Aigle a écrit :
Un des apports du livre de Lopez est de mettre en pièces la fâcheuse habitude des historiens (enfin des vulgarisateurs pas des spécialistes) qui se fondent sur les mémoires des généraux et maréchaux allemands pour dire que seul Hitler était mauvais, seul Hitler porte la responsabilité de la Défaite.
Lopez montre clairement que l'OKW (et dans une moindre mesure l'OKH et les états majors de groupes d'armée) partageaient la paternité de plusieurs erreurs - comme la sous estimation du potentiel soviétique ou des difficultés logistiques.
En fait seule l'US Army aura les moyens de liver une guerre entièrement motorisée où le facteur humain compte autant - ou moins - que l'élément matériel. Jamais la Wehrmacht n'y parviendra - sans doute parce que la mobilisation industrielle fut lancée trop tard (Speer en 43?). Et encore les lignes de ravitaillement d'Eisenhower ne seront jamais aussi longues que celles de Paulus ou de Kleist (Caucase).
Il faut dire que
Keitel, chef de l'OKW, était totalement inféodé à la pensée d'
Hitler, alors que
Jodl, chef des opérations de l'OKW, avait une lucidité un peu plus développée, et qu'il tomba d'ailleurs, en disgrâce, dès l'année 42. Paradoxalement,
Kurt Zeitzler, qui fut nommé chef d'état-major de l'OKH, le 24 septembre 42, à la place de
Halder, totalement épuisé, jeune général de 47 ans considéré comme un courtisan, par
Manstein et
von Kluge, va faire preuve d'une certaine autonomie, par rapport à la toute puissance d'
Hitler et va imposer sa patte, en marginalisant totalement l'OKW, écarté des décisions sur le front russe. D'après
Jean Lopez, les décisions hitlériennes mises en forme par
Jodl, de l'OKW, en directive, vont désormais être formulées par l'OKH de
Zeitzler, sous forme d'ordre opérationnels, changement sémantique qui illustrera la mise à l'écart définitive de l'OKW du front russe.