Bonjour,
Nouveau sur ce site, je me trouve étonné de ce que cette phrase suscite tant d'interprétations, parfois malgré tout malveillantes.
Recadrons d'abord le contexte dans lequel a vécu le grand roi : Orphelin assez jeune de Louis 13 dont la maladie psychosomatique des intestins hypothéquait ses capacités de père, il fût surtout éduqué par Mazarin à partir d'un texte de Saint Jean Chrysostome intitulé "Sur la vaine gloire et l'éducation des enfants". Ce texte encore actuellement publié par les éditions du Cerf introduit au paradoxe dangereux de la gloire, huitième péché capital. C'est ainsi qu'à en lire les mémoires de Madame de Maintenon, il était en même temps capable de s'identifier au roi de France, de droit divin et vivre "courageusement" ce qu'était pour lui le mystère de la femme en progressant malgré tout de l'une à l'autre, ce que ne fit pas son successeur. Il se faisait humblement sermonner à ce sujet à chaque messe quotidienne mais il assumait son incapacité de résister aux séductions du sexe dit faible. Il en fallu en effet bien beaucoup pour qu'il "remercie" enfin madame de Montespan, incrédule devant une telle capacité de manigance possessive.
C'est sans doute dans ce contexte qu'il faut comprendre "nec pluribus impar", qui quelque soit sa traduction littérale, illustre on ne peut mieux le paradoxe de la nature humaine. C'est de ce paradoxe que se nourrit la phrase attribuée au divin par Saint Ignace de Loyola : " ne pas être enfermé par le plus grand, mais être contenu par le plus petit " . (Interview du pape François © Études – 14, rue d’Assas – 75006 Paris – Octobre 2013 –
http://www.revue-etudes.com)
Roi de droit divin et conscient de son péché de luxure mais surtout aussi celui de son incapacité voir les femmes comme telles, il savait qu'une vie ne vaut rien mais que rien ne vaut une vie.
C'est à ce type de réflexion que je pense pouvoir raccrocher aussi le "Soli, soli, soli" inscrit sur les fûts de canon : Soleil oui, par obligation théâtrale, mais seul aussi parce qu'enraciné dans l'humus de sa nature faible. On naît seul, on est seul et on meurt seul. Entre-temps on s’accommode de son héritage.
Dans les âmes fortes, l'amour se glisse par les points faibles. ( Marcelle Auclair)
Louis 14 fût envers et contre tout, même en refusant de prolonger sa vie par l'amputation proposée, fidèle à "nec pluribus impar".