Les remarques de Tonnerre rejoignent certaines de celles que j'avais esquissées dans un document que j'ai peut-être déjà cité (mais je n'arrive pas à retrouver sous quelle rubrique exacte). Au risque de commettre un doublon, je me permets de le reproduire ci-après :
Contribution à un débat éclairé sur l’islam présent en France Permettez-moi de citer un petit texte originellement destiné au « Courrier des lecteurs » de La Croix dont la rédaction m’avait demandé de le publier intégralement dans sa livraison du jeudi 14 novembre 2002, rubrique « Libre opinion », sous le titre La logique de l’islam.-------------------------------------
Voici quelques réflexions que m’a inspirées la lecture de l’article de Jacques Duquesne, « Parler clairement de l’islam » (La Croix du mardi 22 octobre 2002).
Français né en Égypte (où ma famille maternelle a passé cent ans : 1856-1956), j’ai vécu quinze ans au Moyen-Orient où je me rends fréquemment et où je compte nombre d’amis musulmans. La coexistence pacifique des diverses confessions religieuses dans cette région du monde arabe n’y est manifeste de façon sporadique et précaire que tant que l’équilibre politique et social y règne...
Quand les chrétiens font preuve d’intolérance (et l’Histoire en fournit des épisodes éloquents), c’est en contradiction avec le message fondamental qu’ils ont reçu dans le Second Testament et qu’ils sont censés proclamer « à toutes les nations ». Quand ces chrétiens « repentants » se reconvertissent à leur mission première, ils s’efforcent à la tolérance : la présence, au sein d’une société à culture historiquement chrétienne, d’hommes et de femmes d’autres confessions, impose alors aux chrétiens une attitude de respect et, si possible, d’amour. Parallèlement, quand les musulmans font preuve de tolérance (et l’Histoire en fournit également des épisodes exemplaires), c’est en contradiction avec l’intégralité, l’intégrité du message fondamental qu’ils ont reçu dans le Coran et qu’ils sont censés diffuser — imposer ? — à travers le monde : la présence, au sein d’une société à culture historiquement musulmane, d’hommes et de femmes d’autres confessions est en effet prévue et « tolérée » par le Coran où cette présence s’inscrit dans un statut institutionnellement « inférieur » et soumis à taxation (façon seconde de postuler au statut de « musulman »... qui signifie « soumis » !). En fin de compte, lorsqu’un chrétien et un musulman coexistent pacifiquement et semblent se tolérer et « s’entendre », il s’agit d’un malentendu, l’un d’eux (le musulman) laissant provisoirement en sommeil une partie du message auquel il est censé, en conscience, conformer sa conduite.
L’islam vise à être majoritaire dans les pays où il s’installe et où il prévoit un statut spécifiquement inférieur pour les minorités qu’il tolère en son sein. La situation d’un islam minoritaire dans un pays où des musulmans s’installent ne peut être perçue par ces musulmans que comme une situation violente, étape transitoire et temporaire en attendant que l’accroissement de cette communauté musulmane lui permette d’accéder à la majorité numérique et politique. D’où l’inconfort actuel des communautés musulmanes vivant au sein d’une société majoritairement non musulmane, car cette situation n’est pas prévue par le Coran. Une position inverse, en miroir, s’observe pour les juifs, minoritaires pendant des siècles dans les pays de la diaspora, et que le création de l’État d’Israël propulse au rang de citoyens majoritaires ayant — de façon inconfortable, c’est le moins que l’on puisse dire — à gérer parmi leur population des minorités non juives.
La Déclaration (dite) universelle des droits de l’homme n’est recevable par les musulmans que dans la mesure où chacun de ses articles est conforme au Coran.
À défaut de remise en contexte historique, sociologique et culturel du Coran (gageure à laquelle répugnent les coranistes), la simple mise en contexte textuel de versets tirés du Livre (par exemple le verset cité par Jacques Duquesne, « Occire une vie humaine, c’est tuer l’humanité entière ») éclaire l’intégrité et l’intégralité du message coranique, comme le fait remarquablement Daniel Sibony dans son ouvrage magistral, Nom de Dieu (Seuil, 2002) (1), page 330 : « Quant à la phrase souvent citée : « Si quelqu’un tue un homme, c’est comme s’il tuait tous les hommes », on sait que le Coran y ajoute la condition : « Si quelqu’un tue un homme, sauf si celui-ci a commis des violences », ce qui ouvre la voie à beaucoup d’exécutions, comme les récents attentats. Ajoutons que cette phrase est prise dans le Talmud et citée, dans le Coran, comme « loi de Dieu à Israël », mais elle est cette fois reprise dans la vindicte : voilà ce que les juifs n’appliquent pas, etc. ». Le problème du refus de l’intégration des jeunes musulmans dans la société française (voir la phrase mise en exergue dans l’article de Jacques Duquesne) s’explique, en partie, lorsque l’on considère qu’en quête d’identité, ces jeunes, déjà distingués sinon stigmatisés au plan sociologique et culturel (sinon explicitement religieux), se tournent vers un enseignement coranique sauvage et extrême. Là encore, les points de convergence entre les prescription du Coran et celles de la laïcité sont perçus par les musulmans comme purement fortuits... et le dernier mot, en cas de divergence, doit rester au Coran.
« Parler clairement de l’islam », c’est d’abord s’efforcer de le connaître ; c’est aussi s’efforcer de connaître le judaïsme et le christianisme, afin d’échapper enfin aux caricatures trop souvent substituées aux images vraies des uns et des autres. Seule la vérité rend libre (c’est-à-dire « responsable »). C’est donc enfin oser se montrer celui que l’on est devant l’autre tel qu’il est, sans camoufler les différences qui nous distinguent et permettent éventuellement que notre dialogue nous enrichisse respectivement et mutuellement.
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(1) La première partie de ce livre (les 162 premières pages) propose un parallèle éclairant entre les trois monothéismes où chacun — y compris le judaïsme — en prend pour son grade...
------------------ Ce jour, 17 août 2006 : Si ce rappel n'apporte aucun élément intéressant à la présente discussion, je prie les lecteurs qui ont eu la patience de le [re]lire de m'en excuser.
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