BERLIN (AFP) - La ville-Etat de Berlin, surendettée, rechigne à prendre part à la reconstruction du château royal des Hohenzollern qui doit remplacer le Palais de la République, symbole de la défunte RDA situé en plein coeur de la capitale allemande.
Invoquant la situation financière catastrophique de la ville et ses 60 milliards d'euros de dettes, la coalition "rouge-rouge" (sociaux-démocrates et néo-communistes), qui gouverne la ville, tente de marchander sa participation au financement du projet "Humboldt-Forum" qui prévoit de reconstruire le château des Hohenzollern, en restituant sa façade d'époque.
Le château, fortement détruit pendant la guerre, avait été rasé par le régime stalinien de la RDA en 1950, une décision idéologique pour rompre avec le passé de la monarchie prussienne.
Le nouveau bâtiment, dont la construction n'est pas prévue avant 2010, doit remplacer le "Palais de la République", vitrine politique et culturelle du régime communiste, qui, en voie de démolition, n'est plus aujourd'hui qu'une carcasse noirâtre au bord de la Spree.
Le gouvernement fédéral fait aujourd'hui pression pour que le plan, en discussion depuis plusieurs années, soit entériné avant l'été, en estimant que Berlin doit y prendre part.
Au sein de la coalition rouge-rouge, les avis sont partagés. Du côté du SPD, par la voix du secrétaire d'Etat à la Culture, André Schmitz, on assure que Berlin sera à la hauteur de "ses responsabilités politiques et financières" et que des négociations se poursuivent avec l'Etat fédéral.
Mais, pour le responsable du PDS (néo communiste), Klaus Lederer, "nous sommes dans une phase difficile de consolidation financière. Nous ne pouvons donc pas constamment verser de l'argent en réponse aux demandes du gouvernement fédéral". "Si le projet retenu se révèle ouvert à des manifestations d'intérêt public, alors nous participerons", ajoute-t-il dans le quotidien allemand Tagesspiegel.
La CDU (droite) et les Verts, partis d'opposition à la mairie, sont pour une prise en charge d'une partie des frais par la ville.
Une grande incertitude règne encore sur le coût et la nature du projet. Il est prévu que la ville participe financièrement à la construction du Humboldt-Forum, mais au ministère fédéral du Bâtiment, comme à la mairie de Berlin, on se garde bien d'avancer un montant.
Le coût total devrait tourner autour de 480 millions d'euros, selon le ministère fédéral. Le projet, en cours de discussion, prévoit de reconstruire trois façades de l'ancien château. La reconstitution éventuelle de la coupole (coût évalué à 80 millions d'euros) est toujours en question.
Quant à l'intérieur du futur château, "une seule chose est certaine. Il abritera les collections de la Fondation culturelle prussienne", précise Manuela Damianakis, porte-parole du département d'urbanisme de Berlin.
On parle également d'y implanter la bibliothèque régionale, les collections scientifiques de la Humboldt-université ainsi qu'un espace-agora pour les manifestations culturelles.
En Allemagne, le débat sur ce monument est symbolique et renvoie à la manière dont le pays contemple son passé.
Des personnalités de l'ex-RDA, dont celles du PDS, héritier du parti communiste allemand, s'opposent à la construction du château, vécu comme une manifestation de nostalgie à l'égard du Reich prussien. De même, la démolition du Palais de la République a suscité de nombreuses protestations chez une partie de la population berlinoise, dix-sept ans après la chute du Mur.
Contrairement à ceux qui veulent rompre avec les vestiges d'un régime communiste honni, certains ont vécu comme une atteinte à leur identité l'énergie déployée par les gouvernements successifs pour effacer tout héritage de la RDA.
A partir de cette dépêche, j'aimerais initier une discussion autour de cette identité allemande, claire auparavant, mais mise en miette par le nazisme puis des années de communisme en Allemagne de l'Est. Je sais qu'il y a des internautes qui vivent en Allemagne sur ce forum, ou qui ont des lumières sur ce pays. J'aimerais savoir de quelle façon l'Allemagne envisage son passé et ses différents aspects. La "querelle des mémoires" entre passé prussien et "ostalgie" qu'on semble lire à travers cette dépêche est-elle une réalité?
Quel regard portent les historiens allemands sur ces débats?
Autant de thèmes qui peuvent initier un débat intéressant je crois ;)
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"Les bijoux du tanuki se balancent Pourtant il n'y a pas le moindre vent."
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