Voici un bref résumé des réponses faites par Christian Goudineau à Vincent Charpentier dans
Le Dossier Vercingétorix, Paris, 2001 (pages 238-245). Selon lui, "la Gaule, ça n'est rien, ça n'existe pas". Après Alésia, César "a procédé comme bien d'autres généraux : il a voulu faire savoir qu'il avait conquis un ensemble homogène, bien délimité, avec des frontières, et auquel on pouvait donner un nom. La Gaule, comme le Maroc ou l'Argentine ou l'Inde. C'est le produit d'une conquête, identifiée, individualisée par le conquérant qui opère un découpage arbitraire (...)". Plus loin : "La
Gallia, pour les Romains (...), représentait un vaste espace, indéterminé, qui couvrait l'essentiel de l'Europe centrale et occidentale, les zones non méditerranéennes. Elle était habitée par des "Keltoi" ou par des "Galli" qui avaient le même genre de civilisation - ou plutôt de barbarie". Quelques pages plus loin : "Il n'y a pas une Gaule "géographique" : à cette époque, le Rhin n'est pas une frontière. Vous allez en Bavière, vous visitez l'oppidum de Manching, vous vous croyez à Bibracte. Il n'existe pas davantage une Gaule politique (...)".
Je n'ai pas retrouvé l'autre passage de ce livre dans lequel il développe plus la question de la distinction artificielle entre Gaulois et Germains opérée par César, mais cela me semble déjà assez clair. Si l'on prend le problème par l'autre bout : en dehors du fait qu'il habite outre-Rhin, qu'est-ce qui distingue fondamentalement un Germain d'un Gaulois ?
Thersite a écrit :
Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai cru comprendre. Il n'est pas question de considérer Gaulois et Germains comme un seul et unique peuple (dans un tel cas, il faudra m'expliquer pourquoi Arioviste a du faire l'effort d'apprendre la langue gauloise..).
Il n'existe pas une langue gauloise, mais plusieurs langues relativement proches les unes des autres, que l'on pourrait qualifier de celtiques. César affirme dès les premières lignes de la
Guerre des Gaules que les Aquitains, les Belges et les "Celtes" parlaient des langues différentes... Rien d'étonnant donc à ce qu'il existe des différences de langage de part et d'autre du Rhin.