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Message Publié : 14 Avr 2007 8:33 
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Sujet restitué (fév.-mars 2007)
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Leopoldine
Je suis à la recherche d'informations sur les relations qu'entretenaient les philosophes des Lumières_en particulier Voltaire et Diderot_avec Catherine II de Russie. Comment la voyaient-ils, pourquoi avaient-ils tant d'admiration pour une femme qui gouvernait son pays en tyran? Quels intérêts Catherine II de Russie voyait-elle à avoir de bonnes relations avec eux?
Ce sont les questions que je me pose pour mon TPE.
Est ce que quelqu'un serait susceptible ici de m'apporter des éléments de réponse?...

Brisbout
En gros la politique de Catherine II s'inscrit dans la lignée de celle de Pierre Ier le Grand: c'est une despote éclairée. Pierre le Grand au début de son règne a entreprit un voyage en Europe de l'Ouest dans l'objectif de moderniser la Russie et Catherine II a sans doute voulu poursuivre son projet.
Le despotisme éclairé est donc une doctrine politique issue des idées des Lumières. Le roi gouverne en tyran mais de manière réfléchie, rationelle, il représente le bien public, favorise le progrès économique et la diffusion de l'enseignement.
Les philosophes correspondent avec les despotes éclairés car ils sont censés être les plus proche d'un gouvernement idéal.

Romulus
Citer :
Le despotisme éclairé est donc une doctrine politique issue des idées des Lumières

Je nuancerai ce propos en disant plutôt que c'est une adaptation des monarques aux idées nouvelles qui se développent en Europe.
Citer :
Les philosophes correspondent avec les despotes éclairés car ils sont censés être les plus proche d'un gouvernement idéal.

En effet et on pourrait donc préciser que les régimes de despotes éclairés ne sont pas percus comme le régime idéal mais comme ce qui est le plus proche de leurs idées, c'est sans doute pour ça qu'ils s'associaient avec des tyrans; ça ne veut pas dire qu'ils ont forcement de l'admiration pour eux.

Leopoldine
Oui, c'est justement le fait que les philosophes trouvent des grâces à des souverains étrangers plutôt autoritaires comme Catherine II qui parait surprenant mais pour eux, il n'y a peut-être aucune contradiction, seul compte le résultat: l'abolition de la torture, de la servitude et finalement de la royauté. C'est une explication séduisante.
Cependant, en ce qui concerne l'admiration, puisqu'on peut parler d'admiration et même d'adoration, je vous assure! J'ai épluché leur correspondance. Voltaire ne se retient pas de féliciter la grande Catherine, de lui témoigner toute son affection, son dévouement même. Ainsi, on peut qualifier cela soit de flatteries intéressées (cela rejoint le fait que les philosophes sont prêts à tout pour leurs idées) soit il s'agit d'une sincère admiration quoique un peu contradictoire...Je sais pas pour quelle explication opter...

Romulus
Pour ce qui est de l'admiration des souverain tu semble mieux renseigné que nous, donc c'est à toi de voir.
Mais il me semble assez probable que quand on s'adresse à un souverain et qu'en plus on espère l'influencer par ses idées, on le flatte et on le "caresse dans le sens du poil"

Escalibure
c'est peut- être vrai que Voltaire caressait dans le sens du poil Catherine II et d'autres mais c'est aussi faux. Les relations entre Frédéric II de Prusse et Voltaire ont mal fini justement parce que le philosophe reprochait au roi de ne pas appliquer les idées philosophiques.

Aspasie mineure
Citer :
une femme qui gouvernait son pays en tyran?

Est-ce un jugement de valeur ?
Peut-être faudrait-il lire les ouvrages politiques des philosophes dont vous parlez _ Diderot et Voltaire _ et considérer l'action politique de Catherine de Russie dans les faits, sans commencer par lui appliquer l'étiquette de tyran
Catherine II avait acheté la bibliothèque de Diderot en viager, ce qui assurait au philosophe un minimum de revenus pour "vivre".
Les rapports entre souverains et philosophes sont complexes et passionnels, aussi. L'admiration n'est pas seulement de la flagornerie, il y a sûrement aussi un part de sincérité (d'autant que Catherine II est une femme et qu'au XVIIIe, c'est difficile pour une femme de s'imposer !) dans laquelle entre sans doute une fascination pour le pouvoir. Quant au souverain ou à la souveraine, nul doute que la "reconnaissance" d'un philosophe, esprit supérieur et éclairé du temps, a quelque chose d'éminemment flatteur : qui ne voudrait pas être félicité ou apprécié par des gens intelligents ?
Je reconnais que c'est un peu succinct. ce ne sont que des petits points de départ pour réfléchir.
Les livres d'Elisabeth Badinter sur les "intellectuels au XVIIIe s", notamment celui consacré au "désir de gloire", sont très intéressants.

Brisbout
Je pense que Catherine II gouvernait son pays en tyran au sens où le despotisme éclairé est un régime monarchique personnel où le souverain fait en sorte de renforcer son pouvoir. L’uniformisation qui caractérise les despotismes éclairé facilite l’action de pouvoirs publics et donc renforce l’autorité du souverain.
C’est dans l’utilisation de ce pouvoir personnel que se distingue les despotismes éclairés de la monarchie absolue. Les souverains de ce types de régime, à l’image de Catherine II, s’efforcent de moderniser leur pays, de créer des institutions communes, bref de rationaliser le gouvernement. D’un autre côté le despotisme éclairé est né au siècle des Lumières est donc influencé par ce mouvement philosophe, le bonheur du peuple est devenu un des objectifs majeurs de cette forme de régime. C’est certainement l’une des grandes évolutions apportées par les philosophes.

Aspasie mineure
Certes.
Je contestais seulement l'emloi du mot "tyran", qui a une signification historique précise, dans l'histoire politique grecque. Et son autre sens, plus général en français, est connoté péjorativement : il y a donc un jugement de valeur à employer ce mot.
Mais à partir du moment où on explique pourquoi on l'emploie, et en quel sens, je ne vois pas pourquoi on ne l'utiliserait pas.

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Message Publié : 14 Avr 2007 17:33 
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Catherine II a d'ailleurs écrit un traité de philosophie directement inspiré des Lumières, et en particulier de Rousseau, c'est le Nakaz.
Voir Wikipedia à ce sujet.

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Message Publié : 08 Juil 2007 11:03 
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Hérodote
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Inscription : 13 Fév 2007 13:11
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Bonjour à tous !

Je voulais vous dire que j'ai eu 18 à mon TPE sur Catherine II et je voulais aussi vous remercier pour l'intêret que vous avez porté à mes questions. Je souhaite de bonnes vacances à ceux qui y sont :D

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Message Publié : 21 Déc 2007 21:06 
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Salluste
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Quelqu'un d'éclairé a-t-il lu L'impératrice et l'abbé (Fayard, 2003) ?

4e de couv' :
"La Russie est-elle un pays d'Europe ? Ou un pays barbare que l'Europe doit écarter ? Le roi Louis XV penche pour la première formule et, pour le démontrer, envoie en Russie en 1761 un savant, membre de l'Académie des sciences, l'abbé Chappe d'Auteroche. Le récit de l'abbé, au terme d'un voyage qui le conduit jusqu'en Sibérie, est publié en 1767. C'est la première relation de ce type sur la Russie, plus poussée, mieux fondée que le livre que publiera Custine en 1839. Récit ravageur, violemment hostile à tout ce qui est russe, et qui connaît un grand succès, mais sera depuis lors ignoré. Catherine II, montée sur le trône en 1762, est passionnément attachée à la culture française, à l'esprit français, aux philosophes et savants français, ses amis. C'est la pensée française qu'elle prétend importer en Russie. Pourtant, le livre de l'abbé, surtout par le succès qu'il rencontre, provoque sa fureur. Et la conduit à une démarche inédite pour un chef d'Etat qui ne se contente pas de régner, mais gouverne activement un immense empire : elle répond elle-même. Sa réponse, l'Antidote, publiée en 1770, ouvrage de près de 500 pages où elle attaque et contredit l'abbé ligne à ligne, est une Suvre étonnante. Polémique, mais aussi exposé de sa propre conception de la Russie et critique de l'esprit français, arrogant, méprisant, convaincu de sa supériorité. La confrontation des deux ouvrages, que l'ample préface complète et éclaire, contribue à la connaissance contemporaine de la Russie et de son histoire au moment où celle-ci s'impose à l'Europe."

C'est une lecture intéressante mais il est bien difficile, pour un non spécialiste, de faire la part des choses entre les dires contradictoires de l'un et de l'autre.

Qu'en pensez-vous ?


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Message Publié : 19 Jan 2008 22:09 
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Salluste
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Inscription : 05 Juin 2006 21:55
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Un bon éclairage sur la question par l'excellent site Imago Mundi :

"Pour réfuter le livre de Chappe, Catherine II fit publier un ouvrage très curieux dont bien peu de personnes connaissent aujourd'hui l'existence, mais dont quelques éditions peuvent encore se trouver. Ce livre, d'une critique acerbe, écrit en français, porte au titre : Antidote ou examen du mauvais livre superbement imprimé, intitulé : Voyage en Sibérie en 1761, par Chappe d'Auteroche, Paris (Amsterdam), 1768, 2 vol. in-8. II fut reproduit de nouveau en 1771 et 1772. Le titre, on le voit, suffit pour faire comprendre dans quel esprit de lutte acrimonieuse il fut composé.
On y lit beaucoup de mauvaise foi, mais aussi quelques vérités. De fait, Chappe n'était pas au-dessus de toute critique. Certes, il stigmatise avec raison la manière dont la Russie est maintenue par le régime inique des tsars sous la botte du servage, mais ne prive pas, lui de traiter à coups de poings ses propres domestiques. Quant aux savant de Russie, à l'en croire ils sont inexistants! Lui, l'esprit finalement bien médiocre, qui singe si bien l'esprit des Lumières, plus qu'il ne s'y inscrit en vérité, ne voit dans les Russes que des imitateurs sans génie. Il est sans doute exact que la politique de modernisation de son pays par Pierre Ier avait consisté s'inspirer largement des les technologies disponibles en Occident (L'empire de Pierre), mais avec Chappe, intoxiqué par la lecture de Montesquieu, l'imitation devient une tare congénitale dont seraient affligés les peuples des climats froids. Lomonossov est cité une fois, par inadvertance, dirait-on! Et au détour d'une phrase, il nous apprend que l'Académie de Saint Pétersbourg a envoyé à Tobolsk des astronomes pour y observer le même événement que lui, mais une fois sur place on le croirait seul au monde, confronté à une population de sauvages qui le prennent pour un magicien...
"

http://www.cosmovisions.com/VoyageChappe00.htm


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