en fait je crois que nous sommes en gros d'accord.
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Je ne dis pas le contraire, seulement il y avait une volonté, pratiquement officielle, parfaitement théorisée, de laisser subsister le Judaïsme et même de le maintenir comme "témoin" y compris de sa propre abjection
C'est très juste. En fait cela est désigné dans l'historiographie comme la conception augustienne de la place des juifs dans la société chrétienne : il est nécessaire de les "tolérer" (au sens de supporter comme un fardeau) les juifs au sein de la société chrétienne car ils sont les représentants de l'Ancienne Loi et donc les témoins du passage à la nouvelle Loi.
Mais ceci s'accomode très bien de massacres qui ne sont pas que des "dérapages" à mon sens. Je parlais plus haut des "Passions" du bas Moyen Age. j'ai sous les yeux le texte de l'une d'elles, jouée en Catalogne aux XIVe et XVe : l'histoire est assez loufoque à nos yeux, mais sans doute pas aux yeux des médiévaux : l'empereur Vespasien est guéri de la lèpre et de la peste (les 2 à la fois oui) grâce à des reliques du Christ. Réaction immédiate => il demande à ce qu'on assiège Jérusalem où se trouvent les assassins du Christ, les juifs. Tous les juifs (mal protégés par Ponce Pilate -oui oui -) sont finalement captués et massacrés
sauf 180 d'entre eux. 3 fois 60 répartis dans 3 bâteaux, que l'empereur fait partir au large, un pour Narbonne, le 2e pour Bordeaux et le 3e pour l'Angleterre. Ils sont épargnés par l'empereur pour "témoigner de l'ancienne loi". On voit ici une parfaite vulgarisation de la conception augustinienne décrite plus haut.
Ce qui est intéressant dans le cadre de notre discussion, c'est que la plupart des juifs sont quand même massacrés dans une sorte de "Croisade" (prise de Jérusalem) et que ceci est joué dans une ville où il existe une sorte de petite Jerusalem (le quartier juif de la ville, justement entouré de murs et fermé pendant la Semaine Sainte). Et à cet égard les attaques plus ou moins rituelles et contrôlées contre ledit quartier juif sont attestées. Elles se traduisent le plus souvent par de simples dégats matériels, mais il n'est pas rare qu'il y ait des morts. Et cette habitude annuelle de s'en prendre physiquement aux juifs dans leurs possessions et leurs personnes ne peut pas être totalement étrangère au déferlement de haine que furent les massacres généralisés de 1391.
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On n'a pas spécialement cherché à humilier les cathares ou les païens ou les adeptes du Libre-esprit. Avec eux le mot d'ordre était très simple : éradication (avec plus ou moins de vigueur selon les urgences du moment).
C'est pas si évident que ça qu'il n'y ait que le mot "éradication" surtout envers les fameux "païens" qu'on cherchait également et avant tout à convertir. LEs autres sont des hérétiques, ils ne sont donc pas fidèles d'une autre religion au même titre que les juifs. ce sont des chrétiens déviants.
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Décidément... L'exception demandée, c'est celle d'une religion non-chrétienne qui aurait été tolérée autant que le Judaïsme
l'Islam. les musulmans en péninsule ibérique ont été tolérés avec un statut juridique tout à fait similaire à celui des juifs durant tout le Moyen Age. Et dans les vallées de l'Aragon des communautés de musulmans non convertis et libres sont restées en place jusqu'au coeur du XVIe siècle. Donc plus longtemps que les juifs.