Foulques a écrit :
C'est fait. On en a déjà parlé ici, par exemple :
"La femme du Moyen-âge à la Renaissance" , qui concerne aussi les aspects "audience et crédibilité" de celle-ci.
viewtopic.php?f=78&t=10756Très bien. J'y ai jeté un oeil et croyez bien que je lirai avec plaisir sur le sujet (et notamment ce que vous conseillez) pour pouvoir y intervenir.
J'y ai notamment trouvé ce propos plein de justessse, cité par Jean-Marc Labat, et qui me semble tout aussi adéquat à l'islam :
Citer :
Je cite maintenant L'histoire des femmes en Occident Tome II: le Moyen-Age édition Tempus, page 227.
Si le christianisme n'atténue pas la discrimination sexuelle en vigueur à la fin de l'Empire Romain, il offre au femmes la possibilité de se considérer comme des individus indépendants et non plus comme fille, femme, mère de quelqu'un. Conformément aux Actes des Apôtres, il leur permet de s'estimer en tant que créatures spirituelles dotées des mêmes facultés de perfection morale que les hommes. De plus, le christianisme défend la sainteté du mariage, à l'exception de Matthieu (XIX, 9), qui autorise le divorce en cas de manquement à la chasteté.
Citer :
La demande de comparaison, sous-jacente à la question, ne vient pas de moi. Mais si on la souhaite je n'y vois aucun problème.
On y verra que l'essentiel de la différence réside, si j'en juge par ce fil, d'une part dans des faits concrets de femmes ayant un véritable pouvoir politique au cœur du prétendu "âge des ténèbres" occidental, et d'autre part dans le changement des prescriptions législatives car ces sociétés médiévales occidentales étaient, elles, capables de changement voulu, de recherches d'influences extérieures, susceptibles de les mener à un stade meilleur.
On y verra que ce genre d'assertions :
Massinissa a écrit :
On parle souvent du statut de la femme en Islam mais les autres ères de civilisation ne l'ont pas plus mis en avant (hormis au XXème et encore), la femme en Europe à toujours été considérée comme mineure, au Moyen-Age on croyait qu'elle n'avait pas d'âme
est un mensonge moderne colporté à dessein. Si vraiment ça l'est par un prof de médiévale, on comprend mieux cette ignorance générale qui facilite les conversions. On y verra aussi qu'un autre prof de médiévale soutient l'inverse.
Effectivement, on s'est forgé un "Moyen Âge" bien commode pour s'en distinguer, autant d'un point de vue politique que culturel. Ce que je trouve étrange dans votre démarche, toutefois, c'est qu'avec une aussi bonne idée de départ (il faut faire attention aux mythes que l'on construit à des fins extra-savantes), vous en arriviez à faire la même chose à propos d'une autre aire géographique, politique et culturelle : ce n'est plus notre Moyen-Âge qui est rejeté dans l'altérité et les ténébres, mais, ici, l'Islam, un, monotone, arriéré. Les leçons que l'on tire de l'écriture de l'histoire médiévale de l'Europe (par exemple) devrait plutôt inciter à la prudence : d'une part, en objectivant les conditions même de l'écriture de l'histoire (des femmes par exemple, des femmes en terres islamisées pour un exemple plus précis) ; d'autre part, en spécifiant dans le temps, dans l'espace géographique et dans l'espace social, la portée des quelques faits hautement symboliques dont on dipose communément pour écrire cette histoire (par exemple : en Germanie - mais non en Francie occidentale ou bien moins - les femmes de l'aristocratie aux Xe et XIe siècles ont un rôle important dans la symbolique du pouvoir et même dans l'exercice du pouvoir dans des circonstances exceptionnelles). A propos des femmes en terres islamisées, on pourrait ainsi se demander dans quelle mesure les historiens ont bien travaillé. Mes lectures me donnent à penser que c'est un objet finalement peu et mal étudié.
(Par ailleurs, soit dit en passant que je doute que l'ignorance de la période médiévale soit à l'origine de conversions religieuses
et que je doute encore plus qu'une comparaison savante intelligente puisse avoir pour but ou origine ce type de problèmes.)
Citer :
Dans le fil mentionné, je me demandais si, vraiment dans l'Orient médiéval musulman, l'épousée n'avait pas à dire un mot d'acquiescement lors de la cérémonie du mariage.
Il semble bien que non, contrairement au mariage chrétien. Ceci serait mentionné dans un dialogue entre Mahomet et Aïcha, rapporté par un hadith.
Je crois que ce consentement féminin est demandé dans les mosquées maintenant, du moins en France. Avez-vous une idée de l'époque où la tradition a été modifiée ? Est-ce que c'est uniforme actuellement dans le monde musulman ?
Dans ce présent fil sur la femme musulmane, j'ai vu qu'il n'y avait qu'une seule référence, coranique et par définition immuable, et qu'on était bien en peine de trouver des faits se rapportant à une autre femme que Khadija ou Aïcha. Aucune reine, héroïne, ni même femme politique dans l'islam médiéval, … rien. On pense fortement, et avec respect, à la Kahina, mais elle n'était pas musulmane, ni même Arabe.
J'aurais aussi aimé savoir s'il y avait dans le monde islamique un équivalent contemporain de Hersent, la femme chirurgien de Saint-Louis ?
Etonné de ne pas l'avoir trouvé dans "les croisades vues par les Arabes" du romancier Amin Maalouf. Mais je sais que l'imagination d'un romancier a aussi des bornes, celles, politiquement tolérables ou commercialement fructueuses, de son époque.
Je vous répondrai plus précisément le jour où j'aurais le temps de faire quelques recherches en bibliothèque. Mais, pour faire vite, j'ai noté récemment combien cette quête d' "héroïnes des temps passés" était une entreprise qui accompagnait l'accession des femmes à des statuts intellectuels et sociaux reconnus. Ces intellectuelles (qui sont d'abord des amateurs de l'histoire, avant que les professionnels prennent le relais) cherchent ainsi à légitimer leur nouvelle situation et à lutter contre la naturalisation de leur infériorité sociale. Lors des dernières décennies, on a donc vu émerger ce genre de littérature dans les pays musulmans, évoquant des "sultanes oubliées" (Fatima Mernissi) ou l'activité publique des femmes de Muhammad ou des femmes des "Salafs" (pieux Anciens). Le féminisme européen a suscité le même genre littéraire, mais évidemment selon les conditions propres de son histoire. Puis les historiens sont venus préciser, rectifier, approfondir tout cela. On n'en est pas encore là en terres d'islam. Toutefois, je ne doute pas que l'on trouve, si on cherche, le même type de personnages exceptionnels, parce que les ténébres absolus n'existent que dans la tête de ceux qui veulent à tout prix les projeter ailleurs pour se sentir mieux. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, qu'il faille oublier la dureté de l'abaissement de la condition féminine en certains lieux, à certains moments et en certains groupes sociaux (urbains notamment) ; mais il faut aussi voir où l'apparent modèle ne marche pas, les résistances qu'il suscite, les exceptions que la société engendre.