Ibn Al Athir a écrit :
Dans le systéme islamique, la désignation légale du gouvernant se fait par éléction (normalement, car je ne parle pas du fait que l'anormalité d'un point de vue historique est devenue la "norme"), mais pas du type suffrage universel direct, pour faire partie de l'electorat il y a des condtions trés strictes, le sujet est trés vaste et lourd, pour résumer, je vous dirait par une analogie simplifiée qu'il s'agit d'une élection avec des grands electeurs qui élisent l'un des leurs.
Quand vous faites la comparaison avec les élections américaines, vous avez l'air de dire que les règles étaient établies et qu'il y avait des votes.
Si je ne me trompe pas, il n'y a que pour l'élection ou plutôt la nomination d'Othman qu'un collège de 6 personnes est rassemblé, selon les instructions d'Omar depuis son lit de mort. Ce dernier avait été désigné d'après le testament d'Abu Bakr, testament ratifié par une assemblée de Médinois. La source principale pour ses récits est Tabari.
Il est difficile d'affirmer qu'il n'y eut pas de longues négociations et des luttes d'influence, jusqu'à ce que le consensus cher aux Musulmans soit atteint et que le nouveau calife ne soit désigné à l'unanimité.
Plus généralement, l'histoire traditionnelle des débuts de l'islam nous fait voir les affrontements entre plusieurs légitimité :
- La légitimité prophétique, sur le modèle de Mahomet, représentée par Musaylima, Sajah la prophétesse, et certainement bien d'autres, qu'affrontera Abu-Bakr
- La légitimité dynastique avec Ali et son parti
- La légitimité "élective", résultant du choix des personnes éminentes, en général compagnons du prophète (Mohadjir) ou membres de l'aristocratie de Médine (Ansar)
- La légitimité "mérito-démo-cratique" du projet politique particulier des Kharidjites, pour qui le calife doit être le meilleur par ses qualités religieuses, et est désigné par l'ensemble de la communauté
À ces légitimités s'ajoutera plus tard la légitimité "traditionnaliste", basée sur les hadiths. À ce moment, Chiites et Sunnites se prévaudront de paroles de Mahomet, de même que les Abassides feront circuler des hadiths anti-omeyyades. Dans le cas des Chiites, citons la parole de Mahomet à l'Étang de Khumm, au retour du Pélerinage d'Adieu :
"Toute personne dont je suis le maître a également Ali pour maître."En pratique, pour les Sunnites, la légitimité élective aura cours tant que les compagnons de Mahomet seront vivants. Ensuite, c'est naturellement la tradition dynastique qui prendra le dessus, avec l'aristocratie de la Mecque représentée par Othman puis Muawiya. Le principe dynastique s'appliquera naturellement dans un empire que la conquête avait rendu démesuré.
Pour les Chiites, la légitimité dynastique prédomine un temps après Ali avec les premiers Imams. Puis, quand le dernier Imam meurt (le quatrième pour les Zaydites) ou s'occulte (le septième pour les Ismaéliens, le douzième pour les autres), la légitimité devient l'objet de lutte entre les courants, qui de toutes façons, vivent au sein du monde sunnite, avant de ressurgir et d'instaurer des dynasties (Yémen pour les Zaydites, Fatimides pour les autres).
Les mouvements prophétiques furent éliminés par Abu Bakr. La tradition musulmane les présente comme des impostures, mais je pense qu'il est plus probable qu'ils faisaient partie de la nébuleuse de mouvements religieux dont a émergé l'islam.
Les Kharidjites sont présentés comme des rigoristes qui se séparèrent d'Ali lorsqu'il accepta de soumettre le califat que lui contestait Muawiya à un arbitrage. Ils estimaient qu'il n'y avait pas lieu d'arbitrer, mais qu'il fallait se battre pour laisser le choix à Dieu. Plus tard, ils décrétèrent que le calife pouvait être désigné parmi toute personne respectant parfaitement la loi divine. La communauté, qui le désignait, pouvait également le déposer. Ils n'eurent jamais l'occasion de mettre leurs théories en pratique, et donc d'expliciter comment la communauté pouvait exprimer son choix. Mais leurs doctrines alimentèrent de nombreux mouvements contestataires au Maghreb.
Citer :
Le systéme iranien n'est pas vraiment islamique, encore que on peut dire qu'il a intériosé certains aspect des doctrines politiques chiites, c'est un régime "batard" dont la construction a emprunté à différent systéme philosophique politique.
Heu... Dans la mesure où ce régime se réclame de l'islam et s'appuie sur une théorie élaborée (représentation de l'imam caché), je vois mal comment on peut le qualifier de non islamique. On peut tout au plus dire qu'il ne correspond pas à l'image de la transmission du pouvoir rapportée par la Tradition, et ainsi risquer de faire preuve de "sunnocentrisme abscon"