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Message Publié : 29 Oct 2007 16:13 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 09 Mai 2006 21:43
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Florian a écrit :
Traduction française, chez Armand Colin, de Postwar: A History of Europe Since 1945 de T. Judt.

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L'ouvrage a reçu un concert de louanges :

Dans L'Histoire (n°324, octobre 2007) :
Citer :
Le grand public éclairé français ne connaît pas vraiment Tony Judt. Pas encore. Il y a fort à parier que son Postwar a tout pour devenir une référence : la somme des connaissances – près de 900 pages – qui fondent la question étudiée, et la multiplication des perspectives qui refondent les débats. Car l’ouvrage est à la fois une synthèse indispensable à tout honnête homme du XXIe siècle, dans un sobre découpage chronologique (1953 ou la fin de la vieille Europe ; 1971 ou la fin de la prospérité ; 1989 ou la fin de « l’ordre ancien »), et un formidable essai sur l’Europe. Voilà bien une histoire à la fois complète et personnelle de « ce qui n’est même pas un continent ».

Certes, le titre en français, Après-guerre, claque moins que Postwar. Toutefois l’essentiel de la thèse est bien là : l’Europe n’est pas cette lente construction positive, ce « miracle » dû aux pères fondateurs qui aurait fait naître « un continent irénique et pacifique, “tel un phénix”, des cendres de son passé meurtrier et suicidaire ». Ce tableau classique, s’il « contient un noyau de vérité », Tony Judt le réforme.

D’abord parce que l’Europe n’est pas qu’occidentale et qu’en Europe de l’Est cette ère pacifique fut celle d’« une paix de cour de prison ». Ensuite parce que même à l’ouest, et c’est le cœur de la démonstration, « l’Europe post-nationale, pacifique et coopérative des États-providence n’est pas née du projet optimiste, ambitieux et progressiste que se plaisent de nos jours à imaginer rétrospectivement les euro-idéalistes. Elle est la fille vulnérable de l’angoisse. A l’ombre de l’histoire, ses dirigeants mirent en œuvre des réformes sociales et créèrent de nouvelles institutions à vocation prophylactique, pour tenir le passé en respect ».

Le plus stimulant chez Tony Judt réside dans son souci de comprendre l’Europe contemporaine en liant histoire et mémoire. Il faut donc lire d’emblée son remarquable épilogue « De la maison des morts. Essai sur la mémoire européenne moderne » car il y livre l’autre clé – complémentaire – de sa réflexion : « La reconnaissance de l’Holocauste est notre ticket d’entrée dans l’Europe » car « nier ou rabaisser la shoah – l’holocauste – c’est s’exclure soi-même du discours public civilisé. »

Forcément une telle perspective – vraiment subtile dans le détail – sera discutée : placer la construction de l’Europe sous l’ombre portée d’Auschwitz n’introduit-il pas une forme de téléologie morale, celle de notre époque d’« obsession mémorielle » (qu’il analyse remarquablement en prolongeant, mais pour toute l’Europe, les travaux d’Henry Rousso ou Annette Wieviorka) ? De même s’appuyer sur les notions de « responsabilité collective » des Européens, de « dettes à payer » des États, ou des « péchés passés » des peuples ne pose-t-il pas le problème d’une vision culpabilisatrice, voire religieuse, de l’histoire ?

Bref, même si c’est parfois pour « tonner contre », il faut absolument lire Tony Judt. La vulgate occidentale démocrate-chrétienne en prend un coup. Mais le projet européen en sort grandi d’être plus conscient de lui-même, d’échapper à l’obsession des belles histoires et des mémoires. Tony Judt nous y engage quand il affirme que, « à la différence de la mémoire, qui se confirme et se renforce, l’histoire contribue au désenchantement du monde.

L’essentiel de ce qu’elle a à offrir est dérangeant, voire perturbant : c’est bien pourquoi il n’est pas toujours politiquement prudent de manier le passé comme une trique morale pour frapper et réprimander un peuple de ses péchés passés. Mais l’histoire demande à être apprise, et périodiquement réapprise ».


Dans Sciences Humaines :
Pascal Pradon a écrit :
« À jamais finis les matins clairs et chantant  », telles furent les paroles définitives prononcées par le chancelier anglais au plus fort de la tourmente qui secoue l’Europe en 1947. Provoquée par des pénuries en tout genre et l’absence de perspectives, cette sentence illustre parfaitement le sentiment de désespoir profond qui touche les peuples européens et leurs dirigeants sur « le continent des ténèbres ».

Dans ce livre, unanimement salué par la critique, Tony Judt retrace la généalogie d’une renaissance, celle d’un continent à jamais marqué par les désastres de la Seconde Guerre mondiale. L’historien anglais y examine ce tournant majeur de notre histoire où une civilisation, après s’être littéralement « suicidée », fut acculée à opérer des choix ambitieux afin d’entamer la reconstruction du continent sur des bases solides. De l’héritage de la guerre à la construction d’une nouvelle Europe, en passant par la critique acerbe de la vie intellectuelle française, Après-guerre recontextualise et analyse dans sa globalité le chemin parcouru par les différentes nations, que ce soit à l’échelle du continent ou d’un pays. Cet ouvrage constitue aussi une tentative inédite de rassembler l’histoire de ces deux parties de l’Europe autrefois amputée et divisée par la guerre froide.

Si les événements peuvent nous paraître familiers dans leur ensemble, c’est leur agencement et leur analyse qui mènent à réaliser combien l’histoire de ces soixante dernières années a été marquée par la Seconde Guerre mondiale. D’abord par son souvenir, qui a fédéré sous la bannière de l’antifascisme une grande partie des masses populaires et a fini par avoir raison des entreprises les moins démocratiques. Mais surtout par le phénomène d’amnésie collective qui a touché les sociétés et leurs dirigeants, condition nécessaire de leur reconstruction selon l’auteur. Pour autant, constate T. Judt, le culte de la commémoration qui aujourd’hui nous sert de politique mémorielle « n’est guère meilleur que l’oubli comme mode de vie que connut l’Europe après 1945. »

Ce livre, qui vient s’inscrire dans la lignée de ceux d’Eric J. Hobsbawm et de Mark Mazoyer, va très vite devenir une référence. Somme monumentale par son ampleur et sa profondeur, il permet à tout un chacun de se rendre compte du chemin parcouru depuis la guerre. Il propose une interprétation du XXe siècle tout entier, qui permet de le repenser et de forger une conscience critique du passé.

Finalement, son but est de faire comprendre que « la nouvelle Europe, liée par les signes et les symboles de son terrible passé, est une remarquable réalisation. Mais elle demeure à jamais hypothéquée à ce passé. »


Dans Libération du 18 octobre 2007 :
Olivier Wieviorka, historien, a écrit :
Une histoire de l’Europe est-elle possible ? Le pari, à dire vrai, semble bien hasardeux, tant la réalité géographique d’un continent dont on ne sait quelles frontières le bornent apparait imprécise. Le second conflit mondial a, par surcroît, amplifié l’atomisation d’un espace divisé, guerre froide oblige, entre l’Est et l’Ouest. Ces deux constats paraissent donc condamner l’idée même d’un récit unitaire : l’histoire de l’Europe se bornerait à juxtaposer la description de destinées nationales.

La formidable synthèse que Tony Judt, historien anglo-américain, consacre à notre vieux continent apporte pourtant un cinglant démenti à cette vision pessimiste. Non que l’auteur, averti des réalités européennes, pèche par esprit de système. Après le cataclysme déclenché par le nazisme, chaque pays a, au fond, cherché sa voie, réglant à sa manière la délicate question de l’épuration, tentant d’encadrer, qui par les nationalisations, qui par l’économie sociale de marché, la vitalité souvent sauvage du capitalisme – Staline fournissant à l’Est des réponses plus tranchées.

Ruines. Les divisions, surtout, s’exacerbèrent, entre les démocraties populaires, fortement arrimées à Moscou malgré les révoltes de Berlin-Est (1953), de Budapest (1956), voire de Prague (1968), et un Occident que Washington releva de ses ruines grâce au plan Marshall avant de lui offrir sa protection militaire via l’Otan. Toutefois, même l’Occident ne parvint pas à s’unir, les Britanniques tentant de saborder le projet européen avant de s’y rallier.

Mais ces ferments centrifuges ne doivent pas masquer les éléments qui tendirent à unifier la destinée des pays européens. Tous durent gérer la difficile reconstruction de l’après-guerre ; tous durent se positionner par rapport à l’Union soviétique, subissant son joug ou parvenant à s’en émanciper ; tous affrontent, aujourd’hui encore, le souvenir de la Shoah, à telle enseigne qu’un clair positionnement par rapport à ce passé brûlant constitue désormais un gage démocratique qui prélude à l’entrée dans l’Union européenne.

Scansions. Par-delà ces donnes imposées, certaines dynamiques aidèrent à unifier la destinée du Vieux Continent, qu’il s’agisse de la construction européenne ou de l’adhésion à la démocratie libérale et à l’économie de marché, processus grandement facilités, il est vrai, par l’effondrement de l’Union soviétique.

Ne forçons cependant pas le trait : la diversité l’emporte encore largement sur l’unité. Et si le téléspectateur, de Londres à Berlin, regarde les mêmes émissions, les journaux télévisés restent confinés dans un provincialisme qui n’accorde qu’une attention distante aux questions de politique étrangère.

Au total, le lecteur trouvera, dans cette synthèse, le récit parfaitement documenté des grandes scansions du demi-siècle passé, que complètent des éclairages portés sur les histoires nationales. Il apprendra à dépasser une vision strictement hexagonale, en resituant le cas français dans un ensemble plus vaste. Bénéficiant du recul de l’historien, il comprendra, surtout, des événements dont il a pu être le contemporain (la crise yougoslave, par exemple) dont l’intelligibilité restait encore masquée. Il pourra s’irriter de quelques partis pris (Mitterrand n’en sort guère grandi). Mais il ne perdra pas son temps en parcourant ces pages, souvent écrites avec élégance, parfois avec humour.


Dans L'Humanité du 3 octobre 2007 :
Guy Lemarchand, historien, a écrit :
Professeur à la New York University, Tony Judt a réalisé un ouvrage ambitieux. Il vise en effet à cerner l’histoire de l’Europe depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale qui a considérablement affaibli et détruit le Vieux Continent jusqu’à nos jours (2005), période où à la fois s’est constituée une unité politique à 25 en même temps que se fissuraient les États-nations sous les coups des régionalismes et des réformes de décentralisation et qu’éclataient les rares États fédéraux avec la poussée renouvelée des nationalités. Travail ambitieux parce que l’auteur embrasse tous les États, du petit Portugal encore impérial en 1960 jusqu’à la Pologne sous l’égide soviétique, l’URSS en revanche étant considérée comme extérieure à l’Europe par ses dimensions mais jouant évidemment un rôle essentiel dans la vie du continent. Mais la Suisse, enrichie, elle, par la guerre, a sa place dans l’étude. Diversité et unité relative, avant et après la chute du mur de Berlin, qui met fin à la scission en deux blocs opposés et affectés tout de même par des problèmes communs (reconstruction, rajeunissement de la population…). L’année 1989 constitue naturellement le jalon essentiel du livre. Ambitieux encore est l’ouvrage parce qu’il cherche à établir une histoire totale, mettant, certes, l’accent sur le politique, mais n’omettant ni l’économie, ni la démographie, ni la culture. En tant que telle, fortement documentée, menée suivant un plan rigoureux et avec un grand souci de la précision factuelle, l’entreprise retient l’attention, malgré une différence de ton entre le traitement de l’histoire des démocraties populaires condamnées de A à Z et celui de l’Occident présenté de manière parfois bien optimiste.

Cependant la forme adoptée par l’auteur surprendra le lecteur français : même en matière économique, il a privilégié le récit descriptif et l’événementiel, ce qui, malgré la multiplicité des données qu’il livre, rend la lecture aisée mais estompe les lignes de force de l’évolution pendant ce demi-siècle. Manifestement Tony Judt répugne à la conceptualisation. Il en résulte qu’on a, malgré et à cause de la richesse des développements, du mal à saisir ce qui est sous-jacent, en particulier économique et démographique. En dépit des chiffres mentionnés, les bilans sur ces plans n’apparaissent pas nettement.

Les sujets abordés sont multiples et divers, des déplacements et réinstallations de population après la guerre jusqu’aux oppositions à l’entrée de la Turquie dans la Communauté européenne, mais, vieux problème de l’histoire narrative, les conjonctures apparaissent mieux que les structures. Une historiographie différente de celle à laquelle nous sommes habitués, n’est-ce pas également l’intérêt de ce livre ?


Le Nouvel Observateur du 25 octobre 2007 publie un entretien de Laurent Lemire avec Tony Judt :
Citer :
Le Nouvel Obervateur. – Quelle était votre ambition en écrivant cette histoire de l’Europe depuis 1945 ?
Tony Judt. – J’ai voulu tenter une histoire «totale» de l’Europe: une histoire qui intégrait l’Ouest et l’Est équitablement, une histoire qui n’était pas seulement une histoire de l’Union européenne, mais qui prenait en compte les conséquences de la chute du communisme pour la compréhension de notre passé récent, une histoire qui pouvait être ressentie comme une période précise: celle de l’après-guerre.

N. O.Comment situez-vous la France dans cette histoire ?
T. Judt. – La France occupe une place évidemment centrale. C’était particulièrement vrai parce que la moitié orientale de l’Europe (en raison du communisme), l’Allemagne et l’Italie (en raison du fascisme et de la défaite) et la Grande-Bretagne (en raison de sa « vocation océanique ») tenaient une place moins importante dans les affaires européennes que par le passé. En outre, parce que la Grande-Bretagne est demeurée en dehors des projets initiaux de la Communauté européenne, la nouvelle Europe s’est formée autour des intérêts et pratiques institutionnelles français. L’Europe, du moins dans les années 1970, était une Europe française.

N. O.La France est très soucieuse de son «exception culturelle». Pensez-vous qu’il existe également une «exception historique» française durant cet après-guerre ?
T. Judt. – Oui. La France avait une position historique de premier ordre par son influence intellectuelle et par la présence à Paris de nombreux penseurs exilés. Grâce à cela, elle est restée dominante dans la vie politique et économique européenne bien plus longtemps que ne l’avait prévu sa piètre situation à la fin de la guerre. Le rôle et la personnalité de De Gaulle ont énormément compté lors de cette décennie cruciale – les années 1960 – pour la formation des structures européennes d’après-guerre.

N. O.Vous écrivez que «les événements de Mai en France eurent un impact sans commune mesure avec leur véritable signification». Pourquoi ?
T. Judt. – Parce qu’il s’agit d’une coïncidence. Les grèves et le début du ralentissement économique des années 1967-1969 ont donné aux mouvements estudiantins plus de visibilité qu’ils n’en auraient eue quelques années plus tôt. En outre, le poids symbolique de Paris en 1968 était encore grand. Les gens un peu partout faisaient référence à la Commune de Paris, au Front populaire, ou même à la Révolution, si bien que l’agitation de la rue à Paris a eu un retentissement international quasi mystique qu’il n’a plus à l’heure actuelle. Qui aujourd’hui chez les moins de 40 ans se souvient du mur des Fédérés et sait où il est ? Naturellement, la coïncidence de mouvements d’étudiants dans d’autres pays a fait briller un Paris – comme en 1848 – considéré comme la capitale du grand changement international. Les jeunes ont voyagé à Paris en mai 1968 pour être au cœur de l’action, comme ils allaient à Barcelone en 1937.

N. O.Récemment, Nicolas Sarkozy expliquait qu’il fallait en finir avec Mai-68. Comment expliquez-vous que Mai-68 soit toujours une question de débat dans la politique française ?
T. Judt. – Sarkozy est un démagogue. En effet, pour justifier son parcours personnel, il se sert de la génération des années 1960 – ma génération – sans laquelle il n’aurait pas un objet commode – un bouc émissaire – à condamner. Que veut-il dire fondamentalement? Veut-il dire: il faut en finir avec des soulèvements populaires? Bonne chance. Veut-il dire: il faut en finir avec la gauche activiste ? Mais cette gauche-là s’est anéantie elle-même. Veut-il dire: il faut en finir avec des illusions sociales-démocrates, des lendemains qui chantent, etc.? Mais là c’est l’affaire de l’histoire, pas celle de Sarkozy.

N. O. Vous écrivez que « la reconnaissance de l’Holocauste est notre ticket d’entrée dans l’Europe ». Comment expliquez-vous l’importance du poids de l’histoire en Europe, notamment dans les débats qui agitent la France par rapport à l’adhésion de la Turquie et à la reconnaissance du génocide arménien ?
T. Judt. – La prépondérance du problème historique n’est pas nouvelle, ce sont les détails qui ont changé. Dans chaque pays qui a eu un «syndrome de Vichy», il s’est développé une hantise – justifiée – des silences passés, de la culpabilité, des crimes, des «plus jamais ça», etc. Toutes proportions gardées, le génocide arménien est le syndrome de Vichy de la Turquie. Il s’agit d’une affaire intérieure, à laquelle les Turcs devront apprendre à faire face. Si ce sujet a soudainement commencé à s’immiscer dans les discussions sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, c’est beaucoup par hypocrisie. Qui à l’Ouest s’est inquiété des pauvres Arméniens jusqu’ici? Seulement les Arméniens et une poignée de spécialistes et de sympathisants. Maintenant que le génocide arménien est devenu un bon argument pour garder la Turquie à distance, nous le citons tout le temps. Naturellement, l’Europe devrait faire de la reconnaissance des génocides passés un objectif commun. Mais rappelez-vous que l’Allemagne et la France sont devenues des membres fondateurs de la Communauté européenne longtemps, longtemps avant que l’un et l’autre de ces pays aient achevé leur travail sur leurs crimes de guerre et leurs silences…

N. O.Vous terminez votre livre sur cette phrase: « L’Union européenne peut bien être une réponse à l’histoire, elle ne saurait jamais en être le substitut. » Est-ce à dire que l’Europe est définitivement prisonnière de son passé ?
T. Judt. – L’expression a une signification légèrement différente. J’ai voulu suggérer que si les nombreux accomplissements de l’Union européenne étaient une réponse aux crimes et aux défaillances du passé européen, ils ne suffiront pas à nous garder de futurs crimes et erreurs. Pour cela, nous devons également étudier l’histoire et comprendre pourquoi la «nouvelle» Europe était nécessaire en premier lieu. C’est une chose qui ne doit pas être aussi évidente pour les générations futures qu’elle ne l’est pour nous.

N. O.Au fond, comme entité politique et culturelle, quel sens un historien peut-il donner à l’Europe ?
T. Judt. – Aujourd’hui, on pourrait presque définir un Européen comme quelqu’un qui est hanté par la définition de l’Européen. Evidemment, il y a une identité politique claire en Europe : les Européens sont des gens qui vivent dans un espace défini par un ensemble distinctif d’institutions juridiques, politiques, électorales et sociales; un espace que ceux qui se prétendent européens (Serbes, Ukrainiens, Turcs) souhaitent rejoindre. Cependant, je ne pense pas qu’il y ait une signification « culturelle » européenne, excepté pour une élite qui a partagé cette haute éducation pendant sept siècles : latine en premier lieu, puis francophone et aujourd’hui anglophone. En revanche, il existe un modèle socio-économique européen, très admiré partout et tout à fait différent du modèle américain. Naturellement, ce modèle risque de ne pas avoir beaucoup d’avenir si M. Sarkozy poursuit son chemin… Quoique le colbertisme demeure un instinct très européen, et, dans ce sens au moins, Sarkozy et compagnie sont plus européens et moins atlantistes qu’ils n’aiment à le penser.

N. O.Dans votre livre, les Etats-Unis ont un rôle déterminant dans l’histoire européenne, plus encore que l’URSS. Pourquoi ?
T. Judt. – En raison de la guerre froide. L’influence russe en Europe depuis 1700 a toujours été sporadique, la plupart du temps limitée aux arts majeurs (musique, ballet, littérature) ou à la guerre. Paradoxalement, la révolution russe, qui fut censée porter l’étincelle d’un mouvement international, a isolé la Russie de la trajectoire européenne après 1918. Cela s’est reproduit après 1946, lorsque l’URSS et le bloc de l’Est se sont eux-mêmes exclus des affaires européennes dans les domaines sociaux, culturels, intellectuels et politiques, juste au moment où la moitié occidentale de l’Europe entamait son changement socio-économique le plus rapide depuis les années 1780. Et naturellement la Seconde Guerre mondiale, bien qu’elle ait donné à Moscou une influence politique et militaire, a brisé son économie pendant des décennies.
A l’inverse, la réalité américaine (plan Marshall, Otan) aussi bien que le mythe américain ont joué un rôle essentiel dans la vie européenne des années 1940 aux années 1980. Contrairement à la plupart des autres histoires qui traitent de cette période, qui décrivent l’Europe comme une colonie américaine pendant la guerre froide, mon livre suggère un moindre rôle joué par les Etats-Unis dans les affaires européennes.
Au contraire, je crois que l’histoire de l’Europe occidentale a été tout à fait autonome, en dépit d’une réelle attraction pour la culture populaire américaine. La domination américaine a été exagérée par son historiographie.

N. O.Vous avez beaucoup étudié l’histoire politique et intellectuelle de la France. Récemment, dans Pourquoi la France ?, des historiens américains ont raconté ce qui les avait amenés à s’intéresser à ce pays. Et pour vous, pourquoi la France ?
T. Judt. – Je suis fou de la France et m’y sens chez moi. La plupart des historiens américains qui étudient la France se sont renseignés sur le pays, son langage et son histoire seulement quand ils sont allés à l’université. Pour eux, leur intérêt pour la France est une affinité élective. Je suis un peu différent. Je suis anglais, pas américain. Une partie de ma famille a habité en Belgique et en France après la guerre. Nous sommes juifs, et mon cousin germain a survécu à la guerre caché dans un appartement à Paris. Nous avons souvent visité la France dans les années 1950. Dans mon enfance, je parlais français et j’ai passé beaucoup d’heures dans les ateliers Citroën, quai de Javel. Mon père était un inconditionnel de Citroën et les seules voitures que nous ayons jamais eues étaient des 2CV et des DS.
A la différence de mes collègues américains qui étudient l’histoire française, je ne suis pas gaga de la cuisine française ; je n’ai pas d’appartement à Paris, qui n’est pas ma ville préférée. Je ne suis pas impressionné par la vie intellectuelle française, qui me semble assez provinciale si on la compare à celle de Berlin. Mais j’ai une affection profonde pour la France. L’histoire française ne cesse de me fasciner. J’étais et je reste un admirateur ardent de sa magnifique tradition historiographique, celle des thèses d’Etat et des études régionales, mais sûrement pas des tendances à la mode comme la psycho-histoire ou la micro-histoire qui fascinent tant les historiens américains. Mes héros furent Ernest Labrousse, René Baehrel, Pierre Goubert, Maurice Agulhon, Michelle Perrot, Annie Kriegel, François Furet. Ce sont eux qui m’ont donné la passion de la France.



Seul l'historien Éric Roussel, dans Le Figaro Littéraire du 18 octobre 2007, est beaucoup plus réservé :
Citer :
La somme que consacre l'universitaire américain Tony Judt aux bouleversements de la « Vieille Europe » de l'après-guerre pèche par un excès d'économisme.

Dans sa correspondance avec le président Roosevelt, William Bullitt, ambassadeur des États-Unis en France, avant la Seconde Guerre mondiale, évoque un voyage en avion qui l'amène à survoler l'Autriche, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la France. Il s'émerveille des progrès stupéfiants accomplis par les moyens de transport, sans dissimuler sa condescendance à l'égard des « petits États minables » qu'il a sous ses pieds et dont l'indiscipline pose tant de problèmes. Universitaire américain reconnu, auteur en particulier d'études sur les intellectuels en France, Tony Judt, dans son dernier livre consacré à l'Europe après 1945, fait souvent penser à l'ancien représentant de son pays à Paris. Depuis la chute du mur de Berlin, en 1989, il n'a certes pas cessé de travailler au grand projet qu'il vient de mener à bien ; inlassablement, il a nourri sa réflexion d'études, d'articles, et même de voyages - sans s'infliger toutefois la lecture de tout ce qui dans la « Vieille Europe » a pu paraître sur le sujet.

L'inadaptation des structures héritées du passé

On ne niera pas l'intérêt de ce regard éloigné. Dégagé des étroites considérations nationales, l'auteur décrit avec un certain bonheur la genèse du monde global devenu une réalité en un temps record. La métamorphose de nos modes de vie et de penser, l'obligation d'envisager les problèmes clefs à une échelle différente, l'inadaptation des structures héritées du passé, tout cela Tony Judt le fait ressortir clairement. L'analyse du long terme et des grandes tendances, tel est le terrain de prédilection de cet historien qui aime voir de haut et répugne à s'intéresser aux basses contingences.

Le problème est qu'en histoire tout ne se ramène pas au jeu des forces économiques et sociales, les hommes et même les grands hommes jouent un rôle et l'on se condamne à ne guère les comprendre si on les voit de trop loin et de manière tout abstraite. Tel est justement le cas de Tony Judt qui, d'évidence, refuse de perdre son temps à étudier le contexte dans lequel a pu se situer telle ou telle action, les motivations, et tout simplement la culture au sens large de tel ou tel grand responsable.

De ce fait, le tableau brossé par l'auteur a parfois d'étranges couleurs. L'histoire de la construction européenne, qui à juste titre occupe une large place dans le volume, apparaît ainsi dépouillée de tout ce qui a pu la justifier moralement et même politiquement. À lire Tony Judt, tout se serait passé depuis 1950 comme si les protagonistes de cette grande aventure n'avaient obéi qu'à des motivations purement mercantiles. La recherche de la paix après des siècles d'affrontements, objectif souvent mis en avant, n'aurait été qu'un habillage dissimulant des desseins moins glorieux.

Est-ce si sûr ? On veut bien croire qu'une certaine histoire de l'Europe pèche par idéalisme, mais le travers inverse n'est pas moins regrettable. À tout considérer avec distance, il arrive à Tony Judt de commettre de vraies erreurs. On est ainsi surpris de découvrir Winston Churchill sous les traits inédits d'un père de la Démocratie chrétienne. Quant à considérer Jacques Laurent et Roger Nimier comme des prophètes du règne de Mme Thatcher, il y a là un raccourci fulgurant dont Malraux en personne aurait hésité à avoir l'audace.

D'une manière générale, on doit déplorer que Tony Judt n'ait pas fait plus d'efforts pour essayer de saisir dans sa vérité l'objet de son étude. Que dirait-on d'un historien français qui pour évoquer l'Amérique d'hier se contenterait d'avoir recours à des ouvrages datés et pour la plupart écrits dans sa langue natale ? C'est à un travers identique qu'a cédé, hélas, l'auteur de ce très personnel et singulier survol.


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Message Publié : 05 Fév 2008 7:34 
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Parution chez Fayard:

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Présentation de l'éditeur:

Citer :
A l'approche du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin, ce livre s’interroge sur la manière dont le communisme a été politiquement digéré et jugé en Allemagne depuis sa disparition à l'automne 1989.
Car dans l'Europe postcommuniste, l'Allemagne fait figure
d’exception : tandis que la plupart des anciennes démocraties populaires ont largement renoncé à punir les crimes d'Etat commis sous les régimes communistes déchus, l'Allemagne unifiée s'est engagée dans la voie d'une large épuration. Des milliers de procès pour meurtre au mur de Berlin et autres violations des droits de l'homme en RDA eurent lieu après le 3 octobre 1990. Ces procès n’étaient d’ailleurs que l’aspect le plus marquant d’un ensemble de politiques du passé aussi diverses qu’ambitieuses.
Pour tenter de comprendre le Sonderweg allemand en ce domaine, il était nécessaire de sortir du cadre chronologique étroit des années 1990. L’auteur explore la double genèse de l’épuration qui suivit l’unification allemande : d’une part, les premiers pas de cette épuration furent accomplis, en RDA même, au cours de la « révolution pacifique » de l’automne 1989. D'autre part, la justice ouest-allemande était remarquablement bien préparée à accomplir cette mission. C’est en effet à des magistrats tous issus de l'ancienne République fédérale qu’incomba la tâche d'enquêter sur les crimes commis en RDA et de punir leurs auteurs. Or la justice ouest-allemande préparait l’épuration depuis 1949, à la faveur de la guerre froide qui opposa les deux Etats allemands. En outre, l'expérience ouest-allemande des procès de criminels nazis joua, dans les années 1990, un rôle déterminant : l’échec supposé de ces derniers fut volontiers invoqué pour justifier une épuration postcommuniste ample et ferme. Plus fondamentalement, responsables politiques et magistrats usèrent largement d’outils juridiques forgés à l’occasion des procès de
criminels nazis.

Guillaume Mouralis est agrégé et docteur en histoire. Il a soutenu en 2005 une thèse, qui est à l'origine de cet ouvrage. Ses travaux portent sur l'histoire de l'Allemagne et sur l'histoire de la justice au xxe siècle.

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 09 Fév 2008 21:22 
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Polybe
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Pour ce qui concerne l´histoire récente et pour vous changer un peu, L´age des extremes, d´Eric Hobsbawm.

Je cite wikipedia (quelle référence n est ce pas?) "Alors que l’ouvrage, paru en anglais en 1994, a déjà été traduit en un vingtaine de langues, il a été refusé par plusieurs éditeurs parisiens, dont les éditions Gallimard représentées par Pierre Nora", il n a été édité en france qu´en 1999, avec le monde diplomatique.

L´ambiance intellectuelle dans laquelle baignent les sciences humaines ne favorise pas forcément l´épanouissement desdites disciplines...
d´où mon post.

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Leherenn jainko indartsua


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Message Publié : 03 Avr 2008 21:07 
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Polybe
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Pour mon premier message ! Un livre qui m'a beaucoup éclairé sur certains points dans la rupture entre cette volonté mondiale de préserver la paix après la Seconde Guerre Mondiale et la mise en place de la Guerre Froide.

FUNK Arthur, 1945, de Yalta à Potsdam, des illusions à la guerre froide, Editions Complexe, 1999.

Je le trouve complet et très clair, surtout pour quelqu'un comme moi qui débute dans l'histoire !

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" Le nicolaïsme ? C'est le mariage entre clercs ! "


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Message Publié : 18 Mai 2008 13:15 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 12 Juil 2003 17:54
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Sur Léopold III et la question royale, j'avais lu en 2001 Pour l'Histoire. Sur quelques épisodes de mon règne, par Léopold III (Une coédition ASBL "Princesse Lilian, en mémoire du roi Léopold III" / Editions Racine - Bruxelles, 2001)

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J'avais trouvé ce livre intéressant. Il faut bien sûr garder à l'esprit que c'est Léopold III qui parle et mettre en perspective ce qu'il peut dire avec ce que l'on sait par ailleurs des événements.
Il aborde les points qui ont fait polémique dans la discussion récente sur le forum : son attitude politique en 1940, ses choix, ses rapports avec le gouvernement belge, son entrevue avec Hitler...etc et bien sûr la question royale, de son début à son dénouement.


Présentation de l'éditeur :

"La publication de cet ouvrage du roi Léopold III constitue en elle-même un événement historique. Pour la première fois en effet, paraît en Belgique un livre écrit à la première personne par un souverain constitutionnel.

Après son effacement en 1950, le roi Léopold III retrouva toute sa liberté et jouit d'une vie familiale simple et heureuse, sans jamais se départir de la stricte réserve qu'il s'était imposée.
Il estima cependant nécessaire de dire un jour ce qu'il gardait sur le coeur à propos d'épisodes cruciaux de son règne. Au soir de sa vie, il prit la plume pour livrer à l'Histoire "sa" version des événements qui culminèrent au milieu du XXème siècle dans l'apogée de "la question royale".

Ce témoignage - exceptionnel à tous égards -, le voici dans l'état exact où l'auteur le laissa à son décès le 25 septembre 1983. Sa publication en l'année du centenaire de sa naissance rencontre le voeu que le Roi avait exprimé de faire paraître son ouvrage au moment jugé opportun."


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 Sujet du message : Ouvrage sur le Vietnam
Message Publié : 18 Mai 2008 21:34 
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Hérodote
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Inscription : 18 Mai 2008 21:14
Message(s) : 1
Bonsoir,
Je cherche un ouvrage qui traite la guerre du Vietnam, aussi bien d'une manière chronologique (offensive du Têt, prise de Saigon...) que thématique (opinions américaine et mondiale du conflit, moyens logistiques déployés par l'armée des Etats-Unis...). Pourriez-vous me renseigner ?


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 Sujet du message : Re: Vietnam
Message Publié : 18 Mai 2008 22:46 
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Philippe de Commines
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Inscription : 14 Avr 2005 20:03
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Localisation : Tournai
Je vous conseille "les illusions perdues" de Neil Sheehan .

C'est pas tout à fait ce que vous cherchez,mais c'est très intéressant à lire
en parrallèle avec ce que vous allez trouver .

_________________
A Berthold le Noir,
Et Hiram Maxim ,

L'Humanité reconnaissante !


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Message Publié : 09 Juil 2008 22:03 
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Philippe de Commines
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Inscription : 23 Avr 2008 9:32
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Localisation : région de Meaux
Après Raymond Poidevin, François Roth signe un "Robert Schuman" chez Fayard, fin août...

_________________
Le passé change parce que nous changeons


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 Sujet du message : Re: Vietnam
Message Publié : 14 Juil 2008 22:27 
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Plutarque
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Inscription : 26 Juil 2006 21:42
Message(s) : 164
Ungern a écrit :
Je vous conseille "les illusions perdues" de Neil Sheehan.

Je crois que vous faites erreur dans le titre: ce n'est pas Les illusions perdues mais L'innocence perdue (A Bright Shining Lie en anglais) qui retrace le parcours de John Paul Vann, conseiller militaire américain au Vietnam de 1962 à 1972.
Un très grand bouquin.


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 Sujet du message : Re: Ouvrage sur le Vietnam
Message Publié : 14 Juil 2008 22:58 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
Message(s) : 2722
Localisation : 中国
Je confirme: un livre fondamental.


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Message Publié : 02 Août 2008 11:45 
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Hérodote
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Inscription : 29 Sep 2006 16:36
Message(s) : 28
Localisation : l'allée des embrumes
bonjour,
je cherche un livre traitant des relations ( politiques, religieuses..) entre les pays du moyen orient de 1945 à nos jours .
Est-ce que quelqu'un aurait un ou des livres à me conseiller?

merci

_________________
"pour ma part, je sais seulement que je ne sais rien. Et quand je veux savoir, je cherche dans les livres, eux à qui la mémoire ne fait jamais défaut" Club Dumas. Pérez-Reverte


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Message Publié : 29 Août 2008 21:11 
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Inscription : 10 Avr 2002 17:08
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Citer :
La Ve République est née en réaction à une crise institutionnelle profonde et dans le contexte de la guerre d’Algérie, et a vu ses traits définitifs fixés par la pratique gaulliste du pouvoir. Sa longévité n’avait rien d’assuré, et cependant elle a survécu aux évolutions politiques et sociales lourdes qui ont suivi, crises (mai 1968), alternances (mai 1981), réveil des partis ou mutations internationales (disparition de l’URSS).
Cette synthèse propose à la fois un récit des grandes phases de l’histoire politique de la « Cinquième » et une description détaillée des diverses facettes de la vie politique et de son évolution. Idées, discours et pratiques politiques, action gouvernementale, phénomènes médiatiques et résultats électoraux, personnel politique et mouvements de l’opinion sont mis en relation pour mieux comprendre les relations complexes et fluctuantes entretenues par les Français avec leur système politique.

Mathias BERNARD est professeur à l’Université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand II). Auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire politique de la France au XXe siècle, il s’intéresse plus particulièrement à l’évolution des forces politiques de droite de la IIIe à la Ve République.

_________________
"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 29 Août 2008 22:25 
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Polybe
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Inscription : 29 Nov 2006 18:35
Message(s) : 61
Bellus a écrit :
bonjour,
je cherche un livre traitant des relations ( politiques, religieuses..) entre les pays du moyen orient de 1945 à nos jours .
Est-ce que quelqu'un aurait un ou des livres à me conseiller?

merci


je vous conseille l'excellent ouvrage d'Henry Laurens Paix et guerre au Moyen-Orient. L'Orient arabe et le monde de 1945 à nos jours. Il y a aussi le Proche-Orient éclaté de Georges Corm. Si vous désirez plus d'info sur ce dernier ouvrage n'hésitez pas à m'envoyer un mp. Je l'ai aussi.


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Message Publié : 04 Sep 2008 12:46 
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Inscription : 10 Avr 2002 17:08
Message(s) : 1940
Localisation : Paris
Armand Colin publie une somme sur la Ve République à l'occasion des cinquante ans de la Constitution de 1958, sous la forme d'un dictionnaire thématique relié:

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Présentation de l'éditeur:

Citer :
Il y a un demi-siècle, le général de Gaulle donnait à la France la Constitution de la Ve République.
À cette époque, les Français faisaient la guerre en Algérie, fumaient des gauloises, roulaient en 2 CV ou en DS, écoutaient Europe nº1 ou Radio-Luxembourg, découvraient Les Amants de Louis Malle ou Lolita de Nabokov, et fredonnaient les chansons de Dario Moreno ou de Sacha Distel.
Que reste-t-il de cette France, si ce n'est avant tout un régime politique, que beaucoup pensaient provisoire, et qui s'est révélé comme le plus solide de notre histoire ?
Pour célébrer cette anniversaire, ce livre à la fois narratif, informatif et stimulat s'attache à retracer les moments forts de la Ve République, cerner les personnalités qui ont compté, analyser le jeu des pouvoirs et des contre-pouvoirs, confier la parole à des experts sur les enjeux auxquels est confrontée la France d'aujourd'hui.

Sous la direction de Jean Garrigues, professeur d'histoire contemporaine à l'Université d'Orléans et président du Comité d'histoire parlementaire et politique.

Et avec la collaboration de : Frédéric Attal, maître de conférences en histoire contemporaine (ENS, Cachan), Christophe Bellon, ATER à l'Université de Nice, Noëlline Castagnez, maître de conférences à l'Université d'Orléans.

Préface de Jean-Noël Jeanneney

Avec le concours du Centre national du Livre, du Comité d'histoire parlementaire et politique et de l'Institut universitaire de France


Sommaire:

_________________
"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 05 Sep 2008 20:20 
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Polybe
Polybe

Inscription : 29 Nov 2006 18:35
Message(s) : 61
A l'occasion des 60 ans d'Israël (mai 2008) :

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Un tour d'horizon sous la direction d'Alain Dieckhoff . Un compte rendu que j'ai écris et la table des matières : L'Etat d'Israël


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