Citer :
Sites culturels par aire géographique : Afrique 40 ; Etats Arabes 60 ; Asie et Pacifique 125 ; Europe et Am. du Nord 372 ; Am. Latine et Caraïbes 82 ...
Mais enfin, comment voulez-vous estimer la "qualité" d'une "civilisation", et même d'un continent, à partir de données aussi peu pertinentes ? D'une part, l'Afrique n'est pas un truc qu'on peut mettre comme ça, hop, dans un seul sac, sous un seul terme. Ensuite, je ne vois vraiment pas ce que peut prouver le fait que "les africains" ne se soient pas emm**** à construire des cathédrales ; vous avez une cathédrale dans votre jardin, vous ? Non ? Ben alors, allez hop, il s'agit de se civiliser, et plus vite que ça. Enfin et surtout, sans faire de discours grandiloquent sur le post-colonialisme, il n'aura échappé à personne que les Nations-Unies sont un projet très américano-européen, et que, même si tous y sont représentés, il y a de bonnes chances pour que l'esprit qui préside à l'attribution des "sites classés" sont très marqué par ces européens qui pendant des décennies et encore aujourd'hui, bourrent le mou de tout le monde avec leurs cathédrales et autres vieilles pierres, qu'il faut absolument venir visiter en pélérinage, surtout lorsque l'on est un Yankee inculte. N'oubliez pas non plus que l'attribution des sites n'étudie pas que le passé, mais aussi l'état présent, or il faut bien le dire, un certain nombre de pays d'Afrique connaissent aujourd'hui des situations problématiques qui ne sont pas vraiment favorables à la mise en valeur du patrimoine !
Et pour revenir au débat sur "l'Afrique a-t-elle une histoire", en-dehors du fait que cette catégorie d' "Afrique" me paraît assez stupide (l'Égypte c'est pas en Afrique alors ? On m'aurait menti ?), je ne vois pas pourquoi on s'accrocherait encore à cette vieille définition de la différence entre histoire et préhistoire par l'existence ou non de l'écriture, alors que l'historien aujourd'hui est censé étudier bien d'autres types de document que des textes (même si cette fascination de l'écrit reste bien trop forte).
En fait, à travers de telles définitions comme avec "l'argument UNESCO" ci-dessus, c'est le même mécanisme : à travers des distinctions soi-disant "objectives" et "concrètes", on ne fait qu'auto-valider nos propres conceptions, nos propres préjugés mêmes, et on met en avant notre culture, ou du moins, ce que l'on voudrait croire qui constitue "notre culture" : obsession de l'écrit, "patrimoine" à n'en plus finir...
PS : par parenthèse, et puisque la Gaule a été évoquée ci-dessus, je vous conseille le livre de C. Amalvi,
L'art et la manière d'accomoder les héros de l'histoire de France, capable d'injecter une bonne dose d'esprit critique en cas de besoin, et qui évoque certains parallèles... amusants, et instructifs, faits "au bon vieux temps des colonies", déjà, entre la Gaule et l'Afrique :
Hervé, Gustave ; Clemendot, Gaston., Histoire de France : cours élémentaire et moyen, Paris, Bibliothèque de l'Éducation, 1904, p.10, cité par Amalvi, Christian, De l'art et la manière d'accommoder les héros de l'histoire de France, Paris, Albin Michel, 1988, p.64 a écrit :
en somme, nos ancêtres gaulois étaient des sauvages aussi peu avancés que ne le sont, à l'heure actuelle, beaucoup de nègres en Afrique
Une autre de ces perles donne une définition de la civilisation :
Guillemin, H. ; abbé Le Ster, Histoire de France : cours élémentaire, Paris, l'École, 1934, p. 8, cité par C. Amalvi, op. cit. a écrit :
Être civilisé, c'est être instruit, poli, connaître beaucoup de choses que les anciens Gaulois ignoraient, comme les livres, les armes à feu, la façon de construire de belles maisons en pierre, etc.
Des livres ? C'est bon. Des fusils ? C'est bon. Une maison en pierre ? C'est bon. Bon ben les gars, on peut être contents, on est civilisés !
J'espère, Mr lespagnol, que vous n'irez pas jusqu'à faire vôtres ces définitions ? Et d'un autre côté, j'espère que vous le ferez.