Roy-Henry a écrit :
La réputation de ce personnage est totalement surfaite !
Encore un point sur lequel insister: Talleyrand n'était pas un grand diplomate ! C'est une réputation usurpée. Au service de Napoléon, il n'a résolu aucune crise. Il n'a pas sû empêcher la rupture de la Paix d'Amiens et les paix glorieuses et victorieuses de 1805 à 1807 ne sont pas de son fait. L'ennemi y était contraint de transiger. Tout au plus aura-t-il su modérer l'Empereur, ça n'est même pas certain.
Son rôle à Erfurt a été nocif. Il s'est mis au service de nos adversaires. Piètre bilan pour un soi-disant grand diplomate !
Son oeuvre est-elle plus considérable au service des Bourbons ? Il n'a rien obtenu des Alliés. Ceux-ci exigeaient le retour aux frontières de 1792 et l'ont imposé à Louis XVIII sans que Talleyrand obtienne la moindre concession. La paix, dès lors, coulait de source et tout le monde en avait besoin ! Il s'est fait le champion de l'équilibre européen, celui de la légitimité (en faveur de la Saxe, notamment). C'est exactement ce que voulait l'Angleterre. Et l'Autriche suivit pour contrer les appétits de la Prusse et de la Russie.
Talleyrand n'aurait pas existé, le traité de Vienne n'en aurait pas été bouleversé. L'un des grands gagnants du Congrès de Vienne, c'est Metternich. Il n'y a point lieu d'en douter.
A la seconde Restauration, Talleyrand a dû consentir aux nouveaux empiètements des Alliés: il s'est révélé incapable de les convaincre de renoncer à de nouvelles annexions. Pourtant, il était facile de démontrer que ces nouvelles pertes amenuiseraient encore le prestige des Bourbons ! La thèse selon laquelle il aurait empêché le démembrement de la France est une farce ! L'Autriche et l'Angleterre s'y opposaient. Seule, la Prusse la désirait et fit mine de l'exiger. Des mots un peu durs de Lord Castlereagh les ramenèrent à la raison...
Quant à la libération anticipée du territoire, on la doit exclusivement au Duc de Richelieu et aux bons rapports qu'il entretenait avec le Czar !
Ses soi-disant prouesses diplomatiques ne l'ont pas empêché d'être remercié par Louis-Stanislas dès septembre 1815, preuve que le roi-podagre ne nourrissait guère d'illusions sur son compte. Cette réputation surfaite a été fabriquée par Thiers et les Orléanistes. Les historiens de la IIIèle république ont avalisé cette fable. Et ça continue aujourd'hui.
Je n'y vois qu'une seule raison: c'est que Talleyrand -comme Fouché- est l'archétype des politiciens véreux qui grouillent sur le cadavre du Bien Public. Pour toute nation sainement constituée, ces individus sont des calamités !
Absolument d'accord avec Roi-Henry. Sa carrière diplomatique elle aussi est une parfaite misère (on peut aussi rajouter la braderie de la Louisiane parmi ses grandes oeuvres ...).
"Les monuments diplomatiques prouvent la médiocrité relative de Talleyrand: vous ne pourriez citer un fait de quelque estime qui lui appartienne. Sous Bonaparte, restreint à l'exécution des ordres impériaux, aucune négociation importante n'est de lui ; quand il a été libre d'agir seul, il a laissé échapper les occasions et gâté ce qu'il touchait. Il est bien avéré qu'il a été la cause de la mort du duc d'Enghein ; cette tache de sang ne peut s'effacer (...)."
L'on peut également critiquer à très juste titre les traités de Vienne auxquels il a donné son consentement.
"Il résulte des négociations de M. de Talleyrand que nous sommes demeurés sans frontières : une bataille perdue à Mons ou à Coblentz amènerait en huit jours la cavalerie enemie sous les murs de Paris. Dans l'ancienne monarchie, non seulement la France était fermée par un cercle de forteresses, mais elle était défendue sur le Rhin par les Etats indépendants de l'Allemagne. Il fallait envahir les Electorats ou négocier avec eux pour arriver jusqu'à nous. Sur une autre frontière, la Suisse était pays neutre et libre ; il n'avait point de chemins; nul ne violait son territoire. Les Pyrénées étaient impassables, gardées par les Bourbons d'Espagne. Voilà ce que M. de Talleyrand n'a pas compris, telles sont les fautes qui le condamneront à jamais comme homme politique ; fautes qui nous ont privés en un jour des travaux de Louis XIV et des victoires de Napoléon.
On a prétendu que sa politique avait été supérieure à celle de Napoléon : d'abord il faut bien se mettre dans l'esprit qu'on est purement et simplement un commis lorsqu'on tient le portefeuille d'un conquérant, qui chaque matin y dépose le bulletin d'une victoire et change la géographie des Etats. Qand Napoléon se fut enivré, il fit des fautes énormes et frappantes à tous les yeux : M. de Talleyrand les aperçut vraisemblablement comme tout le monde ; mais cela n'indique aucune vision de lynx. Encore se compromit-il d'une manière étrange par l'arrestation du duc d'Enghien et se méprit-il sur la guerre d'Espagne de 1807, bien qu'il ait voulu plus tard nier ses conseils et reprendre ses paroles."
S'agissant de la seconde restauration et des 100 jours, toujours quant aux traités de paix :
"M. de Talleyrand, dont les intérêts étaient alors à Vienne, craignait que les Anglais, dont l'opinion ne lui était plus aussi favorable, engageassent la partie militaire avant que toutes les armées fussent en ligne, et que le cabinet de Saint-James acquît ainsi la prépondérance : c'est pourquoi il voulait amener le Roi à rentrer par les provinces du sud-est, afin qu'il se trouvât sous la tutelle des troupes de l'empire et du cabinet autrichien. Le duc de Wellington avait donc l'ordre précis de ne point commencer les hostilités ; c'est donc Napoléon qui a voulu la bataille de Waterloo (...).
Ces faits historiques, les plus curieux du monde, ont été généralement ignorés, c'est encore de même qu'on s'est formé une opinion confuse des traités de Vienne, relativement à la France : on les a crus l'oeuvre inique d'une troupe de souverains victorieux acharnés à notre perte ; malheureusement, s'ils sont durs, ils ont été envenimés par une main française : quand M. de Talleyrand ne conspire pas, il trafique.
La Prusse voulait avoir la Saxe, qui tôt ou tard sera sa proie ; la France devait favoriser ce désir, car la Saxe obtenant un dédommagement dans les cercles du Rhin, Landau nous restait avec nos enclaves Coblentz et d'autres forteresses passaient à un petit Etat ami qui placé entre nous et la Prusse, empêchait les points de contact (...). Pour trois millions qu'il en coûta à la Saxe, M. de Talleyrand s'opposa aux combinaisons du cabinet de Berlin (...).
M. de Talleyrand prétendait qu'il avait droit à une subvention en échange de son duché de Bénévent : il vendait sa livrée en quittant son maître. Lorsque la France perdait tant, M. de Talleyrand n'aurait-il pu perdre aussi quelque chose ? Bénévent, d'ailleurs, n'appartenait pas au grand chambellan : en vertu du rétablissement des anciens traités, cette principauté dépendait des Etats de l'Eglise."
Voilà quelques éléments de plus au sujet de cet
exceptionnel (
) M. de Talleyrand.