FGE a écrit :
L'un d'entre vous pourrait-il m'indiquer la différence entre le Califat, l’Émirat et le Sultanat ? Est-ce d'ordre religieux, politique, militaire ?
Pour comprendre, il faut chercher l'origine à la fois étymologique et institutionelle de ces titres. Pour faire simple et bref :
"
Calife" vient de l'arabe
Khalîfa dont le sens basique renvoi vers l'idée de succéder à quelqu'un et le remplacer dans un rôle. C'est le titre que c'est donné
Abû-Bak lorsqu'il a succėdé au Prophète à la tête de la communuté musulmane en tant que chef politique. Depuis, la fonction califale incarne dans l'univers mental musulman la légitimité du pouvoir en Islam, qu'elle soit réelle ou théorique. Dans une certaine mesure, on pourrait comparer l'idée du calife et du califat dans le monde musulman à celle d'Empereur dans la Chrétienté médiévale.
"Sultan" vient de l'arabe
sulttân qui exprime à l'origine et à la base la notion de pouvoir politique, ou du moins coercitif. Dans ce sens, le dépositaire légitime du
sulttân n'est autre que le Calife, mais comme le pouvoir effectif commence à ėchapper à ces derniers à l'époque abasside pour passer aux mains de chefs militaires turcs, les juristes musulmans de l'époque ont du considérer cet état de fait nouveau afin de concilier la chose avec le droit. Ainsi, on théorisa l'idée d'une délégation de pouvoir faite par le souverain légitime au profit de souverains de faits qui incarnent désormais le pouvoir militaire dont procède le politique. Pour comparer, nous diront que ca a commencé un peu comme pour les Maires de Palais chez les Mérovingiens, sauf qu'au lieu que ca se termine par un transfert pur et simple du titre (inconcevable alors pour des raisons religieuses), on procėda a une redistribution des rôles qui officialisa la situation de fait. De nos jours, un sultan c'est un peu l'ėquivalent du roi dans la grille occidentale car, jussu'a l'époque moderne, le titre de
malik ("roi") était plutôt mal considéré en contexte musulman.
"Emir" vien de l'arabe
amîr qui rend le sens général de commandement et de donneur d'ordre. Là encore, depuis l'avènement de l'Islam, le comanndeur suprême est le Calife et c'est pour cela que le titre de
Amîr al-mu'minîn ("Commandeur des Croyants") lui est réservé. Mais sans la précision, le terme a gardé à la fois son caractère de généralité et son aspect militaire (le gouverneur civils est plutôt nommé
wâli). Donc, que ca soit le Calife ou un sultan, les émirs tenaient leur pouvoir de celui qui les chargeait de leur commandement. Denos jours, le titre est ėquivalent à celui de prince ausens de rejeton d'une famille royale ou autre.