer des regimes politiques aussi divers que varies selon les epoques et les situations, car si le prophete avait designe aun sucesseur qui lui aurait conteste le droit de regir la communaute et qui lui aurait denie le droit de designer son sucesseur et ainsi de suite.

Il y'a donc deux facettes de ce probleme.

Dans tout les cas de figure on ne peut vraiment dire que cela empeche l'essor de toute une civilisation durant des siecles et des siecles, d'abord sous la coupe d'un pouvoir unique puis dans le morcellement. J'invoquerais ici l'exemple de Rome qui, bien que secouee par moulte guerres intestines le long de son histoire, cele ne l'empecha pas de dominer son monde durant des siecles.

Tout est relatif donc.


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Message Publié : 25 Mai 2007 23:25 
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Pierre de L'Estoile
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Harrachi78 a écrit :
...en matiere de legistlation c'est Dieu qui est sense etre la source premiere et non pas les hommes, d'ou le fait qu'aucune "loi" promulguee en la matiere n'a pu devenir absolument contraignante.

En effet, a sa mort, le prophete n'a pas voulu designer de successeur car la nature de l'Etat qu'il avais fonde ne devais etre une "theocratie"
Je suis d'accord avec Harrachi78 quand il dit que dans la mesure où le Coran et les Hadiths n'abordent pas les questions institutionnelles et politiques, il n'était pas possible d'associer à la pratique religieuse une forme de régime quelconque. Par contre, je ne pense pas qu'on puisse prêter un dessein à Mahomet : le climat de guerre civile qui a suivi sa mort et les assassinats successifs des califes "bien guidés" obligent à prendre les histoires entourant sa mort avec précaution. Il est donc hasardeux d'affirmer qu'il a ou non pris des dispositions avant de mourir.

Alicebonamy a écrit :
Quant à tenter une comparaison avec la religion catholique, est-ce déplacé ?
Avant de chercher une explication dans le domaine religieux, ce qui peut égarer - la place de la religion n'est pas la même dans les deux mondes - il faut d'abord chercher des exemples parmi les nomades. La succession se fait en effet très souvent de la même façon : le dirigeant est désigné parmi la famille plus ou moins proche du roi défunt par les chefs des grandes familles. On pense notamment aux Mongols et à leur assemblée, le kouriltaï. Le but étant de fournir à la tribu un chef majeur, capable d'assumer immédiatement le pouvoir. Si le roi défunt n'a qu'un enfant mâle en bas âge, celui-ci ne pourra pas régner.
Si un chef de famille n'est pas d'accord avec la désignation du souverain, il peut partir en guerre contre les autres pour placer sa propre dynastie, ou bien faire sécession (cas des Mongols et des Ouzbeks, puis des Kazakh).

Les difficultés des Arabes à établir des institutions stables peuvent s'expliquer par l'impossibilité de transposer un mode de succession tribale à un empire chevauchant trois continents. De ce côté-là, les Romains ont également mis des siècles à trouver un mode de succession viable. Paul Veyne, dans l'Empire Gréco-Romain, fait un parallèle entre le calife et l'empereur romain, institutions très proches. Le fait que le calife dispose d'un pouvoir tout en tirant sa légitimité du choix de ses pairs induit un déséquilibre fatal, puisque tout "grand" peut s'estimer en droit de briguer le trône, s'il est assez fort pour s'imposer.

A l'opposé, la royauté franque, qui fait partie de l'héritage du roi à ses enfants, lesquels sont départagés par la loi salique, mais qui ne permet qu'un pouvoir limité, est un modèle beaucoup plus stable, peut-être est-ce la principale contribution des Germains à la civilisation européenne.

_________________
Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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 Sujet du message : @Nebuchadnezar
Message Publié : 26 Mai 2007 0:42 
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Grégoire de Tours
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Bonsoir,

Citer :
Par contre, je ne pense pas qu'on puisse prêter un dessein à Mahomet : le climat de guerre civile qui a suivi sa mort et les assassinats successifs des califes "bien guidés" obligent à prendre les histoires entourant sa mort avec précaution. Il est donc hasardeux d'affirmer qu'il a ou non pris des dispositions avant de mourir.


Bon, mettons un peu d'ordre dans la chronologie.

A la mort du Prophete la designation d'Abu Bakr pour lui succeder (dans son pouvoir temporel) se fait par consensus des anciens, Il est donc clair qu'il ne designa nommement personne et qu'il ne fixa meme pas le mode de designation car autrement il aurait ete suivi ou alors ca aurait ete conteste car il selon ce que je sache le prophete n'est pas mort en perte d evitesse ou d'autorite ?!

Le premier calife mourras deux ans plus tard, de mort naturelle.

Suivra alors le califat d'Omar. Lui a ete nommement designe par son predecesseur qui le jugea le plus apte a assumer le pouvoir. Le mode de designation est donc pas identique a celui du prophete car la encore, si le prophete avais laisse des consignes elel auraiet eu valeur de loi et il n'est pas possible qu'une telel entorse a la loi ai ete toleree a ce moment par les anciens.

Omar sera assassine par un persan, mais pour d'autres motifs que cela. Mais ayant survecu quelques jours a l'attaque il eut le temps d'organiser sa sucession en formant une sorte d ecomission retsreinte sensee elir l'un de ses membres (dont Ali fesait partie) par un procede assez complexe.

Au final c'est Othmane qui sera designe et la encore personne ne contesta le mode de la designation, Ali reclamant le droit d'etre calife parcque se jugeant "meilleur" que Othmane et rien d'autre.

Ce n'est que vers la fin du califat d'Othmane, plus de 25 ans apres la mort du prophete, que le climat de guerre-civile que tu evoque s'installe et qui finira par couter la vie au calife. Cependant, meme apres son assassinat, les justifications officielles des insurges ne furent jamais une illegitimite dans sa designation mais des griefs dans la gestion des affaires de l'Etat alors que si la moindre faille dans son election existais ca aurais ete la premiere des choses a lui reprocher.

Lui succederas alors Othmane

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Honeste vivere ; Alterum non Laedere ; Suum cuique Tribuere


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Message Publié : 26 Mai 2007 19:17 
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Salluste
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Bonjour,

Je pense que Nebuchadnezar entend par "guerre civile", la rébelion des tribus arabes contre Aboubakr (refus de payer l'impôt et plus précisemment la zakatt)

Citer :
le climat de guerre civile qui a suivi sa mort et les assassinats successifs des califes "bien guidés" obligent à prendre les histoires entourant sa mort avec précaution. Il est donc hasardeux d'affirmer qu'il a ou non pris des dispositions avant de mourir.


Certes, d'ailleurs cette question ne sera jamais tranchée ...

Citer :
Les difficultés des Arabes à établir des institutions stables peuvent s'expliquer par l'impossibilité de transposer un mode de succession tribale à un empire chevauchant trois continents.


L'expansion rapide de cet empire explique en partie la crise de pouvoir traversée. Lors de sa marche sur la Mecque, Mahomet ne disposait pas de plus de dix-mille combattants! C'était deux ans avant sa mort...

Il est pratiquement impossible pour une dizaine de milliers d'hommes d'encadrer des dizaines de millions d'âmes de cultures et langues différentes. D'autant plus qu'Omar avait interdit aux Grands compagnons de Mahomet de quitter Médine sans raison évidente!

Pour ce qui est du caractère tribal, je pense que bien au contraire, il constituait une force de rappel à un état d'anarchie.

Pour preuve, la rébellion contre le troisième caliphe a été surtout suivie par les "autres" arabes qui refusaient la main-mise des omeyyades sur les affaires de l'Etat. Ce sont ces "autres" arabes (ni mecquois ni médinois) qui ont contesté "l'autorité" des qoraychites, ce sont eux qui ont suivi l'appel des "khawaridj" contre Ali après l'arbitrage ... et toutes leurs position et doctrine est opposé à toute forme de "monarchie" ... c'étaient des extrémistes presqu'anarchistes!

Ce sont les arabes de syrie, habitués au pouvoir monarchique qui ont fait basculer les traditions de succession par consultation. En effet, Mouawiya s'est principalement appuyé sur ces "contingents" pour assoier le pouvoir de "sa" dynastie.

L'expansion TROP rapide de l'islam (difficultés d'intégrer les peuples nouvellement acquis à la communauté) a été pour quelque chose dans cette "capitulation" face à cette "force de rappel" qui empêcha les musulmans de développer un système "améliorable" mais toujours basé sur le principe de la consultation, tel que compris par les pionniers.

La rivalité entre les deux familles, Hachémites et Omeyyades, en a été une autre cause majeure.


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Message Publié : 15 Juin 2007 22:17 
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Pierre de L'Estoile
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Dhu shara a écrit :
Je pense que Nebuchadnezar entend par "guerre civile", la rébelion des tribus arabes contre Aboubakr (refus de payer l'impôt et plus précisemment la zakatt)
Tout-à-fait, je pense qu'ont également joué les tentatives politiques d'Ali pour accéder au pouvoir, au fur et à mesure que les élus se faisaient assassiner. Aïcha, qui avait également des partisans et voulaient faire entendre sa voix dans l'élaboration du Coran, a dû encore compliquer le jeu.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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