Huyustus a écrit :
En effet, il ne semble pas y avoir de trace d'intention exterminatrice des peuplades américaines de la part du roi d'Espagne.
Réduction en esclavage, renversement des idoles et de tout ce qui est contraire à la vraie foi, christianisation forcée, oui. Mais comme pour le commerce triangulaire, pas d'extermination volontaire : il fallait des bras pour cultiver ces terres et creuser ces mines...
C'est, je crois, aller trop loin. Cela n'explique pas pourquoi un certain nombre de conquistadores se sont mariés avec des Indiennes, ça n'explique pas pourquoi la majorité de la population est aujourd'hui métisse. Contrairement aux colons anglo-saxons en Amérique du Nord, les Espagnols n'ont jamais érigé de barrière raciale entre eux et les populations indigènes. Avec les élites qui coopèrent, les Espagnols entretiennent des rapports amicaux et, dès les premières années, les mariages et les unions mixtes donnent lieu à des métissages qui marquent la Nouvelle-Espagne. Certes, il y a eu une exploitation forcée, parfois féroce. Mais pas de volonté exterminatrice.
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Cela étant, il suffit de lire Bartolome de las Cases pour se rendre compte que le comportement des colons vis à vis des indigènes n'a pas été un modèle de respect de leur dignité ; la variole n'a pas été la seule meutrière...
C'est vrai mais l'existence même de Las Casas montre que les Espagnols ont très vite été capables d'auto-critique à propos de leur comportement vis-à-vis des Indiens. Chose que l'on trouverait difficilement chez les WASP d'Amérique du Nord par exemple.
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PS : Cortes a été ébloui peut être, mais pas dans le sens d'apprécier cette brillante civilisation, et de penser qu'elle puisse enrichir la sienne (au contraire, il est révolté par les sacrifices humains). Non, il est ébloui par toutes ces richesses et voit sa fortune et sa gloire faites.
Sur quoi vous basez-vous pour dire cela?
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Ce qui n'empêche pas que certains esprits lettrés et tolérants ont aussi fait le voyage, et ont eu eux une attitude qui a pu être différente, bien que très minoritaire. On leur doit la sauvegarde de certaines coutumes et traditions en particulier, ce qui a évité qu'à part les vestiges en pierre, tout ne sombre totalement dans l'oubli.
Pas si minoritaires. Très vite, beaucoup de prêtres se sont intéressés, ont étudié et consigné les coûtumes indigènes pendant que d'autres traduisaient les oeuvres. C'est par exemple le cas de Bernardino de Sahagun, Fernando de Alva ou Diego Durán pour ne citer que quelques noms. Dans le même temps; d'autres brûlaient les codex. Parfois, le "sauvegardeur" et le "brûleur" était une seule et même personne, comme dans le cas de Diego de Landa (voir ci-dessus).
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Une certaine acculturation a pu avoir lieu en sens inverse en revanche, par exemple, un des témoignages les plus complets de l'époque sur la civilisation inca est l'ouvrage passionnant de Garcilaso de la Vega, fils d'un capitaine espagnol et d'une princesse inca (Les commentaires royaux sur le Pérou des Incas).
Il me semble toutefois que ces contre-exemples relèvent davantage de la singularité statistique que d'une quelconque tendance. Ce seront surtout les savants des siècles suivants qui exhumeront et analyseront ce qui fait notre connaissance actuelle des civilisations pré-colombiennes...
D'entrée, beaucoup d'Espagnols se sont intéressés à la culture des civilisations en train de disparaître. On a cité quelques noms plus haut et il y a généralement eu beaucoup de moines ou de prêtres, quand ce n'était pas des conquistadores ou des colons eux-mêmes, qui ont participé à cet effort de sauvegarde.
Les augustins et les franciscains éduquent les élites indigènes dans le collège de Santa Cruz de Tlatelolco et les poussent à recopier des livres préhispaniques, leur apprennent le latin et l'espagnol. Dans les années trente du XVIème siècle, dans le Michoacán, les Espagnols créent des villes-hôpitaux destinées à recueillir les Indiens et à les faire vivre en autarcie. Il y a eu un certain nombre -pour ne pas dire un nombre certain- d'initiatives de ce genre, qui montrent que les images d'Epinal n'ont pas leur place dans ce débat.
La Conquista a été un phénomène complexe, hétérogène, que l'on ne peut résumer d'un trait de plumes. Les conquérants, s'ils ont indéniablement voulu imposer leur culture, n'étaient pas homogènes, y compris à l'intérieur des ordres religieux. Quand l'un brûlait des codex, l'autre sauvait et tentait de favoriser la culture indigène.