Jerôme a écrit :
Pourquoi les chrétiens orientaux ne se sont ils pas révoltés pour aider les croisés : parce qu'ils étaient hérétiques ? Parce qu'ils se sentaient plus proches des musulmans arabes que des chrétiens latins ? Y avait il une forme embryonnaire de sentiment "pré national" qui aurait réuni chrétiens et musulmans contre les latins ?
Le PO est le berceau du christianisme naissant … mais il est aussi l’endroit où éclate une multitude de dogmes et partant d’Eglises indépendantes … si bien que loin d’être monolithique le christianisme de départ donnera naissance à une véritable mosaïque religieuse.
Contrairement à ce que l’on peut croire de nos jours la domination musulmane, qui sera perçue différemment en fonction des diverses communautés, dans son ensemble laisse les chrétiens « libres » … sous la contrainte de s’acquitter de l’impôt les gens du Livre (chrétiens et juifs notamment) avaient toute liberté de culte et de choix de leur hiérarchie religieuse … ceci fut un « plus » dans la mesure ou ils n’étaient plus soumis au pouvoir de Byzance voire aux querelles théologiques … pour des raisons contraires seuls les Melkites seront les plus opposés au nouveau pouvoir.
C’est ainsi que sous l’Islam le patriarche d’Antioche peut de nouveau voyager … et donc voir ses différents monastères … il ira même, au XI siècle, s’installer au Caire nouvelle capitale fondée par les musulmans.
Il est notoire que l’apogée des Eglises d’Orient a été obtenue sous la domination islamique … cela montre que malgré le statut d’infériorité beaucoup de chrétiens/juifs ont su investir le pouvoir en place permettant ainsi « d’adoucir », si besoin, les contraintes pesant sur leur communautés respectives.
Les croisades avec le slogan «
de marcher au secours de nos frères d’Orient » recevront dans un premier temps un accueil enthousiaste … mais pas en tout les endroits par exemple à Edesse (selon Michel le Syrien) les chrétiens fuient les croisés.
Au fil du temps la présence des Francs aura pour conséquence un durcissement les relations entre musulmans et chrétiens … ttfois les liens entre les Eglises d’Orient et d’Occident ira en croissant : réfutation du catharisme, reconnaissance de l’autorité du Pape par les maronites.
Mais depuis le schisme de 1054 les tensions entre Rome et Constantinople ne faciliteront pas les choses … les Croisés considéreront les chrétiens grecs orthodoxes comme des agents de Byzance … «
ils constituent une hiérarchie ecclésiastique latine et s’adjugent les églises, si bien qu’après trois générations les chrétiens orientaux deviennent les alliés de Nuri ed-Din, puis de Saladin. Leur statut ne diffère pas de celui des musulmans ; les Francs sont devenus des ennemis qui ne leur consentent même pas l’autonomie que l’Islam ne leur a jamais contestée », explique G. Tate, professeur à l’Université de Franche-Comté.
En 1204, la prise de Constantinople, sera le début irrémédiable de la séparation de l’Eglise Catholique et de l’Eglise Orthodoxe … et partant de celle des peuples … ceci favorisera la conquête musulmane de l’Empire byzantin.
Des églises sont transformées en mosquée, des chrétiens sont réduits en esclavage voire massacrés … se sera le début de l’Exil pour beaucoup d’eux.
C’est à partir du XIII siècle, et pour la première fois, que les Chrétiens deviennent minoritaires … au XVI siècle il ne représenteront plus que 10% de la population … et leurs rapports avec le pouvoir sera radicalement différents.
Cordialement, Epsilon