Sujet restitué (mars-avril 2007)
Citer :
Pouzet
Savez-vous pourquoi le servage en Europe orientale a duré si longtemps et s'est même aggravé jusqu'au 18° siècle ?
Citer :
Faget
Votre question et très intéressante et je me la suis souvent posée. Quelle est l'influence qui peut l'expliquer ?
Je regrette qu'avec les gens intéressés par le monde slave et l'Europe orientale sur ce forum il n'y ait pas eu un début de réponse.
Citer :
Duc de Raguse
Il y a sans doute plusieurs raisons à cela...
Si nous prenons le cas de la Russie, les Tsars ont rogné les privilèges de la noblesse en prenanr appui sur le peuple citadin et rural, ce dernier entrant ainsi dans une dépendance encore plus forte à l'égard du monarque autocrate.
Par ailleurs, les progrès agricoles d'Europe occidentale et l'émancipation progressive qu'ils ont offert aux paysans (fin progressive des communaux et individualisation des exploitations) n'ont pas vraiment pénétré en Europe centrale et orientale. Dans ces régions, les serfs sont restés dépendants d'explotations collectives (comme le mir en Russie) ou des seigneurs terriens (Junkers en Prusse), voire de grands propriétaires pas forcément nobles.
Est-ce que la centralisation du pouvoir royal ou impérial - cela dépend des régions - a renforcé le servage ? J'avoue ne pas être certain de cette corrélation...
Il faudrait que je vérifie !
Citer :
Duc de Raguse
Mes hypothèses étaient assez exactes...
Concernant la Russie, c'est Ivan IV, le Terrible qui plaça les moujiks dans une dépendance qu'ils ne connaissaient pas avant. Deux objectifs guidaient la politique de ce dernier : faire de l'ombrage à la puissance des Boyards, en créant une noblesse nouvelle reposant son pouvoir sur la "possession" de serfs, et la colonisation des terres vierges à l'Est de l'Empire. Le statut des serfs ne cessa donc d'empirer aux XVIIème et au XVIIIème siècles en Russie.
En effet, il représentaient une garantie de toute puissance à l'autocrate et une main-d'oeuvre peu chère et docile dans la mise en valeur de terres nouvelles.
Les raisons de l'expansion du servage en Prusse furent les mêmes à la fin du Moyen-Age, mais il faiblirent sous le règne de Frédéric II, qui le fît abolir en 1749, même si les paysans affranchis demeuraient encore très dépendants de la nobesse terrienne.
Les possessions des Habsbourg ont, quant à elles, connu un servage variable et plus "léger" que celui de leurs deux voisins. C'est Joseph II qui y mit un terme.