Bonsoir,
Avant de traiter du sujet précis, il serait bon de définir ce que l'on entend par "arabité" car ce terme "fourre-tout" s'est coloré selon les différents avatars existants.
Nous avons l'arabité baathiste (Nasser, Saddam, Asad, etc.) qui considère que tout individu se sentant arabe et parlant l'arabe est arabe.
Nous avons les défenseurs d'une arabité génétique (le roi Faysal contre les Ottomans par exemple) circonscrite à la Péninsule arabique et au Croissant fertile.
Nous avons l'arabité populiste (le peuple citadin des pays du Mashreq Egypte exclue) qui considère les arabisés d'Afrique comme étant Arabes à partir du moment où ils ne sont ni "Noirs très typés" ni berbèrophones.
Dans le cas de la première, n'importe quel arabophone, voir un arabisant souhaitant devenir arabe et se comportant comme tel pourrait le devenir et être considéré ainsi.
Dans le second cas, la filiation tribale et le sang jouent un rôle prépondérant. Aucun habitant du Golfe - par exemple - ne considère qu'un égyptien est un arabe, je vous laisse imaginer ce qu'ils pensent des Maghrébins ou des Abyssins...
Concernant la génétique proprement dite, voici le lien d'un atlas génétique qui expose l'occurence moyenne des différents haplotypes (ainsi que toutes leurs mutations):
http://thegeneticatlas.com/J_Y-DNA.htmL'haplotype "J" considéré comme arabe/sémite se décline sous deux principales formes: J1 (nord) et J2 (sud). Vous constaterez qu'au Yémen par exemple, la moyenne est de 83% ce qui indique une endogamie et une préservation très importantes. Les pays africains arabisés sont très clairement ethniquement de souche berbère et/ou négroïde.
Le dernier cas correspond aux classes éduquées du Mashreq qui, à partir du moment où elles comprennent leur interlocuteur, s'accomodent de son arabité même si elle est résumée à la seule arabophonie. Ceci engendre que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les Soudanais sont plus "acceptés" que les Marocains ou les Algériens.
Concernant le sujet initial, les ‘abîd-s (pluriel de ‘abd) d’Irak descendent essentiellement des survivants du massacre des Zenjs qui eut lieu pendant les deux premiers siècles du califat abbasside de Bagdad. L’historien sénégalais Tidiane N’Diaye a plusieurs fois abordé le sujet lors d’entretien télévisé que l’on peut visionner aisément sur le net.
Pour certains, il s’agirait là du premier génocide de l’Histoire puisqu’il est aujourd’hui admis que ces massacres n’avaient pas simplement pour but d’écraser « l’hérésie » kharidjite à laquelle la plupart des Zenjs adhéraient, mais, d’éradiquer une population « gênante » dont la présence était devenue facultative puisqu’elle avait remplie sa mission, à savoir assainir une partie des marais du sud de l’Irak (ce qui, au passage, faucha la vie de plusieurs centaines de milliers de Zenjs supplémentaire).
L’esclavage ayant perduré longtemps après les Abbassides dans le Monde musulman, de nouveaux apports, bien que nettement plus restreints, se sont certainement joints aux survivants. L’écrasante majorité des Noirs irakiens habite d’ailleurs les régions chiites de l’Irak méridional ce qui correspond exactement au territoire où les Zenjs furent concentrés et asservis.