Meresankh a écrit :
Je serais plutôt d'accord avec Dédé, en fait : après tout il est difficile de poser comme un fait accompli que tel auteur est meilleur qu'un autre, lorsque les genres sont différents. d'une part, c'est toujours une question de goût - tout est subjectif !! - et d'autre part, ce n'est pas vraiment comparable...
Ce n'est pas seulement une question de goût, car il y a réellement une hiérarchie dans la valeur littéraire. Aimer ou ne pas aimer, cela c'est une question de goût, mais ça ne change rien à la valeur "objective" d'une oeuvre.
Vous avez raison quand vous dites que les genres sont différents. Ils sont différents dans le projet affiché par les auteurs : Balzac, par exemple, se place dans la lignée de Dante, qui a écrit la "Divine Comédie", avec cette différence de taille que Balzac recrée le monde terrestre de son époque : c'est la "Comédie humaine". Et l'écriture est totalement au service de ce projet littéraire. Ainsi, le portrait d'un personnage n'est jamais gratuit, il explique la plupart du temps le caractère, raconte l'histoire passée du personnage et annonce ses actions futures. Il en va de même pour les descriptions de lieux : le décor trouve son sens dans la structure interne du récit. Il y a une véritable réflexion philosophique sur ce qu'est une oeuvre d'art, sur ce qu'est l'être humain, voire sur ce qu'est l'histoire.
Bref, on ne retrouve pas cette conception chez Dumas ou chez Féval (encore que pour Dumas, on puisse en discuter, à cause de son projet d'une écriture totale de l'histoire de France), dont le but tient davantage du divertissement, et ils l'affichent d'ailleurs très clairement.
D'un point de vue esthétique, ouvrez une page de Balzac et analysez-là, regardez le rythme des phrases, les assonances, les mots employés et associés, la présence ou l'absence des verbes, des noms communs, des adjectifs, les couleurs, bref, tout ce qui compose la musique d'une langue et vous n'aurez jamais fini !
Chez Féval ou Dumas, le tour est plus vite fait.
Pour Hugo, c'est encore différent, qui a l'ambition de faire de l'épopée et se conçoit comme prophète-créateur.
Mais vous avez raison quand vous dites que "populaire" n'est pas péjoratif. La grande littérature devrait être tout le temps populaire, c'est-à-dire lue et appréciée par le plus grand nombre. On peut faire le même parallèle avec le cinéma