Au sujet de la Corse voilà ce que j'ai trouver:
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Après la chute de l'Empire Romain d'Occident, la Mer Méditerranée jadis mare nostrum devient une zone de non-droit. Les premières invasions de Barbaresques issus du Maghreb débutent dès 704. Puis leurs incursions deviennent de plus en plus habituelles, foudroyantes et redoutées. A la différence des envahisseurs germains, qui sont venus en Corse avec l'intention de s'y incruster, les Sarrasins ne font qu'y passer, sans autre envie que de piller, tuer et réduire en esclavage leurs prisonnier(e)s qui seront vendus à bon prix à Alger ou Tanger. L'intensité des attaques est telle que les Corses sont obligés de déménager leurs précieuses reliques comme celle Sainte-Julie en France ou en Italie. En 809, Aleria fondée par les Grecs et urbanisée par les Romains est envahie un samedi de Pâques et rasée jusqu'à la dernière pierre par les Maures partis d'Espagne. Les envahisseurs n'épargnent que l'évêque et quelques vieillards. Le reste des captifs est soit exécuté soit réduit en esclavage. L'exemple le plus célèbre d'une esclave d'origine corse est celui de Marthe Franceschini, kidnappée toute jeune dans son village de Corbara et devenue favorite du sultan du Maroc au XVIIIe siècle.
Les fameuses "tours génoises" visibles sur tout le littoral de la Corse ont été bâties pour avertir les habitants de l'imminence d'une attaque de pirates sarrasins. Seule la prise d'Alger en 1830 sonnera définitivement le coup d'arrêt des raids musulmans en Corse.
Source exacte à vérifier pour cet article d'autant plus qu'il parle de Barbaresques en 704...
et l'utilisation de certains terme comme s'y incruster.
Un article tiré du site l'express.fr:
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En l'an mille, la Corse n'affiche plus la prospérité de l'époque romaine. Elle doit affronter un nouveau danger: le péril maure
En l'an mille, le ciel se montra tellement courroucé de la mort du comte Arrigo qu'il fit un miracle. Une voix déchira les airs et l'on entendit résonner à travers les monts et les villages cette funeste prédiction: «E morto il conte Arrigo... Le comte Arrigo est mort et la Corse ira de mal en pis.» D'autres prétendent même que la voix aurait conclu de façon encore plus définitive: «Corsica non avrai mai bene», ce qui signifie: «Corse, tu ne connaîtras jamais le bonheur.»
Les vertus du comte justifiaient amplement cette réaction. Selon la chronique rédigée au XVe siècle par Giovanni della Grossa, Arrigo avait assuré la tranquillité de l'île grâce à une gestion empreinte de rectitude. Non content de faire exempter ses sujets de la dîme due à Rome, de nommer des juges et des officiers afin qu'ils exercent leur pouvoir en son nom, le comte, que sa grâce et sa beauté avaient fait baptiser «Bel Messere», parcourait l'île à cheval afin de «modérer et corriger lui-même les excès de toutes sortes». Les barons s'irritaient en secret de ce contrôle, mais «les peuples aimaient Arrigo de tout cœur, comme un véritable père».
Un jour, afin de trancher un conflit de territoire qui opposait plusieurs de ses vassaux, le seigneur corse prit la route avec ses sept fils qui étaient en bas âge et, «comme il était dépourvu de la moindre crainte, il n'emmena avec lui qu'une suite de neuf cavaliers et vingt-cinq fantassins». Arrivé sur le lieu du différend, au-dessus de Cauro, il fut traîtreusement assassiné d'un trait de javelot. Les meurtriers, afin que nul par la suite ne puisse leur demander raison de leur forfait, s'emparèrent des sept fils et les noyèrent sous un pont «comme de petits poulets». Aujourd'hui, à l'embranchement des routes de Cauro et de Bastelica, à 17 kilomètres d'Ajaccio, un pont de style génois continue d'enjamber la rivière. En souvenir des sept innocents, on l'a appelé le Ponte di i Setti Polli (le pont des Sept-Poulets), et une plaque commémorative apposée par la Cuncolta nationaliste y rend hommage à l'action en l'an mille d'Arrigo Bel Messere.
Les historiens, eux, sont plus circonspects. Ces récits où se conjuguent l'épopée et l'histoire méritent-ils qu'on leur accorde du crédit? La question n'est pas absurde. Comme le note Michel Vergé-Franceschi, auteur d'une toute récente Histoire de la Corse, les chroniqueurs médiévaux écrivaient déjà à une époque largement postérieure aux faits présumés; ils avaient aussi «le souci d'enjoliver les origines des grands seigneurs auxquels ils étaient attachés et qui les rémunéraient». Mais leurs héros, aussi fantasmatiques soient-ils, ne peuvent-ils au moins servir de guides dans une époque où bien peu d'événements semblent avoir laissé des traces tangibles? Car autant la Corse nous est connue dans l'Antiquité, autant la documentation sur l'an mille est lacunaire. Les textes? A part quelques lettres pontificales, quelques dotations d'abbayes, ils sont muets. Les restes archéologiques? Rares et de datation incertaine. Bref, plus on approche de cette période, plus l'impression de crise et d'abandon se renforce.
Il n'est que de regarder la démographie. A l'époque romaine, la population était estimée à une centaine de milliers d'habitants. En l'an mille, elle a diminué de moitié. Que reste-t-il donc de cette Corse qui, dès l'an 46 avant Jésus-Christ, à l'époque de Jules César, expédiait d'Aléria à Rome le blé de la plaine orientale, le miel amer de ses maquis, l'huile d'olive et même le cuivre et le plomb argentifère? Que reste-t-il même d'Aléria, avec son forum orné de portiques et ses belles dalles de schiste vert tiré des carrières de Brando? Rien. «Aléria, nous dit Jean Cancellieri, professeur d'histoire médiévale à l'université de Corte, n'est plus qu'un décor, une ville morte, désertée, le siège fantomatique d'une cathédrale, où les évêques continueront de se faire sacrer, mais qu'ils abandonneront aussitôt pour aller vivre ailleurs, là où l'air est plus respirable.»
Car la plaine est devenue insalubre depuis que les ports autour desquels les Romains avaient bâti leurs cités ont cessé d'être entretenus, depuis que l'on a arrêté de draguer les canaux et les rivières et de cultiver le sol. Le paludisme, que seule l'occupation intensive de la plaine avait réussi à modérer, est revenu en force, acculant les hommes à un repli salvateur vers la montagne. La Corse de l'an mille, il faut l'imaginer plus «chevelue» que jamais, avec ses résineux et ses chênes épais, ses forêts de châtaigniers, son maquis de myrte et de buis, et ces villages installés à mi-pente, pour se protéger des invasions et des maladies.
L'instabilité politique, encouragée par le morcellement des hameaux et des vallées ainsi que par la division infinie des communautés corses, est un autre fléau. Poussière de seigneurs retranchés sur leur territoire et trop souvent incapables de s'entendre: telle est l'image de la féodalité insulaire. Jusqu'au jour où arrivent les Obertenghi... Descendant du marquis Oberto, cette famille, ou plutôt ce puissant consortium familial, originaire de Lucques, en Toscane, s'est approprié la Corse entre le Xe et le XIe siècle. Comme dans la légende d'Arrigo Bel Messere, les Obertenghi exerceront dans l'île toutes les prérogatives de la souveraineté. On a même conservé les traces d'une assemblée de justice où l'un d'eux dut arbitrer un litige opposant l'abbé du monastère italien de l'îlot de la Gorgona, au large de Livourne, à des individus qui avaient usurpé les biens qu'il possédait dans l'île. Cet exemple n'est pas indifférent. C'est à travers les offrandes faites à des communautés monastiques de la péninsule italienne que l'on est parvenu à connaître de plus près l'implantation de ces «marquis de Corse», puisque tel est le nom que l'on prendra bientôt l'habitude de leur donner.
Non seulement le monastère de la Gorgona, objet de nombreux actes de piété de la part des insulaires, mais de nombreuses abbayes ligures ou toscanes, comme le monastère de San Venerio del Tino, près de La Spezia, possédaient des biens dans l'île de Beauté, dus à la générosité des marquis. C'est ce qu'ont permis de démontrer les travaux du médiéviste italien Silio Scalfati, de l'université de Pise. On a pu ainsi retrouver la trace des Obertenghi dans le cap Corse - où d'autres grandes familles, génoises celles-là, viendront elles aussi s'implanter - en Balagne, et même de l'autre côté des monts, puisque, en 1080, l'un de ces seigneurs, Alberto Rufo, fait don du château qu'il possède sur la rive sud du golfe d'Ajaccio au monastère de San Venerio. «L'autorité des Obertenghi et leur influence sur la société corse s'étendait sinon à la totalité, du moins à la plus grande partie de l'île, estime Jean Cancellieri. Deux phénomènes contribueront à affaiblir et à anéantir leur pouvoir: les manœuvres des féodaux locaux qui, comme dans le récit de Giovanni della Grossa, voudront se faire «comte à la place du comte» et l'implication de plus en plus directe de Pise dans la lutte contre les sarrasins.
Le péril maure, c'est l'autre grande affaire de l'an mille en Corse. Vandales, Goths, Ostrogoths, Lombards, etc. Si, au cours des siècles, la Corse a connu beaucoup d'envahisseurs, peu d'entre eux témoignent de la même constance que les sarrasins. Ils sont venus du Maghreb. Ils ont conquis le Portugal, l'Espagne, sont montés jusqu'à Poitiers. Charlemagne, autour de l'an 800, est parvenu à les stopper. La Gaule est devenue plus difficile à pénétrer par la voie terrestre. Du coup, les Maures se sont reconvertis en puissance maritime, ravageant au passage la Corse et la Sardaigne. En 806, l'empereur envoie une flotte commandée par son second fils, Pépin, pour tenter d'y mettre bon ordre. Mais les raids continuent... Ils se poursuivent jusqu'à l'an mille et même un peu au-delà.
«Musetto... roi de Corse et de Sardaigne»Bien évidemment, les sarrasins ont leur place dans la chronique de Giovanni della Grossa. On y découvre la saga d'un seigneur romain, Ugo Colonna, venu lui aussi d'Italie, avec la bénédiction du pape, pour arracher la Corse aux Maures qui y sèment la terreur, sous la conduite de leur roi, Negolone. Ugo Colonna débarque avec 1 000 fantassins et 200 cavaliers, s'empare d'Aléria, de Corte et capture Negolone, qui se convertit à la foi chrétienne. Giovanni della Grossa situe cet épisode au VIIIe siècle mais, estime Jean Cancellieri, «il pourrait très bien avoir mêlé deux époques et attribuer aux temps carolingiens le combat contre les sarrasins mené au XIe siècle, dans un premier temps sous l'autorité des marquis de Toscane». Le Negolone de l'an mille est un corsaire sarrasin venu des Baléares, dont le nom, Mogehid ou Moudjahid, italianisé en Musetto, va très vite symboliser aux yeux de ses contemporains des siècles de péril musulman. «Sa renommée est telle, remarque aujourd'hui, à Ajaccio, l'historien Antoine-Marie Graziani, que l'épopée de Musetto est connue à la fois du côté chrétien et du côté arabe, ce qui n'est pas courant.»
Les pirates de Musetto multiplient les raids dans la zone corso-sarde et sur le littoral italien, allant jusqu'à saccager les quais et les entrepôts des Pisans. Ces derniers réalisent le risque encouru, surtout lorsque, après une courte accalmie, les raids reprennent à partir de la Sardaigne et de la Corse, où les Maures ont installé leurs bases arrière. Les deux îles sont impuissantes à enrayer le danger. Pise décide alors de proposer une alliance à Gênes, dont la prospérité est également menacée. En 1014, le «roi» Mogehid est écrasé par la coalition des deux flottes. Mais le souvenir de Musetto ne s'effacera pas de sitôt. «Il y a quelques années, raconte Jean Cancellieri, en se promenant dans le vieux Gênes, on pouvait observer sur la façade d'un immeuble une tête sculptée, disparue aujourd'hui à la suite d'une restauration malheureuse. Pour tout le monde, cette statuette était celle de Musetto... le roi de Corse et de Sardaigne!»
Curieusement, il subsiste peu de traces en Corse de cette présence musulmane, pourtant trois fois séculaire. Pas de monnaie, pas de fragments de poteries, pas d'épaves de navires, comme sur les côtes toscanes ou en Provence. «Du coup, alors qu'au XIXe siècle on voyait des sarrasins partout, c'est tout juste si ces invasions n'ont pas été présentées comme un montage par d'autres historiens, s'exclame Graziani. C'est idiot! Un pillard ne laisse pas forcément de la poterie derrière lui, il ne cherche pas non plus à marquer le sol de façon indélébile.» D'autant que d'autres sources - la toponymie, les traditions orales - ne laissent pas de doute sur le passage des sarrasins. Les récits de pillages, de hameaux rasés, de populations entières emmenées en captivité - «à l'exception de l'évêque, des vieillards et des infirmes!» - font partie du patrimoine insulaire. Morosaglia, la patrie de Pascal Paoli, Moriani, Campo-Moro ou Morsiglia, dans le cap Corse, des patronymes comme Moreschi, Morachini, Morazzani sont autant d'héritages mauresques. Jusqu'aux magnifiques palmiers qui ornent la place Saint-Nicolas, à Bastia, ou qui confèrent à Ajaccio son caractère exceptionnel. Terre d'invasion, soumise ultérieurement au pape, aux Pisans, aux Génois ou... aux Français, la Corse clôt au lendemain de l'an mille la période des incursions musulmanes. Paradoxalement, celles-ci, surtout lorsque les Maures se sédentarisent pour aller piller les côtes ligures à partir de la Corse elle-même, auront sans doute laissé une trace beaucoup plus profonde qu'on ne le pense, au point de constituer, pour Michel Vergé-Franceschi, l'un des «substrats, avec la romanité et le christianisme, de la civilisation corse». Qui sait alors si la tête de Maure du pavillon insulaire, que certains attribueront plus tard à des influences aragonaises, n'est pas aussi un écho des combats acharnés de l'an mille contre l'ennemi sarrasin? Qui sait même si ce n'est pas la tête de Musetto?
http://www.lexpress.fr/region/la-marque ... 80322.html