calame a écrit :
On est bien d'accord sur ces points. Ce qui entraîne d'ailleurs un paradoxe : les écrits théologiques shiites les plus importants sont constitués à la fin du XVIIe, soit à la fin de la dynastie safavide. Néanmoins, il ne faut pas trop enlever aux Safavides leur dimension religieuse. Ismail a écrit (ou on a écrit pour lui...) des poèmes mystiques, par exemple. Quelle est la part de foi, quelle est la part de pur calcul politique ? Difficile à déterminer, même si, comme vous, j'ai tendance à penser que les seconds supplantent sans problème la première.
Je demeure convaincu que Ismail est un croyant sincère. Et la dynastie séfévide est profondément religieuse, d'où la théocratie qui est mise en place. Ceci dit, comme vous soulignez, c'est aussi d'abord un conquérant et, ensuite, un homme d'Etat qui va construire un pays et son administration presque de toute pièce, du moins sous l'aspect unification de la région, dont le coeur forme l'Iran actuel. Pour moi, il apparaît ainsi d'abord un politique, du moins ses actes, les principaux à tout le moins, s'inscrivent dans une politique globale, où toutes les décisions d'ordre religieux viennent conforter les choix politiques ; à ma connaissance, je ne vois pas de décision religieuse qui n'aurait eu qu'une unique finalité religieuse. C'est pour cela que, pour moi, c'est bien la religion, même s'il y adhère sincèrement, qui est un outil et le politique, la fin.