Je remonte un vieux topic sur lequel je suis tombé à l'aide de la fonction "recherches".
Il faut savoir que les rapports conflictuels entre Romands et Alémaniques restent mesurés, on est à mille lieux de la si triste situation belge. Ils ont surtout débuté au cours de la Première Guerre mondiale, le conflit linguistique prenant la suite du conflit religieux qui a déchiré le pays au siècle précédent. Pour schématiser, la sensibilité romande était pro-française, alors que les Alémaniques étaient pro-Allemands, le conflit a éclaté lorsque le Conseil fédéral a nommé Ulrich Wille, Alémanique très clairement sympathisant des Allemands (Guillaume II était parrain d'un de ses petits-fils), à la tête de l'armée, en 1914.
Pendant la WWII, c'était différent, le clivage n'existait pas vraiment, les circonstances étant différentes et le pays plus en danger qu'en 1914. C'est vrai que les élites pouvaient être plus proche du régime nazi, surtout par pragmatisme, même si une figure comme Mussolini, notamment dans l'entre-deux-guerres, était très respectée (cf. Gonzague de Reynold, ou son titre d'Honoris Causa à l'Université de Lausanne en 1937).
Depuis, par période, les Romands critiquent les "avantages" alémaniques (Zurich, Bâle avantagées, des vols de l'aéroport de Genève transférés vers Zurich, etc...), "des pleureurs" pour certains Alémaniques ... bref, plus du chamaillage qu'autre chose. Par contre, on remarque très clairement un fossé cantons romands (Genève, Vaud, Neuchâtel, Jura, Valais dans sa majorité, Fribourg dans sa majorité)/cantons alémaniques (le reste des 26 cantons, sauf le Tessin italophone) lors des votations, sur tout un tas de sujet : les Romands sont pro-européens, pro-SDN puis ONU, les Alémaniques beaucoup plus à cheval sur la neutralité, même si certains cantons alémaniques sont de moins en moins réfractaires à l'Europe, alors qu'une partie des Romands semble résignée, elle ne peut pas grand chose, étant en large minorité (70 % de la population est alémanique). Le concept de "röstigraben" ("barrière/fossé de rösti", qui désigne le fossé culurel entre francophones et germanophones) tend quand même à perdre de sa substance.
Sur les questions de la WWII, et des relations entre Romands et Alémaniques, mon mémoire de M1 traitait en partie de la question, autant que ça ne soit pas perdu pour tout le monde. Je mets donc un lien, pour ceux que ça intéresse (Hein ? La Suisse ? Se passe quelquechose là-bas ?)
Le malaise suisse :
Etude de la crise identitaire d'un Etat neutre et
multiculturel.
Le mémoire en .pdf ici :
Le malaise suisse : Etude de la crise identitaire d'un Etat neutre et multiculturel.pdf (désolé pour la mise en page, quelques petits : titres en fin de page, problème dans la numérotation des notes de bas de page etc. Evidemment, si le contenu est le même, dans la forme, c'est pas ce que j'ai rendu au jury ^^).
>> Je me suis intéressé aux polémiques qui se sont multipliées en Suisse, notamment depuis l'après-WWII, au sujet du modèle helvètique, au centre duquel la neutralité. Depuis 1945, beaucoup d'intellectuels suisses ont été très critiques envers cette neutralité, notamment Frisch, Dürrenmatt ; plus près de nous Jean Ziegler, qui a multiplié les livres très violents envers son pays, ou le peintre Ben Vautier ( "La Suisse n'existe pas", 1992, remise en cause plus générale du modèle multiculturel national). Le sujet donc : le "malaise" suisse : depuis quand, comment et pourquoi ?
Le plan, pour vous donner une idée :
Ière PARTIE : LA NAISSANCE DU MALAISE SUISSE
Carte de la Suisse
1. La Suisse : généralités et bref rappel historique
a) Le multilinguisme et la diversité culturelle
b) Les institutions suisses
c) Rappel historique : des Romains au XVIIIème siècle
2. La Suisse au XIXème siècle
a) La Suisse française (1798 – 1815)
b) L'indépendance et le difficile consensus national
c) L'Etat fédéral et les premiers effets de la neutralité
3. La Suisse et la Première Guerre mondiale
a) Le fossé entre Romands et Alémaniques
b) Un ciment fédéral pour lutter contre la crise d'identité nationale
c) Conflits sociaux et nostalgie de l'Ancien Régime
4. La Suisse de l'entre-deux-guerres
a) La Société des Nations
b) Critiques du conformisme et de l'immobilisme
c) L'arrivée de l'extrême-droite en Suisse
IIème PARTIE : LA SUISSE ET LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE
1. Rappel des faits
a) La position suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale
b) La politique nationale sur la question des réfugiés
2. De la bonne conscience à la remise en cause
a) Les premières critiques
b) La réponse officielle
IIIème PARTIE : LES EVOLUTIONS RECENTES
1. La place de la Suisse et du Suisse dans le monde
a) Une Suisse trop renfermée ?
b) La question européenne
c) Le syndrome juif ?
2. Quelle place pour la neutralité ?
a) Une Suisse sans neutralité ?
b) Vers une neutralité active ?
3. Christoph Blocher et le nationalisme
a) L'UDC et Christoph Blocher
b) L'UDC de Blocher et le FPÖ de Jörg Haider : destins croisés ?
Des extraits de la bibliographie, pour étayer ce topic. Je conseille en particulier le Fritz Zorn, la biographie de Annemarie Schwarzenbach de Miermont, Frisch, Dürrenmatt, et bien sûr, l'énorme
Histoire de la Suisse et des Suisses dirigée par Jean-Claude Favez. Plus généralement, jetez-un oeil aux collections de Payot (Lausanne) et de Zoé/Mini Zoé, y'a beaucoup de choses sympas. En ligne, le Dictionnaire historique de la Suisse, très pratique :
http://www.dhs.chG.ARES, La Suisse avenir de l'Europe ? , Gallimard, 1997.
F.AUER, Jean Ziegler ou l'histoire falsifiée, l'Age d'Homme, 1999.
COLLECTIF, dir.J-F BERGIER, La Suisse et les réfugiés à l'époque du nationalsocialisme,
Fayard, 2000.
F.BLANKHART, « Der Neutralitätsbegriff aus logischer Sicht » (« La notion de neutralité
d'un point de vue logique »), Mélanges de Edgar Bonjour, Helbling, 1968.
E.BONJOUR, Histoire de la neutralité suisse : quatre siècles de politique extérieure
fédérale, tome V, La Baconnière, 1971.
N.BOUVIER, I.LICHTENSTEIN-FALL, Routes et déroutes, Metropolis, 1996.
M.BRETTON, « Le rapport final de la Commission Bergier : les points forts du rapport. »,
La Tribune de Genève, 23 mars 2002.
A.BRON, « Le Conseil fédéral salue le rapport mais ''ne jette la pierre à personne'' », La
Tribune de Genève, 23 mars 2002.
M.CALMY-REY, D.S MIEVILLE, « Micheline Calmy-Rey n'est pas disposée ''à rester à la
maison, ni à se taire dans les quatre langues nationales'' », Le Temps, 21 octobre 2004.
F.CHERIX, « Les 28 actions du ministre Christoph Blocher contre les institutions suisses »,
Le Temps, 26 octobre 2006.
M. COMINA, éditorial, Le Temps, Genève, 23 mars 2002.
A. DOUSSE, éditorial, Le Matin, Lausanne, 23 mars 2002.
F.DURRENMATT, La visite de la vieille dame, Flammarion, 1957.
Le juge et son bourreau, Albin Michel, 1961.
Pour Vaclav Havel, Mini Zoé, 1995.
COLLECTIF, dir.J-C FAVEZ, Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses, Payot, 1991
[1983].
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M.FRISCH, Monsieur Bonhomme et les incendiaires, Gallimard, 1969.
Guillaume Tell pour les écoles, L'Age d'Homme, 1990.
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1918), Peter Lang, 2006.
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J.VLASSENBROEK, L'UDC de C.Blocher : l'extrême-droite au coeur de la concordance
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J.ZIEGLER, Une Suisse au-dessus de tout soupçon, Points, 1977.
La Suisse, l'or et les morts, Points, 1998.
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« Mort programmée du secret bancaire », Le monde diplomatique, février 2001.
F.ZORN, Mars, Gallimard, 1979.
Si jamais quelqu'un est intéressé, mon M2 : "La seconde Union Démocratique du Centre au sein du système politique helvétique : un parti à contre-courant", qui revient sur la progression du premier parti de suisse depuis sa création à la fin des 1910's jusqu'à aujourd'hui, est aussi parcourable.