''"...Oui mais est-ce à dire qu'il est plus facile de devenir président si l'on vient d'un Etat puissant plutot qu'un Etat de moindre importance ? Est-ce à dire qu'un protestant évangélique a plus de chance d'être élu qu'un catholique romain ou un juif ?..." ''
Je précise pour les nouveaux que je suis de nationalité américaine, pour l'honnêteté du débat.
Rappelons des évidences, les groupes religieux, avant d'avoir une importance économique, politique et culturelle, doivent passer un seuil numérique--ces éléments étant liés mais pouvant aussi avoir un degré d'indépendance entre eux. Disons pour simplifier que le culturel est habituellement ce qui a le plus de retard sur le démographique.
Donc les groupes religieux minoritaires démographiquement sont peu ou pas représentés à la présidence certes mais pas forcément pour des raisons de discrimination ethnique/culturelle explicite.
Ou plutôt cela met en évidence le fait que la discrimination culturelle s'exerce selon des modalités infiniment complexes, discrètes et inconscientes.
si l'on prend l'exemple des catholiques, ils représentent actuellement 23% de la population, mais leur proportion était bien plus faible au XIXe siècle, et leur arrivée ''immigratoire'' aux US est plus récente d'environ 250 ans à celle des populations protestantes. Ce qui a fait augmenter massivement leurs effectifs, après une première vague irlandaise au XIXe, c'est l'arrivée plus récente des latinos.
Les populations protestantes ont donc bénéficié d'une considérable avance dans tous les domaines pour ce qui est du poids qu'elles ont dans le pays, et il faut reconnaître que le modèle culturel de référence des EU reste encore le leur, le modèle wasp--ce que souligne Huntington à juste titre. Mais pour combien de temps, vu l'importance croissante des populations latino?
Huntington souligne d'ailleurs que le cliché du ''melting pot'' est inexact--si différents apports migratoires/culturels ont bien constitué les EU, ce n'est pas selon la recette d'une ratatouille dans laquelle les ingrédients occupent une place presque identique et Vgale, mais pour reprendre sa métaphore, selon celle d'une ''soupe de tomates'' solidement wasp, qu'ont enrichie différents ajouts plus tardifs et toujours plus ou moins culturellement marginaux, sans changer le fait que c'est toujours une soupe de tomates au final.
Il n'est pas surprenant que des religions très minoritaires, comme les Mormons par exemple, n'aient jamais eu de candidat à la présidence jusqu'à Mitt Romney; certes, les Mormons portent encore le stigma de la polygamie mais ils ne représentent que 2% de la population des EU; ne serai-ce que statistiquement, les chances de gagner la loterie présidentielle ne sont pas en leur faveur.
pour revenir à l'origine géographique des présidents, on peut aussi remarquer que outre les Etats du Sud, les Etats de la côte Est--Massachusetts, N Y, NH--étaient fortement représentés à la présidence au XIXe, et pout cause, puisque ce sont eux qui ont constitué le noyau de l'Union. Les origines géographiques vont se diversifier au fur et à mesure de l'élargissement de l'Union, mais les Etats du Midwest, en particulier ceux qui sont peu peuplés et peu développés économiquement, sont toujours très peu représentés à la Maison blanche.
Il y a une curieuse série de présidents issus de l'Ohio au XIXe, Grant, Hayes, Garfield, Mc Kinley, Taft, Harding--l'Ohio est le seul état du Midwest ainsi représenté de multiple fois. Sinon, il n'y a que l'Iowa, avec Hoover, le Missouri, avec Truman, et le Nebraska, avec Ford.
Le premier non East Coast-Vieux Sud est Lincoln--KY; le KY est tantôt classé Midwest, tantôt Sud.
Le premier texan de naissance est Dwight Einsenhower, suivi par Lyndon Johnson, le premier et le seul Californien natif est Nixon, même si Reagan, natif de l'Illinois, a de nouveau mis cet état en vedette.