Antoine2025 a écrit :
il n'en existe pas de "textes écrits", permettant de se faire une opinion sur l'interpretation ?
Plusieurs codes de lois ont été écrits. L'un des premiers est Abi Zayd al-Qayrawani (mort en 996). Un bon Googlage devrait vous permettre de trouver des livres basés sur ses écrits (j'en ai trouvé un, mais je n'ose pas donner l'URL ici, le site m'ayant l'air un peu islamiste sur les bords).
Dhu Shara a écrit :
Une fetwa ne peut s'élever à un niveau plus important si elle n'est "corroborée" par d'autres avis, et encore faut-il qu'il y ait consensus (ce qui n'est pas évident).
C'est, comme l'a expliqué Deshays, l'audience du mufti qui donne du poids à sa fetwa
Tout-à-fait d'accord sur ce point. Mais un ensemble de fatwa aboutissant à la même conclusion entre dans le cadre de l'idjmaa et donc dans l'application du droit. Une fatwa par elle-même n'a d'autorité que pour les adeptes directes du mufti, mais c'est le point de départ d'une réflexion qui peut aboutir à une modification de la charia.
Ungern a écrit :
b) qu'est ce qui se passe si une des parties est "non musulmane", voire même d'origine juive ?
Ici, il faut rappeler qu'au Moyen-Age, les chrétiens et juifs ont un statut en droit musulman : celui de
dhimmi. Ils sont donc tolérés, sous réserve de ne pas pouvoir posséder d'arme, de porter un vêtement spécial et d'acquitter un lourd impôt. Mais ils sont toujours considérés comme vivant sur une terre de droit musulman. Il est donc normal que quand un litige oppose un musulman à un non-musulman, ce soit le droit musulman qui s'applique.
Aujourd'hui, la question ne se pose plus puisque tous ces pays se sont dotées de constitutions, plus ou moins liées au droit islamique.
DESHAYS Yves-Marie a écrit :
Par exemple, l'article qui stipule que "tous les hommes naissent égaux" est contredit par le Coran qui précise, noir sur blanc, que "la femme est inférieure à l'homme". Dans ce cas comme dans tous les cas où l'on constate qu'un article de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme est contredit par un verset du Coran,...
La traduction "inférieure" est tout-à-fait contestable, comme l'a fait remarquer Antinéa
autre part sur le forum. Ceci dit, c'est bien ainsi que la plupart des musulmans l'ont comprises depuis 1400 ans. Dire que l'homme est "responsable" de la femme fait d'elle une irresponsable dans un grand nombre de domaines.
Ici, se pose le problème de la frontière entre la religion et la législation : le Coran est à la fois un livre religieux et la base du droit. Le monde musulman s'est bâti sur le principe d'une loi ayant d'autres sources que le pouvoir politique, et donc disposant d'une vie propre par rapport à lui. C'est à mon avis ce qui explique la grandeur de la civilisation musulmane malgré une instabilité politique chronique, puisque une des rares choses qui n'est pas traitées est justement les règles de succession.
Les musulmans d'aujourdhui n'ont pas encore tranché explicitement la question : peut-on pratiquer la religion sans appliquer les lois dérivées des textes religieux ? Le problème est que ces lois, prenant leurs sources en Dieu, sont incontestables.
Les musulmans radicaux de type wahabites restreignent d'ailleurs la religion à ce code de loi, en passant sous silence toute la spiritualité. Avec eux, la religion devient un ensemble de recette de cuisine qu'il faut appliquer - de la manière la plus ostensible - et faire appliquer afin de gagner des vierges au paradis.