Disons plutot qu'elle a saisi l'opportunité de s'emparer du territoire de Cieszyn (Teschen en allemand), source de tension entre les deux états depuis 1920. Comme dit plus haut, ce n'est pas noble, mais c'est compréhensible (aujourd'hui, la ville est toujours en Pologne).
Il est vrai que les relations entre la Pologne et l'Allemagne de 33 à 39 sont assez ambigues: le projet de Pilsudski d'une invasion de l'Allemagne est réel. On dirait que la Pologne voit très vite qu'elle est menacée par celui ci (en même temps, placée entre l'URSS et le III° Reich...) et que, faute de pouvoir profiter du soutien occidental pour écarter le danger, elle s'essaye à la diplomatie, tentant de composer avec l'ennemi à défaut de pouvoir l'écarter (certains disent la même chose de Staline en 39?). Elle semble y parvenir, signant divers accords de non agression avec son voisin... Mais bon, les promesses du "Reich de mille ans"
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Beck était effectivement beaucoup plus proche des Nazis que Pilsudski, figure assez curieuse dans le paysage politique de l'époque (socialiste à ses débuts, anti communiste par nécessité en 1920...).
Concernant le sujet lui même, les relations entre la France et la Pologne sont effectivement très longues: moines "francs" dèjà avant l'an 1000, cas d'Anonym Gal (ou Gallus Anonymus: franc anonyme):premier chroniqueur de l'histoire de la Pologne; arrivée des Anjou via le trône de Hongrie (amusant de noter que la croix de Lorraine fut donc à l'époque un symbole pour les rois de Pologne)...
L'alliance franco polonaise fait partie de l'ancien système diplomatique francais dès le XVI°: on s'appuie sur les Ottomans, les Suédois (un peu plus tard) et les Polonais pour former la menace d'un second front contre les Habsbourg (système tout pragmatique et fort peu catholique non?). Cela commence vraisemblablement avec l'élection d'Henri III à la tête de la République (à noter: le roi passait réellement pour un peu barbare dans son pays et le lui rendait bien; son élection fut menacée par la Saint Barthélémy, la délégation polonaise horrifiée demandant à ce que le futur roi jure ne pas être mêlé à l'affaire si mes souvenirs sont bons: à l'époque la Pologne-Lituanie était un pays très tolérant).
Par la suite, plusieurs reines de Pologne étaient Françaises; ne nous attardons pas sur le cas Leszczynski et sur les tentatives de faire élire un roi français en Pologne aux XVII° et XVIII°.
C'est bel et bien une constante, même si au moment décisif, l'alliance fait parfois défaut: la France laisse tomber Leszczynski en 1734, est passive au XIX° (politiquement, c'était inévitable du reste) et peu dynamique en 39 face aux bribes de Wehrmacht disposée le long de la frontière.
Quant à savoir si l'alliance fut profitable...
La Pologne pouvait représenter une menace face à l'Autriche puis à la Prusse, c'est un fait. Mais elle coutait des sommes considérables (la fidélité de certains magnats étant plus que fluctuantes) et la France était peut etre trop hésitante.
Sous Napoleon, les Polonais furent probablement les fidèles parmi les fidèles, se battant jusque 1814 puis 1815 (même si certains pensent que ce fut une erreur stratégique).
Reste que les relations France-Pologne sont assez particulières, tout comme les relations Italie-Pologne, et je doute que qualifier la Pologne de boulet soit juste.
Les Belges, eux, peuvent remercier les Polonais: c'est l'insurrection de 1830-1831 qui immobilise les troupes du Tsar qu'il projetait d'envoyer aux Pays Bas. Preuve que parfois les circonstances font qu'une alliance pluriséculaire retire moins de satisfaction pour les deux pays engagés qu'un hasard de calendrier révolutionnaire.