Qui déborde un peu le cadre strictement chronologique de la Renaissance, puisqu'il court de la fin du XVe au début du XVIIe siècle,
Le Pouvoir contesté. Souveraines d'Europe à la Renaissance, de Thierry Wanegffelen.
Mon avis personnel : il ne s'agit pas d'un nouveau livre descriptif sur la situation des femmes dans l'époque Moderne, notamment des reines, princesses et favorites, comme c'était le cas avec les livres de Bennassar et d'une universitaire italienne (Craveri, il me semble). C'est une réflexion sur l'exercice du pouvoir dans la Renaissance (au sens large), qui prend pour centre d'étude des femmes qui l'ont exercé de fait, de droit, ou étaient censées l'exercer.
Et à travers le "cas limite" (expression de l'auteur dans son introduction) des souveraines, T Wanegffelen se penche ainsi sur la construction des genres féminin et masculin comme identités "naturelles" propre à chacun des sexes, au début de l'époque moderne, genres dont nous ne sommes pas encore vraiment sortis.
Cette réflexion centrée sur les femmes au pouvoir éclaire autant l'histoire de la construction du sujet féminin que celle du sujet masculin.
C'est dense, agréable à lire et lisible au-delà du cercle des spécialistes, ce qui ne veut pas dire que c'est de l'histoire au rabais, bien au contraire !
En bref, j'en conseille la lecture
Je l'ai lu aussi : ouvrage intéressant, qui permet notamment de découvrir des personnages moins connus qu'Elizabeth Ière ou les 2 reines Médicis. La personnalité de la marquise de Mantoue, qui gouvernait pendant que son mari était condottiere durant les guerres d'Italie, était par exemple très intéreressante. La démonstration sur la dévalorisation croissante des femmes est convaincante mais il est dommage que l'auteur la présente de façon aussi lourde et répétitive, plaçant les mots "Modernité mysogyne et phallocrate" ou "Mâle modernité" quasiment à chaque page (j'exagère un peu, mais on y a bien droit 3-4 fois par chapitre) ou se sentant obligé de faire une référence anachronique à Ségolène Royal. C'est dommage car, ce défaut de style mis à part, la thèse est pertinente et intéressante.