Zunkir a écrit :
La grande différence entre Chiites et Sunnites, c'est sans doute dans le rôle que chacun attribue à l'imam. L'islam chiite s'appuie sur un véritable clergé organisé (ceux qu'on appelle plus souvent mollahs ou ayatollahs), que n'ont pas vraiment les Sunnites. Tout cela repose évidemment sur la croyance en l'imam caché qui reviendra pour la Fin des Temps résumée par Artigas.
Attention : le clergé chiite est une création récente de la dynastie des Kadjars, au XIXe siècle, en Perse.
Le principe de l'infaillibilité des imams oppose en fait les chiites et les sunnites sur le fondement du droit.
Pour les sunnites, la Sunna est basée sur les hadiths du prophètes, eux-mêmes authentifiés par le consensus de la communauté (idjma) sur leurs transmetteurs. Pour les chiites, la Sunna est basé sur les hadiths rapportés par les imams et les décisions propres des imams, puisque ceux-ci sont aussi infaillibles que le prophète.
Ceci dit, et il faut bien insister là-dessus, les règles de droit en elles-mêmes sont très semblables. La Sunna a autant de valeur chez les chiites que chez les sunnites. Parmi ces derniers, des esprits conciliants avaient même proposé de considérer le chiisme comme une cinquième école de droit (madhab), à égalité avec le hanafisme, le malikisme, le chafiisme et le hanbalisme.
La différence de droit la plus marquante est le mariage temporaire, qui rend sa liberté à l'épouse une fois la durée prévue écoulée.
Une autre différence est que l'ijtihad, la capacité à utiliser son jugement dans des décisions de droit, est toujours valide chez les chiites. Cela se traduit par le fait qu'un juriste de haut niveau (et uniquement lui ! Moqtada Sadr a récemment repris des études pour avoir ce droit) n'est pas tenu par une décision de ces prédécesseurs, contrairement au sunnisme où la jurisprudence, si elle a établi le consensus, a force de loi.
Les différences théologiques et philosophiques ont varié au cours des siècles. Le chiisme a été plus réceptif que le sunnisme aux doctrines ésotériques de l'Antiquité tardive, et on trouve encore des éléments néoplatoniciens chez les ismaéliens, les Alaouites et les Druzes. Ces deux dernières sectes, issues du chiisme, n'était pas d'ailleurs considérées comme musulmanes. Les Alaouites n'ont été "réhabilité" que récemment.
Courant religieux plus souvent dominé que dominant, le chiisme a beaucoup sacralisé le martyre, Hussein étant le premier martyr. Dans le sunnisme, cette "pratique" n'est vraiment en vigueur que depuis la fin du XXe siècle avec les mouvements salafistes.