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Message Publié : 17 Juil 2006 0:33 
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De 1511 (ascension de la dynastie chérifienne des Saadiens) à 1727 (disparition du grand sultan alaouite Moulay Ismail) le Maroc connaît une évolution singulière, du fait de sa situation géostratégique entre l'Europe, l'Afrique subsaharienne et le monde ottoman.
Les souverains comme Ahmed al Mansour (1578-1603) et Moulay Ismail (1672-1727) vont contribuer à faire de l'Empire chérifien un Etat indépendant doté de structures renforcées et rénovées avec une civilisation originale bien spécifique.


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Message Publié : 17 Juil 2006 19:24 
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Jean Mabillon
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Ce processus commence avant les dates citees,
Il faut noter l'ancienneté de la monarchie au Maroc--Idriss Ier, fondateur de la dynastie Idrisside 788; Hugues Capet, 987.
Monarchie de droit divin comme en France; le roi est Amir al mouminin, commandeur des croyants, et de plus, les Alaouites, dynastie actuelle, comme d'autres dynasties avant eux, sont aussi réputés chorfas, descendants de Mahomet par un petit fils du prophète installé dans le Tafilalet.
Unité nationale--relative--réalisée tôt comparé aux pays voisins du Maghreb, qui a permis au Maroc de devenir un empire.
Avec une personnalite culturelle forte, et un Islam particulier incluant le culte des saints marabouts, vénérés dans des zaouias--sanctuaires--lieux de pélérinages, et les cérémonies de transe des confréries, aissaouas, gnaouas, jilalas etc.

http://www.marocain.biz/Mar/Histoire.php


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Message Publié : 18 Juil 2006 15:57 
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Tonnerre a écrit :
Ce processus commence avant les dates citees,
Il faut noter l'ancienneté de la monarchie au Maroc--Idriss Ier, fondateur de la dynastie Idrisside 788; Hugues Capet, 987.
Monarchie de droit divin comme en France; le roi est Amir al mouminin, commandeur des croyants, et de plus, les Alaouites, dynastie actuelle, comme d'autres dynasties avant eux, sont aussi réputés chorfas, descendants de Mahomet par un petit fils du prophète installé dans le Tafilalet.
Unité nationale--relative--réalisée tôt comparé aux pays voisins du Maghreb, qui a permis au Maroc de devenir un empire.
Avec une personnalite culturelle forte, et un Islam particulier incluant le culte des saints marabouts, vénérés dans des zaouias--sanctuaires--lieux de pélérinages, et les cérémonies de transe des confréries, aissaouas, gnaouas, jilalas etc.

http://www.marocain.biz/Mar/Histoire.php



Oui ça c'est une manière de voir...
Idriss Ibn Abdallah, descendant d'Ali par l'imam Hassan, était un des meneurs du parti chiite qui était combattu par les califes abbassides de Bagdad. En 786, après la défaite des chiites face aux troupes du calife à Fakh, en Arabie, Idriss s'exile au Maghreb occidental où son fils fondera une principauté autonome, avec Fès pour capitale.
Mais le titre d'Emir des Croyants a été porté officiellement au Maroc par Youssef Ibn Tashfin, fondateur de la dynastie berbère des Almoravides dont l'empire s'étendait du Sénégal à Saragosse. Cependant les Almoravides reconnaîtront toujours une certaine préeminence aux califes de Bagdad, ce qui ne sera pas le cas de leurs successeurs, les Almohades. Ces derniers sont aussi des Berbères, et leurs souverains portent le titre de calife pour bien marquer la rupture avec les Abbassides. L'empire almohade s'étendait sur tout le Maghreb, de l'Atlantique à Tripoli, et englobait l'Andalousie.


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Message Publié : 18 Juil 2006 16:10 
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Après la chute des Almohades, qui sera progressive et s'échelonnera durant toute la première moitié du XIIIème siècle, l'ancien empire unifié hispano-maghrébin laisse la place à quatre émirats : Fès, Grenade, Tlemcen et Tunis. Les Mérinides de Fès disputent aux Hafsides de Tunis leur hégémonie sur l'ensemble de l'Occident musulman, et parviennent même avec Abou al Hassan (1331-1351) à étendre leur influence sur tout le Maghreb. Mais cette domination est de courte durée, et avec la dynastie suivante des Wattassides (1465-1554), anciens chefs du protocole des palais mérinides, le Maroc s'enfonce dans une crise politique, sociale et économique durable, coïncidant avec les invasions portugaises sur son littoral atlantique.
En réaction, une famille arabe chérifienne originaire de la vallée pré-saharienne du Draa, les Saadiens (Saadiyounes en arabe) est choisie par les tribus du Souss pour mener la lutte contre les Portugais qui occupent Agadir. D'ailleurs les Portugais occupent d'autres ports marocains : Safi, Azemmour, Mazagan, Asilah, Maamora, Tanger, Alcazarsigir (Ksar sghir) qui sont autant de jalons sur la route maritime du Brésil et des Indes. En 1511, le chérif saadien Ahmed al Qaim est élevé à la dignité d'émir et le Souss devient son fief, avec la ville de Taroudannt pour centre principal. En 1524, son successeur Ahmed al Arj s'empare de Marrakech qui devient dès lors la capitale emblématique de la nouvelle dynastie.


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Message Publié : 18 Juil 2006 19:25 
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Jean Mabillon
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Mais le titre d'Emir des Croyants a été porté officiellement au Maroc par Youssef Ibn Tashfin


Ai-je dit dit que ce titre avait été porté formellement dès Idriss Ier?
Ou êtes vous en désaccord sur l'Islam marocain et le culte des ''saints', zaouias, moussems, etc.?
Quoiqu'il en soit, dire que la dimension religieuse du monarque et le charisme qui en découle sont intrinsèques à la monarchie de ce pays dès les origines relève de l'èvidence.

Sur Idriss Ier, voici ce qu'écrit B. Lugan dans son Histoire du Maroc.
''il a fui l'Arabie en compagnie de son affranchi, Rachid--qui fut régent pendant la minorité d'Idriss II après la mort de son père.
Après être passé à Tanger, il alla dans le sud, dans la région de Zerhoun, où vivaient les berbères Awarba, eux-mêmes arrivés d'Algérie et fixés dans la région de Oualili, Volubilis.
Accueuilli par le chef des Awarbas, Ishaq ben Mohamed, Idriss se vit confier d'importantes responsabilités politiques et religieuses.
les awarbas étaient le coeur d'une coalition berbère s'ètendant sur tout le Maroc actuel. Idriss était doublement important à leurs yeux, comme descendant du prophète et ennemi mortel des Abassides, contre lesquels il avait combattu. Bientôt il devint le chef de cet ensemble berbère, il fut proclamé iman et tous lui prétèrent serment.
A la tête de sa coalition berbère, Idriss soumit une partie du pays. Son royaume s'étendait sur le Nord de l'actuel Maroc; vers l'Est, il englobait la région de Taza, vers le Sud, il allait jusqu'à Tadla, à l'ouest, il comprenait les plaines atlantiques.
Inquiet des réussites d'Idriss, le calife Haroun al Rasdhid réussit à le faire empoisonner en 791 . Il fut enterré à Oualili.''

Merci d'avoir lancé ce sujet intéressant, et aussi de bien vouloir citer vos sources bibliographiques, les suggestions de lecture sont bienvenues sur ce forum . (:8:)


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Message Publié : 18 Juil 2006 23:05 
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Haroun al Rasdhid


Sorry pour le typo, c'est Rashid.
la tombe d'Idriss se trouve dans le village de Moulay Idriss, on peut y passer en allant visiter les ruines romaines de Volubilis.


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Message Publié : 18 Juil 2006 23:33 
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Tonnerre a écrit :
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Mais le titre d'Emir des Croyants a été porté officiellement au Maroc par Youssef Ibn Tashfin

Quoiqu'il en soit, dire que la dimension religieuse du monarque et le charisme qui en découle sont intrinsèques à la monarchie de ce pays dès les origines relève de l'èvidence.



Je suis tout à fait d'accord avec vous sur ce point, au Maroc le souverain est commandeur des croyants et cette dimension religieuse a été mise en évidence dès le règne du deuxième souverain alaouite, Moulay Ismail, qui avait entrepris de restaurer le mausolée d'Idriss II et avait accordé d'importantes prérogatives spirituelles à la famille des chorfas idrissides.
Par ailleurs, l'Islam au Maroc, officiellement de rite sunnite et malékite, est également riche de traditions populaires qui mettent à l'honneur les confréries soufies dont certaines ont un rayonnement international.

Je connais l'ouvrage de Bernard Lugan mais personellement je le trouve incomplet. Concernant Idriss Ier, la coalition des Awrabas originaires des Aurès dans l'actuelle Algérie (c'étaient donc des descendants de Numides ?) s'étendait surtout sur la région de Volubilis (antique cité romaine de Maurétanie Tingitane) et était très loin d'englober l'ensemble du Maroc actuel. Par exemple, la puissante confédération berbère des Berrhouattas contrôlait les plaines occidentales (la région de Casablanca aujourd'hui) et son originalité résidait dans le fait que les Berrhouattas professaient une religion particulière, syncrétisme d'islam et de christianisme. Et puis dans les oasis du Tafilalt se situait l'émirat de Sijilmassa, où le courant kharijite de l'islam était de rigueur, Sijilmassa qui s'enrichissait du commerce de l'or avec le royaume du Ghana.
Il convient aussi de parler de l'émirat de Nokour, sur la côte méditerranéenne du Maroc, qui gravitait dans l'orbite des Omeyyades de Cordoue. Comme vous le voyez les Idrissides devaient cohabiter avec d'autres entités politiques, parfois concurrentes.
Idriss Ier est enterré à Moulay Idriss, une petite ville sainte élevée à proximité immédiate des vestiges de Volubilis. Quant à son fils et successeur Idriss II, son tombeau se trouve à Fès.
Fès, qui fut peuplée d'Andalous, et de Kairouanais aux lointaines racines orientales arabes et perses, fut en quelque sorte le premier foyer réel d'arabisation au Maroc, avant l'arrivée des tribus bédouines hillaliennes aux XIIèmes et XIIIèmes siècles.
La fondation de l'université Qaraouiyine (l'une des plus anciennes au monde) en 857 a assuré à Fès un grand prestige intellectuel d'autant plus que des philosophes et des savants tels qu'Ibn Bajja, Maïmonide ou Ibn Khaldoun y ont étudié.
Il faut distinguer traditionnellement deux Fès : Fès al Bali (l'Ancienne), de fondation idrisside du début du IXème siècle, et Fès al Jadid (la Nouvelle) créee par les émirs mérinides en 1276 afin d'abriter leur résidence officielle et les services de leur administration. Fès fut la capitale du Maroc (en alternance avec Marrakech) jusqu'à l'établissement du protectorat français en 1912, date à laquelle Rabat fut choisie pour capitale et l'est encore actuellement.

Je vous conseille la lecture de l'ouvrage de Charles-André Julien, "Histoire de l'Afrique du Nord des origines à 1830", collection Payot :)


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Message Publié : 19 Juil 2006 0:21 
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Avec la prise de Marrakech, les Saadiens étendent leur aire d'influence sur une grande partie du Maroc, appuyés sur les tribus sahariennes et sur celles du Souss, tandis que plus au nord les Wattassides éprouvent des difficultés à se maintenir à Fès. Ailleurs émergent de petits pouvoirs autonomes, comme les principautés fondées à Tétouan et à Chaouen par des réfugiés venus du royaume de Grenade.
Les Saadiens sont d'autant plus populaires que sous leur pression les Portugais abandonnent la plupart de leurs possessions marocaines, à l'exception de Mazagan, Tanger et Ceuta (qui passe sous domination espagnole en 1580).
En 1528 et en 1537 les armées saadiennes équipées d'arquebuses (vendues par les Génois) écrasent les maigres troupes wattassides et se rapprochent de Fès, qui est finalement prise en 1549. Le dernier émir wattasside, Abou Hassoun Ali, se réfugie à Alger, devenue un pachalik de l'Empire ottoman, où il sollicite l'aide de la Sublime Porte pour recouvrer son trône, en échange d'une reconnaissance de la suzeraineté de Soliman le Magnifique. Les Ottomans sont d'autant plus intéressés par les évènements du Maroc qu'en 1552 ils affrontent près de Tlemcen les Saadiens venus conquérir l'Oranais.


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Message Publié : 19 Juil 2006 0:58 
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Dès lors les Ottomans, maîtres d'un immense espace géopolitique s'étendant d'Alger jusqu'à l'Irak (âprement disputé à la Perse safavide), vont s'employer à essayer de soumettre le Maroc, sans jamais y parvenir. Les janissaires de Salah Pacha poussent l'offensive jusqu'à Fès en 1553, et remettent l'émir wattasside déchu Abou Hassoun sur son trône, mais cette victoire est temporaire car les Saadiens reviennent s'emparer de la ville. En 1554, l'émir saadien Mohammed al Cheikh devient officiellement sultan du Maroc. La Sublime Porte envoie auprès de lui un émissaire, qui est vivement malmené. Devant lui, Mohammed al Cheikh qualifie Soliman de "sultan des barcasses".
Paradoxalement, Mohammed al Cheikh qui s'était illustré dans la lutte contre les chrétiens portugais, cherche à nouer une alliance avec l'Espagne catholique en vue de contrecarrer l'expansionnisme ottoman. Paradoxalement encore, malgré sa vive opposition à la Porte, le sultan saadien recrute une garde personnelle composée...de Turcs. Lesquels ne manquent pas de l'assassiner au cours d'une expédition dans l'Atlas en 1557. La tête d'al Cheikh aurait été apportée à Istanbul dans un coffret d'argent, et Soliman l'aurait fait accrocher sur les remparts de la forteresse de Rumeli Hisari.
Abdallah al Ghalib succède à son père, et continue sa politique anti-ottomane de rapprochement avec les Espagnols, qui persécutent au même moment les Morisques révoltés de Grenade. Al Ghalib fait aussi massacrer la plupart des membres de sa famille qui pourraient le contester. Cette purge brutale au sein de la dynastie saadienne a des conséquences importantes. Deux princes saadiens qui en réchappent, Abdelmalek et Ahmed, trouvent refuge...chez le pacha ottoman d'Alger.


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Message Publié : 19 Juil 2006 11:05 
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Je connais l'ouvrage de Bernard Lugan mais personellement je le trouve incomplet. Concernant Idriss Ier, la coalition des Awrabas originaires des Aurès dans l'actuelle Algérie (c'étaient donc des descendants de Numides ?) s'étendait surtout sur la région de Volubilis (antique cité romaine de Maurétanie Tingitane) et était très loin d'englober l'ensemble du Maroc actuel.


Tout à fait. Bien que le processus d'unité nationale au Maroc se soit enclenché plus tôt que chez ses voisins maghrébins, il a fallu des siècles avant que l'autorité du monarque s'étende sur le territoire actuel.
Des zones échappant de facto à l'autorité du makhzen, des pouvoirs locaux ont subsisté pendant longtemps; il y eu des périodes où l'unité a progressé, d'autres où elle a sévèrement régressé, et où le morcellement en petits fiefs a prévalu, comme sous les Mérinides.
Le Rif étant sans doute l'archétype de ces régions à tendances centrifuges et irrédentistes.

Puisque vous avez l'air de bien connaître l'histoire marocaine, il y a une question, hors sujet, que j'aimerais vous poser.
Habitant Asilah à l'époque, j'ai visité, à une heure environ de voiture de la ville, dans un coin relativement à l'écart, une sorte de Stonehenge marocain--j'en ai mentionné l'existence dans le fil Stonehenge sur ce forum. Il s'agit d'un cercle de pierres dressées monolithiques, d'environ 20 à 30 m. de diamètre, les pierres étant de taille humaine, ou inférieure.
Existe t'il des ouvrages abordant abordant l'histoire de ce site, dont la datation serait -- 5000 av. JC, selon le peu que j'ai pu trouver sur cette question.
Merci pour votre ref. bibliographique.


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Message Publié : 19 Juil 2006 15:12 
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Je connais l'ouvrage de Bernard Lugan mais personellement je le trouve incomplet. Concernant Idriss Ier, la coalition des Awrabas originaires des Aurès dans l'actuelle Algérie (c'étaient donc des descendants de Numides ?) s'étendait surtout sur la région de Volubilis (antique cité romaine de Maurétanie Tingitane) et était très loin d'englober l'ensemble du Maroc actuel.


Puisque vous avez l'air de bien connaître l'histoire marocaine, il y a une question, hors sujet, que j'aimerais vous poser.
Habitant Asilah à l'époque, j'ai visité, à une heure environ de voiture de la ville, dans un coin relativement à l'écart, une sorte de Stonehenge marocain--j'en ai mentionné l'existence dans le fil Stonehenge sur ce forum. Il s'agit d'un cercle de pierres dressées monolithiques, d'environ 20 à 30 m. de diamètre, les pierres étant de taille humaine, ou inférieure.
Existe t'il des ouvrages abordant abordant l'histoire de ce site, dont la datation serait -- 5000 av. JC, selon le peu que j'ai pu trouver sur cette question.
Merci pour votre ref. bibliographique.



Oui en effet j'ai entendu parler de ce site, il s'agit de l'ensemble mégalithique de M'soura mais je n'ai encore-hélas-trouvé aucun ouvrage qui y soit consacré.
Cependant les hypothèses varient sur l'origine et la fonction de ce cromlech. La principale hypothèse soutient que M'soura serait à mettre en relation avec les autres ensembles mégalithiques construits durant la période néolithique en Europe occidentale et sur le pourtour méditerranéen (voir par exemple les vestiges impressionnants de Hagar Qim à Malte) et participerait donc d'une communauté de culture appelée "civilisation des mégalithes".
Par ailleurs, le cromlech de M'soura abriterait (peut-être pouvez-vous confirmer) un tumulus où sont enterrés les rois de la Maurétanie pré-romaine, et la plus ancienne sépulture remonterait au IIIème siècle avant JC. J'ignore si le site a fait l'objet de fouilles archéologiques d'envergure.


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Message Publié : 24 Juil 2006 15:31 
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Le prince Abdelmalek devient un membre éminent du divan du pacha d'Alger. Avec son frère Ahmed il fait carrière au sein de l'armée ottomane, comme l'illustre sa participation à la bataille de Lépante (1571) aux côtés de l'amiral Ali Pacha, puis à la prise de Tunis par les Turcs sur les Espagnols (1574). En 1576 Abdelmalek se rend à Istanbul où le sultan Murad III le reconnaît comme souverain légitime du Maroc. En contrepartie le Saadien s'engage à reconnaître la suzeraineté ottomane et à verser une taxe de vassalité à la Sublime Porte.
Abdelmalek obtient des autorités turques une puissante armée constituée de janissaires et de spahis, à la tête de laquelle il part à la conquête du Maroc où règne son cousin al-Moutawakil. Après s'être emparées de Fès, les forces ottomanes à la solde d'Abdelmalek écrasent les troupes d'al-Moutawakil près de Rabat et entrent dans Marrakech. Abdelmalek y fait une entrée triomphale, et il y est reconnu comme sultan du Maroc par les oulémas mais en revanche il a des difficultés avec certaines zaouïas influentes comme la Chadilya.
Al-Moutawakil se réfugie au Portugal où il obtient l'appui du jeune roi Sébastien Ier (hanté par des rêves de croisade au Maroc) pour récupérer son trône. En juillet 1578, malgré l'objection de son oncle Philippe II d'Espagne Sébastien prépare une énorme expédition militaire contre le Maroc, rassemblant la fine fleur de la chevalerie portugaise avec des troupes mercenaires espagnoles, italiennes et flamandes. A la tête de toutes ces forces, accompagné d'al-Moutawakil, Sébastien débarque dans le port marocain d'Asilah. Apprenant cela, Abdelmalek remonte avec ses troupes grossies de tribus arabes du Gharb. La rencontre entre les deux armées a lieu sur les rives de la rivière Oued al Makhazine, non loin de la cité de Ksar al Kebir (Alcazarquivir). Cette confrontation prend le nom de bataille des Trois Rois en raison de la participation d'Abdelmalek, de Sébastien et d'al-Moutawakil. Le premier meurt gravement malade sous sa tente de commandement (empoisonné ?) et les deux derniers périssent dans les combats. L'armée saadienne applique la tactique ottomane d'encerclement de l'adversaire, piégeant les envahisseurs dans une sorte de nasse dont ils n'échappent pas.
C'est un désastre pour l'armée portugaise, privée de son chef, qui se laisse massacrer ou capturer. Au soir de la bataille, Ahmed, frère d'Abdelmalek, est reconnu comme sultan par ses troupes, inaugurant le règne le plus brillant de la dynastie saadienne. Quant au Portugal, où le jeune Sébastien ne laissait aucun héritier, il est annexé par Philippe II à l'Espagne. Les Portugais ne se libéreront du joug espagnol qu'en 1640.
Un courant mystique appelé sébastianisme selon lequel Sébastien reviendrait sur Terre à la tête de son armée commence à se développer, surtout au Brésil où il gagne encore des adeptes à la fin du XXème siècle.


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Message Publié : 24 Juil 2006 16:02 
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Ahmed devient al Mansour (le Victorieux) al Dahabi (le Doré) en raison de sa fortune et de son faste. A Marrakech, capitale du sultanat, il fait élever un immense palais, al Badi (l'Incomparable), destiné aux réceptions officielles et qui est une sorte de reproduction de l'Alhambra de Grenade. Les matériaux les plus nobles, marbre d'Italie, granite d'Irlande, onyx des Indes, poudre d'or du Soudan, sont employés.
Le sultan organise sa Cour en s'inspirant du protocole du Topkapi, mais l'influence ottomane s'exerce aussi sur l'organisation du makhzen (gouvernement central) et de l'armée, dont le noyau est composé de mercenaires turcs, morisques et "renégats". Les tribus liées à la dynastie, surtout les Cheragas venus d'Algérie et les Chebanat du Souss et du Haouz, fournissent des contingents en cas de levées de troupes.
Sur le plan diplomatique, Ahmed al Mansour entretient des relations étroites avec l'Espagne, la France et l'Angleterre, cette dernière ayant droit à un certain traitement de faveur, en raison de l'activité commerciale déployée par les sujets d'Elizabeth Ière au Maroc. Avec la Sublime Porte les liens demeurent complexes, mais Ahmed al Mansour profite de la campagne militaire entreprise par les Ottomans contre la Perse pour ne plus verser la taxe de vassalité (1587).
La politique saadienne va se tourner surtout vers l'Afrique, comme en témoigne la conquête de l'Empire songhaï du Mali (1591) par les troupes commandées par le renégat espagnol Jawder, nommé "pacha du Soudan".


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Message Publié : 25 Juil 2006 16:23 
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La destruction de l'Empire songhaï entraîne une déstabilisation politique de la vallée du Niger. Une grande partie de l'élite intellectuelle de Tombouctou et de Gao est emmenée à Marrakech.
A la place des Askias le makhzen saadien instaure un pachalik dont la charge est confiée à des renégats, comme Jawder puis Mahmoud. Les soldats marocains (dont beaucoup en fait sont des renégats d'origine espagnole ou portugaise) constituent une caste militaire dominante que les Soudanais appellent "Armas". Jusqu'en 1612 le pachalik du Soudan dépend étroitement du Maroc, envoyant annuellement une immense caravane chargée d'or pour le sultan. Mais la décadence de la dynastie saadienne entraîne la quasi-indépendance des pachas qui se comportent désormais en souverains indépendants et détournent la circulation de l'or en direction des Régences ottomanes d'Alger et de Tunis. Le pachalik de Tombouctou disparaîtra sous la pression conjuguée des Peuls et des Touaregs.


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Message Publié : 25 Juil 2006 16:37 
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Le déclin de la dynastie saadienne débute dès la mort d'Ahmed al Mansour, en 1603, alors qu'une épidémie de peste frappe le pays.
Ses successeurs, dont il serait fastidieux d'énumérer les errements, n'ont pas son envergure. Le débauché Mamoun, autoproclamé à Fès, va même jusqu'à vendre le port de Larache aux Espagnols (1610) pour pouvoir équiper une expédition armée contre son demi-frère Zaidan al Nasir qui règne à Marrakech. Le formidable appareil d'Etat bâti par al Mansour s'effondre, tandis que les tribus de l'Atlas, les confréries mystiques et les nomades redressent la tête. Sur la côte atlantique, les Morisques espagnols de Rabat et Salé fondent une entité corsaire inspirée des Barbaresques et écument l'Atlantique jusqu'aux rivages nord-américains. En ces temps troublés surgissent de redoutables chefs de guerre, véritables condotierres tels qu'Ayyachi ou Kader Ghailane. Les Saadiens, à partir de 1640 et jusqu'à leur disparition vers 1660 ne contrôlent plus que Marrakech et sa proche région, le Haouz.


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