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J'ai l'impression que vous ignorez le sens de l'expression "grande presse". La grande presse de 1895, c'est :
- Le petit Parisien
- Le petit Journal
- Le journal
- Le Matin
Non, je n'ignore pas, puisque je pense connaître un peu mieux le sujet de la presse à cette époque que vous.
Cette "grande presse" n'est pas une presse d'opinion, partisane et se contente de rapporter des faits sans prendre parti. Il est clair qu'en ce contentant de rapporter des faits à cette époque, on ne peut être qu'antidreyfusard, puisque les décisions officielles et judiciaires le sont.
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Le Temps diffuse environ 10 000 ex en moyenne d'après Boussel!
Il devrait consulter quelques archives avant d'écrire une pareille inteptie !
Le Temps paraît à près de 50 000 exemplaires par jour et dispose de la réputation du
Monde d'aujourd'hui, dans le sens où c'est lui qui influence l'opinion publique et influence tous les journaux provinciaux qui recopient sa page de politique intérieure et ses dépêches de l'extérieur.
La "grande presse" est assimilée par l'élite de l'époque comme une presse de caniveau, qui a copié les journaux britanniques dits de "1 penny". Elle n'a jamais influencé l'opinion publique française et se contente de publier des dépêches de l'Agence Havas et de la publicité. Il n'y a quasiment aucun article de fond dans ses colonnes analysant en profondeur les événements du moment.
Les grandes plumes du moment, comme André Tardieu, le baron de Coubertin, Jules Renard (avant qu'il n'aille à
l'Humanité), Octave Mirbeau ou Alfred Capus, voire Sacha Guitry écrivent au
Temps et certainement pas au
petit parisien ou au
petit journal.
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car jusqu'à présent à part Bellanger
C'est la référence de la presse française de la Belle Epoque avec les ouvrages de Martin, qui confirme ce que je vous écrit.
C'est le seul ouvrage collectif en langue française, qui recense tous les quotidiens et périodiques de la période. Je doute que vous ne trouviez quoique ce soit d'autre !
Si je vous dit que je sais de quoi je parle, évitez donc de tout mettre en doute, cela gagnera pour la sérénité des débats.
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Ben à ce moment là, vous pouvez parfaitement restreindre l'affaire dreyfus aux grands centres urbains, parce que dans le monde rural, on n'en n'a pas beaucoup entendu parler de l'affaire Dreyfus.
Ben non, justement, les ruraux disposaient de la presse provinciale, pauvre en écrits d'opinion - puisqu'elle recopiait souvent Paris - mais très riche en titres. Mais, il est clair que cette population ne pouvait entrer dans des débats, comme nous le faisons maintenant et ne connaissait que les grandes lignes de l'Affaire...
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Sinon, moi j'en étais resté à plusieurs dizaines voire centaines de milliers d'exemplaires pour La Libre Parole
Non, ce journal a un tirage très limité et ne parvient qu'à 40 000 exemplaire à son apogée en 1912, mais ne dépasse pas les 10 000 en 1894. Par ailleurs, il demeure un journal satirique, à caricatures et comporte très peu d'articles de fond.
Et si l'on prend les journaux dreyfusards entre 1894 et 1896, il y a aussi
le Figaro , qui tire à plus de 100 000 exemplaires quotidiens.
Je vous rappelle aussi que c'est grâce à ce quotidien que Esterhazy a été jugé, lorsqu'il ouvrait ses colonnes à Zola entre 1894 et 1897 ainsi qu'au frère de Dreyfus, entre autres. Les preuves accusant Esterhazy ont été rassemblées par ce quotidien.
Je ne trouve toujours pas que cette implication soit "molle"... Si vous le trouvez, c'est que vous y mettez une sérieuse mauvaise foi !
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Ne tronquez pas mes propos, la phrase que vous citez est incomplète.
Complète ou pas, je ne comprends toujours pas ce que vous vouliez dire...