nico86 a écrit :
Pédro a écrit :
On a conservé les lettres de Sidoine Appolinaire notamment qui sont un témoignage précieux pour comprendre la vie en Gaule au Ve siècle. Ces lettres étaient l'œuvre de personnages illustres ; on comprend donc, à la manière des modernes, que ce type de production nous soient parvenus.
Cependant il faut faire attention à l'impartialité de ce type de témoignages qui a tendance parfois caricaturer à l'extrême.
L'aristocrate lettré et évêque de Clermont qu'est Sidoine Apollinaire dénonce le comportement des barbares.
Leurs manières et leur non respect du "protocole" l'empêche de pouvoir composer des vers en Latin dans de bonnes conditions.
Même chose pour le prêtre Salvien qui en sur rajoute sur les vices de l'empire romain source selon lui de décadances et d'invasion.
Donc attention ces textes sont de très beaux témoignages mais ils n'en sont pas moins de terribles outils de propagande.
Cela fait parti du travail d'historien il me semble. Toute source est éminemment critiquable et doit être passée au crible de l'analyse rationnelle, peu importe sa nature. Je ne connais pas beaucoup d'historien digne de ce nom qui érigent un Tacite en vérité absolue... Bien entendue que certaines sont plus fiables que d'autres, mais pour ce qui est du Ve siècle par exemple, les témoignages ne sont pas surabondant donc on se contente de tout le matériel disponible.
Mais malgré tout cela reste plus fiable que l'
Histoire Auguste par exemple qui elle déforme d'une manière idéologique la réalité et qui se double d'une manière d'écrire l'histoire proche d'un journal à scandale... Mais nous sommes bien obligé de nous y référer. La source reste le fondement de tout travail historique et on ne peut la mettre de côté.
Pour en revenir à Appolinaire, j'aime particulièrement sa description des Burgondes, particulièrement amusante. Ce témoignage aussi déformant soit-il est révélateur de nombreuses choses au delà de la simple information de base ; tout d'abord, c'est un témoignage important du dégoût que pouvait représenter des barbares pour un Romain de l'époque, ce qui permet d'entrevoir son sentiment de supériorité et sa confiance en l'absolue prépondérance culturelle romaine. De plus, nous avons ici un excellent exemple d'ethnographie romaine, qui montre une très grande stabilité dans la perception de l'Autre, et ce depuis les premières rencontres avec des Germains (je pense au témoignage de César en particulier). Au delà, nous avons un exemple également d'occupation du sol par les barbares qui s'invitent chez un grand propriétaire foncier mais sans violence apparente ce qui suggère une nuance quant aux constats apocalyptiques colportés par l'historiographie... Tout cela d'une courte lettre, particulièrement partisane, pleine de haine et de préjugé...
Moralité, peu importe la source si on l'analyse correctement...