Extraits d'articles du Figaro en 1968 :
Malaise en Tchécoslovaquie après l'arrivée de troupes soviétiques 3l mai — << L'arrivée inopinée, avant-hier, en territoire tchécoslovaque, d'une unité d'avant-garde soviétique commandée par le général Kazakov, chargé de préparer, en collaboration avec le général tchécoslovaque Mucha, les prochaines manœuvres du pacte de Varsovie à l'heure même où le plénum du Comité central ouvrait ses travaux, a provoqué un indéniable malaise dans le pays.» Le manifeste des deux mille mots 6 juillet — En dépit de la menace des troupes du pacte de Varsovie, le processus de démocratisation de la vie politique et économique suit son cours, en Tchécoslovaquie. Le 25 juin, les victimes des procès politiques intentés depuis le coup de force de 1948 sont réhabilitées. Le 27 juin, la censure est supprimée. Le même jour, un «manifeste des deux mille mots», signé par une centaine de personnalités, appartenant notamment aux milieux de l'intelligentsia et des syndicats, dresse une sorte de programme d'action pour les forces progressistes désireuses de voir le congrès de septembre prendre des décisions utiles en faveur de la libéralisation... faute de quoi la revanche des forces anciennes serait sans pitié. Ce document provoque d'énormes tensions au sein même du parti communiste tchécoslovaque, entre les novotnystes impénitents et les partisans d'une libéralisation accélérée. Soucieux d'éviter une crise politique, le gouvernement condamne dans un premier temps le manifeste, avant de reconnaître, face à la pression de l'opinion publique, le bien-fondé des objectifs qu'il propose. La Tchécoslovaquie occupée par les troupes du pacte de Varsovie 22 août — « Il y avait ce soir soixante-dix chars soviétiques qui encerclaient le château du Hradschin, siège du gouvernement tchécoslovaque. C'est là que se trouve un vieillard aux cheveux blancs, général de l'armée tchécoslovaque, héros de la guerre contre les nazis et président de la république de Tchécoslovaquie, Ludvik Svoboda. Prisonnier ce soir, comme tout son pays, il s'efforce encore de négocier. Svoboda signifie aussi en tchèque «Liberté». C'est ce matin, à l'aube, que les forces soviétiques, polonaises, hongroises et est-allemandes ont franchi la frontière tchécoslovaque. La Roumanie a refusé de se joindre à l'invasion. Dans une déclaration à l'agence Tass, le Kremlin justifie son intervention par "la demande du gouvernement de la République socialiste de Slovaquie de fournir une aide urgente au peuple frère tchécoslovaque", "la menace provenant de forces contre-révolutionnaires ", "le soutien, la consolidation et la défense des acquisitions socialistes du peuple ", devoir internationaliste commun de tous les États socialistes et, enfin, "la menace sur les intérêts vitaux de l'Union soviétique ". Progressivement, la résistance s'est organisée. Des groupes se formèrent, scandant les noms de Dubcek et Svoboda. Les jeunes gens abordent les chars, engagent la conversation avec l'équipage, tentent de lui expliquer... Mais les armes se taisent, Prague ne sait pas quoi faire. » ---- Entendu dans un documentaire : Les soldats soviétiques qui pensaient avoir à mater une révolution bourgeoise, ne savaient plus quoi faire. Ces régiments soviétiques, qui connurent les manifestations pacifiques, furent remplacés par d'autres qui n'auront alors pas de scrupule à tirer sur la foule.
|