Nous sommes actuellement le 25 Avr 2024 6:35

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 15 message(s) ] 
Auteur Message
 Sujet du message : La genèse du chiisme
Message Publié : 07 Sep 2009 14:15 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 07 Sep 2009 13:10
Message(s) : 4
La genèse de l’islam chiite


Le mot arabe shî'a d'où vient le mot « chiite » ne signifie au départ rien d'autre que « parti »: shî'a 'Alî, « le parti d'Ali», soit au départ ceux des musulmans qui pensaient que Mahomet souhaitait que Ali, son cousin et gendre, prenne la direction de la Ummah (communauté des musulmans) par opposition à la grande majorité qui, en acceptant comme Calife (successeur du Prophète) Abu Bakr, s’était ralliée aux traditionnelles pratiques patriarcales arabes basées sur la cooptation entre notables de la tribu. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux courants n’apparaîtront que petit à petit à partir d'un mélange d'influences culturelles, politiques, économiques et religieuses pour finir par se cristalliser dans le dogme du Mahdi, le révéré Imam dont la venue est attendue par les Chiites. Mahdi qui est censé apparaître quand le monde aura atteint le comble de la corruption et du désespoir (du point de vue d’un chiite bien entendu !).

Voyons cela :

L’ambition d’Ali finit par entraîner une guerre civile au cours de laquelle périrent successivement Ali puis Hassan et Hussein, les deux fils qu’il avait eu de Fatima, la fille de Mahomet. Le califat passa alors entre les mains du clan des Omeyyades qui avaient pourtant été parmi les plus farouches adversaires de Mahomet avant qu'il prenne le pouvoir en Arabie.

La lignée des 12 Imams débute donc avec Ali, suivi de son fils aîné Hassan puis de son frère Hussein (ou Husayn) comme troisième Imam.

Si le dogme de l’imamat se développa assez rapidement : la direction politique et spirituelle de la communauté des musulmans ne peut être assurée que par un membre de la Ahl al-Bayt (gens de la maison de Mahomet : Ali, Fatima, Hassan et Husayn et leurs descendants directs) car seuls ils bénéficient de l’Ismah (infaillibilité, protection) et ont une parfaite compréhension du sens du Coran y compris son sens ésotérique inaccessible au simple mortel , la notion de Mahdi n’apparut qu’après la mort de Hussein.

Après la mort de Hussein massacré à Karbala alors qu'il tentait de renverser les Omeyyades, ses partisans prirent comme imam son demi-frère Muhammad ibn al-Hanafiya (4ième et dernier Imâm pour le kaysanisme - fils qu'Ali avait eu avec une femme de la tribu des Hanîfa après la mort de Fatima),

A la mort de Muhammad ibn al-Hanafiya vers 700, une partie des chiites menés par un certain Kaysân de Koufa, affirmèrent qu’en réalité il n’était pas mort mais vivait désormais caché, miraculeusement soustrait aux yeux des mortels, et que dans un proche avenir, il sortirait triomphant de sa cachette, réunirait ses partisans et écraserait les Omeyyades pour établir le pouvoir du véritable islam et « combler la terre de justice et d'équité.» La notion d'attente du Mahdi venait de prendre forme pour la première fois. C'est ce modèle, de l'occultation et du retour attendu du véritable imam, développé par les kaysanites (de Kaysân) qui allait être repris par toutes les autres branches successives du chiisme.

Quoi qu’il en soit, la majorité des chiites se rallièrent au fils cadet de Hussein, Ali Zayn al-Abidin (l’aîné était mort à Karbala) pour lui succéder comme Imam (4ième Imam pour les Ismaéliens et duodécimains qui ne reconnaissent pas l’Imamité de Muhammad ibn al-Hanafiya à cause de sa mère.)

A la mort de Ali Zayn al-Abidin, la majorité des croyant se rallièrent encore à son fils, Muhammad Al-Baqir (5ième Imam) mais une minorité, les zaydites prit parti pour son autre fils Zayd ibn Ali qui estimait que son frère était indigne de l’imamat puisqu’il ne voulait pas se déclarer publiquement imam. Muhammad al-Bâqir rétorqua à son frère que leur père ne s'était jamais déclaré publiquement et qu'il n'en avait pas moins été imam. Zayd et ses partisans finirent massacrés en tentant un soulèvement contre les Omeyyades.


En 750, un événement qui ne rentrait pas dans les plans des chiites se produisit : le califat Omeyyade tant détesté fut renversé mais ce fut un troisième larron qui tira les marrons du feu au nez et à la barbe des descendants d’Ali. Le nouveau calife était un descendant d’Abbas, l’un des oncles de Mahomet. Un usurpateur succédait à un autre usurpateur. C’était d’autant plus frustrant que l’insurrection avait été lancée par les chiites. En tout cas, si les faits et gestes des Imams étaient déjà étroitement contrôlés par les Omeyyades, l’arrivée au pouvoir des Abbassides empira encore la surveillance dont ils faisaient l’objet et, en pratique, ils furent prisonniers à domicile presque toute leur vie.

Entre-temps al-Baqir était mort, et son fils Ja'far al-Sadiq (6ième Imâm) préféra prudemment décliner les appels des chiites qui le pressaient de se proclamer calife.

La mort de Ja'far al-Sadiq provoqua un nouveau schisme. Le fils cadet de Ja'far, Ismail, que son père avait désigné pour être son successeur, était mort avant lui. Cela n'empêcha pas certains groupes de chiites de le tenir pour le septième et dernier imâm en lui appliquant le modèle de l'imâm occulté. Le chiisme septimain ou ismaélisme était né.

Pour compliquer encore la situation, tous les fils de Ja'far al-Sadiq furent proclamés Imâm par diverses sectes chiites rivales : outre Ismail mort avant son père il y avait encore Abdullah, Muhammad, Zakariyya, Ishaq et enfin Musa Al Kazemi vers qui la grande majorité des chiites se tourna finalement. Il est donc le 7ième Imâm pour le chiisme duodécimain.

La même confusion se reproduisit à la mort de Musa. Certains nièrent sa mort, assurant qu’il reviendrait dans le futur, certains prirent comme Imam son fils Ahmad tandis que les autres choisissaient son autre fils, Ali al-Rida (8ième Imâm.)

Après la mort de al-Rida, son fils Muhammad al-Jawwad , également connu sous le surnom de al-Taqi devint le 9ième Imâm auquel succéda son fils Ali al-Hadi ou an-Naqi (10ième Imâm) . A la mort de Ali al-Hadi, les chiites adoptèrent comme nouvel et onzième Imâm son fils Hassan al-Askari, alors âgé de 22 ans.

Nous avons ainsi brossé un aperçu succinct de la tumultueuse genèse du chiisme jusque l’accession à l’imamat de Hassan al-Askari, fils de Ali al-Hadi, et dixième descendant en ligne directe de Ali et de son épouse Fatima (la fille de Mahomet.)

Six ans plus tard, en 874, la communauté des chiites était secouée par le plus grand cataclysme de son histoire pourtant riche en péripéties : Hassan al-Askari gisait sur son lit de mort et contrairement à ses prédécesseurs il n’avait pas eu d’enfants, personne vers qui les chiites pourraient se tourner comme leur nouvel Imâm.

Ceux des Chiites qui considéraient Hassan al-Askari comme leur Imam, étaient en plein désarroi. Etait-ce la fin de l’Imamat ? Autant dire que c’était la fin du chiisme. Ils n’étaient vraiment pas préparés à cette situation.

La confusion qui régnait parmi les Chiites après la mort de Hassan al-Askari est décrite par l’un de ses contemporains, l’écrivain chiite, Hassan ibn Moosa an-Nawbakhti, qui signale l’apparition d’au moins 14 sectes chez les fidèles de Hassan al-Askari, chacune ayant un point de vue distinct sur le futur de l’Imamat et l’identité du prochain Imam. Un autre écrivain chiite contemporain, Sa'd ibn Abdullah al-Qummi, dénombre 15 sectes, et un siècle plus tard l’historien al-Mas'udi dresse une liste de 20 sectes distinctes.

Parmi toutes ces sectes qui tentaient d’apporter une solution à l’absence d’héritier légitime mâle issu de la lignée d’Ali et de Fatima pour succéder à l’Imam, grosso modo quatre écoles de pensées prédominèrent.

Un de ces groupes se résigna à la mort de Hassan al-Askari et au fait qu’il ne laissait pas de descendance. Pour eux l’Imamat venait de s’achever de la même manière que la Nubuwat (mission de Mahomet lui-même) s’était achevée avec sa mort. Pourtant même dans ce groupe certains gardaient l’espoir de la venue d’un nouvel Imam.

Un autre groupe refusait d’admettre la mort de Hassan al- Askari et se mit à prétendre qu’il était occulté et reviendrait dans le futur pour établir la justice sur terre.

Un autre groupe chargea le manteau de l’Imamat sur les épaules de Jaa'far, le frère de Hassan.

Le dernier grand groupe était mené par Uthman ibn Sa'id al-'Amri qui affirmait qu’en réalité Hassan al-Askari avait un fils âgé de quatre ans nommé Muhammad, comme le Prophète, mais qu’il l’avait fait cacher pour le protéger et que pour des raisons de sécurité, à part quelques initiés personne ne pouvait le rencontrer. Cet Uthman ibn Sa'id al-'Amri ajoutait en outre qu’en tant que Wakeel (représentant) de l’Imam c’était à lui qu’il revenait de collecter l’argent au nom des Imams de la Ahl al-Bayt (descendance de Mahomet). Sachant que chaque chiite était supposé verser jusque un cinquième de ses revenus cela laisse rêveur…

La famille de Hassan al-Askari eut beau démentir l’existence de ce prétendu fils et partager son héritage entre son frère Jaa'far et sa mère, Uthman ibn Sa'id et son gang répliquèrent en dénonçant Jaa'far comme al-Kadhdhab (le Menteur) et emportèrent l’allégeance de la grande majorité des croyants,

Le chiisme duodécimain venait de naître.

Uthman ibn Sa'id devint donc le Wakeel “représentant” de l’Imam caché, le seul lien entre les chiites et le mystérieux Muhammad. Il produisait régulièrement des tawqi‘at, messages écrits, qu’il prétendait que l’Imam caché avait envoyé aux chiites. Une bonne partie de ces prétendues lettres (qui ont été compilées dans des livres comme le Kitab al-Ghaybah) consistaient surtout en invectives contre ceux qui contestaient la lucrative position du « représentant. » La littérature chiite relative à Uthman ibn Sa'id regorge d’ailleurs de références aux collectes d'argent.

A la mort d’Uthman ibn Sa'id, son fils Abu Ja‘far Muhammad produisit une lettre de l’Imam caché qui le désignait comme son nouveau représentant. Tout comme son père il défendit et renforça sa position à coup de tawqi‘at dénonçant ses rivaux. Son règne dura environ 50 ans.

Son successeur fut Abul Qasim ibn Rawh an-Nawbakhti, qui était son principal adjoint pour la collecte de la taxe d’un cinquième du revenu des chiites.

A sa mort Abul Qasim an-Nawbakhti désigna Abul Hasan as-Samarri pour le remplacer. Les trois premiers représentants étaient de purs escrocs mais Abul Hasan as-Samarri se révéla un personnage plus scrupuleux ou plus timoré. Durant les trois années où il fut représentant, il y eut une chute subite dans la fréquence des tawqi‘at. Il faut dire que près de septante ans après la mort de Hassan al-Askari, il devenait probablement de plus en plus difficile de faire avaler aux gogos que le prétendu Muhammad allait se montrer d’un jour à l’autre et que l’un de ses fils lui succèderait.

Comme on lui demandait à l’approche de la mort qui serait son successeur il répondit qu’Allah y pourvoirait ! Etait-ce le remord de s’être rendu complice d’une telle duperie ? Il produisit aussi une dernière tawqi‘at par laquelle l’Imam déclarait qu’à partir de ce jour et jusqu’à son retour il ne se montrerait plus jamais et que tous ceux qui prétendraient l’avoir vu seraient des menteurs.

Il fut donc admis que face à la tyrannie et à l'oppression croissantes, l'imâm Muhammad avait décidé de complètement se retirer du monde ; c'était le début de la « grande occultation ». On vit alors se développer l'idée que lors de sa réapparition future, l'imâm mènerait les chiites à la victoire sur leurs adversaires et transformerait la terre en paradis. Ce règne du douzième imâm, les chiites duodécimains l'attendent toujours...

Jusque de nos jours, le cri de supplication du fidèle chiite est toujours Ya Saheb-ul-Zaman, "Seigneur des Ages hâte ton retour". Et qui est ce Mahdi tant prié ? Un garçon de quatre ans qui n’a jamais existé ! Un imam caché dans le puits de la mosquée de Jamkaran située à sept kilomètres de la ville de Qom en Iran, puits où le président Ahmadinejad se rend régulièrement pour communiquer avec l’Imam et recevoir ses ordres !

Il est vrai qu’en Islam la foi est toujours aveugle !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 09 Sep 2009 9:41 
monnezza a écrit :
L’ambition d’Ali finit par entraîner une guerre civile au cours de laquelle périrent successivement Ali puis Hassan et Hussein, les deux fils qu’il avait eu de Fatima, la fille de Mahomet. Le califat passa alors entre les mains du clan des Omeyyades qui avaient pourtant été parmi les plus farouches adversaires de Mahomet avant qu'il prenne le pouvoir en Arabie.

Précision : Hassan est mort de mort naturelle, et à la mort de son père, assassiné en 661 par un kharijite (les kharijites étaient à l'origine des partisans d'Ali, mais qui avaient refusé l'arbitrage de Siffin, partageant le pouvoir avec Moawiyah), il avait accepté à la surprise générale le califat de Moawiyah, le premier calife ommeyade.

Hassan a été largement considéré comme un lâche (y compris peut-être par son frère Hussayn, mais c'était Hassan l'aîné et donc le chef) pour avoir ainsi abandonné une lutte devenue trop inégale. Il a demandé à Moawiyah de renoncer à faire prononcer une malédiction d'Ali chaque vendredi dans toutes les mosquées. Moawiyah lui a seulement accordé que cette malédiction ne serait pas prononcée quand Hassan serait personnellement présent...

Une anecdote reprise par Tabari : après l'assassinat d'Ali son meurtrier, capturé, a proposé à Hassan d'aller aussi tuer Moawiyah (un autre kharijite avait essayé dans le même temps, mais échoué) après quoi il jurait de revenir se livrer au supplice (bûcher). Hassan a refusé et l'a fait brûler de suite.

A la mort de Moawiyah en 680, Hussayn, devenu à son tour chef de la famille, a refusé de reconnaître Yazid, fils de Moawiyah, comme calife. Ce qui l'a conduit à Karbala...


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 09 Sep 2009 15:39 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 07 Sep 2009 13:10
Message(s) : 4
Selon certaines versions Hassan serait mort de mort naturelle, selon d'autres il aurait été assassiné par l'une de ses innombrables épouses à l'instigation de Moawiyah, le fils de Abu Sufyan qui avait été le plus puissant adversaire de Mahomet.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 09 Sep 2009 22:39 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 12 Sep 2007 15:16
Message(s) : 85
monnezza a écrit :

L’ambition d’Ali finit par entraîner une guerre civile

Ali avait-il autant d'"ambitions" que certains orientalistes (non musulmans) le disent?
Il n'y a aucune preuve sérieuse qu'il ait été en conflit avec les 3 premiers califes, qui le consultaient régulièrement. Même s'il a désapprouvé certains aspects de la politique d'Uthman, il a refusé de participer à la rebellion contre lui.
De plus, à la mort d'Uthman, lorsque les dissidents ont voulu le nommer calife, Ali a refusé. Il n'a accepté cette fonction que lorsque les plus proches Compagnons du Prophète encore en vie (notamment Talha et Zubayr) lui ont demandé de l'accepter.
Puis lorsqu'Ali a voulu destituer Muawiya, ce dernier a refusé de quitter son poste.
Les sunnites comme les chiites sont d'accord que c'est l'ambition de Muawiya et non d'Ali qui a provoqué la guerre civile.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 09 Sep 2009 23:11 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 23 Mars 2005 10:34
Message(s) : 2296
Localisation : Nanterre
monnezza a écrit :
Jusque de nos jours, le cri de supplication du fidèle chiite est toujours Ya Saheb-ul-Zaman, "Seigneur des Ages hâte ton retour". Et qui est ce Mahdi tant prié ? Un garçon de quatre ans qui n’a jamais existé ! Un imam caché dans le puits de la mosquée de Jamkaran située à sept kilomètres de la ville de Qom en Iran, puits où le président Ahmadinejad se rend régulièrement pour communiquer avec l’Imam et recevoir ses ordres !

Il est vrai qu’en Islam la foi est toujours aveugle !
Le sarcasme est facile vu de l'extérieur, on peut faire de même avec n'importe quel système de pensée.

Pourtant, tout part d'un principe rationnel, dont on voit les traces dans le droit musulman : l'écrit n'est valable qu'avec un garant humain. Ainsi, au début de la collecte des hadiths, même quand des écrits circulaient, seuls étaient autorisés à figurer parmi les transmetteurs ceux qui avaient entendus directement le hadith de la bouche d'un autre transmetteur. Il s'agit peut-être d'une réminiscence où l'écriture arabe, sans diacritisme, n'était qu'un support pour la mémoire et ne suffisait pas à transmettre.

La grande idée a été d'appliquer ce principe au domaine théologique, et d'expliquer donc que le Coran a son témoin pour garantir la réalité de la Révélation (pour simplifier à l'extrême : en fait, les Chiites diraient que c'est grâce à l'Imam Caché que la Terre continue d'exister). Ce raisonnement s'invente une origine politique dans les luttes des derniers Califes Bien Guidés, mais on voit bien que la pensée se développe et que la personnalité, puis la réalité de la personne de l'Imam deviennent vite secondaires.

_________________
Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 10 Sep 2009 15:33 
monnezza a écrit :
Selon certaines versions Hassan serait mort de mort naturelle, selon d'autres il aurait été assassiné par l'une de ses innombrables épouses à l'instigation de Moawiyah, le fils de Abu Sufyan qui avait été le plus puissant adversaire de Mahomet.

Se méfier des versions chi'ites, pour qui tous les imams historiques ou presque ont dû mourir martyrs d'une façon ou d'une autre, par principe en quelque sorte (et surtout Hassan dont la soumission faisait tache). Moawiyah, ancien secrétaire du Prophète quand même, n'avait aucune raison de faire disparaître quelqu'un qui lui avait abandonné le pouvoir. Abou Sofyan a fini sa carrière comme musulman, et combattant efficace du djihad.


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 10 Sep 2009 16:31 
Hors-ligne
Polybe
Polybe
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 03 Avr 2009 12:59
Message(s) : 69
Localisation : Besançon
Merci à vous Monnezza pour ce très intéressant exposé.
Toutefois et bien que comme ,je le suppose,nous ne soyons pas partisans de l'intégrisme obscurantiste islamique,je pense que nous ne devons pas ici poser de jugement de valeurs sur la foi.Nul doute qu'il existe déjà quelques puits ou enfants cachés dans les textes chrétiens qui pourraient permettre à un musulman de vous opposer une analyse similaire.
On peut discuter de l'histoire des doctrines mais pas de la pertinence de la foi qui est trop personnelle et qui passera toujours la barrière des dates,1991 ou une autre.
Pour le reste,j'ai appris bien des choses.

_________________
"En guerre comme en amour, pour en finir, il faut se voir de près."
NAPOLEON


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 10 Sep 2009 22:40 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 12 Sep 2007 15:16
Message(s) : 85
Ce texte rappelle que les sources du chiisme sont d'abord très politiques, ce n'est qu'ensuite qu'une théologie s'est formée autour.

Citer :
Se méfier des versions chi'ites, pour qui tous les imams historiques ou presque ont dû mourir martyrs d'une façon ou d'une autre, par principe en quelque sorte (et surtout Hassan dont la soumission faisait tache).

Les versions chiites ont beaucoup édulcoré l'histoire pour sanctifier tous ceux qui ont soutenu Ali, et diaboliser tous ceux qui se sont opposés à lui, en plus des 3 premiers califes.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 11 Sep 2009 8:29 
tibère a écrit :
On peut discuter de l'histoire des doctrines mais pas de la pertinence de la foi qui est trop personnelle et qui passera toujours la barrière des dates,1991 ou une autre.
Pour le reste,j'ai appris bien des choses.
D'accord sur le principe, mais pas simple en pratique. Parler d'Othman, c'est s'exposer à parler des conditions dans lesquelles il a fixé le Coran (sujet plus vaste qu'il n'y paraît...), et dès lors on risque de déstabiliser soit la foi sunnite, soit la foi chi'ite... mieux vaut sans doute rester à l'écart... mais encore une fois la limite n'est pas si nette que ça.


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 11 Sep 2009 9:05 
ABD77 a écrit :
De plus, à la mort d'Uthman, lorsque les dissidents ont voulu le nommer calife, Ali a refusé. Il n'a accepté cette fonction que lorsque les plus proches Compagnons du Prophète encore en vie (notamment Talha et Zubayr) lui ont demandé de l'accepter.
Il n'empêche que ces mêmes Talha et Zubayr ont été les premiers à se soulever contre Ali, en voyant qu'il ne poursuivait pas les meurtriers d'Othman, entrainant avec eux Aïcha (jusqu'à la bataille du Chameau, premier carnage entre musulmans).

Après, si on regarde la personnalité et le comportement d'Ali, il semble plutôt avoir subi des influences contradictoires qu'autre chose (des sources disent qu'il s'est d'abord refusé à prêter serment à Abou Bakr sous l'influence de son épouse Fatima, puis s'y est décidé après le décès de cette dernière...), et il ne faisait certainement pas le poids face à Mohawiyah, vraie "bête politique".

à+


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 10 Déc 2009 16:07 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 06 Nov 2009 8:50
Message(s) : 596
Bonjour,

je cite:"
l'intégrisme obscurantiste islamique

On peut certe noter un empressement relatif à la mise en oeuvre des règles fixés à la fois par le Saint Coran , les Hadiths colléctés par Bukhari et Muslim, un empressement à insuffler la Charia à la société et au droit.

Mais comment relier la vigueur de cet empressement à l'idée d'intégrisme ?

On peut certe mettre en valeur une certaine difficulté, pour le non-Musulman à appréhender les mutliples faces de l'islam en tant que religion et doctrine sociale.

Mais comment qualifier cette difficluté de mise en lumière d'obcurentisme ?

Pour me recadrer sur le sujet "la genèse du chiisme", à mon avis il faut à la fois prendre en compte les conflits de succession à Mahomet mais aussi évoquer deux conceptions de la religion: l'une plus centrée sur le prophète (saw) pour le sunnisme et l'autre sur Dieu (le chiisme). Peut-on se demander si l'accent mis sur le conflit succésoral n'a pas pour but d'occulter une division religieuse plus profonde ? Comment à la fois se réclamer de Moahamet (saw) et diverger sur la même lecture textuelle du Saint Coran. Comment dater la génèse du chiisme si tôt alors que de Hadiths collectés encore plus tardivement restent commun à la fois au sunnisme et au chiisme ?

Amicalement


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 10 Déc 2009 19:51 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 15 Sep 2009 20:11
Message(s) : 269
Localisation : France
Durand78 a écrit :
deux conceptions de la religion: l'une plus centrée sur le prophète (saw) pour le sunnisme et l'autre sur Dieu (le chiisme)

:?:
...Décidément, vos conceptions ne cessent de m'intriguer...

_________________
...Ma fin est mon commencement, et mon commencement ma fin... (G. de Machaut)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 10 Déc 2009 20:56 
Très juste Ren, ce que vous dites Durand78 est vraiment très loin de l'Islam et de ses divisions.


Haut
  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 10 Déc 2009 21:20 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 15 Sep 2009 20:11
Message(s) : 269
Localisation : France
Par contre, je m'interroge sur les passerelles entre sunnisme et chi'isme... Entre le jafarisme et les rites hanafites et malekites, par exemple : Ja`far as-Sâdiq aurait été le professeur de Malik et Abou Hanifa, non ?
Ou encore, entre le chi'isme et la genèse du soufisme, point sur lequel mon attention fut attirée par des articles évoquant le commentaire d'Ibn Arabi par Haydar Amoli (texte que je rêverais de lire, mais je n'ai pas le loisir d'accéder à une bonne bibliothèque :'( )

_________________
...Ma fin est mon commencement, et mon commencement ma fin... (G. de Machaut)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: La genèse du chiisme
Message Publié : 11 Déc 2009 8:56 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 06 Nov 2009 8:50
Message(s) : 596
Bonjour ren, messinissa

je cite:"
ce que vous dites Durand78 est vraiment très loin de l'Islam et de ses divisions.

je me cite:"
deux conceptions de la religion: l'une plus centrée sur le prophète (saw) pour le sunnisme et l'autre sur Dieu (le chiisme)

Je vais prendre l'exemple d'Avicienne qui, à mon avis, est assez représentatif d'une façon de distinguer chiisme et sunnisme au regard de Dieu et de la métaphysique. La pensée d'Avicienne et ses thèmes de prédilection (dieu, le cosmos, les anges, l'unicité de l'être et la pluralité de l'homme etc.) connaissent sont diffusés dans le monde chiite et de fait exclus du sunnisme.
En fait Avicenne reprends la pensée metaphysique d'Aristore puis l'étends: pour simplifier Avienne complète la pensé d'aristote en introduisant des notions comme celle de "cosmos" et "d'anges" qui permettent d'identifier des entités métaphisiques à des entités non-abstraite. Par exemple, le ciel que l'on regarde concrêtement s'identifie au cosmos lui même identifié à une vue de l'Univers conforme à celle d'Aristote.

je cite:"
Les textes et traditions des dogmes islamiques se fixèrent à cette époque :
le sunnisme, avec al-Ash‘ari (935)
le chiisme duodécimain, avec Shaykh Saduq Ibn Babuyeh (991) et Shaykh Mufid (1022)


Je ne pense pas d'une coincidence qui voudrait que la division chiisme-sunnisme s'opère à la même période que l'émergence de la pensé d'Avicienne. A mon avis, la divergence chiisme-sunnisme est certe présentée sous la fome d'un conflit successoral mais est en fait plus profonde et porte aussi sur l'idée même de Dieu.

Amicalement


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 15 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 52 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB