Normand Calvé a écrit :
3) LA THÉORIE: L'exposé des Grandes Théories unificatrices, vérifiables dans le temps, expliquant les comportements humains de façon rationnelle, et donc... prévisible..
Il y a donc bien une intention prévisionniste, voire futurologiste derrière cette quête de psychohistoire, comme dans le roman.
A la rigueur, quelques personnages historiques, dont de Gaulle, semblent avoir formulé contre l'opinion de beaucoup plusieurs tendances qui se sont vérifiées par la suite. Il s'agirait donc d'analyser comment il s'y sont pris pour entrevoir ce que le reste du monde déniait (par exemple et pour de Gaulle, suprématie des nationalismes sur les courants idéologiques (politiques et religieux), issue de la guerre du Vietnam, haine anti-occidentale accompagnée d'une déchéance des anciennes colonies).
Majesté a écrit :
L'Histoire est-elle une science ???
A mes yeux, elle l'est puisqu'elle signifie "enquête" en grec. Toute enquête doit être conduite méthodiquement et peut aboutir à un savoir, et les sciences sont des savoirs fondés sur des enquêtes.
En revanche, les mathématiques relèvent plutôt du langage (tout comme les sciences physiques et chimiques lorsqu'elles prennent la forme d'équations logiques).
Cuchlainn a écrit :
J'irais jusqu'à dire que s'il était possible de mettre le comportement de l'humanité en équations et de prévoir tout ce qui va se produire, nous nagerions en plein cauchemar.
A vous de voir. Je prévois... plusieurs élections françaises en 2007, d'autres vols habités dans l'espace, une agravation des tensions entre l'Occident et les fondamentalistes musulmans, etc.
Normand Calvé a écrit :
1) Le Mulet était une abberation biologique: un "quanta" imprévu dans l'ordre fini. Mais j'aime bien ce problème, parce qu'il souligne justement que la mécanique du chaos intervient dans l'habituel: c'est la loi de "l'exception qui justifie la rêgle". Est-elle calculable et prévisible du point de vue probabiliste ?
Sans aller dans les mutations biologiques, des existences comme celles de Mahomet ou de Gengis Khan sont improbables. Elles ont pourtant marqué durablement le monde. Et combien de temps garderons-nous leurs souvenir ?
Normand Calvé a écrit :
2) Après lecture et relecture des grands Historiens, Sociologues, Idéologues et Philosophes, j'en viens à la conclusion qu'ils ont souvent dit les mêmes propositions avec des mots différents.
Encore faut-il trier et compiler les "bons" penseurs. Ils ne sont pas toujours dans l'air du temps.
Normand Calvé a écrit :
Je crois qu'ici l'éthique scientifique et la LOGIQUE pourraient être les outils pour découvrir et institutionnaliser les VÉRITÉS qui seraient le tremplin pour passer à l'étape suivante de la recherche.
C'est là le grand leurre. Le langage humain peut embrasser des "vérités", qui demeurent subjectives, mais pas la réalité. L'omniscience n'est pas à notre portée.
J'irai plus loin que vous. Nous sommes des entités physico-chimiques et n'échappons à aucune loi physico-chimique, lesquelles sont assez bien connues à notre échelle.
Comme un dé. L'omniscient qui assisterait à un jet de dé saurait, connaissant la hauteur, l'inclinaison, la position, la poussée initiale, les mouvements et les frottements d'air durant la trajectoire, l'inclinaison, l'élasticité du plan d'inclinaison et chaque rugosité du plan d'arrivée comme du dé, quelle face se trouverait au sommet. Pour les ignorants que nous sommes, nous devons déjà nous contenter de statistiques, et c'est ce que nous faisons, sauf les parieurs qui s'en remettent à quelque protection et intervention de la chance. Donc, une chance sur six d'obtenir un résultat entre 1 et 6 pour un dé régulier.
Or chaque molécule humaine représente des milliards de dés. Chaque cellule humaine, des milliards de molécules ; chaque humain, des milliards de cellules. L'humanité, des milliards d'humains. Encore faudra-t-il intégrer les statistiques des insectes, des rongeurs, des céréales, des séismes, des volcans qui influent sensiblement sur notre développement. Et les températures passés, l'abondance ou le manque d'iode, chaque battement d'aile de chaque papillon, etc. Alors qu'il est déjà si difficile de remonter les traces et les pistes du passé !
Les prévisionnistes se contentent de statistiques et de tendances récentes : il y aura d'autres mariages, des meurtres, des religions, des frontières, des villes. Avions-nous besoin d'eux ?
Normand Calvé a écrit :
3) L'Histoire, en tant que champ d'étude, représente pour moi [...] une ENCYCLOPÉDIE, un Constat, mais pas une Analyse.
Les analyses existent déjà, comme vous l'avez dit, dans les pages des philosophes et des romanciers : les hommes veulent perpétuer ce qu'ils ont toujours connu et/ou apprécié, quitte à le mettre en péril en le propageant : ils recherchent le "bonheur" qui est, pour l'un, de faire la guerre, pour l'autre, de vivre en paix, parfois pour une même personne de faire la guerre et de vivre en paix suivant les périodes de sa vie. Voilà pour les analyses. Là-dessus, pour reprendre La Bruyère, tout a été dit et écrit.
L'Analyse, c'est celle de Taleyrand : "Tout arrive."
A mon avis, il n'y en aura pas d'autres possibles.