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 Sujet du message : Vos familles pendant la guerre
Message Publié : 16 Déc 2007 20:17 
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Hérodote
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Inscription : 13 Déc 2007 18:13
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Petite question . Qu'est ce que faisaient les votres pendant la guerre ? Il serait amusant de recueillir les différentes éxpèriences vécues par tous les bélligérants .


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 Sujet du message : Vos familles pdt la guerre.
Message Publié : 16 Déc 2007 20:55 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 14 Déc 2007 16:20
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Ma famille : rien de vraiment glorieux.

Des petits commerçants : pas de marché noir pcq'ils avaient la trouille. Et donc, malgré les Trente Glorieuses, pour moi une enfance sans confort matériel (il faisait bien froid dans cette grande maison ...).
Mon père avait appartenu dans sa jeunesse au PC - mais avait abjuré sa foi bien avant la guerre. Il avait été imprimeur ; il avait bien entendu plié boutique dès le début de l'Occupation et travaillait - bien mollement - dans le commerce dont ma mère avait hérité de sa propre mère qui s'était retirée des affaires. Il avait su par un copain qui travaillait dans la police (...) que son nom se trouvait sur une liste d'otages. Il s'est barré vite fait en zone libre. Le passeur avait, m'a-t-on dit, sous couvert de le soulager du poids, pris sa lourde valise et l'avait échangé contre la petite mallette qu'il portait lui - même. Une fois arrivé de l'autre côté de la ligne de démarcation, il lui a montré le contenu de ladite mallette : des armes. Je n'ai évidemment pas vérifié : je n'étais pas née - mais c'est ce qu'on racontait dans ma famille. Mon père a passé alors plusieurs mois à Tarbes.

Par contre, sur la même liste d'otage, il y avait aussi le frère de ma tante par alliance qui était étudiant en médecine et militait je ne sais trop où. Il a remis son départ, car il devait passer la nuit avec son amie. La police (...) est venu le prendre et il est mort en déportation. J'ai ouï dire qu'il a une rue à son nom à la Rochelle, la ville dont était issue sa famille.

Voila, les souvenirs que je puis vous rapporter. Non, j'oublie deux choses : c'est qu'on se targuait dans ma famille de ne pas avoir exposé comme dans celle de ma tante, de photos du Maréchal.
Que par ailleurs, quand j'ai - récemment - vidé un grenier familial, j'ai trouvé la propagande antisémite dont vous avez probablement vu les reproductions dans les bouquins d'histoire que vous aviez quand vous étiez en Terminale - et que mon enfance a été bercée par des histoires de "cramatoires". Que j'ai été aussi en relation quand j'étais toute petite avec des juifs rescapés de l'holocauste (ou qu'on l'appelle comme on voudra).

Je viens de relire - ainsi que le "post" qui demande à chacun de relater ses souvenirs : c'est vrai que c'est "amusant", tout ça ...

_________________
"Si l'histoire peut servir à quelque chose, c'est à ouvrir les yeux" (Pierre Vidal-Naquet).

Ou encore : "Le travail historique n'est pas l'évocation d'un passé mort, mais une expérience vivante dans laquelle l'historien engage la vocation de sa propre destinée" (H.I. Marrou, cité paraît-il souvent par P. Vidal-Naquet).


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Message Publié : 16 Déc 2007 21:00 
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Inscription : 13 Mars 2006 10:38
Message(s) : 2476
Localisation : Lorraine
Mon père avait 9 ans à la déclaration de guerre; il me raconte qu'il allait chaparder des patates la nuit dans les champs gardés par les Allemands.

_________________
Tous les désespoirs sont permis


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Message Publié : 16 Déc 2007 21:56 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
Message(s) : 5364
Mon grand-père maternel, né en 1923, et qui travaillait à la mine, a été envoyé aux chantiers de jeunesse dans la Brenne. De là, il devait aller travailler à St Nazaire pour l'Organisation Todt. Avec quelques compagnons désignés pour la même tâche, il s'est carapaté et a tout bonnement rejoint son Bourbonnais d'origine.
Il a ensuite intégré la 1ere Armée Française et a eu un pied gelé en Alsace pendant l'hiver 44-45, sans avoir vu un seul Allemand sur ce front.

C'est tout ce qu'il peut y avoir comme histoire : les autres ont "vécu". Mon autre grand-père, plus âgé, père de famille nombreuse à la déclaration de guerre, n'a pas été mobilisé.
On dit qu'un vague cousin a été abattu par les Allemands alors qu'il faisait passer, à vélo, quelque chose : des messages pour la Résistance, selon la version glorieuse, du ravitaillement destiné au marché noir, selon la version la plus vraisemblable. :oops:


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Message Publié : 16 Déc 2007 22:00 
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Hérodote
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Inscription : 13 Déc 2007 18:13
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Mon grand père, né en 1914, était officier dans les Alpini, plus exactement dans la division Julia . Il a fait la guerre en Grèce avec sa division et se trouvait à Rodes pendant le 8 Septembre, où il a été capturé par les Allemands .
Il s'est evadé et s'est refugié en turquie, où il a été interné dans un camps anglais, jusqu'à la fin de la guere .


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Message Publié : 16 Déc 2007 22:02 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 18 Fév 2004 22:53
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Localisation : Haut-Rhin, Alsace
Les deux frères de ma grand-mère ont été enrôlés dans la Wehrmacht. L'un est mort en Biélorussie en 1944. Je n'en connais que sa dernière lettre.
Mon grand-père maternel a aussi été enrôlé en 1944, mais a déserté quand son unité passa à Dannemarie au Sud de l'Alsace, près de chez lui.

Mon grand-père paternel a combattu en 1940 d'abord sur la ligne Maginot, puis sur la Somme après la déroute des Ardennes. Après une longue retraite jusqu'en Dordogne il est entré dans le maquis.


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Message Publié : 16 Déc 2007 22:16 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 10 Août 2007 20:01
Message(s) : 158
Mon arrière grand-père maternel était artilleur sur rail et a donc fait la Bataille de France. A l'armistice, il a été démobilisé, et a ensuite essayé de survivre, lui et sa femme, jusqu'a la fin de la guerre.

Tiens, je n'ai jamais demandé du coté paternel, il va falloir que je m'y interesse.

_________________
Le passé fut d'une telle actualité, en son époque !


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Message Publié : 16 Déc 2007 22:28 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 26 Déc 2005 21:13
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Localisation : Metz
Rien de glorieux dans ma famille de Moselle:

-du côté maternel, mon arrière-grand-père était facteur et a servi pendant la drôle de guerre comme cuisinier. Un vrai planqué.
A la fin de la guerre, mi 1944, mon grand-père, qui avait alors 16 ans, a dû se cacher quelques semaines pour éviter d'être enrôlé de force par les Allemands.
Donc rien de bien grand...

-du côté paternel, ce fut encore pire. Mon grand-père, qui avait 20 ans en 1942, a été incorporé de force dans la Wehrmacht. Ce qui a rendu la chose encore plus difficile, c'est que sa famille l'a presque vendu aux Allemands. Devant un début de mauvaise humeur des villageois, ils se sont résolus à ne demander qu'un fils par famille. Mon arrière-grand-père avait 3 fils: un de 25 ans, qui devait rester aider aux champs, mon grand-père et un jeune fils de 18 ans destiné aux ordres. Il fut donc rapidement décidé que ce serait à mon grand-père d'y aller.
Il a perdu une jambe en URSS pendant la longue retraite. Cela lui a permis d'éviter l'emprisonnement par les Soviétiques, car il a été rapatrié, mais il ne s'en est jamais vraiment remis et est mort en 1971 des suites de lointaines complications cardiaques dues aux mauvaises conditions de son amputation. Je ne l'ai jamais connu et il m'a toujours été impossible d'en savoir plus, car il n'avait rien raconté à personne. Je ne conserve que sa plaque militaire et deux pièces soviétiques des années 1940.

_________________
«L'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.»
(Martin Luther)


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Message Publié : 16 Déc 2007 23:14 
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Hérodote
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Inscription : 01 Avr 2003 23:38
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De ce que je sais

-mon grand père paternel était un ouvrier, prisonnier de guerre en Allemagne.Il est rentré en France plus tard, s'est marié, et a fondé une famille.

à sa mort, ma grand mère a glissé une sorte de grosse medaille "de Dunkerque" en bronze dans son veston avant la mise en bière, donc j'imagine qu'il a dû être fait prisonnier là bas.

j'ai pas trop connu mon grand père paternel mais il est resté farouchement anti- allemand toute sa vie, et en à beaucoup voulu à Maître Vergès.

-Mon grand père maternel était trop jeune pour être mobilisé il a été intégré aux chantiers de la jeunesse, j'ai d'ailleurs gardé en souvenirs pas mal de photos de lui avec la tenue des jeunes de l'époque.

En conclusion je dirai que les anciens n'ont jamais trop aimé aborder cette période qui reste quand même un grand tabou dans notre sociétè.

_________________
"c'est sûr, aujourd'hui c'est pas demain et hier c'est pas aujourd'hui" Filip des 2Be3


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Message Publié : 17 Déc 2007 8:43 
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Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8153
Localisation : Provinces illyriennes
Si mon grand-père maternel a été fait prisonnier en 1940 pendant la campagne de France et l'est resté toute la guerre, mon grand-père paternel a été incorporé de force dans la Wehrmacht et envoyé en Italie, près de la ligne Gothica, où, bravant ses supérieurs, il a sauvé la vie à 13 maquisards italiens.

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 17 Déc 2007 10:06 
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Inscription : 27 Avr 2004 17:38
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Localisation : Région Parisienne
Mon père, engagé volontaire en 39, fut fait prisonnier en 40 en Belgique. Cinq tentatives d'évasion lui valurent de passer un temps à Rawa-Ruska. Il fut libéré par les Russes en Silésie, emmené jusqu'à Smolensk pour revenir en France seulement fin août 45.

Mo, beau-père, de nationalité hongroise, s'engagea dans la légion, fut fait prisonnier, réussit son évasion en 41, et se cacha le reste de la guerre, car sa soeur vivait avec un officier allemand, avec lequel elle passa toute sa vie. Avant de disraître, il a écrit ses mémoires.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 17 Déc 2007 10:23 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 06 Oct 2006 22:46
Message(s) : 434
Mon père et mon oncle étaient dans le Vercors dans le maquis avec la résistance. Le 1er, futur étudiant, soigna les blessés dans le village de Saou après le bombardement allemand d'aout 1944. Cette période les a pas mal marqué du fait que cela s'est produit pendant leur jeunesse et qu'ils durent échapper à l'offensive allemande dans le Vercors, notamment mon oncle qui eut la peur de sa vie quand ils furent coincés face à une colonne de blindés allemands mais heureusement les avions alliés ont pu intervenir à temps et l'arrivée de la 2ème DB permit de libérer cette région en aout 1944.
Quand à mon grand-père suèdois il ne put faire grand chose car son pays était neutre et ne pouvait non plus exercer son métier de marin qui lui permettait notamment de faire du trafic d cigarettes avec les marins lettons alors envahis par les soviétiques. Il dut changer de métier et devint garagiste à Stockholm.


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Message Publié : 17 Déc 2007 11:24 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
D'un côté de mes grands-parents avaient 19 et 20 ans en 1940. Ils se sont mariés en 1942 plus ou moins pour éviter le STO. Ce qui n'a pas empéché de souffrir des évacuations d'un village vers l'autre pour ma grand-mère et mon oncle alors âgé d'un an peu avant la libération. Mon grand-père et une foule de grands-oncles et d'arrières-cousins ont été raflés peu avant la libération par les Allemands et déportés en Allemagne, comme environ un millier d'hommes de cette région des Vosges (autour de Saint-Dié et Gérardmer). Direction je ne sais plus quel camp de concentration (le but était alors de vider les Vosges de ses hommes pour éviter qu'ils ne soutiennent l'armée américaine qui arrivait, et faire des Vosges une grande forteresse pour la Wehrmacht). Les bombardements américains sur l'Allemagne ont détruit les rails du train qui menait ces hommes vers les camps, et ils ont dû être détourné vers des usines, à Mannheim, où ils ont travaillé jusqu'à la libération.
Ma grand-mère il y a déjà longtemps, me racontait qu'au tout début de la guerre, ils écoutaient radio-Londres. Jusqu'à que les Allemands raflent les radios. Leur résistance s'est arrêtée là. Néanmoins, j'ai aussi dans les cousinages plus lointains quelques résistants et même un pauvre jeune homme mort à Auschwitz.

De l'autre côté, les gens étaient plus jeunes: ma grand-mère avait 14 ans à la libération, et mon grand-père 10. Pour lui, qui vivait en ville (Epinal), ce fut pas mal de souffrance liée à la faim et à la maladie. Pour elle, c'est passé sans trop de souci, elle vivait à la campagne et sa famille aux nombreux enfants parvenaient à s'en sortir avec les produits de la ferme. Pas de résistance ni de collaboration de ce côté-là. Juste un allemand gênant qui voulait à tout prix parrainer un enfant de leur famille. Ils ont retardé le baptême jusqu'en 1945! Ma grand-mère me raconte aussi les discussions homériques entre son père et son aïeul, l'un préférant De Gaulle et l'autre défendant Pétain le vainqueur de Verdun...

_________________
"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 17 Déc 2007 11:34 
Bonjour,
Mon grand-père maternel était cheminot, la SNCF. Ancien combattant de 14-18, il avait été gazé prés de Verdun et s’en était tiré par miracle grâce à un camarade de tranchée, qu’il appelait «mon poteau » avec qui il a partagé un masque à gaz le temps de se sortir de la zone dangereuse. Il en est resté asthmatique pour le restant de sa vie.

En 39, il était en poste dans une importante gare de triage dans le centre-est de la France. À cause de son asthme, il n’a pas été mobilisé mais quelques copains à lui y sont allés et ne sont pas revenus. Son opinion claire et nette quant aux «boches » n’en est devenue que plus claire...
Pendant l’occupation, tous les convois militaires allemands à destination de la France passaient par la. La gare était sous contrôle d’employés allemands de la Reichbahn.

Début 41, avec quelques autres cheminots français, il a commencé à régulièrement recopier la liste des convois annoncés pour les jours à venir, avec horaires et contenu : Troupes, véhicules, munitions, etc. Connaissant l’organisation et la minutie allemande, tout ceci était très précis.

Un des cheminots avait le contact avec un groupe de résistance qui disposait d’une radio et cela partait pour Londres.

En 42, le système a changé. D’une part les bombardiers alliés avaient tendance à arroser la zone, donc aussi la ville, et la manie d’arriver trop tôt ou trop tard. D’autre part, un maquis FTP s’était installé dans la région et un cheminot, ancien de la CGT, avait le contact avec eux.
Les petites listes sont donc parties pour le maquis, via un adolescent qui partait régulièrement se «promener » en vélo dans les bois et «perdait » un papier à l’endroit convenu.

Je n’oublierais jamais le jour ou mon grand-père m’a emmené sur le terrain ou se trouvait la gare, qui n’existe plus aujourd’hui. Il m’a montré le ravin, à la sortie de la gare, qui leur a permis leur plus beau coup.

Je le cite, il me l’a racontée plusieurs fois celle la :
« Bon, les FTP, c’était les cocos, mais eux ont moins ils savaient être à l’heure. Tu vois, ils avaient mis le pétard la, étaient planqués là-bas, et quand le convoi est passé, boum et hop ! les panzers sur le dos dans le ravin »

Et il se marrait comme une baleine, puis commençait à tousser, saletés de gaz et sortait de sa poche un mouchoir à carreau grand comme une serviette de bain.

Pour donner confiance aux employés de la Reichbahn, lui et ses copains portaient régulièrement la Francisque Pétainiste. Il me l’a donné, sa Francisque, je l’ai toujours. Cela leur a valu quelques démêlés à la Libération avec les résistants de la 25éme heure qui n’avaient pas tout compris. Heureusement pour eux, les «cocos » du FTP étaient la aussi et ont calmé le jeu.

De longues années plus tard, l’adolescent qui partait avec son vélo et son petit papier se «promener à la campagne » m’a humblement avoué qu’il ne faisait pas cela par patriotisme mais tout bêtement pour épater la fille du cheminot.

Bon, vous avez compris, c’était mon père et la fille du cheminot, c’était ma mère.


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Message Publié : 17 Déc 2007 14:24 
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Marc Bloch
Marc Bloch
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Inscription : 09 Août 2006 6:30
Message(s) : 4160
Localisation : Allemagne
Mon père était artisan dessinateur, en chambre, à Pau qui ne fut occupé qu'en novembre 1942. Ce que je vais raconter est lacunaire , car à ma grande honte, je n'ai pas fait de recherches et recueilli des témoignages des survivants quand j'étais adulte. A ma décharge, je dois dire que j'ai quitté Pau à 20 ans et que je n'y revenais que de temps en temps.Donc un conseil pour les jeunes , recueillez les témoignages et gardez les par écrit, car sinon c'est disparu à jamais.
En 1943, mon père fut contacté pour faire des faux-papiers afin de faire rentrer des prisonniers de guerre qui étaient en Allemagne. Il y avait des cas exceptionnels de libération et les intéressés étaient munis de papiers établis par l'autorité allemande. Il s'agissait donc de copier ces papiers. Il y avaient tout un réseau composé du dessinateur (mon père), d'un photograveur, d'un imprimeur et ensuite une organisation pour acheminer les faux papiers qui ressemblait à un inventaire à la Prévert. Il y avait des curés (faux papiers dissimulés dans le dos des livres de prière ou de messe), un fabricant de brosse (dissimulés dans des lave-ponts),
des conserveurs (dans de boîtes de salaison) et peut-être que j'en oublie.
Mon père qui ne parlait pas allemand, recopiait lettre par lettre en gothique les documents. Pour donner de la véracité , quand on savait la région où était le prisonnier , il allait voir dans le Bottin international, les industries où le prisonnier aurait pu travailler. Il fallait une photo en civil. Quand les familles n'en avait qu'une en militaire, il retouchait pour transformer la vareuse en costume cravatte.
Le système a fonctionné un cerain temps, il y a eu des retours réussi. Puis, le bavardage des gens , l'absence de précautions nécessité pour une action clandestine, ont fait que les Allemands ont été averti. Les arrestations ont commencé, à un rythme lent. Mon père s'attendait à être coffré. C'est alors qu'il est allé voir le responsable du groupe "Collaboration" local. Il le connaissait car c'était un de ses clients : le groupe avait un journal quotidien dans lequel il y avait de la publicité et, bien sûr, il fallait un dessinateur. Le responsable lui a dit : "Je vais voir ce que je peux faire". Il est allé voir le

Stadtkommandant allemand. C'était un Colonel ancien, il a été magnanime. Il a répondu : "Ils ont fait leur devoir de patriotes français, j'arrête l'affaire".
Je précise que effectivement tout se faisait par patriotisme et que mon père n'a jamais touché un sou. C'était une autre époque !
A la Libération , quand il y a eu le procès du responsable collaborateur, mon père, à la demande de son avocat, est allé comme témoin à décharge.
Cette histoire somme toute banale (mais qui aurait pu très mal finir) fait que j'ai apprécié les ouvrages de Henri Amouroux , qui relativise cette période et qui s'éloigne du manichéisme de certains. Les plus grandes gueules ayant été souvent ceux qui en ont fait le moins.
Avec l'âge ,il y a quand même un point qui me turlupine. Qui était derrière cette organisation de rapatriements de prisonniers, si bien organisée ? Londres et la Résistance, je n'y crois pas, ça n'avait aucune valeur militaire, d'où peut-être la magnanimité du Colonel allemand : ça ne portait pas un gros préjudice à l'Allemagne. J'ai donc fait l'hypothèse -toute gratuite- que c'était peut-être l'action d'un bureau de Vichy où il y avait un office des prisonniers (François Mitterrand y était employé entre autres).
Si quelqu'un a des lumières sur ces réseaux, je serai reconnaissant de recevoir des informations.

_________________
" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "


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