Bonjour Monsieur Narduccio, modérateur général, de ce forum, et bonjour aux Internautes de ce forum "Passion-Histoire",
Je vous remercie, Monsieur Narduccio, pour ce que vous avez dit dans vos messages précédents.
Je voudrais, pour bien montrer la différence que la communauté astronomique accorde aux personnages respectifs de Newton et de Kepler, vous citer
INTÉGRALEMENT ce que "
Le petit dictionnaire des Astronomes" de André Masclet (Editions Burillier à Vannes, Morbihan, paru en septembre 1999) mentionne pour chacun des deux personnages :
« NEWTON Isaac sir (1642 - 1717) physicien anglais. Il mit au point le calcul infinitésimal, inventa le télescope qui porte son nom en 1671, formula les lois de la gravitation et fit des études sur le spectre de la lumière. Ses "
principes mathématiques de philosophie naturelle" furent publiés en 1687 grâce à l'aide financière de HALLEY. Un cratère lunaire (79 km), un cratère martien et l'astéroïde 662 portent son nom. »
« KEPLER Johannes (1571 - 1630) astronome allemand, né à Weil. Professeur de mathématiques à Graz, il en fut chassé par les persécutions religieuses. Il s'établit à Prague où il succéda à TYCHO BRAHE en 1601 comme astronome impérial. Il a consacré la majeure partie de sa vie à donner une explication mathématique du mouvement des planètes. Dès 1594, il publia un essai "
Prodomus mysterium cosmographicum" où il imagina un système de sphères où s'emboîtaient des polyèdres circonscrits. Ce système, rapidement abandonné, contenait cependant une découverte. Contrairement à COPERNIC, il faisait passer tous les plans des orbites planétaires par le Soleil. Ayant récupéré les observations de TYCHO BRAHE sur Mars, il en déduisit la forme des orbites de la Terre et de Mars : une ellipse. En 1609, il publia dans "
Astronomica Nova" ses 1ères lois : les planètes décrivent des ellipses dont le Soleil occupe un des foyers et le rayon vecteur reliant une planète au Soleil balaie des aires égales en des temps égaux. En 1619, il publia sa 3ème loi dans son "
Harmonices mundi" : le rapport du carré des périodes de révolution au cube de leur distance moyenne au Soleil est constant. Il observa la supernova du Serpentaire en 1604 et les comètes de 1618. Il publia en 1621 "
Epitome de l'astronomie copernicienne". Il publia les tables dites "
Rudolphines" en 1627, employant pour la premières fois les logarithmes. Son "
somnium" fut publié après sa mort en 1634. Il plaçait le Soleil à 3 438 rayons terrestres. Il étudia également l'optique et décrivit une lunette astronomique meilleure que celle de GALILEE. Un cratère lunaire (32 km), un cratère martien, une formation de PHOBOS et l'astéroïde 1 134 portent son nom. »
Enfin, je voudrais terminer par une citation de Philippe de La Cotardière (ce n'est pas n'importe qui, puisqu'il a été Président de la Société astronomique de France entre 1987 et 1993) publiée dans un ouvrage des éditions Larousse (justement !...) en octobre 1989 "
Astronomie", aux pages 28 et 30 :
« Lorsqu'il meurt en 1601, Tycho Brahe laisse à son élève Kepler ses précieux registres d'observations et le soin de poursuivre son œuvre. Kepler est un partisan convaincu du système de Copernic, et, dans un premier ouvrage, le
Prodomus... mysterium cosmographicum, publié en 1596, il a déjà expliqué pourquoi le système de Ptolémée doit céder la place à la représentation copernicienne du monde. Mais, doté d'une imagination fertile inspirée par les pythagoriciens, il croit l'Univers construit selon une architecture géométrique. Aussi a-t-il élaboré un ingénieux modèle géométrique du système de Copernic dans lequel l'orbe de chaque planète occupe une sphère circonscrite à un polyèdre régulier et inscrite dans un autre. Dans cette construction, apparaît pour la première fois l'idée féconde d'une dépendance entre les distances successives des planètes au Soleil. En fait, Kepler a la conviction que le nombre de planètes, leurs distances au Soleil et leur vitesse de révolution ne sont pas le fruit du hasard. Il se fixe pour objectif de trouver les lois de leur mouvement ainsi que celles qui régissent la distribution et la dimension de leurs orbites.
C'est en se livrant à une étude systématique du mouvement de la planète Mars (dont la trajectoire reste mal interprétée par Ptolémée et par Copernic), après de laborieux calculs qu'il contrôle grâce aux observations précises de son maître Tycho Brahe, que Kepler découvre les deux premières lois qui vont immortaliser son nom. Celles-ci, publiées en 1609 dans son
Astronomia nova, énoncent l'une que le mouvement des planètes s'effectue suivant des ellipses dont le Soleil occupe un des foyers, l'autre que le rayon vecteur d'une planète, c'est-à-dire le segment de droite joignant la planète au Soleil, balaie des aires égales de l'ellipse en des temps égaux. Ces lois marquent donc une rupture définitive avec la tradition grecque de la circularité des mouvements.
Toujours hanté par les idées pythagoriciennes, Kepler s'efforce ensuite de démontrer l'existence d'un rapport harmonique (au sens musical du terme) entre la plus grande et la plus petite vitesse des planètes. A cette fin, il étudie les rapports numériques existant dans le système solaire. Au terme de laborieux calculs, il découvre ainsi la troisième loi fondamentale du mouvement des planètes, qui établit une relation entre les dimensions des orbites planétaires et les temps mis à les parcourir : les carrés des périodes de révolution sont proportionnels aux cubes des grands axes des orbites. Ce résultat capital est publié en 1619 dans l'
Harmonices mundi, où Kepler décrit sa vision quelque peu mystique de l'Univers, illustrée par ses recherches de géométrie, de musique et d'astronomie.
Dès lors, le système solaire est, du point de vue cinématique, décrit tel qu'on le conçoit de nos jours. Il reste à en faire l'étude dynamique, à découvrir quelle est la cause physique du mouvement des planètes. Ce sera l'œuvre d'Isaac Newton au siècle suivant. Déjà, Kepler se doute que le mouvement des planètes est contrôlé par une force centrale, et il en attribue l'origine à une « âme motrice » émanant du Soleil. Mais, s'il a saisi l'existence de ce principe directeur, il ne parvient pas à en discerner la nature et les propriétés exactes.
Dans les dernières années de sa vie, Kepler se consacre à l'établissement de tables des positions des astres du système solaire fondées sur les lois qu'il a mises en évidence et sur les observations de Tycho Brahe : les
tables Rudolphines, qu'il publie en 1627. Beaucoup plus précises que celles qui les ont précédées, celle-ci vont assurer le triomphe définitif, au moins parmi les astronomes, du système de Copernic. »
Voilà, j'espère, Monsieur Narduccio, modérateur général de ce forum, ainsi que tous les Internautes de ce forum "Passion-Histoire" qui se donneront la peine de lire mes deux citations, vous avoir convaincu du rôle capital de Johannes Kepler dans la validation de la théorie héliocentrique élaborée par Nicolas Copernic.
Roger le Cantalien.
PS : pour savoir qui est Philippe de la Cotardière voir :
http://www.cnrs.fr/cw/fr/nomi/prix/pcst97.html : « Depuis plus de vingt ans Philippe de la Cotardière poursuit une carrière d'écrivain et de journaliste scientifique dans les domaines de l'astronomie et de l'astronautique (Le Figaro, Ca m'intéresse, Sciences et Avenir, Ciel et Espace). Il a publié une quinzaine d'ouvrages de vulgarisation dont en 1997 "Le guide du ciel" (Bordas) et "Les comètes et les astéroïdes" (Le Seuil). Il a présidé de 1987 à 1993 la Société astronomique de France et a fondé et présidé jusqu'en 1985 l'association astronomique de l'Ain. »