C’est une question très vaste que l’histoire de ce pèlerinage...Voici quelques informations que j’ai résumées à partir d’un article de
Notre Histoire, N° 168 de juillet-août 1999
Son origine, je pense est assez bien connue de tous : l’apôtre Jacques serait venu en Espagne prêcher l’Evangile, et son tombeau découvert au IXème siècle par un ermite, découverte fort opportune dans le contexte de la lutte contre les Musulmans des petits royaumes chrétiens du nord de l’Espagne. Le pèlerinage qui commence avec la construction d’une église sur le tombeau n’a pas qu’une fonction religieuse, il est un facteur fondamental de contact entre ces royaumes chrétiens combattants et le reste de la Chrétienté, surtout à partir du Xème siècle, lorsque la reconquête de la Navarre permet un passage plus sûr entre le nord et le sud des Pyrénées.
De son côté, Saint-Jacques ne reste pas inactif lui non plus
: sa présence est signalée sur de multiples champs de bataille où son apparition donne la victoire : de Clavijo (844), qui crée le mythe du Saint-Jacques Matamore, le tueur de Maures (voir ce qu’en dit
Wikipedia ) à Las Navas de Tolosa en 1212.
Le pèlerinage de Godescalc en 950-951 est décisif, car c’est un grand personnage, évêque du Puy, qui entretient de nombreuses relations avec les puissants de son temps, l’abbé de Cluny par exemple. Dès lors, l’origine des pèlerins ne cesse de s’étendre : dès la deuxième moitié du XIème siècle, ils sont Allemands, Flamands, Liégeois, puis Anglais et Italiens. L’évêché de Compostelle devient archevêché en 1120.
L’apogée du pèlerinage se situe aux XIIème et XIIIème siècles : il profite de la désaffection pour Rome déchirée par les conflits politiques, et des difficultés croissantes pour se rendre à Jérusalem.
Il y a bien d’autres questions passionnantes autour de ce pèlerinage : l’organisation des routes, les guides de pèlerins si vivants, la construction des sanctuaires le long des différentes routes, et la diffusion de formes artistiques homogènes, romanes en particulier, de Cologne ou Arles jusqu’à Compostelle, et surtout dans la France du Sud.
Pourquoi ce regain de faveur à notre époque ? Les authentiques pèlerins sont à mon avis peu nombreux, la majorité d’entre eux sont probablement des sportifs en mal d’exploit, des touristes cherchant à passer leurs vacances de façon originale, sûrement aussi des amateurs d’art médiéval, des écolos... La mode du tourisme vert n’y est sans doute pas étranger.
Il faut dire que de gros efforts ont été faits ces 20 dernières années pour l’aménagement des anciens chemins, leur balisage, leur redécouverte parfois. On peut aujourd’hui à nouveau traverser la France sur les GR (chemins de grande randonnée) comme au Moyen-âge, et sur certaines portions dans le Massif Central ou le Sud-ouest, ça doit être fantastique... Je me suis promis depuis longtemps d’en effectuer une partie, mais les années passent, et je suis encore là, à pianoter sur un clavier, au lieu de frapper résolument le sol de mon bourdon, une coquille à mon chapeau...