Ce n’est peut-être plus du tout d’actualité, mais je viens d’arriver sur le forum ; connaissant un peu le sujet, voici quelques pistes.
A ma connaissance, aucun vrai livre d’histoire récent sur la Commune (et il y en a peu …) n’est franchement anti-communard ou exalte les Versaillais (en même temps, exalter le massacre de milliers de Parisiens par d’autres Français aurait, je crois, du mal à passer aujourd’hui… enfin j’espère !)
Sinon la littérature anti-communarde est énorme, surtout au XIX° siècle. Mais là encore, je ne connais pas d’étude sérieuse et à peu près complète sur cette vision des événements de 71.
Pour avoir tout de même un aperçu des thèmes développés par la droite à l’époque, je conseille le livre de William Serman, La Commune de Paris (Fayard), qui dans son chapitre final évoque « la Commune vue par ses ennemis » ; on trouve quelque chose de similaire dans l’étude sur la Commune de Michel Winock, publiée dans le recueil Le socialisme en France et en Europe XIX°-XX° siècle (Seuil, Points Histoire). Paul Lidsky, dans Les écrivains contre la Commune (La Découverte), étudie lui, comme le dit bien le titre, le traitement littéraire de la Commune juste après les événements (il est d’ailleurs assez effarant de voir la violence dont font preuve ces écrivains : la dépolitisation, l’animalisation et la déshumanisation de l’ennemi vont vraiment très loin ; c’est d’ailleurs le trait général de toute les écrits anti-communards, même non littéraires). A noter également un court article de Catherine Glazer paru dans la revue Romantisme (1985, n° 48), dont le titre est lui aussi très clair, « De la Commune comme maladie mentale ».
Si on veut quelques exemples d’écrits anti-communards de l’époque, on peut lire le livre de Du Camp bien sûr, mais aussi le livre de Paul Fontoulieu, Les églises de Paris sous la Commune, qui est une source intéressante sur ce qui se passait dans les clubs situés dans les églises mais archi-versaillaise (notamment la préface, d’un autre auteur, modèle du genre), ou tant d’autres livres qui raviront les amateurs de littérature réactionnaire ou conservatrice.
Enfin, il faut dire que les droites n’ont pas toutes été hostiles à la Commune : la dimension patriotique a permis des récupérations parfois surprenantes. Je pense à celle opérée par les fascistes français du genre de Doriot, qui ont insisté sur le populisme, le nationalisme, l’antiparlementarisme, le fait que c’est la République qui a commis la Semaine sanglante, etc. A lire dans cette veine une brochure, La Commune de Paris contre le communisme, par Maurice-Ivan Sicard (publiée en 1944 après une conférence de 1942), ahurissante récupération fasciste de la Commune, très anticommuniste et antisémite bien sûr, qui dresse de nombreux parallèles avec la situation de la France à cette époque et crie au complot juif à toutes les pages ; une analogie est même faite entre De Gaulle et Marx, les deux hommes opérant de Londres… (elle doit être disponible à la BNF) Je crois qu’il existe aussi une biographie du colonel Rossel faite au début des années 60 par un homme de l’OAS qui célèbre par ce biais la désobéissance militaire pour motifs patriotiques…
Voilà, en espérant avoir pu vous être utile…
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